« Fais moi peur ... » 27.11.10 - 1h42

La soirée dans le jardin commençait à s'éterniser légèrement, j'avais fait plus ample connaissance avec deux charmants jeunes hommes, mais pour être honnête je commençais être frigorifiée. M'excusant auprès de Robbie et Cassandre, je décidais de pénétrer à l'intérieur de la maison commençant à fouiner un peu partout, essayant désespérément de trouver les chambres, ou du moins l'endroit où je pourrais trouver ma valise et par conséquent un vêtement à enfiler. Je me trouvais au rez-de-chaussé, de nombreux portes étaient verrouillés, ce qui commençait presque à m'agacer puisque mine de rien je grelottais dans ma robe qui ne me protégeait pas de la fraîcheur irlandaise.
Sans perdre espoir de trouver quelque chose, je m'arrêtais devant une porte, elle était ouverte, mon visage s'illumina l'espace de quelques secondes puisque oh stupéfaction, la porte s'ouvrit sur un escalier plus que sombre. J'étais presque sûre de ne pas trouver de vêtements néanmoins ma curiosité fit piqué au vif si bien qu'une petite exploration s'imposait. J'allumais la faible lumière qui se trouvait dans les escaliers puis entreprit ma descente en prenant garde à ne pas me tordre une cheville. La pièce était sombre et presque inquiétante, au lieu de me terrifier, je fus presque euphorique d'avoir découvert un tel endroit, une cave peut être ? Ou un cachot ? Toutes sortes d'idées aussi farfelus les unes que les autres me traversaient l'esprit. Je fus néanmoins tirée de mes fantasmes par un bruit qui me fit sursauter. Pour un peu, j'aurais presque perdu mon assurance légendaire, je resterais silencieuse et immobile, plus rien de semblait bouger. Est-ce mon esprit qui me jouait des tours ?

Après m'être ridiculisée une première fois en public, je décidais qu'il était grand temps de partir, non parce qu'une fois était largement suffisante, n'est ce pas ? La nuit était tombée depuis bien longtemps il faut dire que l'hiver approchait et que, malgré les efforts de la production, le froid persistait à nous faire vivre un enfer. Refermant mon foulard sur mes épaules, j'avançais d'un pas hâtif vers la chambre qui était d'ailleurs... grande, très grande, trop grande... OHMYGOD des lits doubles ! Non mais ils avaient fumés non ? Repartant complètement perdue, j'ouvrais n'importe quelle porte, laissant mes jambes me guider, chose que je n'aurais peut être pas du faire. Une porte ouverte attira mon attention, on ne voyait pas réellement ce qu'il y avait à l'intérieur de la pièce puisque celle ci était plongée dans une profonde obscurité. J'entendis alors un bruit et n'eus aucune autre réaction que de raconter... de la merde.

« Booouh prépare toi, ton heure est arrivééééeee !!! » lâchais-je dans un premier temps, prenant une fausse voix angineuse avant de continuer « pleure mon enfaaant car tu vaaas... » je finis par m'interrompre « AAAAAAAHHHHHHHH MAIS Y'A DES ARAIGNÉES !!!! » criais-je en dévalant les marches avant de foncer dans quelque chose « AAAAAAAHHHHHHHH MAIS C'EST QUOI CAAAAAA ! » hurlais-je en agitant les mains dans tous les sens, les yeux clos.

Les bruits étranges laissèrent rapidement place à des ... grincements de voix supposés m'effrayer je présume. La Voix que je distinguait à peine, me faisait immédiatement pensée à celle de l'horrible morveux de The Shining, ou encore celle de la japonaise chevelue de The Grudge. Autant dire qu'elle me faisait froid dans le dos, même si évidemment je n'avais aucuns doute quant au fait que l'un des candidats s'amusait à essayer de m'effrayer. Ce qui aurait pu fonctionner si la personne en question - une femme à en croire par l'intonation de sa voix et ses cris stridents - ne s'était pas mise à hurler à la mort et me ... foncer directement dessus. Je ne pus m'empêcher de rire tellement la situation était comique. « Heeeey sweetie, tu crois que tu vas réussir à te calmer ou faut que je te mettes des baffes pour te faire retrouver tes esprits ? » Lançais-je alors qu'elle continuait à agiter les bras dans tous les sens, les yeux fermés. Stressé par ses gestes digne d'une folle à peine échappé de l'asile, je lui attrapais les mains pour l'arrêter, et lorsqu'elle ouvrit les yeux, je m'approchais de son visage afin de me retrouver à quelque mini mètre de sa bouche laissant échapper un petit : « Bouuh ».

Poussant de stridents cris, je me débattais dans tous les sens avant de me rendre compte que mon adverse ne bougeait pas réellement. Je me calmais donc, écoutant avec attention les paroles de la douce voix qui résonnait. C'était donc une femme, ou un gay qui se tenait en face de moi, une bonne chose, je ne risquais donc pas de me faire violer dès le premier soir.

« Ça va... je crois. » finis-je par bafouiller avant d'ajouter « Mais qu'est ce que tu fiches ici ? Genre en pleine nuit, si tu veux tout savoir, cet endroit me donne les plumes de poulets » déclarais-je un peu affolée, tout de même.

Il est vrai qu'il fallait être cinglé pour s'aventurer, seul, dans un endroit aussi lugubre, et puis, une cave quoi, on ne pouvait pas réellement savoir ce qui s'y était passé ni même ce qu'elle détenait. J'arrivais enfin à apercevoir ses traits lorsque tout à coup, un son ou plutôt un « Bouh » se fit entendre, me faisant sursauter puis déraper par la même occasion. Je tombais donc violemment sur le sol, tout en lâchant un cri aiguë, digne d'une castra. Restant sous le choc une bonne dizaines de secondes je finis par sentir quelque chose entre mes doigts

« Oh mon dieu, j'ai mis la main en plein sur une toile d'araignée ! Mais... T'IMAGINES C'EST UNE MYGAAAAALE !!! » m'exclamais-je en commençant à redevenir hystérique « MON DIEU ! MAIS IL DOIT Y AVOIR PLEINS DE MYGALES! » c'était officiel, j'étais folle.

C'était officiel, Héléna était dingue et la terreur que j'avais pu ressentir quelques minutes plus tôt s'était totalement évaporée dès lors que la jeune femme s'était jeté sur moi aussi étrange que cela puisse paraître. Par chance, elle se calma, je n'aurais donc pas à lui refiler une paire de claque dès notre première rencontre. « Je cherchais ma valise, j'ai vu une porte ouverte, ma curiosité a été plus forte que ma raison et je me suis retrouvée là et toi qu'est ce que tu fais ici ? Mais attends, t'as bien dit des plumes de poulets ? » C'était la première fois que j'entendais une telle expression, chair de poule je connaissais mais plumes de poulets absolument pas. Si j'avais su ce que ma petite plaisanterie aurait engendré je crois que je me serais retenue, puisque si une ni deux, elle était s'était retrouvé sur les fesses les mains dans ce qu'elle disait être une toile d'araignée, c'était tellement hallucinant que je ne pus m'empêcher de rire aux éclats tant la situation était cocasse. « Chérie calme toi, ce n'est qu'une toute petite araignée, je peux l'écraser si tu veux, bon je t'avouerais que ça m'ennuierait de salir mais escarpins fétiché. » Je lui tendis la main pour l'aider à se relever, la sauvant de la crise cardiaque qu'elle pourrait avoir !

La jeune femme me tendit la main que je saisie ardemment. Malheureusement pour elle, elle aurait de la toile partout accrochée, grâce à moi bien entendu. Me frottant les mains je finis par reprendre mon calme, cet endroit, c'était vraiment pas pour une fille fragile et peureuse comme moi.

« Ah euh... Pardon. Bien oui "plumes de poulets" ! Bah quoi c'n'est pas comme ça que l'on dit ? » dis-je légèrement étonnée.

En tout cas mon père le disait souvent et ma mère elle expliquait par la suite qu'il fallait les déplumés. Je ne comprenais d'ailleurs pas pourquoi. Reposant le regard sur la jeune femme, ou du moins là ou je pensais qu'elle était, j'écoutais ses dires.

« Écrase là oui, si tu le souhaites, mais fais gaffe, elles sont du genre hargneuses, genre elle vont se venger pendant ton sommeil et tout. Je suis sérieuse. » lâchais-je d'un ton sévère.

Depuis toute petite j'avais une peur bleue des bestioles comme les insectes, seuls les animaux de la mère m'était supportable, puisque j'en avais fait mon métier. Je connaissais par exemple toutes les variations du poulpe, sympa non ? Non ?