Deux jours. Cela faisait deux jours qu’elle se tenait éloignée de Malo pour protéger leur relation naissante, un éloignement qui lui pesait infiniment. Elle avait donc décidé d’organiser un petit goûter entre filles, une chose qu’elle n’aurait jamais envisagée faire deux mois plus tôt. Elle n’était pas branchée truc de filles, elle avait grandi entouré d’hommes et de femmes mais son affinité personnelle l’avait plutôt poussée à se lier à des garçons, dont elle se sentait plus proche du caractère. Pourtant elle préparait un véritable goûter de fête. Elle avait investi la cuisine à treize heures, déclarant la pièce privatisée et chassant certains de ses compagnons d’aventure avec des aires de conspiratrice, elle avait demandé à un tiers d’occuper Adie le temps qu’elle prépare sa petite surprise. Elle avait déjà prouvé à Sami ses talents de pâtissière, si la cuisine traditionnelle ne l’attirait pas particulièrement, elle adorait la rigueur de l’art de dessert. Elle portait un tablier par-dessus son short et son débardeur, ainsi équipée elle réunit les ingrédients nécessaires et alluma le four. Ses écouteurs dans les oreilles elle se mit au travail. Cupcakes, mignardises, smoothies miniatures, petit gâteau sec, café glacé pour elle (le café n’étant pas conseillée aux femmes enceintes) et chocolat fait maison. Elle s’activa et son front et le bout de son nez furent rapidement maculés de farine. Un coup d’œil à la pendule suspendue dans un coin lui apprit qu’elle était dans les temps. Se débarbouillant dans l’évier de la cuisine elle disposa ensuite ses petits gâteaux dans divers plats qu’elle emporta dans le parc. Un brave homme fort y avait porté une petite table et un parasol ainsi que deux chaises. Parfais. Elle disposa les plats sur la table, ajusta la décoration, disposa les deux paquets qu’elle avait apporté avec elle de l’extérieur sur la chaise d’Adie et se débarrassa de son tablier. Parfais. Ne restait plus qu’à attendre l’invité d’honneur pour un petit goûter entre filles.

Très très bizarre, tout ça était très bizarre. Adie était tranquillement allongée dans le salon, en pleine lecture de son nouveau préféré, « Ma grossesse et moi » quand, sans raison, Sami vient la déloger du salon, prétextant on ne sait quoi, un truc que Cupidon veut faire, une soirée à préparer, enfin, n'importe quoi en bref. Adie abdique donc et retourne avec sa palpitante lecture dans la chambre où elle prend place sur son lit, à droite, comme d'habitude. Sauf qu'au moment d'une petite fringale, impossible d'accéder à la cuisine, c'est cruel quand même de faire attendre une femme enceinte comme ça, de l'empêcher de se nourrir et PIRE, d'empêcher son enfant à naître de s'alimenter. Ça pourrait presque s'apparenter à de la non assistance à personne en danger quoique non, c'est volontaire, don c'est carrément un meurtre. Avec préméditation en plus, pas de doute. En temps normal, Adie se serait énervée et aurait piqué une crise, il faut dire qu'elle déteste se sentir emprisonner mais là, dans le nid, elle capitule bien trop rapidement. Peut-être les hormones, peut-être le petit nuage sur lequel elle est depuis quelques jours, comme une adolescente de quinze ans. C'est fou ce qu'on a l'air con quand on est amoureux et assuré qu'il en est de même pour l'être aimé. A la télé en plus. C'est pathétique. Obligée de rester dans son lit donc, Adie s'impatiente et finalement, lorsqu'elle décide de se lever à nouveau, elle trouve le passage libre. Étrange, c'est quoi la blague qui va se passer là. Avec précaution, la jeune femme sort de la chambre et redescend au rez-de-chaussée avant de remarquer une table improvisée dans le parc via les grandes fenêtres du salon. Elle s'avance et y découvre Sochanna entourée d'une multitude de petits gâteaux miniatures assez appétissants. « Y'a un truc à fêter ? Non parce que je suis nulle avec les dates, donc s'il y a un anniversaire, jpréfère autant que tu me mettes au parfum, je me sentirais moins conne ! » dit-elle en souriant, un peu gênée d'avoir, vraisemblablement, loupé un truc génial.

La question d’Adie l’embrassa. Peut-être avait-elle était un peu excessive ? Elle ne faisait jamais dans la demi-mesure il fallait le reconnaitre et emportée dans son élan Sochanna avait déployée des trésors de rapidité. « En fait, je ... » Elle n’était pas très fille, la plus part de ses amis étaient des hommes elle ne savait pas vraiment comment copiner avec une autre femme. Le milieu de reporter était majoritairement masculin et depuis trois ans elle n’avait pas vraiment liée d’amitié avec une femme, sauf si sa mère et sa psychiatre comptaient bien entendu. « J’ai préparé ça pour toi. Je sais qu’on ne se connait pas vraiment et que c’est peut-être un peu trop... Je me suis laissée débordée par mon enthousiasme habituel en cuisine.... » Annonça-t-elle en dégageant la chaise de la jeune maman. « J’ai préparé le goûter pour te féliciter pour le bébé, t’engraisser parce que d’après mon père tu es trop mince pour une femme enceinte et enfin ... Parce que j’ai acheté deux trois trucs à Londres pour numéro 2 » Elle désigna le ventre d’Adie de son index. « Je dis Numéro 2 parce que Loxias a des goûts très particuliers en matière de prénom donc je ne voudrais pas t’influencer. » Elle sourit et désigna la table. « Alors.... Félicitation. »

Adie ne comprenait pas trop cette profusion de douceurs, c'était l'anniversaire de quelqu'un ? Un autre événement à fêter peut-être ? Adie était nulle pour ça, retenir les dates, les choses, les gens. Chez elle, pour bosser, elle avait un panneau avec des post-its partout, des feutres, des tableaux car sinon, elle oubliait. Elle était incapable de tenir un agenda à jour alors elle se débrouillait comme elle pouvait. Mais là, dans le nid, c'était plus compliqué. Tout d'abord car la notion du temps était bien différente de celle à l'extérieur et aussi car dernièrement, Adie avait la tête ailleurs. Elle aurait du se douter que le manège de Sami avait quelque chose à voir avec ça mais... non, elle ne comprit que lorsque Sochanna fit une drôle de tête et qu'elle lâcha le morceau. Du coup, c'est Adie qui se sentait gênée de n'avoir pas pigé plus tôt. Sochanna parla ensuite de son père, qui la trouvait trop mince et c'était une révélation étrange, la première fois qu'elle avait vent d'un avis extérieur qui ne venait pas d'un de ses proches, comme une prise de conscience que oui, on la regardait bien à la télé. « C'est trop gentil, tu n'aurais pas du ! Et... euh... enfin... je suis encore mince parce que c'est le début mais... c'est gentil à ton papa de... s'inquiéter. » Mon dieu que c'était bizarre. Sochanna parla alors d'un numéro 2 et Adie sourit. « Ah alors ça y'est, tu es au courant pour Numéro 1 ! Je savais bien que les tabloids trouveraient cet enfant caché ! Mince ! » dit-elle d'un ton ironique. Bien évidemment qu'il n'y avait pas de numéro 1 et d'après les nouvelles, Adie était enceinte pour la première fois mais ce surnom la faisait sourire. « Me dis pas que Loxias continue à faire sa pub pour ses idées de prénoms ! » Elle soupira, riant légèrement. Celui-là, il était indécrottable, c'est fou. « Des cadeaux ?! Fallait pas, t'es folle ! C'est quoiiiiii ? » Bien évidemment, on ne se débarrasse pas de sa curiosité comme ça !

« Mon père est médecin. Pour lui toute femme qui ne prend pas quinze kilos dès les premiers mois de grossesse doit manger plus. C’est son côté papa poule qui ressort. Et oui, je te le confirme, il a fait de ma vie un enfer dès que j’ai commencé à voir des garçons. » Elle laissa échapper un petit rire lorsqu’une image fugitive de son père lui tendant une boite de pilule lui revint en mémoire. Elle adorait son père, elle comprenait également l’importance qu’elle revêtait à ses yeux, son unique enfant, cet enfant qu’il avait cru avoir perdu à tout jamais lorsqu’on avait enlevé Sochanna. Elle rit à la remarque de la brune. « Non numéro 1 c’est toi. Numéro 2 c’est donc ... Numéro 2 qui vit sa vie de têtard dans ton ventre. » Très poétique Sochanna, bravo. Absolument délicieusement subtile et poétique. Elle grimaça. « La dernière fois que j’en ai entendu parler je crois qu’il envisageait Edouard quelque chose si mes souvenirs sont bons. J’en déduis donc qu’il n’a pas renoncé... En même temps aucun de nous n’a un prénom qui manque d’originalité cette année. Si c’est une fille et que tu veux changer des Lily et Rose et compagnie Sochanna signifie Rose. Je dis ça je dis rien. » Une fois assise elle tendit à la jeune femme les deux pochettes cadeaux. « Comme je ne savais pas le sexe de numéro 2 j’ai pris pour fille et pour garçon. » Annonça-t-elle en se servant un verre de café glacé. Dans les sacs Adie trouverait deux petit body, l’un vert et l’autre rose, sur lequel elle avait fait inscrire « secret : j’étais une star de la téléréalité avant ma naissance ». Le trait d’humour était peut être douteux mais elle avait grandi en Afrique, l’humour européen ce n’était pas son truc.