Tout ceci c'est perturbant, parce que les choses ne se déroulent pas comme dans la vraie vie. On est coupé de tout, on vit les choses plus rapidement, et surtout on est comme emprisonné dans une bulle. Et lorsque cette bulle est sur le point de rompre, c'est à ce moment qu'on se rend compte qu'on sera perdu dans la vraie vie. Que tout ce qu'on a vécu risque d'être brisé à tout jamais. J'imagine que c'est ce qui nous enrichit, que sans cette bulle, la moitié des relations amoureuses, des rapprochements, des amitiés n'auraient pas eu lieu, peut être que sans cet enfermement, les choses ne se seraient pas déroulé comme prévu. Dans la vraie vie, tu ne partages pas un lit avec une inconnue sans raison apparentes, sans qu'il ne se passe quoi que ce soit, parce que ce n'est pas vraiment habituel. Dans la vraie vie, quand cette même inconnue qui s'est visiblement beaucoup attaché à toi se sent blessé de tes agissements te les reproche plus ou moins, tu te barres et tu ne reviens plus. Même si tu t'es toi aussi un peu attaché à cette jeune femme, pourtant tu fuis parce qu'elle ne reste qu'une inconnue, tu rentres chez toi et tu l'oublies. Mais ici, cette inconnue est liée à toi, tu connais des détails de sa vie que les autres ne doivent pas découvrir et vice versa, une confiance s'installe, une complicité aussi. Et lorsque tu te rends compte que tu la blesses tu te remets en question, tu arrêtes tes conneries et te demandes si toi aussi tu n'éprouverais pas plus que tu ne le pensais au départ. Et c'est de cette façon que tu te retrouves amoureux d'une jeune femme enceinte qui vit dans un pays différent du tient, et à la fin de tout ce bordel dans lequel tu as décidé de te laisser enfermer, tu te rends compte que tu ne supporteras pas la séparation, et qu'une relation à distance n'est pas du tout envisageable. Alors forcément, je suis incapable de formuler quoi que ce soit lorsqu'elle m'annonce qu'elle est prête à tout quitter pour moi, qu'elle est prête à renoncer à son pays pour vivre dans une ville inconnue pour moi. J'suis content, même si ça ne se voit sûrement pas. J'suis content si bien que je crois que je m'emballe un peu. C'est peut être trop tôt de lui demander de vivre chez moi, mais en même temps, il faut se rendre à l'évidence, débarquer dans une ville, un pays dont on ne connait pas la langue, c'est compliqué, j'en parle d'expérience. Et pour trouver un appartement de suite, c'est sans doute impossible je pense. Alors elle me fait part de ses inquiétudes et je comprends, je comprends tout à fait. « Je ne sais pas comment je peux te rassurer, mais je sais que personne ne pensera que tu t'imposes. Je veux dire, on s'aime, tu viens vivre chez moi, c'est logique non ? C'est vrai qu'on va plus vite, mais c'est aussi vrai que la situation n'a rien d'ordinaire ou habituelle. Tu es enceinte ? Et alors. J'ai bien eu deux enfants avec ma meilleure amie, ce n'est vraiment pas elle que ça va choquer. Et puis lorsque ton bébé sera là, on aura simplement l'allure d'une famille recomposé quand on se promènera dans la rue, rien de plus banal ! » Je souris, elle passe ses bras autour de mon cou et m'embrasse, c'est parfait, puisque si elle ne l'avait pas fait, je l'aurais fait de moi même. Juste après ce petit baiser dans le creux de son cou. Je ne peux pas m'empêcher de sourire malicieusement lorsqu'elle me demande de quelle manière je m'occuperais d'elle. Je fais mine de réfléchir quelques instants. « Oh et bien, tu verras en temps voulu, mais ça inclura des choses comme celles-ci... » Je lui désigne le petit déjeuner au lit, et me penche sur elle pour l'embrasser à nouveau, un baiser des plus passionné. Celui qu'on a pas vraiment envie d'interrompre mais que j'interromps tout de même en me détachant. « Ou comme celle-là. » Je me penche à nouveau mais cette fois-ci dépose des baisers contre son cou alors que mes mains se glissent sous la couverture qui dissimulaient ses jambes, tandis que je commence à les effleurer doucement.

Oui, Adie redoutait cette conversation. C'est toujours plus facile de parler de choses légères, de ne jamais rentrer dans les détails, de rester à la surface mais dans leur cas, tout ceci était nécessaire. Ils vivaient loin l'un de l'autre, dans des villes différentes, dans des pays différents. Il avait une famille, des obligations, des responsabilités et bientôt, elle aussi devrait prendre tout ça en compte dans sa vie. Elle n'était plus la jeune femme insouciante dans sa vingtaine qui sort avec ses amis, travaille dans la mode, côtoie le meilleur de la profession, sirote des coupes de champagne dans des soirées hypes... Non elle n'était plus tout ça et ce depuis le jour où elle avait appris pour sa grossesse. Avant, elle ne se souciait pas vraiment de son futur mais tout ceci avant changé la donne. Et puis, Fake Lover, une idée comme une autre et à nouveau, son destin était chamboulé. Oui elle pouvait venir vivre à Paris. Ses parents ne seraient pas si loin au final, un trajet en Eurostar n'était pas bien loin et Adie n'avait pas peur des longs trajets. Son travail était très facilement transférable et elle avait autant d'amis à Paris qu'à Londres. Donc tout ça, non, ce n'était pas un problème pour elle si lui le voulait aussi. Le soucis était ailleurs, Adie ne voulait tout simplement pas mettre le bordel dans la vie d'Evan, celle de sa famille, de ses enfants. Elle ne voulait pas s'imposer là dedans, devenir cette fille, jeune qu'on voit arriver du coin de l’œil dans la vie d'un homme déjà établi. Il était célibataire, certes mais même... D'autant plus qu'elle ne savait pas ce qui avait été dit sur elle dans les journaux people et surtout, elle priait pour que Matthew n'ait pas mis son grand de sel. Elle fit donc part de ses peurs à Evan, c'était le moment ou jamais, maintenant qu'elle savait qu'ils voulaient la même chose et la réponse de ce dernier finit de la rassurer, la touchant même au plus profond d'elle même. Quand elle était rentrée dans Fake Lover, son futur était morose. Elle était enceinte d'un homme qui l'avait quitté, si tant est qu'ils aient vraiment été ensemble à un moment et se retrouvait seule, toute seule à assumer sa grossesse et sa vie en général à Londres dans son minuscule appartement. Mais là, maintenant, tout avait changé et les paroles qu'Evan venait de prononcer illustrait tout à fait la situation. Se promener dans la rue, famille recomposée, c'était presque trop beau pour être vrai et le cœur d'Adie battait la chamade. Si proche d'elle, elle accrocha Evan de ses bras et l'embrassa, retenant des larmes d'émotion. Ça faisait cliché, horriblement cliché mais jamais elle n'aurait imaginé en rentrant dans cette émission qu'elle obtiendrait tant. Elle se fichait de l'argent maintenant qu'elle avait ça. Il lui montra alors le petit déjeuner comme étant l'une des choses qu'il ferait pour elle, puis s'approcha d'elle, lui offrant un long baiser. Puis il s'arrêta, reprenant la parole pour mieux lui montrer une autre façon de s'occuper d'elle. Il déposa quelques baisers sur son coup nu alors qu'Adie sentait sa main effleurer ses jambes sous la couverture. Adie posa alors son verre sur la table de nuit et souleva la couverture afin qu'Evan puisse s'y glisser. « Viens. » lui dit-elle tout bas tout prêt de son oreille. Puis elle embrassa à son tour son cou. « Je t'aime. »