J'aime pas cette cantine, cette cuisine. Je l'aime pas. Mais je dois me nourrir de toute manière alors je suis forcée de m'y rendre. De toute manière je ne mange pas grand chose et je n'ai que très peu souvent besoin d'une préparation quelconque. Je me contente de sortir quelques fruits et quelques légumes rien de bien compliqué n'est-ce pas ? J'aime pas cette pièce mais je m'y rend, et j'ouvre le frigo et j’aligne des aliments sur le plan de travail. Ce que j'aime dans la cuisine ce sont les gros couteaux, j'aime le bruit que ça fait sur les différents aliments que je peux découper. Je commence par du cèleri et ça craque, j'aime aussi l'odeur qu'il s'en dégage au moment ou le premier brin est rompu et éventré par cette lame aiguisé. Je déteste faire la cuisine. Je coupe des morceaux plus ou moins fin selon l'inspiration du moment. Je l’entends venir, il pue le manque de discrétion, il pue l'incruste et il pue l'emmerde aussi. Je ne sais pas qui il est et clairement je n'ai pas envie de savoir qui est le fou qui veut venir m'embêter alors que j'ai un couteau entre les mains. Dites moi ? Qui est-il ? Non ne me dites pas je n'aime pas connaître le prénom des gens que j'égorge je préfère leur en donner un moi même. Le maigrelet pénètre mon périmètre vitale avec une aisance à vous rendre fou. « Tu manges quoi, toi ? » Quoi ta mère t'a pas appris à faire à manger ? Je le regarde de mes pupilles inertes. « Va chez ta mère. » je lui réponds avec un semblant de plaisanterie au bout des lèvres. Je termine la seconde branche de cèleri que je dépose dans un saladier et d'un geste habile j'éventre le poivron rouge. « T'es vraiment un gamin ou t'en a simplement l'air ? » je demande pensive avant de répondre. « Non t'es vraiment un gamin. » Oui je fais la question et la réponse. Parce que si c'était pas un gamin il aurait sorti casseroles et pattes pour se faire sa bouffe. « Je pensais à une salade de viscères. On partage ? » Je lui demande plus que sérieuse j'attends même qu'il me dise oui inclinant la tête vers lui pour l'incité à me répondre.

« Pas besoin de retourner dans les jupons de maman riche, merci. » d'abord pourquoi il me précise que sa mère est riche ? Je comprends pas les gens qui ont le besoin d'en rajouter toujours, de faire des précisions sur leur vie. Il peut la fermer aussi, parce que ça m'intéresse pas. Et si je lui demande son secret il se sentira obligé de me fournir un indice ? Va falloir que je tente. « Ben si elle te donnera la béqué, gamin. » Je lui réponds machinalement alors que je coupe mes légume, que je mes incise avec une certaine violence dans mes gestes. Je parle toute seule démontrant que c'est un gamin qu'il n'en a pas seulement l'air. Oui je fais la question et la réponse et alors ? Ça m'évitera de l'entendre geindre et me parler de son complexe d'Oedipe alors que je lui ai rien demandé. Je lui propose une drôle de salade alors que mon grand couteau éventre un poivron rouge.« Et pourquoi pas une soupe d'orteils aussi tant que nous y sommes? » Pourquoi pas ? « Non, c'est pas terrible et ça met longtemps à cuire en plus c'est assez dur comme viande. » Je lui réponds, faut bien que je lui donne des conseils culinaire il y connaît rien. Je le sens reculé. Et moi je souris.« T'es sûre que ca va là-haut? » Oh il insinue que je suis folle, c'est nouveau. Non pas vraiment, c'est du vu, revu et rerevu. Je stoppe mon découpage et m'avance vers lui faisant tourner mon couteau dans mes mains, le regard plus que menaçant. « Je te fais peur gamin ? » Je souris de manière très malsaine. J'aime bien me faire passé pour une folle, ou peut être qu'en réalité je suis vraiment folle qui sait ? Je suis tellement à la fois que vous n'arriverez jamais à me définir avec exactitude. Parce que au final je suis pas grand chose mais ça vous pouvez même pas le percevoir vu tout ce que je vous balance au visage.

C'est marrant comment les gens se font une opinion de vous rapidement. Moi ça me fascine c'est aussi pour ça que j'aime bien me donner différentes personnalités, comme je peux voir les réactions des gens. Là avec mon rands couteau je suis naturellement allé vers une espèce de folie extrêmement bien jouée. Peut être parce que c'est mon état naturel qui sait ? Non je vais vous avouer quelque chose je ne suis pas folle, je n'ai pas des habitudes alimentaires étrange, souvent j'ai envie de tuer des gens mais ça ne dépasse jamais la pensé alors je pense que je suis comme tout le monde ? Non pas vraiment disons que je suis pas la personne la plus saine d'esprit de la terre mais loin d'être folle pour autant. Mais ça me plaît de le jouer parce que le gamin est facilement impressionnable même si il prétend le contraire, même si il veut me montre qu'il est capable de tout contrôler. Parce que quand je suis près de lui avec un couteau dans la main il a beau me dire qu'il n'a pas peur moi je la sens sa peur. « Oh, mon dieu, oui je pisse dans mon slip là tu peux pas savoir. » Quelque chose me dit que si mon couteau était plus gros il se serait vraiment pissé dessus. En tout cas pour quelqu'un qui ne dit pas avoir peur je trouve qu'il fonce rapidement vers les casseroles. Il est marrant, et vraiment... vraiment pitoyable. Je crois que c'est la personne la plus inintéressante de ce jeu. Même Barbie et Pikachu on plus d’intérêt à mes yeux. Alors je retourne vers mon découpage de légumes. Ah et je pensais qu'il savait que je suis végétarienne, ça a fait le tour du nid. Mais pas dans ça tête il semblerait. Je souris, qu'il est con. Naturellement des paroles de Nick Cave me viennent à l'esprit ça parle d'une jeune fille déséquilibré du nom de Loretta, elle décrit la mort de différents habitant d'une petite ville. Je trouve ça marrant et placé au bon moment quand mon couteau vient chatouiller la tête d'une jolie tomate bien juteuse. «  Mama often told me we all got to die You must have heard about the curse of millhaven How last christmas bill blake's little boy didn't come Home They found him next week in one mile creek His head bashed in and his pockets full of stones ... » Comme par hasard le passage choisit parle de la mort d'un petit garçon.