Je m'arrêtai soudainement devant cette porte légèrement entrouverte. Je n'y avais jamais fait attention depuis que j'étais arrivé. Je pensais qu'elle faisait partie des nombreuses portes qu'on ne pouvait ouvrir. Mais cette fois-là, elle m'intrigua. Je regardai à droite à gauche, comme si je m'apprêtai à faire une bêtise et rentrai dans la pièce, y découvrant une cave après avoir allumer les lumières. Je referai aussitôt la porte derrière moi. Au vu de l'ambiance sinistre qui y régnait, la production avait du oublier de condamner cette porte là.. Pourtant, au lieu de sortir, je continuai de regarder chaque détails de cette pièce et refermai la lumière ensuite, me retrouvant dans le noir complet. Je descendis doucement les marches, n'hésitant pas à tâter les murs pour m'avancer. Je touchai du bout des doigts les chaises cassés tandis que quelques vibrations parvenaient à mes oreilles, surement venu d'autres pièces reliés à cette-ci et causé par des candidats. J'étais au milieu de la pièce, dans le noir complet et je n'avais pas le moins du monde peur. Je n'avais pas peur du noir. Soudain, la porte s'ouvrit, me découvrant seul dans la cave, au milieu des tonneaux et des chaises cassées. Je devais surement passer pour un taré.

Aujourd’hui, c’était exploration. En effet, depuis son entrée dans la maison, Betty n’avait été que dans très peu de pièces, si ce n’est la chambre, le salon, la cuisine, la salle à manger, la salle de bain et les toilettes, le jardin et la cascade, le reste restait un peu inconnus. Voilà pourquoi en ce début d’après-midi, la jeune blonde décida de s’aventurer dans la fameuse cave. Elle n’avait pas peur du noir, ni des araignées et elle n’était pas claustrophobe non plus, donc elle ne risquait rien. L’endroit l’intriguait, alors il était temps de le découvrir. Elle ouvrit la porte et descendant les quelques premières marches sans allumer la lumière, elle fut surprise de trouver un candidat déjà présent dans la cave, dans le noir. « Heeu.. T’es dans le noir là, tu sais ? » Elle se retenu de rire, puis appuyant sur l’interrupteur, elle alluma la lumière, histoire de mieux voir à quoi ressemblait cet endroit poussiéreux. Elle posa ensuite ses yeux sur le candidat et le reconnaissant, elle reprit la parole. « Oh, c’est toi Matthew ! Moi c'est BJ, au cas où tu te demanderais ! ...Attends.. J’ai une idée. » Elle appuya de nouveau sur le bouton de l’interrupteur, pour éteindre et ferma la porte. Elle s’accrocha à la rambarde et descendit lentement les escaliers, faisant attention de ne pas tomber. Une fois en bas des escaliers, ne voyant pas grand-chose du tout, elle resta immobile. « Je sais pas si mon idée était si bonne que ça. Comment tu fais toi pour te repérer dans le noir ? » Sa voix était douce et basse, comme si dans le noir il fallait parler moins fort.

J'aurai pu me cacher, faire semblant de chercher quelque chose ou n'importe quoi plutôt que de rester planter au bon milieu, une main sur une chaise. Je ne bougeai pas, attendant que la lumière s'allume au dessus de ma tête. Pour moi, ce n'était pas une attitude étrange. Finalement, je vis Betty-Jayne qui m'avait elle aussi reconnu. « Ca sera Betty-Jayne pour l'instant » répondis-je pour souligner la distance entre nous. Je n'avais pas spécialement envie de lui parler étant donné que son but était de mettre en danger nos secrets. Et je voulais le protéger mon secret, c'est que j'y tiens ! Contre toute attente, elle éteint la lumière, me replongeant dans l'obscurité la plus totale avec elle en prime. Je pouvais entendre les planches de l'escaliers grincer puis plus rien. Arrivée en bas des escaliers, elle n'avait plus bouger. Je souris légèrement à sa question bien qu'elle ne pouvait le voir « J'ai eu le temps de me familiariser avec le lieu » en seulement cinq minutes que j'étais là. J'avais eu le temps de tâter un peu tout les objets, des plus encombrants au plus insignifiants. Encore un peu de temps et je la connaîtrai comme ma poche. Lentement et discrètement, je m'avançai vers elle, sachant approximativement ou elle se située. Mes bras l'avaient finalement trouvé et mes mains parcoururent rapidement son corps pour s'attarder à son visage. Je tâtai chaque grains de peau, chaque trait du visage, allant de la commissure de ses lèvres à la forme de son nez, sans oublier ses doux cheveux blonds. Je fini alors par souffler, un léger sourire aux lèvres « Maintenant je suis certain que je pourrai te reconnaître n'importe où dans le noir.. BJ » rajoutais-je finalement.

Oui BJ avait parfois de drôles d’idées. Mais cette idée d’éteindre la lumière n’était pas dénué de sens. Le principe étant de jouer à tout reconnaître en tâtant, même lorsqu’on ne voit rien. Mais une fois en bas de l’escalier, la jeune blonde ne faisait pas la fière. Même sans avoir peur du noir, être debout dans une salle inconnue plongée dans le noir était vraiment étrange et pas forcément très rassurant non plus. Elle entendit la voix de Matthew a quelques mètres d’elle, lui disant qu’il s’était familiariser avec le lieu. Ca consistait en quoi se familiariser avec une pièce ? On touche les murs et les objets ? Mais comment on peut s’imaginer la pièce dans son esprit sans l’avoir vus ? Etrange. C’est alors qu’elle sentit que le candidat s’approchait d’elle. Elle eut un mouvement de recul sans trop savoir pourquoi, mais elle se figea en sentant les mains de Matthew parcourir son corps. Elle ne s’y attendait pas, mais en y réfléchissant, c’était logique. Ses mains arrivèrent jusqu’au visage de la jeune blonde, et alors qu’elle fermait les yeux, il explora son visage de ses mains tandis qu’elle le laissait faire, trouvant ça à la fois étrange et agréable. Une fois qu’il eut finit, il reprit la parole, finissant par l’appeler BJ. Elle eut un sourire, même s’il ne pouvait pas le voir. « C’est BJ maintenant ? » Elle eut un petit rire, puis tâtonna de ses mains le torse du jeune homme. « C’est vraiment étrange comme expérience..mais c'est intéressant aussi. » Ses mains remontèrent jusqu’au cou de Matthew, et de là, elle parcourut son visage de ses doigts fins. Avec délicatesse, elle passait ses mains sur les différentes courbes de son visage si bien sculpté. Elle passa ensuite ses mains dans ses cheveux courts, puis elle retira ses mains, gardant quand même une main sur un bras du candidat. Elle avait gardé les yeux fermés sans même s’en rendre compte, mais de toute façon, les ouvrir ne changerait rien. Elle resta là sans savoir quoi dire, se trouvant un peu gênée de cette situation. En fait, c’était pas facile quand on ne voyait rien.

« Eh bien.. Je suppose que nous sommes assez proches maintenant pour que je t'appelle ainsi »répondis-je en riant.

Elle commença elle aussi à me toucher. De mon torse elle monta rapidement jusqu'à mon visage qu'elle parcourra de ses doigts fins. Les yeux clos, elle avait pu déceler un fin sourire sur mon visage. « C'est dur.. » soufflais-je sur un ton à la fois interrogatif et affirmatif. J'avais voulu dire les deux. Mon esprit légèrement vicieux ne put s'empêcher à penser à une pensée lubrique après ma phrase et je repris en souriant « Je veux dire.. C'est dur de ne pas pouvoir voir. Et triste. Tu ne trouves pas ? Remontons veux-tu » Un sourire triste se dessina, imaginant la vie sans pouvoir la voir l'espace de quelques instant, juste noir. Oui, c'était triste. Cela me mit même mal-à-l'aise en y repensant.

Je me laissai guider par Betty-Jayne bien que je savais parfaitement où je mettais les pieds. Arrivé en haut, elle referma la porte derrière elle et s'appuya dessus, sa main ne lâchant pas la mienne. Mes yeux dans les siens, je l'écoutai d'une oreille tans j'étais captivé par son regard. J'avais décroché après sa première phrase si bien que je n'avais pas retenu sa question. C'est beau de pouvoir voir.
« Ca l'est encore plus lorsque ce que l'on voit est beau »avais-je avoué sans réfléchir. Je n'avais pas remarqué à quel point elle était belle lors du prime ni même les autres jours. Ce n'était que maintenant que je m'en rendais compte. Ma main se dégagea de son étreinte et un léger rire sortir d'entre mes lèvres. Il n'y avait rien de mal dans mon comportement, je crois. Alors pourquoi j'avais cette amère impression de trahison ?
« Le jeu se passe bien » répondais-je enfin à sa question, pour changer cette atmosphère loin d'être pesante mais plus ou moins dangereuse.

Il y avait parfois de ces moments où lorsqu’on croisait un regard, on n’arrivait plus à s’en décrocher. Et c’était ce qui se passait en ce moment-même. Betty avait complètement plongé ses yeux dans ceux de Matthew, et ce dernier semblait captivé, empêchant la jeune blonde de décrocher son regard. Le candidat ne manqua pas de répondre, complimentant Betty sans forcément y faire attention. La jeune femme ne put s’empêcher de sourire à cette phrase, touchée par ce qu’il disait. Elle voulut répondre, mais sa main se retira de la sienne, déconcentrant BJ qui avait oublié ce contact. Il répondit ensuite à sa question, mais sans détailler, et Betty trouva que c’était bien léger pour continuer dans cette voie-là. Elle avait essayé de changer le sujet, de casser l’étrange tension qui s’était installé entre eux, mais cela n’avait pas l’air de fonctionner plus que ça. Laissant un silence s’installer, elle finit par baisser les yeux sans trop savoir pourquoi. « Comment tu fais pour me rendre mal à l'aise comme ça et pour me rendre silencieuse, moi qui suis si bavarde d'habitude ? » Elle se mit à rire, puis reposa ses yeux sur son visage si bien sculpté, détaillant chaque recoin, finissant par replonger son regard dans le sien. Elle faisait mine de rejeter la faute sur lui, mais en vérité, elle ne l’accusait pas. Et puis, de quoi pouvait-elle bien l’accuser de toute manière ?

« Tu es mal à l'aise ? »demandais-je en faisant mine d'être surpris.
Pourquoi elle l'était, et pourquoi l'étais-je aussi ? C'était comme avouer qu'il se passait quelque chose de particulier alors qu'il n'en était rien. J'essayai de m'en persuader du moins. Je faisais donc semblant, semblant que la situation était normale, semblant de n'être pas gêné. Il ne fallait pas commencer à trop penser. Je discutai simplement, en toute innocence. Je m'appuyai moi aussi, sur le mur en face d'elle sans la quitter du regard. J'avais envie de lui dire d'arrêter de me regarder comme ça mais mes lèvres restaient fermées, incapable de prononcer cette phrase. Je n'avais pas l'habitude de dire ce que je ne pensais pas. Je finis par rompre le contact visuel, quittant les lieux après lui avoir adresser un sourire. J'avais préféré fuir plutôt que de lui mentir au risque de m'engouffrer plus profondément dans une situation que je ne désirai pas.

Bien sur qu’elle était mal à l’aise, mais elle ne préféra pas lui répondre, car c'était évident. Elle ne savait d'ailleurs réellement pas pourquoi. Peut-être était-ce la situation ? Cette première rencontre étrange dans la cave, ce premier contact physique dans le noir, à se toucher le visage comme deux personnes intimes, et le retour à la réalité, à la lumière, à se regarder profondément.. Peut-être ce mélange de tout ça oui. Leur regard semblait lié et cela paraissait presque ambigüe, alors qu’il n’y avait rien. Absolument rien. Juste leurs yeux mêlés dans une sorte de rituel qui leur était inconnus et incontrôlable. Étrange. Sans vraiment que Betty s’y attende, Matthew coupa le contact visuel, déstabilisant la jeune femme quelques secondes, puis il partit, un simple sourire en guise de au revoir. Fronçant les sourcils, Betty resta immobile, regardant Matthew s’en aller dans le couloir, mais avant qu’il ne soit trop loin, elle prit la parole, parlant d‘une voix assez claire pour qu‘il l‘entende. « A quoi tu joue Matthew ? Ou plutôt, pourquoi tu ne joue pas ? De quoi tu as peur ? Qu’est-ce que tu fuis comme ça ? » Elle s’était décollée de la porte et avancée de quelques pas, espérant pouvoir faire réagir le jeune homme. Elle n’aimait pas quand un problème restait inexpliqué, si problème il y avait là.