Je ne sais pas si ce lieu de culte est utilisé pour ce qu'il est réellement par les candidats. Je ne sais pas s'il y a beaucoup de catholique ici, puisque cette église l'est. Je ne sais pas non plus s'il y a beaucoup de croyants à vrai dire. Et comme je préfère ne pas être interrompu lorsque je décide de m'adresser à Dieu, je m'y rends tôt. La plupart du temps les candidats sont à peine réveillé. Je n'ai pas forcément l'habitude de me rendre à l'église depuis que je suis à Denver. Je n'en ai pas eu réellement l'occasion, ils sont tous protestants là bas. Je n'ai pas toujours besoin de me trouver dans un lieu de culte pour communier, néanmoins ici, je profite de cette église pour m'y rendre. Il est tôt, trop tôt pour la majeure partie des candidats. Je viens de quitter ma femme, le petit-déjeuner est terminé. J'ai marché directement jusqu'à l'église. Vide. J'avance jusqu'aux bancs, et m'assieds. Je ne m'appuie pas sur les prie-Dieu, c'est inutile. Je ne croise pas mes mains, je ne ferme pas les yeux. Je prie en silence, dans ma tête. Dans une langue que seuls les initiés comprendront alors à quoi bon. Je ne demande rien de particulier, j'essaye simplement d'expier mes péchés. En nombre. A mon plus grand damne. Candace n'arrête pas de me dire que je ne finirais pas ma vie au paradis mais que l'avantage c'est que nous nous retrouverons tous deux en Enfer. Et ça me fait sourire à chaque fois. Là encore, en y pensant, je me mets à sourire. Je ne cherche pas l'absolution, je ne l'obtiendrais jamais. Je cherche égoïstement à apaiser ma conscience mise à mal.

Cela surprenait beaucoup les gens lorsqu'ils apprenaient que j'étais un chrétien à part entière, copte d’Égypte et membre de l'église orthodoxe jusqu'à mon départ du pays, il y a trois mois environ. Maintenant, j'étais un chrétien comme un autre, qui se plaisait de temps à autres à se rendre à l'église. Ce matin, tiré du sommeil par une satanée insomnie qui m'avait tenu éveillé la quasi totalité de la nuit, j'avais décidé que pour commencer cette journée, je pouvais par exemple aller prier pour le bien de mes proches, des personnes qui comptaient à mes yeux, pour ma réussite dans cette aventure ou encore pour un monde meilleur. Toujours aussi optimiste, hein, même tôt le matin. En pénétrant dans l'imposante bâtisse, je repérai bien vite un homme, assis quelques mètres plus loin sur un banc. J'avançai en sa direction - il se nommait Callan, me semble-t-il, si j'étais parvenu à retenir correctement son prénom. « Tu viens te repentir de tes pêchés et avouer tes transgressions mon frère ? » fis-je en m'approchant de lui, un large sourire aux lèvres. Aux dernières nouvelles ce type était marié,... et aux dernières nouvelles sa femme faisait elle aussi partie de l'aventure. J’espérais qu'il n'avait pas été infidèle, ou quelque chose dans le genre. Je finis par prendre place sur le même banc que lui, à ses côtés, n'étant pas certain d'y avoir été réellement invité mais bon, qui ne tente rien n'obtient rien. « Je ne suis pas sûr que tu saches qui je suis, alors dans le doute, je me présente : Malik, et comme toi je suis candidat, des fois que tu aies eu certains soupçons à mon sujet. » On m'avait déjà fait remarquer que j'avais une certaine tendance à débarquer n'importe où, n'importe quand, sans qu'on s'y attende, ce qui créait bien souvent un effet de surprise totalement involontaire. Mais si ça se trouve, je le gonflais déjà. Et bien, si c'était le cas, j'attendais de lui qu'il me le signale - de toute manière il semblait être un homme droit et honnête qui ne manquait pas de faire savoir ce qui lui convenait ou ce qui ne lui convenait pas. De deux choses d'une soit il tolérait ma présence à ses côtés, soit il me congédiait et me demandait d'aller voir ailleurs.

Je prie, j'ai les yeux clos la tête penchée en direction du sol. Je suis concentré, la prière est importante à mes yeux pourtant je la néglige un peu trop souvent. Rapidement, je suis interrompu par la voix d'un candidat masculin a qui je n'ai jamais eu la chance de parler. Je termine ma prière et finis par ouvrir les yeux. Si bien que plusieurs longues secondes s'écoulent avant que je daigne lever la tête. Et bien rapidement il prit place sur le même banc que moi. Dernier signe de croix, je range mon collier que je prends l'habitude de dissimuler derrière des vêtements et je tourne la tête en sa direction. Je souris, je ris même face à sa question. « Il me faudrait bien plus que ma propre vie pour parvenir à expier mes péchés. » Je fais la moue. En réalité, chaque jour que Dieu fait, j'essaie de gagner son indulgence puisque son pardon je ne l'obtiendrais jamais. « J'essaye surtout de demander de l'aide au tout puissant concernant ma future nomination... J'espère qu'il sera indulgent, compatissant et qu'il me laissera poursuivre tout de même l'aventure. » J'annonce en plaisantant bien que j'affiche une mine dépitée. Mine que j'abandonne bien rapidement parce que ce n'est pas mon genre de baisser les bras ou de m'avouer vaincu. Jamais. Je suis un optimiste, dans n'importe quelles circonstances. Sa réplique suivante me fait sourire. « Callan. Mais c'est bizarre, tu me rappelles étrangement le technicien qui m'a réinstallé mon micro la semaine derrière... Aucun mensonge n'est toléré dans la maison du seigneur, t'en a conscience. » Je lui annonce particulièrement sérieux, bien qu'au fond j'ai simplement envie de sourire.

Que pouvait bien faire le trentenaire au sein du sanctuaire de Dieu ? Se repentir de ses péchés, avouer ses transgressions ?... « Il me faudrait bien plus que ma propre vie pour parvenir à expier mes péchés. » C'est qu'il n'avait pas toujours été irréprochable, mais qu'il s'en rassure, personne ne pouvait se présenter à Dieu au terme de sa vie en ayant rien à se reprocher. Le jugement dernier ne me faisait pas peur à moi, néanmoins je savais que comme tout le monde j'aurais à répondre de mes erreurs car oui, j'en avais commises et j'en commettrais assurément d'autres. « J'essaye surtout de demander de l'aide au tout puissant concernant ma future nomination... J'espère qu'il sera indulgent, compatissant et qu'il me laissera poursuivre tout de même l'aventure. » On allait de toute manière tous y passer à un moment ou à un autre. Néanmoins Callan était déjà passé par la case nomination, et je comprenais qu'il implore le seigneur de lui permettre de poursuivre cette aventure, je pense que j'aurais fait de même si je m'étais retrouvé nominé. L'annonce avait d'ailleurs lieu demain, je n'avais plus qu'à croiser les doigts. Je me présentai à lui, insistant sur le fait que je faisais moi aussi partie du casting, des fois qu'il eut été amené à en douter. « Callan. Mais c'est bizarre, tu me rappelles étrangement le technicien qui m'a réinstallé mon micro la semaine derrière... Aucun mensonge n'est toléré dans la maison du seigneur, t'en a conscience. » J'avais parfaitement conscience du fait que dans une église, aucun mensonge ne pouvait être débité car le seigneur avait un œil sur nous. Néanmoins son histoire de technicien, admettons qu'elle eut été vraie, m'intriguait quelque peu. « Ah ? Je dois avoir un sosie alors... enfin, un autre... car ça n'était pas moi, non non, je sais même pas installer un micro de toute façon. » Il avait beau plaisanter, j'avais ce besoin de me défendre malgré tout. Certes, c'était stupide, mais il m'arrivait souvent d'agir de façon stupide, c'était même comme cela qu'on me différenciait le plus facilement de mon frère qui, aux dernières nouvelles, était la seule personne me ressemblant physiquement sur cette Terre. « Une question me trotte dans la tête, et comme je ne sais rien garder pour moi... » Bah j'allais la lui poser, ça semblait logique non ? « ... qu'est ce qu'un type marié, accompagné de sa femme qui plus est, peut bien rechercher dans une telle émission ? l'argent ? la notoriété ? autre chose ? » Car l'amour, il l'avait déjà. Contrairement à la majorité des candidats qui se trouvaient célibataires, Callan était bel et bien casé, et son épouse participait elle aussi à l'aventure. Une jeune femme dont je ne connaissais pour le moment que le nom, Candace, mais je pense que tôt ou tard je serais amené à rencontrer madame.

J'ai des pêchés à expier, des tas de péchés, les péchés originels ne faisant pas parti de mes fautes à avouer pourtant. Puisque de ce côté là, je pense qu'on pourrait rien faire pour moi. Non, les péchés que je cherche à expier sont plus important, ils me hantent, ils m'empêchent de penser sereinement à ma mort. Elle ne m'effraye pas, mais en tant qu'enfant de Dieu, le jugement dernier m'effraie. J'ai beau essayer de me faire pardonner rien ne le pourra, pourtant je m'efforce de croire que le tout puissant remarque mes efforts. J'essaye chaque jour de me racheté, à ma manière à échelle humaine. Néanmoins je préfère plaisanter plutôt que d'avouer une chose aussi personnelle à un Malik aussi charmant qu'il puisse être. Ce n'était après tout pas un mensonge puisque de toute évidence, je craignais pour ma peau, à juste titre qui plus est. J'annonce à Malik qu'il me fait penser à ce type, le technicien de dimanche qui m'a remis le micro en place. Et là, il ressent le besoin de se justifier. C'est adorable je trouve si bien que ça me fait sourire. « Il ne devait pas te ressembler tant que cela. Et puis c'était un sosie gay visiblement, il éprouvait un malin plaisir à me tripoter plus que de raison. » Je ris. Je n'ai rien contre les gays qu'on se le dise, mon beau-frère est gay. Et on s'entend très bien tous les deux. Un peu moins bien qu'il ne l'espérerait parfois d’ailleurs. Je suis interrompu dans mes pensées lorsque Malik me pose une question à laquelle je m'attendais. Une question qui n'allait sans doute pas être posé que par lui. Et ça ne m'étonnait pas, Daphne me l'avait en quelque sorte posé une fois. « Pas l'argent non, ni la notoriété, encore moins la notoriété. » Je déclare en affichant une grimace. Mais de toute évidence à Denver, la notoriété n'existera absolument pas, et heureusement. « D'ailleurs, je ne suis pas certain que tous les candidats ici présent sont là pour l'amour, ni pour l'argent. Néanmoins le fait que je sois marié semble vous intriguer tous. C'est assez fascinant. » Je n'ai toujours pas répondu à la question, j'en ai conscience, mais tout de même je trouve ça intriguant que ça fasse tiquer tout le monde à ce point. « Je suis ici pour expier mes péchés, entre autre. Je suis joueur, me voilà dans Fake Lover. » C'est aussi simple que cela. Ma réponse n'a rien d'originale, si bien que je me contente de hausser les épaules.

Je lui rappelais un technicien lui ayant installé son micro la semaine passée, vraiment ? Je lui assurai alors qu'il ne pouvait s'agir de moi, pour la simple et bonne raison que je ne savais pas installer un micro. Aussi, je ne travaillais pas pour la production et n'avais jamais eu dans l'idée de me faire passer pour un technicien, où aurait été l'intérêt franchement ? Donc non, vraiment, ce ne pouvait être qu'un sosie. « Il ne devait pas te ressembler tant que cela. Et puis c'était un sosie gay visiblement, il éprouvait un malin plaisir à me tripoter plus que de raison. » Il se mit à rire, et je fis de même, très nerveusement par contre. Car d'ordinaire il arrivait qu'on me prenne pour un gay. De toute façon aux yeux des gens, soit j'avais une nette préférence pour la gente masculine, soit j'étais puceau. Hm. Bref, ce type n'était pas moi, et ne pouvait pas non plus être mon frère puisque ce dernier était le gars le plus hétéro que je connaissais, et était resté en Angleterre. Affaire classée, je ne saurais jamais le nom de ce technicien. Difficile, parallèlement à ça, de ne pas faire le lien entre le fait que Callan était marié, et sa participation à cette émission. Je n'en connaissais pas les raisons, mais peut-être pourrait-il éclairer ma lanterne. « Pas l'argent non, ni la notoriété, encore moins la notoriété. » Il n'était donc ni à la recherche de l'argent, ni de la célébrité, ce qui faisait pour le moment de lui un candidat avec lequel j'étais réellement susceptible d'entretenir de bons rapports, par la suite. Car les personnes vénales ou constamment dans le besoin de se retrouver sous les projecteurs, en général, je préférais m'en éloigner de peur qu'elles finissent par avoir une mauvaise influence sur moi. « D'ailleurs, je ne suis pas certain que tous les candidats ici présent sont là pour l'amour, ni pour l'argent. Néanmoins le fait que je sois marié semble vous intriguer tous. C'est assez fascinant. » Effectivement, ça l'était. Intriguant comme fascinant. Je ne pensais pas retrouver au casting de cette saison un couple marié en toute honnêteté, mais pourquoi pas après tout ! « Je suis ici pour expier mes péchés, entre autre. Je suis joueur, me voilà dans Fake Lover. » La petite rime à la fin de sa réplique me fit un instant sourire. J'avais donc en face de moi un joueur mais, étrangement, je n'en aurais pas une seconde douté. Je pense que ce côté joueur était de suite perceptible chez lui, comme ma naïveté était de suite perceptible chez moi. « Je suis curieux... quel genre de couple êtes-vous, hm... Candace et toi ? » Pendant un moment j'avais hésité quant au prénom de la jeune femme, mais je crois qu'il s'agissait de Candace, oui, ce devait être ça. « Je veux dire, vos rapports sont plutôt fusionnels, platoniques... Bon j'ai bien conscience que cela ne me regarde pas, ne te sens pas obligé de répondre. » Je n'avais pas à me mêler de leurs affaires de couple, et d'ailleurs je ne sais pas ce qu'il m'avait pris de le questionner à ce sujet. Ma curiosité avait pris le dessus, une fois encore.