La première fois que j'ai traîné au bord de ce lac, je suis tombé sur une Sia qui s'adonnait aux joies du topless. Depuis, je n'ai plus eu le cran de m'y rendre à nouveau. Non, en fait, je n'en ai pas trouvé l'occasion- Sia et ses mamelons ne sont qu'une excuse morbide. Mais ce soir étant une soirée totalement insipide, j'ai décidé de retrouver ces magnifiques lieux. A défaut d'avoir le beau temps de ma première semaine passée ici, j'ai, aujourd'hui, le privilège d'assister à ce magnifique coucher de soleil. La vue est magnifique, presque envoutante. Tellement que je pourrais passer ma vie à l'admirer. Malheureusement les couchers de soleil ne durent pas éternellement. Tandis que mes yeux restent rivés sur ce somptueux spectacle, ma main vient doucement porter ma clope à mes lèvres. C'est la troisième en trois quarts d'heure à peine. Mais pas de quoi s'affoler, l'envie de m'enfiler un paquet en tout juste une soirée me prend bien plus souvent que je ne l'admet. Fumer me permet d'évacuer ma frustration. C'est presque aussi efficace qu'un bon morceau de piano. Presque. Ainsi, tandis que ma main ne cesse d'aller et venir chercher cette foutue clope, je ne remarque pas tout de suite la présence de Nicole. C'est lorsque je me décide enfin à dissimuler mon mégot sous le sable que j'aperçois sa silhouette. Je lui adresse un large sourire puis l'invite d'un geste de main à venir s'assoir sur le transat voisin au mien. « Tu fumes ? » J'ai dû poser cette question dix fois au moins, et jamais on ne m'avait encore répondu par l'affirmative. Ils ne savent pas ce qu'ils ratent, je vous jure. Enfin à un cancer près.

Plus les jours passent plus le soleil se couche tôt. Si on comparait les heures du coucher du soleil du premier jour avec celui-ci je suis sûre qu’il y aurait au moins cinq heures de décalage, comme pour un vol Paris-Congo. Quoi que j’en sais rien. En ce soir plein de poésie –oui je sentais la fibre de Baudelaire m’envahir- je m’étais motivée à shaker mon body jusqu’au lac afin d’y admirer le coucher de soleil du jour. Bêtement debout, j’admirais le ciel. Enfin… disons que je ne pouvais m’empêcher de regarder le soleil lui-même du coup je n’y voyais plus rien. Pépitant des yeux afin de dissiper le mal pendant au moins… une looongue minute, je finissais par y percevoir un peu plus clair et dès lors que j’eus retrouvé quelques centièmes de vue … oh ben tiens Joshwatt. Il me faisais quoi là ? Je plissais mes yeux, comme si ça allait servir à quelque chose. Déjà qu’ils sont bridés en plus, je vais finir par les fermer sans le vouloir. Aaah aller vers lui ? Bof je n’avais même pas remarqué sa présence, trop aveuglée peut-être ? Soit, j’allais m’installer à ses côtés comme il me l’invitait si gentiment « Tu fumes ? -Non. Je suis pas fan des dents jaunes et de la mauvaise haleine. » Regard accusateur en prime et le tour est joué. Tiens ce n’est pas lui qui a perdu son vrai partenaire lors du prime ? Il me semblait bien. « C’est moche de se sentir seul, hein. » Bah quoi ? Y a rien de mal à en rajouter une couche. Mais pour une fois je me faisais sympa, compatissante. Après tout n’est-ce pas moi qui m’étais mise à pleurer telle une drama queen devant la porte de sortie dès la fin du premier soir ? Hm. Si. En plus les gays ils sont sympas en général, autant faire copains, surtout s'il est calé en fringues.