Deuxième jour dans le nid, et j'avoue que j'ai encore du mal avec tout ça, lorsque je sors d'une pièce, je ne sais pas toujours par où passer pour me rendre dans telle autre. Mais s'il y a bien une pièce que je sais repérer sans problème, c'est la cuisine. Peut-être parce que mon ventre est l'une de mes plus grande priorité actuellement, peut-être parce que je n'ai pas de problème plus grave à traiter aussi. Je me considère comme en vacances, dans un chalet immense avec pleins d'autres gens que je ne connais pour l'instant pas du tout ou peu. J'imagine que j'arriverai à prendre mes marques rapidement mais pour l'instant, ça n'est pas le cas. C'est donc sans le moindre problème que je rejoins la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. Y'a des tas de trucs à manger ici, c'est le paradis. En plus, on a pas besoin d'aller faire les courses pour avoir quelque chose à manger, c'est pas royal ça ? Je souris en trouvant un énorme pot de Nutella que je prend directement avant de le poser sur la table. Je m'assois, coupe des tartines de pain et sort un verre du placard ainsi qu'une brique de lait du frigo et je me réveille, doucement mais sûrement. Je sais pas quel heure il est, tout ce que je sais, c'est qu'il fait bel et bien jour. Ca me suffit pour savoir que j'ai du assez bien dormir. Diana ronfle pas et ne parle pas pendant la nuit. Remarque, elle ne parle pas non plus le jour, alors je trouve ça logique. Et puis, lorsque j'entends des pas, je lève la tête de mon pot de Nutella que je suis allégrement entrain de vider de son contenu. Un jeune homme aux yeux bleus entre dans la pièce, et il a l'air un brin fatigué à en juger par l'état de son visage actuellement, le tout renforcé par le désordre de ses cheveux. « Bonjour... » et là, actuellement, je tente de me souvenir de son prénom, chose impossible. « Excuse-moi, mais j'me souviens plus du tout de ton prénom, alors tu peux m'éclairer ? »

Un premier dodo, un deuxième dodo… et le réveil était tout aussi brutal. Se lever, ça n’avait jamais été son truc à lui. Devoir sortir de son lit, quitter sa chaleureuse couette douillette pour aller affronter le froid hivernal, non merci. L’une des seules raisons qui poussaient Emilien à se lever était son appétit. Un estomac sur pattes. Le ventre chantant, et les yeux mi-clos, il avait tenté vainement de se diriger à la cuisine. Ses tentatives pour ne pas que l’un des pieds embrassent un obstacle fut un échec. En effet, à peine sorti du lit, l’un de ses orteils flirta avec la gracieuse valise qui trainer au beau milieu de sa chambre. A cet instant précis, il ne maudissait même pas le propriétaire de cette valise, mais bel et bien l’objet lui-même. S’il l’avait voulu, il aurait très bien pu lâcher un « connasse de valise », mais il s’était contenté de grommeler dans son coin. Le chemin pour se rendre jusqu’à la cuisine semblait être devenu un parcours titanesque, ou presque, pour les yeux endormis d’Emilien. Il atterrit dans la pièce, se demandant bien quelle force avait réussi à le transporter jusqu’à là. A peine venait-il de franchir le seuil qu’il lâcha un lourd soupir. Quand on avait faim… on mangeait, certes. Mais fallait-il encore se préparer son petit-déjeuner. Dieu que maman lui manquait. Les tartines beurrées, le bol de lait chaud, le jus d’orange chaleureusement pressé… Peut-être que d’ici quelques jours, il se trouverait une maman de substitution pour lui faire à manger. L’appel est lancé en tout cas.
Et Emilien ne se soucia peu s’il y avait une personne ou non, dans la pièce. Secrètement, il espérait être seul. Surtout dans la tenue qu’il se trouvait actuellement. Un simple boxer, et un trop large marcel avec une tête géante de matou en motif, le tout agrémenté d’un champ de guerre capillaire. Il venait de se lever, on pouvait bien lui pardonner de ce certain manque de tenue, n’est-ce pas ? Il se mit à rugir de fatigue au même moment où une voix féminine retentit. Elle le salua. Emilien lui fit un bref signe de la tête. Elle parla encore un peu. Encore un peu, un tout petit peu. Bien assez pour faire réagir le jeune homme. Il fronça légèrement les sourcils. « Désolé… Il est vraiment trop tôt pour moi pour que je sois la lumière de quiconque, vois-tu. » lâcha-t-il l’air mi-rêveur, mi-endormi. Et comme si de rien n’était, il partit en direction des nombreux placards à la quête de quelques denrées qui pourraient composer son repas. Après quoi, il s’installa sur la table. Juste en face de cette fille. Silence. Long silence. Il la dévisagea sans de gène, et d’un air innocent. « Isis, c’est bien cela ? ».

Actuellement, il y a donc un blond dans la même cuisine que moi et le tout en boxer. Il a un magnifique marcel avec une tête de chat trônant sur le devant de celui-ci. C'est moi, ou c'est d'un mauvais goût achevé ? Pas que je sois du genre à faire attention aux moindres fautes de goût des gens... mais les plus énormes me sautent aux yeux et m'horripilent. Et puis, c'est lui qui me sort de mes pensées esthétique en disant : « Désolé… Il est vraiment trop tôt pour moi pour que je sois la lumière de quiconque, vois-tu. », phrase qui me fait sourire. Si à peine réveillé, il est capable de me sortir une phrase pareille, alors je suis persuadée qu'il aurait pu décliner son identité. Ceci dit, s'il veut faire durer le suspens, il peut le faire si ça lui chante, c'est pas un soucis. « Compréhensible. » dis-je simplement. Pendant que celui-ci continue ses recherches. Et puis finalement, il vient s'asseoir en face de moi et me dévisage. Quant à moi, je dévisage le chat qui me fixe de ses grands yeux inanimés. « Isis, c’est bien cela ? » dit-il finalement. Je lève les yeux vers les siens avant de hocher la tête de haut en bas. « C'est ça. » Je sais pas comment il a fait pour savoir tout de suite, à croire qu'il m'a remarquée. Je le regarde et commence à réfléchir après avoir légèrement soupiré. Je croque dans ma tartine de Nutella en le regardant, puis m'appuie contre le dossier de cette même chaise. « Toi... Au vu de ton accent merdique, t'es francophone, mais pas Français. Mais ça me dit pas ton prénom. Alors c'est quoi ? Léo ? Corentin ? Maxence ? Simon ? » Je suis curieuse de connaitre son prénom, même si je suis certaine de l'avoir oublié d'ici quelques minutes, parce que moi et les prénoms, surnoms, etc. c'est vraiment pas mon truc. Et puis, je passe d'un cerveau à l'autre et commence à m'exprimer en Français. « Et on peut parler en Français si tu préfères, j'ai longtemps vécu à Paris. » D'ailleurs, les Belges n'aiment pas beaucoup l'accent Parisien, peut-être qu'il est Belge...

Isis, elle s’appelait. Comme la déesse égyptienne. Peut-être y avait-il un lien entre son prénom et la divinité antique. Peut-être, mais Emilien n’était pas assez réveillé pour chercher une réponse à ce genre de question. Alors, le jeune homme se contenta de faire un petit hochement de tête lorsqu’elle approuva ses paroles. Puis son attention se porta sur ce qu’il se trouvait juste en face de lui. Son petit déjeuner. Rapidement, il commença à tartiner ses biscottes de beurre puis de confiture à la mûre avec grand soin. Faisant attention à ne pas en mettre partout. Il prit alors une grande inspiration, gonflant sa poitrine de fierté. Première fois qu’il devait se préparer son petit déjeuner. Après en avoir tartiné trois ou quatre avec précision, la voix d’Isis retentit de nouveau. Il lui lança un certain regard. Pour qui se prenait-elle celle pour juger son petit accent Suisse ? Après cette brève réflexion, elle se mit alors en tête de trouver le prénom d’Emilien. Léo, Corentin, Maxence, Simon : essaie encore. Il était certain qu’après une dizaine d’essais (ou sûrement même plus), elle trouverait. Un sourire étira les lèvres du garçon. Il trouvait la situation quelque peu amusante. « Léo ! » finit-il par dire, tout en versant des céréales dans son col. « C’est joli comme prénom Léo. Léo comme le petit lion, c’est mignon. C’est court, et ça reste en tête. Tu sais quoi ? Appelle-moi Léo, Isis ! » lâcha-t-il naïvement. Un petit amusé s’échappa de sa bouche. Isis n’allait sûrement pas vraiment le prendre au sérieux. A moins qu’elle n’est qu’un petit pois à la place de son cerveau. Emilien ne fit pas attention à la nouvelle remarque d’Isis. La seule chose qu’il eut saisi, c’était le fait qu’elle est vécue à Paris. S’il avait été l’un de ces garçons arrogants et prétentieux, il lui aurait lancé un « cool ta vie, écoute. » mais il se contenta de ne rien dire. D’hausser tout simplement les épaules. Puis il prit l’une de ses biscottes tartinées qu’il allait certainement dévorer. Mais même pas. Il tendit le bras vers la jeune fille et déposa la biscotte à côté de sa tasse de café. Par la même occasion, il en profita pour lui prendre l’une de ses tartines de nutella. « On fait un troque, écoute. Une biscotte à la confiture contre une tartine de Nut’… Quoique non, attend, ça vaut deux biscottes ». Puis il lui donna une seconde biscotte. Après son petit deal, il leva les yeux vers la jeune femme. Lui adressant un large sourire. « Tu n’pourras pas me dire que je t’ai volé une de tes tartines comme ça ! » conclut-il.