Une patinoire ... hm, vraiment ? C'était absolument nécessaire, vous êtes sûrs ? Bon, pourquoi pas après tout. Ça plaira bien à deux ou trois énergumènes, sans doute. Mado, elle, n'était pas nécessairement fan de patinage artistique. Elle préférait un Camille Lacourt à un Philippe Candeloro, et pas seulement parce que leur physique n'avait rien de commun. Elle était plus eau à l'état liquide que solidifiée, semble-t-il. Car autant elle était incroyablement à l'aise dans un bassin, autant elle avait un peu plus du mal à faire la digne sur une patinoire. Surtout que bon, à moins d'avoir un parfait équilibre, il était presque impossible de ne pas se viander à plusieurs reprises. Pour preuve, même la jeune femme, qui était pourtant dotée d'une certaine adresse et de réflexes certains, se sentait extrêmement vulnérable à cet instant précis. Cramponnée à la rambarde comme si sa vie en dépendait, elle en vint tout de même à la conclusion que, pour sauver sa fierté, il lui fallait se lancer. Alors elle se lança. Et bizarrement, elle ne tomba pas. Pas tout de suite, du moins. Car à peine eut-elle fait cinq petits mètres sur les patins qu'elle avait précédemment chaussés que la grande brune tomba sur les genoux. Et là, bonjour la galère pour se relever. Car, au beau milieu de la surface glacée, elle aurait beau tenter de se remettre sur pieds, il lui serait atrocement difficile de se hisser à nouveau debout. Alors elle attendit. Sagement. Patiemment. Peut être que la glace fonde. Ou peut être que quelqu'un ait la bonté de venir l'aider. En soi, elle n'attendait aucun acte de bravoure de qui que ce soit, simplement qu'on la sorte de cette mouise. Et justement, voilà que quelqu'un pénétra à son tour dans l'enceinte de la patinoire. Sauf que, manque de pot, il s'agissait de la petite blonde de l'autre soir, la partenaire d'Ezra. Clairement, Mado ne sentait pas cette fille. Sans doute parce que sa grande possessivité la rendait jalouse de toute femme qui s'approchait de son frère. Mais elle était comme ça, que ça plaise ou non. En tout cas, maintenant qu'elle était agenouillée au milieu de la patinoire, et que la demoiselle approchait, il lui fallait trouver quoi lui dire. Non pas qu'elle veuille faire la conversation, mais si elle pouvait éviter de passer pour une grosse nulle devant celle qu'elle n'appréciait pas des masses, ce serait quand même pas mal. « Non, je ne suis pas tombée. J'aime simplement patiner sur les genoux. C'est stimulant et novateur, figure-toi. » Voilà, et merde. Qu'elle patine dans son coin et qu'elle ne la fasse pas chier. Parce que bon, Mado avait toujours été une très bonne comédienne, n'est-ce pas ? Hm, n'est-ce pas ?

Il neigeait aujourd'hui. Enfin, il neigeait depuis hier. Autant dire que, dehors, tout était blanc. Et en général, la jeune femme n'aimait pas la neige. Ou du moins, elle n'aimait pas lorsque ça glissait lorsqu'elle marchait dessus. C'était juste, chiant, vous voyez ? Bref. Ainsi, avant de sortir dehors, la jeune française avait enfilé un manteau et aussi un bonnet. Sortir dehors par un temps pareil en tee-shirt aurait été du suicide, par exemple. Ouais, cela ne faisait même pas une semaine qu'elle était ici, elle ne voulait pas risquer d'être malade. Vous comprenez, ce serait embêtant de devoir passer ses journées au lit, à ce stade du jeu. Une fois dehors et les mains dans les poches, Enora regarda de loin, ceux qui semblaient galérer sur les pistes. Sérieusement, quelle blague. Qui aurait cru un jour voir cela dans l'émission ? A croire que la production adorait tout ce qui était démesuré. Créer des pistes de ski pour une trentaine de personnes. Quel gâchis. Ou quel privilège, ça dépendait du point de vue. Enfin, dans tous les cas, pas sûr que la blonde irait dans ce coin souvent. Elle n'avait jamais été skié. Par conséquent, hors de question d'aller se casser la gueule là-bas. La patinoire ferait largement l'affaire afin de donner aux téléspectateurs quelques chutes mémorables. Ce serait bien assez. D'ailleurs, en parlant de la patinoire, Enora décida d'y passer. Elle n'avait pas encore eu l'occasion d'y faire un tour. C'était le moment. Bien évidemment, son manteau et son bonnet restèrent rapidement aux vestiaires. Et puis, après avoir mis quelques minutes à mettre ses patins, elle était fin prête à se lancer sur la patinoire. Autant dire que ça allait être beau. Mais avant cela, elle aperçut une candidate. Elle était, comment dire ? Assise sur la patinoire ? Ou quelque chose comme ça, en tout cas. Bref, elle était par terre. Et elle avait l'air d'attendre quelque chose. Sans doute le déluge. Puis, finalement, Enora s'avança vers la dite candidate. Ou finalement, peut-être qu'elle n'aurait pas du. Puisque c'était Mado. « Non, je ne suis pas tombée. J'aime simplement patiner sur les genoux. C'est stimulant et novateur, figure-toi. » La jeune blonde arbora un petit sourire en coin. Légèrement moqueur, évidemment. Elle essayait de se justifier, c'était drôle, non ? « Ouais, tu fais ce que tu veux, hein. Je t'ai pas demandé de te justifier. » lâcha la blonde, simplement. « Enfin, bizarrement, il me semble que je n'ai jamais entendu que patiner sur les genoux soit très stimulant. Et novateur reste un bien grand mot, si tu veux mon avis. » Mais bon, si elle voulait rester au sol, c'était son problème, après tout. « Enfin bon, tu fais ce que tu veux, hein. Si tu veux rester plantée là, c'est ton problème, c'est pas moi qui suis en train de geler, après tout. » Non, sérieusement, à rester plantée là comme ça, elle n'avait pas froid aux genoux, à force ?

Eh bien oui, même Mado pouvait se vautrer sur une patinoire. C'était aussi dans ses cordes, oui, absolument. Mais ça, c'était juste parce qu'elle ne maitrisait pas ce genre d'activités, évidemment. Se laisser glisser sur de la glace, non, ça n'était pas franchement pour elle. Et jusqu'à aujourd'hui, disons qu'elle l'avait toujours plutôt bien vécu. Parce qu'en ce jour, elle se retrouvait quand même les genoux contre la glace, et s'estimait bizarrement heureuse d'avoir enfilé un jean ce matin. Mais en dehors du coté coté ridicule de la situation - disons qu'elle n'avait pas l'air franchement maligne, comme ça - il est vrai qu'il fallait aussi prendre ne compte le coté impratique d'une telle position, à savoir le fait qu'il lui serait presque impossible de se relever sans chuter à nouveau. Si encore elle n'avait pas voulu jouer les aventurières en s'élançant bêtement au milieu du terrain et qu'elle était restée près du bord, ça aurait pu se terminer plus aisément, mais là il est vrai qu'il ne serait pas évident de quitter une telle posture. Bien sûr, elle pouvait envisager de glisser sur la fesses jusqu'au à la rambarde, mais comment dire, elle ne voulait pas non plus que cette séquence se retrouve dans le prochain bêtisier de Noël. Du coup, elle allait se contenter d'attendre. Attendre quoi, elle ne le savait honnêtement pas, mais attendre oui. Sauf qu'évidemment, c'est le moment qu'eut choisi Enora pour apparaitre. Autant la présence de n'importe quel autre candidat aurait éventuellement pu la tirer d'un tel pétrin, autant Mado savait pertinemment qu'elle n'avait pas intérêt à réclamer de l'aide de la part de la petite blonde, vu la manière dont elle avait l'avait traitée le soir de l'arrivée des candidats. Quant à la justification de Mado, elle visait simplement à prévenir la moindre question. Parce qu'en soi, elle se doutait que la jeune femme pourrait se demander ce qu'elle foutait ici, et comme ça. D'ailleurs, elle nota elle même la bizarrerie de la situation. « J'avais pourtant entendu dire que c'était bon pour la circulation du sang ... ou extrêmement mauvais, je ne sais plus. » Bon, là, elle se foutait peut être un tantinet de sa gueule, c'est vrai. Surtout que Mado se doutait bien que sa camarade avait fort bien compris qu'elle s'était simplement vautrée et qu'il n'y avait là rien de stimulant ou de novateur. « Je suppose que tu n'as pas la moindre intention de m'aider à me relever ? Enfin, je veux dire, t'aurais aucune raison de le faire, en tout le cas. » Pourtant, Mado avait envie de croire qu'elle l'envisagerait au moins un court instant. Parce que certes, elle s'était montrée cassante avec la jeune femme, mais tout le monde méritait une seconde chance. Bon okay, peut être pas Mado.

« J'avais pourtant entendu dire que c'était bon pour la circulation du sang ... ou extrêmement mauvais, je ne sais plus. » Bon, sérieusement, elle n'avait entendu une excuse aussi stupide. Tellement stupide qu'elle se sentait presque désolée pour elle. Presque, ouais. Fallait pas non pousser le bouchon trop loin, hein. Non mais vraiment, patiner sur les genoux était bon - ou mauvais, vu qu'elle ne "savait plus" - pour la circulation du sang. C'était quand même la perle du jour, pas vrai ? Pardon, de la semaine. Aucun doute que cela passerait sur tous les écrans de France et Irlande. C'était juste magnifique pour ne pas être passé à l'antenne. Et peu importe si personne n'était de son avis, elle le pensait. « Donc, je dois en conclure que tu as des problèmes de circulation de sang ? Ou tu préfères juste arrêter de t'enfoncer dès maintenant ? Non, parce que si tu veux mon avis, tu as déjà dépassé le niveau, pour cette semaine. » Et clairement, étant donné que cela ne faisait même pas une semaine, ça le faisait moyen. Vraiment, elle aurait au moins pu attendre la semaine suivante pour affliger cela aux téléspectateurs. « Je suppose que tu n'as pas la moindre intention de m'aider à me relever ? Enfin, je veux dire, t'aurais aucune raison de le faire, en tout le cas. » Ah oui, c'est vrai qu'elle était encore par terre, depuis tout ce temps. La pauvre. Bon, très clairement, Enora se moquait légèrement de sa camarade mais, à sa place, elle se serait retrouvée aussi conne. C'est vrai que ce n'était pas simple de se relever. Tout cela parce que ça glissait, bien évidemment. C'était carrément chiant, mais faisable. Pas pour Mado, apparemment. L'aider ou ne pas l'aider, c'était la grande question du jour. Bon, bien sûr que non qu'elle n'allait pas laisser la brune poireauter ici pendant des heures, ce n'était pas son genre. Elle l'avait déjà laissée en plan quelques minutes. Enfin, bon, d'un côté, c'était à croire que Mado voulait rester par terre. Vous savez, puisqu'elle venait de le dire elle-même : Enora n'avait aucune raison de l'aider. Surtout après comment elle l'avait accueilli dimanche soir. Quelle soirée exceptionnelle, d'ailleurs. Finalement, d'une âme généreuse, la blonde tendit sa main vers sa camarade. « Allez, donne moi ta main. » lança t-elle, en même temps. Et si, par malchance, elle venait à la faire tomber, et bien, elle serait définitivement dans la merde. Toutes les deux, cette fois-ci. « Évite juste de me faire tomber aussi, au passage, tu seras gentille. » Surtout si elle devait tomber tête la première ou quelque chose comme ça. Se casser une dent n'était pas prévu au programme, par exemple, vous comprenez ?

D'accord, il est vrai que tout cela s'apparentait à du grand n'importe quoi. La vérité, c'est que Mado s'était vautrée sur la glace, et que comme toute personne d'un naturel trop confiant et ayant une trop grande fierté, elle avait du mal à l'assumer. Alors elle préférait ironiser la situation, faire comme si ça n'avait rien de grave alors que son égo en avait assurément pris un coup. Et puis bon, le fait que ce soit Enora et pas quelqu'un d'autre qui l'ait trouvée dans une telle position n'arrangeait rien, évidemment. Elle se sentait d'autant plus exposée, d'autant plus ridicule. Surtout que sa camarade lui rendait bien ses attaques injustifiées de la veille. On ne peut pas dire que ce soit la compréhension qui l'étouffe, effectivement. Même s'il est vrai que cette histoire de circulation du sang était juste à dormir debout. « Okay, okaaay ... je me suis ramassée sur cette putain de glace, parce que j'ai voulu faire la maligne, parce que j'ai surestimé mon équilibre et que je n'ai pas suffisamment pris en compte mon inexpérience en matière de patinage artistique avant de me lancer. C'est ça, la vraie version. T'es contente ? » En soi, elle n'était même pas vexée, simplement fâchée contre elle même, oui, fâchée de s'être mise dans une telle situation. Pour la première fois de sa vie, elle s'était trahie. D'habitude, elle savait exactement quoi faire pour ne pas faillir, pour n'apparaitre que dans des situations flatteuses pour son être, et non ridicules ou humiliantes comme celle-ci. Clairement, ça n'était pas demain la veille qu'on la reprendrait à tenter sa chance sur la glace. Ah non, inconsciente, elle voulait bien l'être une fois, pas deux. Surtout qu'elle aurait pu bien mal tomber et qu'en soi, elle avait de la chance que sa fierté soit la seule à avoir été endommagée dans la chute. Mais voilà que Mado était perplexe : est-ce qu'Enora serait apte à laisser de coté les évènements de dimanche soir pour la sortir de ce pétrin ? Est-ce qu'elle ferait ça pour elle, malgré l'accueil qu'elle avait reçu de la part de la brune ? Celle-ci en doutait fort. Et de toute manière, si Enora préférait éviter de l'aider à se relever, non seulement elle comprendrait, mais en plus elle n'insisterait pas. Loin d'elle l'idée d'empirer sa situation en lui suppliant de l'aider. Non, elle n'irait pas jusque là. Sauf qu'apparemment, Enora était disposée à lui venir en aide, puisqu'elle lui tendait la main. Sans trop réfléchir, Mado la saisit. Les propos de sa camarade la firent ensuite ricaner. Elle n'y avait même pas pensé, en soi, à faire tomber Enora. A croire qu'on imaginait toujours le pire venant d'elle, hm. « Ça ne m'avait même pas effleuré l'esprit, figure-toi » lui adressa-t-elle, sur un ton narquois, mais sincèrement. Alors elle se hissa et finit par se redresser. Elle ne lâcha cependant pas la main de sa camarade. Et pour cause. « Si je suis tombée une fois, je peux tout à fait retomber. Et je n'y tiens pas. Seule, je n'atteindrai jamais la rambarde en un seul morceau. » Pessimiste, mais réaliste malgré tout. Parce qu'effectivement, en étant tombée une fois, elle pouvait tomber à nouveau. Enora allait donc l'aider. Et bien oui, maintenant qu'elle était lancée, autant continuer, non ?

Bon, dire que Mado n'était pas fâchée en ce moment même aurait été mentir. La pauvre, elle devait se sentir ridicule à être ainsi, par terre, sans pouvoir rien faire. D'autant plus qu'Enora se trouvait devant elle, la poussant à bout un peu plus à chaque fois, lorsqu'elle parlait. Bon, pas trop quand même, elle ne voudrait pas être méchante. Finalement, la brune s'embarqua dans une longue phrase et déblatéra la "vraie" version des faits. Ouais, bon, en fait, Enora l'avait bien deviné depuis le temps qu'elle s'était juste cassée la gueule. La jeune femme leva les yeux au ciel un instant. Tout ça pour ça. C'est vrai, quoi. Elle s'était pris la peine de chercher des excuses pour terminer par tout déballer, là, comme ça. Ridicule. C'était qu'une chute, après tout. Tout le monde en faisait dans une patinoire. Normalement, en tout cas. « Ouais, bref, t'es tombée. C'était pas la peine d'en faire des tonnes. » Et puis, non, elle n'allait pas lui répondre sur le fait qu'elle était contente ou non qu'elle ait déballé la vraie version des faits, tout ça. Elle s'en foutait un peu, en fait. Limite, c'était plus drôle quand elle se cherchait des excuses, vous comprenez. Bref, Mado en ayant surement marre d'être par terre - puisque ça devait faire un bon moment qu'elle était là - avait soumis l'idée qu'Enora puisse l'aider à se relever. Pas vraiment, en fait. Mais c'était plutôt comme ça que la jeune femme l'avait ressentie. Ainsi, elle lui avait tendu la main, afin de la relever. Main qu'elle avait rapidement saisit, d'ailleurs. Enora pouvait se rassurer, la faire tomber n'était pas dans les plans de sa camarade, apparemment. D'un côté, si elle voulait enfin être debout, elle, elle n'avait pas intérêt à la faire tomber, c'est vrai. Puis, finalement, Mado était enfin debout. « Si je suis tombée une fois, je peux tout à fait retomber. Et je n'y tiens pas. Seule, je n'atteindrai jamais la rambarde en un seul morceau. » Ainsi, c'est pour cette raison qu'elle n'avait pas lâché la main d'Enora, qui elle, afficha un petit sourire moqueur. « Avoue que t'es contente que j'sois passée par ici, quand même, pour t'aider. T'aurais pu rester là des heures, sinon. » Ouais, parce que, au point où on en était, Enora se demandait bien si elle aurait tenté de se relever seule, si elle n'était pas passée par la patinoire. C'est vrai, après tout, elle n'avait pas tentée une seule fois depuis qu'elle l'avait rejoint. « Bon, allez, viens. » lui adressa-t-elle, d'un ton assez calme. Ainsi, elle commença à avancer doucement.

Oui bon, d'accord, Mado était tombée, lamentablement, pathétiquement, tragiquement ... Et oui, il est vrai qu'elle avait inventé une histoire à dormir debout simplement parce qu'elle n'avait pas voulu l'avouer. Il faut dire que sa fierté était fragile et que celle-ci avait déjà blessée par la chute elle même. Alors elle avait semble-t-il tenté le tout pour le tout histoire de ne pas avoir à dire la vérité à sa camarade. Elle l'avait imaginée se foutre d'elle, rire du fait qu'elle soit tombée comme une débutante, alors que c'était en soi précisément ce qu'elle était. Mais justement, il ne lui était visiblement pas venu à l'idée que les choses pouvaient finalement être pires si elle était amenée à cracher le morceau à la suite d'une histoire improbable et inventée pour ralentir cet triste aveu. Là, elle s'était probablement bien plus humiliée que si elle était allée droit au but. Comme quoi, à vouloir absolument sauver les apparences, elle s'était enlisée. Enora eut en tout cas l’étonnante faculté de résumer en quelques mots simples ce que Mado venait d'avouer. Celle-ci hocha alors doucement la tête, un sourire sarcastique aux lèvres. Oh, elle s'était bien rendue compte que tout cela était susceptible d'amuser sa camarade. Qu'elle en profite, c'était pour elle l'occasion ou jamais de lui faire payer son comportement de dimanche soir. Même Mado considérait qu'elle ne l'avait pas volé, donc bon. Finalement, et contre toute attente, sa camarade l'aida à se relever. Toute seule, c'aurait assurément été impossible, à moins de tuer pour de bon sa fierté en se laissant glisser jusqu'au bord, mais elle n'y tenait pas, disons. Donc c'était bien mieux ainsi, évidemment. Sauf que maintenant que Mado tenait la main d'Enora, elle ne comptait plus la lâcher. Pourquoi cela ? Et bien, simplement parce qu'elle estimait qu'elle aurait en soi de grandes chances de tomber dans les trente secondes et donc qu'il serait bien que sa camarade se montre serviable au point de l'aider à regagner la rambarde. Pourrait-elle faire cela pour elle ? Cela était-il trop lui demander ? Dans un premier temps, Mado ne put que soupirer légèrement. Enora avait raison dans ce qu'elle disait, évidemment. Mais si elle pouvait éviter d'en rajouter une couche à chaque fois qu'elle prenait la parole, ce serait quand même bien. « Disons que tu tombais bien » répondit-elle simplement, en un fin sourire. Sa camarade l'invita alors à avancer sur la patinoire alors c'est ce qu'elles firent, doucement, sûrement, jusqu'à atteindre la rambarde. Mado lâcha alors la main de la jeune femme, et la posa fermement sur ce qu'elle avait devant elle. « Je te remercie » articula-t-elle naturellement, sans même avoir tellement besoin de se forcer. Elle aurait pu la laisser dans la merde, mais elle l'avait aidée. Alors oui, elle méritait au moins ça. « Je suppose que tu n'as pas fait ça gratuitement. Après tout, tu aurais eu tort de m'aider sans rien attendre en retour. Alors, dois-je m'attendre à une requête désormais ? » A moins qu'elle ne soit pas du genre à faire les choses de façon intéressée. Allez savoir, peut être restait-il des gens altruistes en ce monde pourtant empreint à un certain égoïsme.