Je ne me souviens plus vraiment comment j'ai atterris dans le lit, divagation soudaine. Les yeux fermés je repense. A cet idiot qui n'a pas voulu que je devienne libre, à cette famille que j'ai laissé loin. Paris ne me manquait pas. Montpellier, où j'y avais laissé toute ma véritable famille, certainement. Avais-je un coup dans le moral? Non. Dans le nez, certainement. Je ne me souviens pas l'avoir entendu rentrer, ni même me rejoindre dans le lit, j'étais déjà en boule dedans, les draps soyeux mais froids m'empêcher de fermer l’œil. Sa présence, son souffle, son odeur. Oh bordel il puait à trois kilomètres à la ronde. Etais-je déjà devenue la femme d'un vieil ivrogne? Au son de sa voix, je me souvins qu'il s'agissait de mon partenaire - Hyram - Est-ce que je pleurais, je grommelais un « Non, j'ai dû m'enrhumer » serrant un peu plus les draps sur moi, je fintais une nouvelle fois le sommeil, mais il avait envie de discuter C'est la première fois que t'es aussi loin de chez toi ? Je me tournais vers lui, appréciant la douceur des draps, les yeux à moitié fermés par la lumière venue de nulle part « Oui, et non. J'ai pas vraiment de chez moi, plus maintenant, enfin ... On verra dans quelques semaines » J'avais quitté ma ville natale, mes parents, pour lui, - bon d'accord, aussi et surtout pour les études et un meilleur job - et puis, il n'avait pas eu envie et juste avant mon entrée ici, j'étais de nouveau seule. « T'as peur? Enfin ... D'être ici? » L'aventure pouvait faire peur, non? Peur de l'avenir surement, de la vie qui serait changée, à jamais.

La soirée me semble bizarre, quelque chose d'insurmontable, je divague presque lorsque j'atteins mon lit et je soupire, je suis heureuse, heureuse de me retrouver seule, au creux de ses draps souples et si doux. Je suis satisfaite de moi, satisfaite de cette première avancée pourtant si dure. Il me rejoint et me parle, il me réconforte presque et m'avoue avoir peur « Oui, j'ai peur. J'ai peur de moi-même surtout. J'ai peur de ne pas être à la hauteur. J'ai peur de craquer. Mais je relativise. Je transforme mes propres peurs en quelque chose plus positive. » Je lui réponds sur ce même ton, j'étais certaine de ce que je disais « On sera fort, à deux, non? » Finalement je doutais presque de mes propres paroles, serais-je un jour si forte, serais-je à la hauteur de cette situation? Je n'en avais pas la moindre idée et j'étais déboussolée. Je le regardais à présent alors que nous parlions de notre situation, il me demandait si j'avais peur, je hochais la tête. Oui. Avant de reprendre la conversation « C'est normal, d'avoir peur, tu crois? Je n'ai pas honte, non. Mais tout ça, c'est .... fou ! » Je ne savais pas quoi penser, après tout, nous étions là depuis si peu de temps, nous connaissions chacun notre faiblesse, notre secret, nous étions un duo qui devait être soudé et ses mots Je serai là, t'inquiète. me réconfortèrent. « Merci. Moi aussi » Ces simples mots. Oui, moi aussi, je serais là, parce que je n'étais pas venue ici pour me morfondre, pour avoir peur, j'étais là pour me battre et la production avait choisi que ce serait avec lui. Hyram.