Rafael alla s'assoeir sur l'une des chaises qui meublait le balcon en silence. J'observai le jeune homme, respectant ce même silence religieux qui planait au dessus de nos têtes depuis son arrivée, tirant sur ma cigarette sans dévier mon regard du sien. Tout en lui puait l'arrogance et la vanité. Y avait-il un semblant de qualité qui sommeillait au plus profond de lui? J'en doutais, mais pourtant si je l'avais éliminé c'était dans une stratégie totalement hasardeuse pour le sauver une semaine de plus, j'avais donc cru en son potentiel de joueur. Pas de merdeux.

Je ne frappe pas les moches.

Nullement touché dans mon égo, conscient de ce que la nature m'avait généreusement offert à ma venue au monde, je ne fis que sourire bêtement en haussant les épaules, tirant sur ma clope une nouvelle fois.

Alors comme ça, tu me vois comme une menace.

Qu'est-ce qui pourrait faire de toi une menace à mon égard? Je ne crois pas t'avoir parlé un jour, tu ne m'as prouvé que ta bêtise à travers tes esclandres publiques. Je ne t'ai pas "éliminé" parce que tu me faisais peur si c'est ce que tu penses.

Qu'il redescende d'ailleurs les pieds bien à plat sur Terre, personne n'avait peur de lui dans la maison.

Fumant leurs cigarettes, le petit Franz ne mit pas longtemps avant de répondre à Rafael. Ce dernier l’avant sans nul doute agacé, ce qui avait été évidemment son but. Enfin, il est clair que quoi qu’il dise, l’espagnol ne passait pas inaperçu. Ecoutant le candidat, Rafael avait un sourire aux coins des lèvres, il était évident pour lui qu’il l’effrayait, d’ailleurs ses explications à la mords-moi-le-nœud ne prenait pas avec lui. Il ne tarda pas à lui faire comprendre. « Effectivement, je n’ai jamais eu le besoin de m’attarder sur toi. » Rectifia-t-il un instant avant de reprendre. « Il vaut mieux montrer sa bêtise que son incompétence à prendre des initiatives. C’était quoi ton plan ? M’éliminer afin de pouvoir te vanter de mon éviction ou montrer que tu sers, peut-être, à quelque chose ? A moins que tu voulais faire partir un concurrent de taille. Dans tout les cas, tu t’es raté, mon grand. » Il se tut, toujours aussi calme, il tira un instant sur sa cigarette. S’énerver ne rimait à rien, surtout que Rafael restait sur ses positions, les intentions de Franz avaient été ridicules et d’ailleurs peu de temps après, l’espagnol avait été confronté à la même situation. Ils savaient tout deux ce que cela faisait de faire éliminer un candidat.

Il vaut mieux montrer sa bêtise que son incompétence à prendre des initiatives. C’était quoi ton plan ? M’éliminer afin de pouvoir te vanter de mon éviction ou montrer que tu sers, peut-être, à quelque chose ? A moins que tu voulais faire partir un concurrent de taille. Dans tout les cas, tu t’es raté, mon grand.

Était-il... complétement attardé ou sa prétention sans limite étouffait sa capacité de réflexion? Mon agacement passager face à ses petites accusations laissa place à un curieux amusement, je n'avais douté à aucun moment qu'il viendrait m'attaquer, je savais même qu'un règlement de compte plus que ridicule n'allait pas tarder à se produire.

Tu penses sincèrement que la logique de ce jeu serait de faire éliminer un candidat à l'issue d'un simple téléphone rose? Je veux bien concevoir que ton esprit d'analyse soit limité mais tout de même, n'importe qui l'aurait deviné et ma capacité à prendre des initiatives à risques est surement aussi développée que ta faculté à t'attirer des ennuis. Je tirai une bouffée sur ma cigarette, gardant mon calme, déblatérant ces paroles d'un voix posée et lointaine, presque indifférée.

Rafael écoutait la voix de Franz qui l’agaçait déjà. Ce gamin pensait tout savoir, tout connaître de ce jeu, ce que le jeune homme n’appréciait vraiment pas. « Foutaises. » Répondit-il simplement à ce prétentieux qui ne semblait pas prendre un élément essentiel en compte, la logique n’avait pas sa place dans ce jeu. Bien sur, le bel espagnol n’allait pas user ses cordes vocales afin de lui expliquer que ce qu’il avait fait était soit par crainte, soit par inconscience. Et puis, comme si Franz avait fait cela pour « aider » Rafael. Ce n’est pas comme si le candidat déjà nominé avait besoin d’aide. Il se débrouillait bien mieux seul et n’aurait pas besoin d’aide pour aller au si loin qu’il pourrait. Dans tous les cas, les deux candidats ne se connaissaient pas et Franz n’avait pas eu de raison valable pour donner son prénom. C’est tout.

« Quels ennuis ? » Demanda Rafael d’un ton hautain avant de replanter sa cigarette entre ses lèvres. Rafael n’avait pas d’ennuis. Les autres en avaient peut-être à cause de lui, mais lui se sentait très bien ici.