Je ne savais pas bien ce que je faisais là... La situation m'échappait légèrement mais je m'en moquais, je restais assis à la table, ma tête dans ma main à observer vaguement un livre de cuisine, sachant que quelqu'un l'avait laissé traîné. Je détestais cette pièce et pourtant je me retrouvais là, venu tel un zombi après avoir terminé une sieste dont je ne m'étais pas rendu compte. Sans doute souffrais-je encore de manque de sommeil, ce n'était pas comme si c'était la première fois que ce genre de choses m'arrivait. Fermant une paupière sur deux, je finis par me reprendre, me relevant avant de remonter les manches. J'étais seul dans la pièce, ce n'était donc pas comme si je manquais de tuer quelqu'un. Puis que diable, ma fierté était en jeu. Sortant une casserole, je cassais quelques morceaux de chocolats avant de les mettre, pour ensuite faire chauffer le tout. Des œufs, du beurre, je mis les blancs dans un pas, mélangeais au beurre avant de glisser le chocolat chaud dans le plat également pour finalement prendre l'espèce d'objet non identifié. L'utilisant, il me surprit légèrement par sa puissance, et je lâchais le plat, qui après m'avoir inondé de gouttes de chocolats finit par atterrir sur le mur. Soupirant profondément, je murmurais pour moi même sans voir que quelqu'un entrait.

-1-0.

« J’espère que tu as le doigté plus habile sous la couette. » Déclara-t-il un brin provocateur, constatant les dégâts causés par la maladresse d’Alcéo.

Leone venait d’entrer dans la cuisine. Comme son sourire l’indiquait, il n’avait rien loupé de la catastrophe. Il n’avait d’ailleurs pas l’intention de l’aider à nettoyer ses bêtises, du moins par pour l’instant. Regarder le gagnant de la saison précédente réaliser cette tâche devrait être susceptible de l’amuser. Le jeune homme s’installa donc sur le plan de travail, faisant face à son colocataire.

« Alors mon Grand pourquoi t’as décidé de revenir dans Fake Lover ? Tes charmes ne fonctionnaient pas suffisamment sur les filles de l’extérieur ? T’as préféré séduire les filles désespérées du Nid ? » Demanda-t-il alliant provocation et taquinerie. Après seulement quelques jours dans l’aventure, il ne pouvait pas nier avoir déjà joué le séducteur.

Relevant la tête tandis que je faisais la tête face au carnage engendré, je croisais le regard d'un candidat que je ne connaissais encore de vue... et qui apparemment n'était pas insensible à l'humour. Ramassant le plat avec souplesse, j'observais le mur avec un brin de malice avant de me retourner vers lui le sourire aux lèvres.

-Je l'espère pour moi aussi.

Attrapant une éponge, je me retournais vers le mur avant de commencer à nettoyer tout en l'écoutant. Il était intéressant ce petit, railleur et ironique, de quoi me faire sourire. Décidant de rentrer dans son jeu, je me tournais vers lui tout en répondant légèrement moqueur.

-Je suis étonné d'avoir été aussi rapidement percé à jours. Il ne te manque plus que d'aller buzzer.

« Je disais ça plutôt pour celles que t’essayes de faire jouir. » Dit-il dans un léger éclat de rire.
« Ne compte pas sur moi pour te buzzer Don Juan. Un tel buzz te ferait bien trop plaisir. »

Dans un élan de générosité rare, il descendit finalement du plan de travail bel et bien décidé à donner un coup de main à son colocataire. Tout seul, ce dernier n’aurait jamais fini avant l’aube. Il saisit une deuxième éponge, se plaça à côté d’Alcéo et se mit à l’œuvre frottant énergiquement le mur.

« Je précise au cas où ça t’aurait échappé, mon aide n’est pas gratuite. Réfléchis à la façon dont tu vas me payer. »

Je souris amusé, ayant parfaitement compris le sens de sa question, mais je répliquais aussitôt avec un mélange d'humour et d'amusement.

-Oh j'avais compris. Mais je parlais de moi dans le sens où je n'aimerais pas être un mauvais amant.

J'éclatais franchement de rire. Il se trompait. Ce genre de buzz ne me touchait pas particulièrement, même si certaines idées me plaisaient mais non celles déclamées sur moi en solitaire.

-Non pas spécialement. Puis, même si mon secret est tout aussi visible, rentrer en tant que Don Juan n'est absolument pas imaginatif. C'est faible pour décrire une personne dans son intégralité.

Frottant les tâches marrons claires, je m'accroupis, avant de remarquer que Léone s'y mettait également. Hochant faiblement la tête, je l'écoutais pensif avant de réfléchir joueur.

-Tu veux que je te flanque une raclée en sport pour te remercier?

« Auprès de qui je dois me renseigner pour avoir confirmation que tu es un bon coup ? » Demanda-t-il, arquant un sourcil. Alcéo avait beau être un grand séducteur, Leone n’était pas convaincu pour autant qu’il couchait avec la première venue ; compliment qu’il ne formulerait pas à haute voix.

En toute franchise, le jeune Américain n’avait absolument aucune idée à propos du nouveau secret du gagnant de la première saison. Pas la moindre piste. Rien. Il rinça son éponge dans l’évier et reprit sa tâche. En plus d’être le charmeur de ses dames, Alcéo se disait grand sportif.

« Les filles, le sport, t’es un vrai cliché ambulant toi ! » S’exclama-t-il accompagnant sa taquinerie d’une petite frape amicale sur le crâne de son colocataire.
« Et dans quel sport penses-tu pouvoir me surpasser ? »

-Je te le dirais quant on sera sortit car aucunes des filles ici ne pourra te le confirmer.

Je n'avais encore flanché avec aucunes d'elle, et même si j'allais jusqu'au bout à un moment donné, je n'en avais qu'une à l'esprit qui m'intéressait sur ce plan ci. Mais c'était celle également que je pouvais toucher le moins. Donc pour le moment, je n'étais certes pas celui qui allait se dévoiler dans ce domaine en premier dans cette maison. Quant la conversation dériva sur le secret, je retiens un franc sourire. Il est vrai que certains ne pouvaient pas deviné, mais mon secret était tellement visible vu que je ne le cachais pas que je me demandais encore comment il ne pouvait être soupçonné. Comme quoi... la meilleure façon de cacher était de le montrer sans réserve. Quant à sa remarque, j'éclatais franchement de rire tandis qu'il me donnait un léger coup sur la tête que je lui rendis sur l'épaule.

-Perdone cependant, je ne tomberais pas dans le cliché du football en revanche. Le seul sport dans lequel je félicite mes capacités c'est le Kung Fu.

Alcéo, charmeur expert mais garçon sage. C’était tout à son honneur. Leone le gratifia d’un sourire sincère. Il se surprit a véritablement apprécié la compagnie de l’ancien.

« T’aurais pas pu le dire avant que je te frappe sur la tête ? Maintenant j’y réfléchirai à deux fois avant de reposer ma main sur toi. » Déclara-t-il dans un éclat de rire. Avouant ses faibles compétences au sujet des arts martiaux, il reprit :
« Les seuls trucs que je connais en Kung Fu je les ai appris au ciné devant Kung Fu Panda et Karate Kid. »

Leone troqua son éponge contre le rouleau d’essuie-tout afin d’essuyer le mur des éventuelles gouttelettes d’eau. Il était désormais comme neuf, les preuves de la catastrophes venaient d’être effacées.

« Pour dire vrai je t’avais imaginé imbus de ta personne. Je suis heureux de constater que j’avais tout faux. » Confessa-t-il comme s’il s’excusait de l’avoir jugé prématurément. Les préjugés, autre vice de l'espèce humaine.

Sa compagnie me faisait sourire, me faisait également oublié mes compétences désastreuses en cuisine. Je ne serais même pas capable de me faire un chocolat chaud sans tout inonder. On ne pouvait certes pas être doué en tout mais à ce point mauvais, c'était un comble. A sa remarque, j'éclatais de rire avant de le tapoter légèrement dans le dos avec humour.

-Je promet de ne pas te faire de mal.

Ses connaissances dans la matière me firent sourire mais cette fois sans moquerie aucune. Tout simplement parce que je les avais adorais, en particulier le film.

-Je les ai dévoré l'un comme l'autre. Karaté kid est un chef d'œuvre du genre martial d'ailleurs.

Terminant mon côté, je fis pareil, essuyant l'eau, pas mécontent d'avoir eu un peu d'aide sur ce coup là. Il n'y avait plus que l'état de mes vêtements mais ça m'indifférait.

-Grazie, j'avoue t'en devoir une.

Me retournant vers lui, je levais un sourcil surpris à sa remarque, qui ne m'étonnait guère cependant. Haussant les épaules faiblement, je repris mon éternel sourire avant de m'asseoir tout en reprenant le plat qui m'avait grillé quant à mon habileté. Le chocolat n'était pas mauvais d'ailleurs.

-Ne t'excuse pas pour ça. J'ai une attitude joueuse et moqueuse qui peut le laisser penser.

Leone éclata rire. Alors comme ça son colocataire était capable de lui faire du mal. Il éviterait tout de même de le provoquer en duel ne tenant pas à finir aux urgences.

« J’ai pas confiance ! » Répondit-il d’une voix faussement soupçonneuse.
« Généralement, tu dis plutôt ça pour séduire ou pour rassurer tes proies ? Méfie-toi mon Grand, moi aussi je suis un prédateur. »

Le nettoyage de la cuisine maintenant terminé, il attrapa deux bières dans le frigo et en tendit une à son interlocuteur.

« Le coup du porte-manteau j’ai adoré. Ce film est excellent… Mmh tu peux toujours me donner quelques indices sur ton secret et on sera quitte. Sinon je ne refuserai pas quelques leçons de Kung Fu. »

Bien sûr il plaisantait. Il l’avait aidé uniquement par sympathie, sans rien demander en retour. Oui, parfois Leone était capable de se montrer généreux. D’ailleurs il ne regrettait pas cet échange enrichissant, il avait eu l’occasion de découvrir Alcéo par lui-même oubliant ainsi ses préjugés.

« J’insiste. En fait t’essayais de préparer quoi avant de refaire le papier peint ? »