Sa voix soupçonneuse me donnait presque envie de le railler, et en réalité, je ne voyais pourquoi me retenir puisque la réserve était un terme qui sonnait inconnu.

-Sachant que je suis d'un impulsif remarquable, tu as raison.

Je souris lentement avant de le regarder dans les yeux pour déclamer d'une voix franche et sérieuse, bien que mes prunelles dénotaient d'un certain humour.

-La chasse ne devient plaisir que si la proie est en réalité prédateur.

Attrapant la bière tendue, je le remerciais d'un geste tout en le décapuchonnant. Le bouchon sauta et je le rattrapais avec plus de dextérité que je ne l'avais fait avec le plat avant d'en boire une gorgée. Sa réplique me fit sourire de nouveau, mais même si je me doutais que ce n'était que de l'humour, jouer était dans ma nature profonde. Il n'y avait rien de plus intéressant que de se mettre en danger.

-Pourquoi pas les cours.... si tu n'as pas peur de te faire mal évidemment. Quant à un indice, je te le donne par plaisir simplement par jeu. Je dirais que du chiffre deux, tu peux obtenir le un.

Me tournant vers le mur de la cuisine lorsque le sujet du plat fut évoqué, je haussais faiblement les épaules sans quitter mon sourire.

-Comme beaucoup, j'aime le chocolat et par extension les sucreries. J'ai toujours donc rêvé d'éprouver la sensation vécue par Hansel et Gretel devant cette maison de bonbon. Repeindre la pièce en chocolat était un bon point de départ.

« Parce que tu voudrais faire de moi ta proie ? Je t’aurai dévoré avant même que tu cries à l’aide. » S’exclama-t-il un brin ironique, dans un éclat de rire.

L’image d’un Leone dans le rôle d’une petite flipette n’était pas vraiment crédible. Joueur, le jeune Américain adressa une nouvelle frappe amicale sur l’épaule d’Alcéo pour accompagner ses paroles.

« Je suis sûr qu’un chaton a plus de force que toi, tu ne m’atteindras pas… Sache aussi que je ne crains pas la douleur. » Répliqua-t-il uniquement dans le but de taquiner son interlocuteur. C’était également sa façon de lui dire qu’il apprécierait volontiers apprendre quelques trucs de Kung Fu en sa compagnie.

Content de l’indice qu’il avait gagné il réfléchit un instant, buvant quelques gorgées de sa bière. Pour l’instant il n’y comprenait pas grand-chose, comme l’énigme de la maison d’ailleurs. Du chiffre deux, tu peux obtenir le un, se répétait-il dans son esprit.

« Et qui sera la méchante sorcière que tu pousseras sans pitié dans le four ? » Demanda-t-il avec humour, se remémorant ce fameux compte où les enfants parvenaient à s’enfuir grâce à une ruse visant à se débarrasser de leur kidnappeuse.