La production s'était bien fichu d'eux, finalement. Mettre du soleil toute la semaine après les tempêtes de neige de la dernière. Le corps de la jeune Carmen n'avait pas supporté ce changement de température considérable et cela s'en ressentait dans sa voix.. et sa toux. Il pouvait bien faire plus de vingt-cinq degré dehors, l'italienne n'y mettait pas le nez et déambulait dans le chalet armée d'un gros pull en laine dans lequel elle frissonnait encore. Saleté de grippe, saleté de jeu, saleté de production. Cela dit, Carmen pouvait bien en vouloir à la terre entière, personne ne se préoccuperait de la pauvre petite italienne. Réagissant un peu (beaucoup) comme un homme, il était clair qu'elle était à l'article de la mort, souffrant le martyr, se plaignant à tout va qu'on ne l'entende ou pas. Aussi, ses pas la dirigèrent vers le salon où la belle cru naïvement pouvoir s'y allonger et dormir jusqu'à ce que cette maudite grippe ne se fasse la mâle. Ou était-ce peut-être parce que le salon restait le seul endroit susceptible d'être occupé quand le reste du chalet restait malheureusement vide. Et la réflexion de Carmen ne manqua pas de la faire sourire lorsque ses billes bleues se posèrent sur le dos d'un candidat qu'elle connaissait bien pour l'avoir croisé déjà plusieurs fois. Fitz. Loin d'avoir pu faire connaissance plus que de raison avec le britannique, la blonde avait été loin de se douter que l'homme possédait des doigts de fées. Aussi, la jeune femme resta pantoise, plantée à quelques mètres du pianiste, quelque peu subjuguée par ce talent qu'elle enviait, au final. Loin d'être une virtuose, l'italienne jalousait quiconque pouvait aligner trois notes correctes sur un piano. Elle attendit patiemment que Fitz ne termine les dernières notes de cet air lui étant inconnu et vint s'asseoir aux côtés du jeune homme. « Y-a-t-il une chose que tu ne sais pas faire ? » lui demanda-t-elle, mutine. Ils ne s'étaient croisés que de rares fois, ne connaissaient rien l'un de l'autre et Carmen ne faisait qu'émettre une simple hypothèse mais le candidat, pleins de bonnes manières, avait l'air pourvu de nombreuses facultés. L'italienne se saisit d'une des mains de Fitz et la compara à la sienne, une moue faussement bougonne sur le visage. « Y a pourtant pas beaucoup de différence à part que ta main fait trois fois la mienne.. » Incompréhension totale, le piano tait donc sensé l'écouter non ?

Lorsque Carmen était entrée dans le salon, que les quelques notes habilement jouées par Fitz l'avaient envahies, la jeune femme avait été en fait bien loin de s'imaginer ce que représentait cet air pour le londonien. Si la musique était une chose pour laquelle elle se passionnait partiellement, la jeune femme était en fait bien loin de savoir apprécier réellement les notes tapées à cet instant. Cela dit, par respect, elle attendit, fermant un instant les yeux afin de s'imprégner de cette composition forte agréable pour son ouïe et ne s'approcha qu'à la fin de celle-ci. Elle avait eu peur d'être intrusive, de le déranger, de percer sa bulle musicale et était donc restée en retrait le temps qu'il ne revienne sur terre, dans le nid, assit sur son piano. Carmen possédait en fait cette sensibilité la rendant parfois fragile et enfantine et aujourd'hui, Fitz en profitait, bien qu'il n'en eut certainement pas conscience. « Tout le reste en fait. Tu veux la liste ? Je ne sais pas danser, chanter, cuisiner, je suis horrible avec les plantes, elles meurent toutes, et il y a aussi l'informatique, dès que ça fait des trucs bizarres, je jette l'éponge. Je continue ou... ? » Elle rit, franchement, amusée par la situation. Elle avait engagée la conversation plutôt bizarrement, ne connaissant pourtant pas Fitz plus que de raison et avait simplement supposé, se rendant finalement compte qu'elle avait visé à côté. « Tu sais jouer de cet instrument de malheur et c'est déjà beaucoup pour moi. » répliqua-t-elle, mutine. En effet, Carmen admirait ces musiciens, les jalousaient parfois même et longtemps, elle avait tenu un journal où l'homme de ses rêves était un pianiste. Elle, était la groupie du pianiste. « Pour la cuisine, je peux peut-être faire quelque chose et pour la plante.. tu as essayé les cactus ? » Concernée par cette liste qu'elle imaginait bien entendu non-exhaustive, Carmen était sérieuse. Elle pouvait sûrement lui donner un coup de main en cuisine et un cactus avait la réputation de ne jamais mourir alors, ces deux problèmes là allaient peut-être pouvoir être réglés ? Et Fitz remonterait sur l'échelle de la perfection, grâce à elle. « La grandeur de la main n'a rien à voir, après c'est une gymnastique à prendre.  » Peu convaincue, elle fronça les sourcils, plissa le nez en une moue douteuse. « Ah bon ? On m'a toujours dit que je ne pourrais jamais faire de piano parce que je n'ai pas des mains de pianistes. » Des mains fines, des doigts long afin de pouvoir glisser aisément sur les touches. C'est en tout cas ce qu'on lui avait dit lorsqu'elle avait émit l'idée de jouer de cet instrument. Ses parents lui avaient donc mentis ? Pas étonnant lorsqu'elle y repensait, des cours de piano les auraient certainement ruinés. « T'as déjà essayé ?  » Comment répondre au candidat sans qu'il ne se fiche d'elle ? Carmen grimaça, gênée. Il y avait un monde entre son talent médiocre et celui de Fitz et la jeune blonde se sentit soudainement aussi ridicule qu'une fourmi. « Je sais jouer au clair de la lune avec un doigt.. » là était l'étendue de son talent.