Oh nom de dieu, Mado allait devenir folle, si tant est qu'elle ne le soit pas déjà. Ces fichus pâtes allaient la rendre tarée, ni plus ni moins. Car aujourd'hui, elles s'étaient visiblement toutes mises d'accord pour jouer les casses-couilles de service. Ayant l'habitude de préparer ce genre de plats élémentaires pour Aaron et Ezra - étant donné qu'elle avait rarement le temps de s'impliquer davantage en matière de cuisine - la jeune femme était pour le moins désabusée de constater que l'eau et les pâtes qu'elle y avait versé ne semblaient pas désireuses de coopérer ensemble. Rien ne cuisait et sa patience allait finir par atteindre ses limites. Parce qu'il n'en faudrait pas davantage pour qu'elle renverse la casserole d'eau sur la tronche du premier candidat qui passerait la porte, hein, vraiment. Car clairement, ça n'était pas la semaine idéale pour jouer avec ses nerfs. Donc ces fichues pâtes avaient plutôt intérêt à y mettre du leur, et sans tarder, sinon elle ne serait plus franchement capable de se contrôler. Mais tandis qu'elle en venait à insulter mentalement les pâtes en question, voilà que la porte s'ouvrit. Oh, mauvaise idée, il ne faudrait pas qu'elle soit tentée de reporter sa frustration sur l'inconscient qui avait cru bon de pénétrer dans la cuisine. Inconscient qui était en fait une inconsciente, puisqu'il s'agissait ici de Carmen. Bon, histoire de ne pas laisser penser qu'elle avait décidément un problème avec la jolie blonde, disons que Mado allait tâcher de se contrôler. « T'es bien italienne toi, non ? J'ai l'impression que ces pâtes se foutent gentiment de ma gueule, alors j'aurais besoin d'aide pour les dompter. » Et c'était gentiment demandé, n'est-ce pas ? Non mais franchement, s'il y avait un problème quelque part, elle ne le voyait pas. Peut être était-ce sous son nez, mais sa contrariété des derniers jours l'empêchait globalement d'être aussi attentive qu'elle le devrait, hm. « Je ... je n'ai pas tellement apprécié le comportement d'Ezra à ton égard, par rapport à ce qu'on nous a montré lors du prime. J'ai trouvé ça irrespectueux. Je tenais à ce que tu saches que je ne cautionne pas le moins du monde ce genre de conduites, et j'espère qu'il pensera à te présenter des excuses. » Là, elle était on ne peut plus sincère. Franchement, Ezra l'avait déçu. Il n'avait pas été élevé pour traiter les femmes de la sorte, qu'on se le dise.

Le ventre de Carmen se mit à remuer, criant famine. Le moment était finalement mal choisit puis que la demoiselle trouvait enfin le sommeil. A midi passées, oui. Elle s'était battue tout la nuit contre le corps de Nadan la privant de ses draps et lorsqu'il s'était finalement levé, ses yeux n'avaient pas daigné se fermer, bien trop accaparés par la brouhaha joyeux des candidats se levant un par un, évidemment. Son ventre allait donc de voir attendre. Les bruits prirent de l'ampleur et son estomac, très peu coopératif, lui fila des crampes qui, finalement, l'obligèrent à se lever et se diriger vers son dressing. Non, Carmen n'allait clairement pas descendre à la cuisine en nuisette à cette heure-ci. Elle enfila donc un jean et un tee-shirt long, des baskets confortables, passa par la salle de bain histoire de ne faire peur à personne et descendit, plutôt de mauvaise humeur. Tandis que ses pas la menait à l'objet de ses désirs, Carmen imagina ce qui allait bien pouvoir remplir son estomac. Quelque chose de lourd et de gras, certainement. Doucement, et imaginant trouver là une flopée de candidat, elle poussa la porte et fut surprise de constatée que seule Mado était présente. Peut-être pas la meilleure des candidates mais après tout, la blondinette n'était là que pour se faire à manger et si la française ne lui adressait pas la parole, elle ne comptait pas le faire non plus. « T'es bien italienne toi, non ? J'ai l'impression que ces pâtes se foutent gentiment de ma gueule, alors j'aurais besoin d'aide pour les dompter. » Raté. Jolie façon de pensée qu'elle trouvait là. Carmen était italienne donc les pâtes ne devaient pas avoir de secret pour elle. Grave erreur quand il était clair que tous les magasines s'accordaient sur le fait que les français mangeaient bien plus de pâtes que les italiens. Néanmoins, la jeune femme s'approcha. Elle attrapa une cuillère et la trempa dans l'eau. « Je pense qu'il y a trop de pâtes pour trop peu d'eau. Elles ne réussissent pas à gonfler et à cuir. » Brillante analyse qu'elle venait de faire là, n'est-ce pas. Elle attrapa donc la casserole et s'approcha de l'évier afin d'y remettre de l'eau. Cuir des pâtes n'avait jamais été toute une réglementation à suivre et depuis qu'elle savait cuisiner – c'est à dire à partir de huit ans environs – Carmen n'avait jamais cuit une plâtrée de pâte de la même manière. « Je ... je n'ai pas tellement apprécié le comportement d'Ezra à ton égard, par rapport à ce qu'on nous a montré lors du prime. J'ai trouvé ça irrespectueux. Je tenais à ce que tu saches que je ne cautionne pas le moins du monde ce genre de conduites, et j'espère qu'il pensera à te présenter des excuses. » Plantée devant l'évier, elle se stoppa, laissant l'eau coulée dans les pâtes, sans faire attention. Personne n'avait donc loupé cet épisode honteux de la semaine dernière. La production l'avait mise en avant, certes, mais Carmen avait plutôt espérée qu'aucun candidat ne s'en était formalisé. A tord, évidemment. Tous étaient passionnés par cela. Les ragots. Et le monde entier avait été témoin de cette scène. Génial. D'un geste brusque, elle remit les pâtes sur le feu et y ajouta un couvercle. « Ça devrait faire l'affaire, n'oublie pas de remuer souvent. » articula-t-elle difficilement, le regard rivé au sol. Mado ne cautionnait peut-être pas mais l'italienne était prête à pariée (sa fierté la rendait complètement névrosée) qu'au fond, la française se fichait d'elle comme tous les autres, comme Ezra. « J'ai.. naïvement pensé qu'il puisse me voir autrement que comme un bout de viande que l'on manie à sa guise. » Naïve elle l'avait été, effectivement.

Oui, c'était encore une idée-reçue. Ne s'y connaissant ni particulièrement en pâtes, ni particulièrement en matière d'Italie, Mado avait bêtement supposé que les italiennes restaient celles qui s'entendaient le mieux avec ce type de féculents. Et honnêtement, que ce soit vrai ou non, ça ne l'intéressait pas des masses disons. Elle avait simplement besoin d'aide, c'est tout. Parce que cela faisait maintenant quelques longues minutes qu'elle se battait avec cette casserole de pâtes, et ça commençait tout doucement à lui donner des envies de meurtres, quand même. Donc voilà, Carmen tombait fort bien, elle allait pouvoir l'aider. En soi, elle aurait peut être tort de le faire, étant donné que Mado n'avait rien à lui offrir en échange et que leurs rapports n'étaient peut être pas orientés vers ce genre d'entraides gratuites, mais Mado soupçonnait une certaine bonté chez sa camarade, alors disons qu'elle partait du principe qu'elle l'aiderait malgré tout. Ouais, voilà, elle allait se dire ça. Et justement, sa camarade ne tarda pas à approcher, puis à analyser le contenu de la casserole. Et là, ce fut assez angoissant à vrai dire. Si ça se trouve, le problème était tellement évident, qu'il en était bête. Et bête, c'est Mado qui le serait du coup. Donc oui, la brune en venait presque à espérer que sa camarade lui annonce que son soucis allait entrer dans le palmarès des grands mystères de la vie, même si elle ne doutait pas franchement du fait que Carmen puisse en soi trouver ce qui clochait. Et justement, le diagnostic ne tarda pas à tomber. Et là, Mado ne put s'empêcher d'afficher un sourire relativement amusé. Alors comme ça, ça n'était qu'un problème de proportion d'eau par rapport à la quantité de pâtes versées ? Ah bah putain, si elle avait su, hein ... Le pire, c'est que c'était bien la première fois qu'elle rencontrait ce problème. Sachant alors qu'elle n'était pas du genre à avoir les yeux pour gros que le ventre et que son but n'avait jamais été de gâcher quoi que ce soit, disons qu'elle ne pouvait maintenant s'empêcher de penser que les évènements des derniers jours avaient simplement tendance à la perturber, à la distraire dans la moindre de ses tâches. Après tout, si elle avait manqué de dégringoler dans l'escalier, elle se savait capable de foirer la cuisson d'une casserole de pâtes, hein. Sa camarade alla alors rajouter dans l'eau dans la casserole, ce que Mado n'avait même pas eu l’initiative de faire à l'instant, elle. « C'était tout con, en fait » commenta-t-elle, en se sentant un tout petit peu bête, du coup. Bah oui, le soucis avait été des plus élémentaires, et elle se trouvait un peu cruche de ne pas y avoir pensé d'elle même, m'enfin. Ce qui était certain, c'est qu'elle fit ensuite preuve d'une grande sincérité en laissant entendre que l'attitude de son petit frère l'avait déçue. Qu'importe qu'elle ait encore quelques doutes au sujet de Carmen, le fait est qu'Ezra ne s'était pas comporté convenablement, et que ça avait tendance à fortement la déranger. Carmen se préoccupa pour le moment de la casserole, ce à quoi Mado répondit par un bref hochement de tête, avant d'évoquer Ezra à son tour. Elle se disait donc naïve, hm. « Ezra est quelqu'un d'assez maladroit. Nous le sommes tous les deux, en fait. S'il a plus d'aisance que moi à aller vers les gens, il peut lui arriver de les blesser sans s'en rendre vraiment compte. Des femmes, il en a connu beaucoup. Je ne pense pas que ça l'ait rendu difficile, ou capricieux, mais peut être que ça l'a empêché de développer une véritable adresse, une véritable correction même, dans sa façon d'agir à leur égard. » Ici, elle ne cherchait pas à défendre son frère ou à lui trouver des excuses. Elle le connaissait, simplement, alors elle savait comment il fonctionnait. « Je doute qu'il ait voulu jouer avec toi. Mais il est certain qu'il s'y est très mal pris et que son inconscience n'excuse rien. » Pour autant, si une explication avait déjà eu lieu entre Carmen et Ezra, Mado supposait que son frère avait été apte à reconnaitre ses torts. A cela, il était tout de même beaucoup plus à l'aise qu'elle.

Effectivement, le pourquoi Mado s'énervait était tout simple. En un regard, Carmen avait réussit à analyser la situation. Cela dit, la blonde ne se formalisait pas de ce fait et imaginait aisément que la française ait d'autres chat à fouetter et d'autres choses à penser qu'à rajouter de l'eau dans un casserole. Carmen, elle aussi, divaguait ces derniers temps. « C'était tout con, en fait » La belle se contenta d'afficher un fin sourire qui fendit son visage en une moue harmonieuse. Elle aurait pu se moquer, en rajouter une couche et enfoncer celle qu'elle avait longtemps prit pour une rivale mais, non. Carmen s'était résignée à se battre contre Mado qui, au final, ne lui avait fait aucun mal. Elle s'en faisait à elle même. Sa possessivité et son attachement envers son frère la rongeaient complètement, tant et si bien qu'ils l'obligeaient à devenir hargneuse envers la première minette tournant autour d'Ezra. L'italienne ne pouvait que comprendre, malheureusement. Elle souffrait également de possessivité aiguë et ce, même sur ses amis. Carmen ne supportait pas ne pas être le centre du monde de ses amis. Que leur amitié ne soit pas aussi forte que celle qu'elle ressentait à leur égard. Et gare à ceux qui tentaient de leur faire du mal, la belle sortait les griffes, les crocs, tout. Aussi, elle ne pouvait que comprendre le point de vue de Mado concernant son petit frère et ne lui en voulait pas. D'autant plus qu'elle restait juste et n'avait pas apprécier la façon dont il l'avait laissée tomber la semaine passée. « Ezra est quelqu'un d'assez maladroit. Nous le sommes tous les deux, en fait. S'il a plus d'aisance que moi à aller vers les gens, il peut lui arriver de les blesser sans s'en rendre vraiment compte. Des femmes, il en a connu beaucoup. Je ne pense pas que ça l'ait rendu difficile, ou capricieux, mais peut être que ça l'a empêché de développer une véritable adresse, une véritable correction même, dans sa façon d'agir à leur égard. » Elle tentait de le défendre, de lui trouver des excuses, et c'était tout à son honneur. D'autant plus que ses arguments touchaient clairement Carmen. Enfin, un peu. Sa fierté quant à elle restait bien présente, tout comme sa vexation, d'ailleurs. Il était clair que même s'il lui avait affirmé le contraire, Ezra s'était fourvoyé sur son compte. « J'ai été vraiment déçue et même si tes explications me touchent, je reste sacrément vexée. » Oui, vexée était bien le mot. Carmen n'offrait pas son corps facilement, bien que les apparences puissent faire penser le contraire. Alors, se le voir refuser était tout bonnement inimaginable. Vexant, tout simplement. « Je doute qu'il ait voulu jouer avec toi. Mais il est certain qu'il s'y est très mal pris et que son inconscience n'excuse rien. » La belle haussa simplement les épaules. Que pouvait-elle faire d'autre, de toute façon. Elle n'avait eu de cesse de chercher à savoir ce qui se tramait dans la tête du français sans ne jamais rien découvrir. Qui plus est, son rapprochement avec Émilien n'avait échappé à personne et la belle n'était plus certaine de s'être entichée de la bonne personne. « J'ai l'impression de toujours tomber sur la mauvaise personne. Ce n'est pas la première fois et ça ne sera sûrement pas la première. » laissa-t-elle entendre, tout en fixant la table se trouvant devant elle avec une certaine admiration. Non, en réalité, Carmen venait de se confier, ce qu'elle ne faisait pratiquement jamais et elle l'avait fait en présence de Mado, ce qui en soit était plutôt miraculeux.

Oui, définitivement, c'était con, Très con, même. Et Mado aurait assurément eu plus de chances de comprendre d'où venait le problème de cuisson de ses pâtes si elle ne se triturait pas l'esprit à coup de pensées destructrices et envahissantes. La vérité, c'est qu'elle était préoccupée, et que ça n'était jamais chose aisée à gérer pour quelqu'un comme elle, qui se plaisait bien souvent à penser qu'elle était apte à tout gérer, à tout contrôler, alors que c'était finalement bien rarement le cas. Elle en faisait l'amère constatation cette semaine, notamment avec Ezra, qu'elle comprenait de moins en moins, dont le comportement lui échappait chaque fois un peu plus, si bien qu'elle se sentait incroyablement impuissante lorsqu'elle comprenait qu'il était susceptible de se passer quelque chose entre un garçon et son petit frère. Pourquoi ne lui parlait-il pas de tout ça ? Pourquoi la plaçait-il finalement spectatrice de sa vie, alors que jusqu'à présent, il lui avait toujours tout dit ? Pourquoi les choses changeaient-elles maintenant ? Ne voyait-il pas combien elle se faisait du soucis ? Alors parce qu'il s'était trouvé des amis et qu'il semblait plutôt bien vivre cette vie en communauté - bien mieux qu'elle, en tout cas - elle n'existait plus que quand ça l'arrangeait ? Oh, c'était bien beau de la défendre lorsque quelqu'un la giflait, mais si c'était pour après s'arranger pour ne rien lui dire de ce qu'il se passait pour lui, franchement, ça n'en valait pas la peine. Elle était bien la première à reconnaitre que le contrôle qu'elle tâchait de garder sur la vie de son petit frère était un tant soit peu malsain, mais elle ne pouvait pas non plus changer en quelques jours, simplement parce que leur environnement, lui, avait changé. Personne ne pouvait lui demander une pareille chose. Bien sûr qu'elle voulait changer, bien sûr qu'elle comptait changer et bien sûr qu'elle s'emploierait sérieusement à agir différemment à l'avenir, mais elle avait autant besoin de patience que d'encouragements. Sauf qu'Ezra, lui, devait déjà penser qu'elle s'était complètement détachée de son besoin de tout savoir sur sa vie, ce qui était faux. Un jour, elle y parviendrait, oui. Mais aujourd'hui, c'était encore trop tôt. Alors elle souffrait de le voir agir de la sorte sans pouvoir rien y faire, si ce n'est lui courir après à travers tout le chalet pour obtenir un semblant d'explications. Son attitude vis à vis de Carmen, elle ne la comprenait pas tellement, et ne l'acceptait pas davantage. Mais s'il avait agi de la sorte, c'est peut être parce qu'il était perdu, qu'il ne savait plus quoi faire, et il aurait alors du songer à se confier. Mado, elle, aurait voulu qu'il le fasse. Mais semble-t-il qu'au sein de cette aventure, il en oubliait petit à petit qu'il n'était pas entré seul. Oui, sans doute l'oubliait-il, elle. Tout comme il semblait doucement oublier la façon dont il avait été élevé, ce qu'elle avait également du mal à lui pardonner. Peut être que tout n'avait pas toujours été simple avec Carmen, mais elle avait sérieusement de l'empathie pour elle, à cet instant. Elle comprenait sa déception, oui. « Tu fais bien. Je ne veux pas que tu lui pardonnes sa conduite. Pas aussi facilement, en tout cas. » C'était de toute manière à Ezra de se faire pardonner. Elle, elle essayait simplement, au même titre que Carmen, de comprendre son frère. Carmen se confia alors à elle, et Mado s'en sentit honorée. Après tout ce qu'elle avait supposé à son sujet, elle la trouvait courageuse de lui dire ce genre de choses. « Tu es probablement plus attachée à Ezra que je l'avais imaginé » souffla-t-elle alors. C'était plus une constatation, par rapport à ce qu'elle venait de dire, qu'une question à laquelle elle attendait une réponse. Bien sûr, Carmen pourrait y répondre, mais seulement si elle en avait envie. « Et je dois dire que ça me rassure, dans un sens » reprit-elle, plus doucement, dans un fin sourire. Mado avait (trop) longtemps interprété tout ça comme un jeu, et rarement plus. Donc oui, elle était partiellement rassurée que Carmen puisse être suffisamment attachée à Ezra pour que tout cela la touche pour de vrai. C'était somme toute une maigre consolation au milieu de tout ça.

Carmen n'était pas certaine de savoir quoi penser. Certes, elle s'était entichée du jeune Ezra dès la première fois où il lui avait tourné autour dans la forêt. Son regard clair et sa provocation l'avaient totalement charmée. Elle s'était laissée prendre au jeu, c'était docilement laissée bercée par la douceur de cet homme et avait finit par succomber. Comme une idiote. Cette situation lui rappelait quelque peu son histoire avec Andrea. Bien qu'elle soit loin d'être la même, l'amour l'avait laissée sur le carreau, complètement amorphe. Depuis cette histoire quelque peu houleuse, l'italienne s'était promis de ne plus jamais retomber sous le charme d'un homme. Elle se laissait allée, bien évidemment. Son corps réclamait parfois de la tendresse et les hommes qui étaient passés dans son lit depuis cette aventure étaient nombreux. Comme pour combler un manque, la blonde s'était laissée allée aux plaisirs charnels, préservant ainsi son cœur du sentiment néfaste que représentait l'amour. Dans le nid, les sentiments se retrouvaient complètement amplifiés et Carmen s'était laissée faire. Désormais, la belle le regrettait. Qu'importe que Mado tente de la rassurer au sujet des intentions de son petit frère. Qu'importe qu'Ezra soit finalement un homme bien, il l'avait blessée, l'avait délaissée et la blonde, bien que non rancunière, n'était pas prête de lui pardonner cet affront. Et au fond, ce n'était pas tant le fait qu'il est visé bien correctement son cœur d'une flèche tranchante, que la belle se sente complètement salie mais plutôt le fait que cet affront ait été dévoilé au nid entier et pire, au monde. Tous allaient être témoin de cette pauvre fille fragile qui s'était laissée bernée. Tous allait applaudir ce connard parce qu'il était clair que désormais, le monde prônait la méchanceté et la lâcheté. Ezra allait passer pour le bad boy de service quand Carmen elle, serait considérée comme la fleur bleue stupide. « Tu fais bien. Je ne veux pas que tu lui pardonnes sa conduite. Pas aussi facilement, en tout cas. » Et Mado ne croyait pas si bien dire. Doucement, Carmen s'assit sur une chaise non loin d'elle. Ca non, elle n'allait pas lui pardonner si facilement. « Il vaut mieux que je laisse tomber. » répliqua-t-elle simplement, d'un ton incroyablement neutre. Oui, laisser tomber était certainement la meilleure chose à faire d'autant plus que les frasques d'Ezra avec Emilien n'avaient échappé à personne et Carmen était bien loin d'être prête, d'une à partager un homme ou tout du moins n'être qu'une conquête de plus lorsqu'on savait qu'il en avait finalement plusieurs autres dans le nid, et de deux, s'attacher à un gay refoulé. « Tu es probablement plus attachée à Ezra que je l'avais imaginé » Malheureusement, oui. Carmen l'avouait et ce n'était un secret pour personne. Son attachement envers le français était plutôt fort et la chute n'en était que plus rude. Néanmoins, elle préféra se taire et ne pas enfoncer plus que de raison le couteau dans la plaie béante de sa poitrine. Certes, l'italienne en rajoutait peut-être un peu mais encore une fois, le fait d'avoir été affichée face au monde entier était bien plus important que l'affront que lui avait fait le jeune homme. « Et je dois dire que ça me rassure, dans un sens » Un fin sourire fendit ses lèvres. Tant mieux si Mado était rassurée à son sujet, l'italienne ne demandait que cela. Ne plus être vue comme la catin de service, la charmeuse du nid, bref. « Ezra.. a déjà eu des tendances.. homosexuelles ? » demanda-t-elle brusquement. Si tel était le cas, Carmen ne pouvait que comprendre ce rapprochement avec Emilien. Si non.. elle avouait ne pas saisir. Et il était clair que Mado était la mieux placée pour lui répondre.

L'attitude d'Ezra à l'égard de Carmen était parvenue à contrarier Mado. Mais elle l'avait aussi peinée, dans un sens. Jamais elle n'avait franchement eu l'impression que son frère se comportait mal vis à vis de l'une de ses "conquêtes". Jamais elle n'avait eu de retour désagréable ni n'avait eu à discuter de ce genre de choses avec l'une d'elles. C'était en soi relativement embarrassant pour la française de constater qu'Ezra avait laissé Carmen en plan, car cela ne donnait pas franchement une bonne image de son cadet. Et elle, elle était naturellement tentée de le défendre, de lui trouver mille excuses, parce qu'il était son frère, sa seule famille et qu'elle ne voulait pas que sa réputation pâtisse de ce genre d'incartades. Pour autant, elle n'en oubliait pas ses principes. Un homme ne devait pas agir de la sorte vis à vis d'une jeune femme, c'était une chose qu'elle n'avait jamais cautionné et qu'elle ne cautionnerait jamais. Au même titre qu'elle ne supportait pas les femmes qui jouaient avec les hommes, il était certain qu'elle ne supportait pas les hommes qui jouaient avec les femmes. Ainsi donc, qu'il s'agisse d'Ezra ou bien de quelqu'un d'autre, elle n'était pas tellement disposée à accepter ce genre de conduites. Alors elle tâcha autant que possible de poser un regard objectif et détaché sur cette histoire, parce que même s'il s'agissait ici d'une histoire liée à son petit frère, elle voulait croire qu'elle était capable de laisser ce détail de coté pour prendre du recul et analyser les choses sans que son implication personnelle ne l'en empêche. Peut être ne parvenait-elle pas complètement à rester purement objective, mais elle voulait vraiment que sa camarade ne doute pas de sa sincérité. Non, elle ne cautionnait pas l'attitude d'Ezra, et oui, Mado était du coté de Carmen sur ce coup. En fait, elle regrettait de lui avoir donné l'impression de la juger à tout va. Ce ut maladroit, et loin d'être toujours intentionné. Elles avaient eu de petits différents, des divergences d'opinions, et de points de vue, mais aujourd'hui, Mado voulait sérieusement lui témoigner son soutien. Elle se mettait à sa place et se doutait naturellement que la situation n'avait rien d'évidente pour la jeune femme. Ce devait être embarrassant, humiliant même. Être exposée de la sorte après avoir été rejetée d'une telle manière, oui, elle supposait que ce devait être humiliant. Il était alors indispensable que Carmen n'accorde pas son pardon trop facilement. Ezra devra le mériter, et c'était à lui de faire en sorte que ses excuses soient acceptées. Mado, clairement, ne comptait pas lui éviter d'en passer par là. C'était à Ezra d'assumer désormais. Carmen parlait alors de laisser tomber, et Mado ne put que grimacer. C'était dommage. Elle n'avait rien à en redire, parce que cela regardait Carmen et que ce serait à elle de voir ce qu'elle ferait, mais puisque Mado avait comprit que l'attachement de la blonde à l'égard d'Ezra était bien réel, oui, elle déplorait cette tournure des choses. Bien sûr, constater que Carmen n'avait en fait jamais cherché à jouer avec son cadet la rassurait. Elle s'était faite de fausses idées et serait apte à le reconnaitre d'ici peu. En attendant, la question de sa camarade la rassura sur une autre chose : elle n'était pas la seule que les propos d'Emilien, dans son interview diffusée lors du prime, avait un tantinet perturbé. Question légitime, donc, bien qu'un peu embarrassante pour une grande sœur. « Non, je ne lui ai toujours connu que des conquêtes féminines. Il n'a jamais donné l'impression d'apprécier les hommes, bien loin de là. » Elle connaissait quelques fois à Ezra un comportement un peu machiste, bien loin de laisser penser qu'un homme pourrait un jour venir à lui plaire. Elle, elle ne savait pas tellement quoi en penser, mais elle n'y croyait pas trop. De toute manière, les propos d'Emilien ne prouvaient pas grand chose, si ? « Si tu veux mon avis, tu restes quand même beaucoup plus son genre qu'Emilien. » Mais à peine eut-elle formulée cette phrase qu'elle se sentit franchement bête. Clairement, ça n'était pas une chose à dire après tout ça. « Je suis désolée, c'était très maladroit. » Et dans sa tête, c'était censé avoir un coté rassurant. Dans sa tête seulement, donc.