Et merde ! Là c'en était trop… La journée avait déjà très mal commencé et elle se continuait dans la même ambiance. Après m'être pris le chou avec Louison, je m'en étais pris à Alice pour une raison que j'ignorais encore. Toujours est-il que ça s'était passé et qu'il était hors de question que je renonce à ma fierté pour faire marche arrière et m'excuser. Je l'avais défiée du regard, et je m'étais enfui. Je ne tenais pas à lui crier dessus. Enervé, j'avais traversé la maison, sans répondre à qui que ce soit, j'avais filé jusqu'à ce que je trouve un endroit calme et où je pourrai me retrouver un peu seul. Je n'eus que l'option cave qui s'offrit à moi dans un éclair de génie. Brusque, j'ouvris la porte, je longeai le couloir, la tête baissée. Toujours torse nu, détail important, j'ouvris la dernière porte et m'assis dans un coin de la salle, dans le noir. Perdu, je repliai les jambes contre mon torse, enfoui mon visage dans mes mains et poussai un long soupir… enfin un peu de solitude, bien méritée ! Journée de merde.

Je n'avais pas pu être tranquille après manger, j'aurai dû deviner que je ne serai pas non plus tranquille après ma dispute avec Alice. Dans FL, il n'y avait pas moyen de se retrouver seul cinq minutes, il fallait toujours tomber sur quelqu'un et ça en devenait parfois lassant. Surtout que je n'avais envie d'aucune compagnie à cet instant là précis. J'étais bien qu'avec moi, je m'auto-suffisais largement. Mais j'aurai dû savoir qu'un mec déboulant dans les escaliers à moitié nu et en furie ne pouvait pas passer inaperçu. L'Irlande entière m'avait vue ! Quel plouc ! Je m'étais isolé par dépit mais bien sur, quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit et une faible lueure apparu. Le visiteur fut plus malin que moi pour avoir apporter une bougie, mais le noir me plaisait plutôt bien, lui aussi. Lorsque je compris qu'il s'agit de Franz, je souris en coin. Notre première rencontre datait du jour de mon entrée, puis, il y avait eu une séance de sport musclée et assez douloureuse pour mon égo qui en avait pris un sacré coup, mais j'avais vite cherché à l'oublier. Pourtant, Franz était revenu, il s'était même excusé et avait cherché à me remonter le moral après l'annonce de ma nomination. J'avais trouvé ce geste sincèrement sympa et cool. Lorsqu'il s'approcha de moi, je ne fis mine de rien, je souhaitais qu'une chose, qu'il comprenne que je voulais être seul. Mais ç'aurait été absurde d'imaginer qu'il puisse, une seule seconde, réaliser ce genre de chose. Il s'accroupit et passa sa main dans ma tignasse, cherchant alors à relever mon visage. Et très gentiment, il me demanda Relève la tête, faut pas s'isoler comme ça enfin... tu veux parler? Et parler de quoi ? J'hochai la tête en signe que non, plantai mes yeux dans les siens et soupirai. Y a pas grand chose à dire Franz ! je suis un gros con, c'est tout.

Franz n'était aproprement parlé pas la meilleure personne avec laquelle j'aurai désiré m'entretenir de mes problèmes personnelles. D'autant plus que je m'étais couvert de honte lors de notre premier tête à tête et que malgré tout ça, je n'arrivais pas encore à m'en remettre. Je l'appréciais sans vraiment pousser mon ressenti jusqu'à une forte et sincère amitié, je préfèrais le laisser doucement revenir vers moi plutôt que de le brusquer de manière trop sauvage, comme la première fois. Néanmoins, sa présence m'était rassurante. Il tira sur mon oreille, je levais mon visage vers le sien. J'étais dépité, pas complètement anéanti mais dépité. Il est clair que mon histoire avec Alice avait sûrement dû en déranger plus d'un, surtout quand on savait que je ne connaissais la jeune femme que depuis une semaine et demie, mais peu m'importait le regard des autres sur mon "couple" avec cette jeune femme. Pourtant, sa première réplique me tiqua, j'accusai le coup non sans peine car je trouvais son ton à l'égard d'Alice, qu'il avait cité dans ses propos, couvert d'une certaine animosité que je ne lui connaissais pas, peut-être même un peu de jalousie... dans le fond, qu'est-ce que je pouvais en conclure sinon que, lui comme les autres, il jugeait mal ce que je vivais avec Alice. Je ne répliquai pas, je ne voulais pas continuer à me prendre la tête avec tout le monde, je le laissais donc dire. Puis, il me tira par le bras, m'attira contre lui, je me lovai dans son étreinte solide, la savourais même... Je levai les yeux vers lui, soupirant... Tu exagères Franz, franchement ! car ce qu'il essayait de faire avait beau être sympathique et je le prenais tout à mon égard, mais j'avais l'impression qu'il se forçait plus que de raison. Doucement, je me dégageai de son étrainte pour m'assoir à ses côtés, sur le matelas. C'est gentil d'être venu me voir, et de t'inquiéter. Mais je veux pas te faire perdre ton temps pour rien.