Alors là, si Emmeline pensait sérieusement que quelques caméras arrêteraient Mado, elle se trompait, et pas qu'un peu ! Car il en faudrait bien plus, oh oui bien plus, pour que la jeune femme renonce à lui faire payer son insolence. Cela allait mal finir, mais Emmeline ne pourrait aucunement dire qu'elle n'avait pas été prévenue, hein. Elle l'avait été, et plus d'une fois. Sauf qu'elle avait cru malin de n'en faire qu'à sa tête et qu'elle était sur le point de le regretter, amèrement. Alors elle pouvait bien prétendre que Mado n'oserait jamais la tuer en se sachant filmée, non seulement elle oserait, mais en plus elle le ferait. Oui, oui, parfaitement. C'était comme ça et aucun retour en arrière n'était plus possible, désormais. Emmeline n'avait qu'à se méfier, après tout. C'était de sa faute. Tout était de sa faute, oui, absolument. Surtout qu'elle était en plus entrain d'aggraver son cas, la rouquine. Car comparer Mado à un chaton, c'était tout bonnement un affront. Soyons clairs, Mado n'avait rien contre les petits chats, mais elle trouvait ça con et niais, tout de même. Alors à choisir, elle préférait grandement rester une tigresse, vous voyez. Sa camarade insista alors sur le coté "mignon" de la chose, et sans qu'elle le fasse exprès, un sourire naquit instantanément sur les lèvres de Mado. Là, elle serait hypocrite de dire qu'elle n'aimait pas les choses mignonnes, vu que l'un de ses délires avec Fitz avait entièrement reposé sur l'attractivité du coté "mignon" de certaines choses. Pour autant, elle n'était décidément pas prête à accepter cette comparaison, qu'on se le dise. « Mais est-ce que j'ai l'air toute mignonne, moi ?! » Et bien oui, cette question était légitime. Parce qu'autant elle était disposée à saisir le sens d'une référence à une tigresse, autant à un chaton, hm, déjà moins ... « N'importe quoi. Je reste une tigresse en toutes circonstances, je viens de le décider. » Ouais, ce surnom était peut être issu de l'imagination d'Emmeline, mais Mado venait effectivement de décider qu'elle serait une tigresse quoi qu'il arrive, et quoi que sa camarade en dise. Tigresse un jour, tigresse toujours, oui, c'était exactement de cette manière qu'elle raisonnait. En tous les cas, l'heure de la vengeance avait sonné, et ça allait faire mal. Très mal, même. Car Mado ne tarda pas à empoigner sa camarade. Et là, on sentait que ça allait mal se passer. Sauf que non, même pas. Parce qu'en fait, Mado ne fit rien de plus. Oui, exactement, elle se contenta de maintenir ses mains autour des poignets de sa camarade, de l'observer intensément, mais sans rien faire de plus cruel. Nul doute que sa camarade ne manquerait pas de se faire pipi dessus, avec ça. D'ailleurs, elle avait peur là, non ? A l'entendre, oui. Enfin non, vu qu'il était évident qu'elle jouait la comédie. Pff, hein, franchement. Mado se donnait du mal pour avoir l'air menaçante, et voilà ... Okay, peut être le coup des poignets n'était-il pas encore très au point, mais elle avait sincèrement pensé que sa camarade ne s'en remettrait pas. A tort, visiblement. Emmeline reprit alors la parole, et Mado fronça davantage les sourcils. Elle se foutait un peu de sa tronche, là, non ? Oui, très probablement. Mauvaise idée. « Adorables, dis-tu ? Revoyons ensemble la définition de ce mot, alors. Car, dans mes souvenirs, ce sont ces deux mains qui m'ont poussé à l'eau. Ce sont ces deux mains qui ont tout bonnement tenté de m'assassiner, en fait. Elles n'ont rien d'adorables, elles sont perfides, barbares et monstrueuses. Elles sont les instruments du diable. Tranchées, elles ne seront plus un danger pour personne. » Car oui, il était naturellement prévu de lui ôter les mains. Avec les dents, même, s'il fallait. Mado avait de la suite dans les idées et beaucoup de ressource, oui. Un peu trop d'imagination surtout, oui, admettons. « Tu rêves, jeune-fille ! Jamais je ne saurais copiner avec l'ennemi. Tu as tenté de me tuer une fois, et tu recommenceras. C'est statistique. Maintenant, c'est à mon tour. » Et sur ces mots, la grande brune se décida enfin à offrir un peu plus d'action à tout cela. Pour preuve, elle s'arrangea pour tenir les deux poignets de sa camarade d'une seule main et ... lui prodigua des chatouilles de son autre main. Redoutable vengeance, ça aussi, oui.

Ah non, Mado n'était pas un adorable petit chaton. Personne n'avait le droit de le prétendre, car ça n'était pas vrai du tout. Elle n'était pas toute mignonne, elle, vous savez. Et elle ne voulait pas l'être, non, clairement pas. Ce n'était pas elle, vous voyez. Cela ne lui correspondait tout simplement pas. Et à choisir d'accepter un surnom, autant exiger que celui-ci se rapporte au moins à ce qu'elle était. Une tigresse. Oui, elle en était une. Bon, elle n'avait jamais tellement pensé en être une avant aujourd'hui, honnêtement, mais elle n'avait décidément pas mis longtemps à s'y faire, à cette appellation. Une tigresse donc, oui, c'est définitivement ce qu'elle était. Et c'était peu de le dire, car Mado ne manqua pas d'exprimer plus que clairement qu'elle était et resterait une tigresse quoi qu'il arrive, et quoi qu'en dise Emmeline. Alors certes, tout ça résultait de l'idée initiale de sa camarade, mais on parlait de Mado là, Mado qui était toujours très douée pour reprendre la direction des choses, évidemment. Au diable le petit chaton qu'elle n'était pas. Et Emmeline pouvait bien s'offusquer de l'audace de la grande brune, ça n'y changerait rien. Elle était une tigresse, point barre. « Oh non, certainement pas ! C'est MOI qui décide maintenant. Je ne suis pas un chaton, je suis une tigresse, c'est tout. Et si ça ne te plait pas, je suis pratiquement sûre que c'est la même chose. Eh ouais. » Comment ça, elle avait l'air d'une gamine de quinze ans un peu trop pédante ? Mais non voyons, elle était tout à fait mature, là. Cela ne ressemblait assurément pas à ce genre de discussions où chaque parti tentait d'avoir raison, hein. Bien sûr que non. Quoi qu'il est vrai que ces deux jeunes femmes étaient bornées, et pas qu'un peu. Pas sûr que ce soit franchement une bonne chose, dans cette situation. En tous les cas, Mado était tout simplement redoutable aujourd'hui. Tout de même, attraper les poignets de sa camarade, ce fut à peu de choses près un coup de maitre. Oui bon, ce fut surtout un acte inachevé, peut être annonciateur d'une dangereuse suite, mais peut être pas. Parce que oui, honnêtement, elle ne savait même plus tellement comment se venger. Dans sa tête, tout lui semblait toujours réalisable. Mais une fois qu'il fallait appliquer ses idées, les réaliser pour de vrai, c'était tout de suite plus compliqué. Par exemple, elle ne pouvait pas tuer Emmeline en lui cognant la tête contre le rebord du bassin, hein. Bah non, quand même pas. Donc oui, le coup des poignets, ça lui semblait être une intéressante alternative. Et si Emmeline n'avait visiblement pas peur, c'est qu'elle ignorait quel danger elle encourait ! Oh oui, elle était un peu trop sereine là, la petite naïve. Parce que ses mains, oh oui, elle allait les lui couper. Parce qu'elles étaient fourbes et dangereuses, c'était certain. Des mains comme celles-ci devaient être éxècutées, ni plus ni moins. Quant au câlin proposé par Emmeline, oh elle pouvait se le garder. Mado n'était dupe de rien et copiner avec l'ennemie n'était absolument pas envisageable. Croyait-elle que tout s'effacerait en une accolade ? Qui sait en plus si Emmeline ne préparait pas un sale coup. Donc non seulement Mado ne la lâcha pas, mais en plus, elle innova. Avec des chatouilles. L'attaque suprême, en somme. Nul doute qu'Emmeline ne s'en remettrait pas, et c'était bien le but. L'achever à coup de chatouilles, oui, c'était vicieux. Mais très bien pensé, non ? Naturellement, puisque ça venait de Mado. Emmeline tenta de se débattre et un terrible sourire naquit sur les lèvres de Mado. Si elle avait eu les mains libres, elle aurait imité un certain Montgomery Burns. Vous voyez le genre. Mado était donc redoutable. Ah oui ? « Je suis quoi ? Redis-le, j'ai mal entendu. » Oh oui, elle aimait entendre dire qu'elle était redoutable. Et même, on ne le lui disait jamais assez. Alors deux fois, pourquoi pas hein. « Ah non, je t'interdis de m'associer à un être aussi fourbe que toi, petite Emmeline. Oui nous sommes toutes deux sadiques, mais ... mais non ! Je refuse que ça nous fasse un point en commun ! » Et elle n'en démordrait pas, elle ne tenait vraiment pas à être associée à Emmeline. Oui bon, elle avait surtout un très grand esprit de contradiction, là, hm. « Trouve de quoi m'intéresser. Trouve de quoi me désintéresser de tes mains, surtout. Trouve et je les laisserai tranquille. » Oui, c'était facile de lui laisser la lourde tâche de trouver quoi dire ou quoi faire histoire de véritablement l'intéresser. Mais c'était son idée, après tout. Mado, elle, ne verrait aucun inconvénient à la tenir comme ça et à la chatouiller jusqu'à Noël, hein, clairement.