Bien que ce soit rare, il y avait des soirs comme ça. Des soirs où tu pensais trop pour pouvoir dormir. Pour que le sommeil t'emporte. Oui, bien qu'étonnant, il t'arrivait de penser. Et quand ça arrivait, ce n'était pas forcément pour te remémorer quelque chose de plaisant. Alors tu n'arrivais pas à dormir. Tu ne cherchais même pas à le faire, à vrai dire, puisque tu savais pertinemment que ça ne servirait à rien. Cela devait peut-être faire une heure que tu étais dans ton lit, avec Mado. Cette dernière s'était déjà endormie. Toi, tu restais là, les yeux ouverts, fixé sur la noirceur que la nuit donnait au plafond. Sur la noirceur de tout ce qui avait bien pu t'arriver depuis que tu étais jeune. Mais peu importe. Discrètement, pour ne pas déranger la partenaire, tu avais quitté les draps. Il fallait que tu prennes l'air. Que tu respires. Que tu sois au frais, histoire de te changer les idées. Mais apparemment, quelqu'un d'autre avait eu la même idée que toi. Mickey. Génial.« Je ne suis pas d'humeur. Repasse plus tard. Ou plutôt demain. À moins que tu ne sois venu me rendre mon livre. » Son livre, son fichu livre. Tu n'avais toujours pas donné de rançon, par ailleurs. Mais peu importe. Et puis, depuis quand décidait-il de qui restait sur la terrasse, ou de qui partait ? Depuis jamais. « Oh oui, bien sûr, je viens ici rien que pour toi. Tu crois que je n'ai que ça à faire ? Je ne repasserai pas plus tard, je fais ce que je veux. » fais-tu remarquer. Comme si tu allais quitter l'endroit rien que parce qu'il l'avait demandé. Il ne manquerait plus que ça. « Non, j'viens pas te rendre ton livre. » dis-tu, au cas où il ne l'aurait pas compris. Sait-on jamais.

Aux dernières nouvelles, la terrasse n'était pas à lui. Ni aucune pièce de ce chalet, en fait. Donc il n'avait pas à lui dire si tu pouvais rester ou non. Tu n'avais aucune permission à obtenir de sa part, tout de même. Il manquerait plus que ça, pff. Comme si toi, tu avais la tête à voir sa sale tronche, hm. Ça ne te faisait pas plus plaisir qu'à lui, mais tu ne partirais pas juste parce qu'il venait de te le demander. Ça serait beaucoup trop facile, en fait. Donc non, tu ne pouvais pas accepter ce genre de choses. Mickey devait le savoir, tout de même. Il te décevait beaucoup, le coco. Au moins, lui tenir tête te faisait oublier tout ce qui t'empêchait clairement de dormir. Mickey, la solution à tout tes problèmes ? Il fallait croire qu'il s'en rapprochait. Bon. « Et il est possible que je le récupère un jour, quand même ? » Son livre ? Hum non, tu n'étais pas sûr. Mickey ne méritait pas qu'on le lui rende. Qu'avait-il fait de bien, depuis qu'il avait mis ses pieds dans la maison ? Rien du tout. Et les awards le prouvaient bien. Il ne se faisait aimer de très peu de monde, et il devait le savoir. Alors pourquoi persistait-il à croire qu'il était le meilleur ? Il ne l'était clairement pas. « Donne-moi une seule bonne raison de te le rendre, mis à part le fait qu'il est à toi ? » Oui bon, c'était un peu tordu. Mais peu importe. Tu n'avais aucun raison de le lui rendre. « Ça m'embêterait que tu quittes ce nid avec. Imagine que j'en aie besoin ensuite. » Comme si tu prendrais la peine de t'encombrer avec une telle chose. Tu le jetterais à la poubelle avant, de toute manière. « Un livre, ça s'achète. Monsieur l'écrivain super connu, tu devrais avoir les moyens de t'en procurer un autre à ta sortie, non ? sortie qui ne devrais pas tarder. » Oh oui, t'en étais sûr. Il n'avait pas vraiment sa place au sein du jeu, il l'avait maintes et maintes fois prouvé. « Et puis un génie comme toi ne devrais pas avoir tous ses heures de sommeil, hm ? » Ironie, bien sûr. Il n'avait rien d'un génie. Mais c'était une sorte d'invitation à le laisser tranquille sur cette terrasse. Oui, toi aussi tu t'y mettais.

Ce soir, tu avais eu l'occasion de le nominer. Ca aurait été loyal, puisqu'il avait fait de même lorsqu'il avait eu ce pouvoir. T'y avais pensé, longuement. Mais tu ne l'avais pas fait. Tu ne l'avais pas nominé d'office. Tout simplement parce que tu ne voulais pas te rabaisser à une telle chose. Ce qui montrait en quelque sorte, que tu étais plus intelligent que lui. Oh que oui, tu l'étais. Il avait beau être fier, tu savais que tu valais mieux que cette chose moche et sans muscle. Mais il était pourtant obligé de te suivre partout, même à deux heures du matin.« La principale raison tu viens de la citer. Ce livre est à moi, ET je l'ai écrit. » Cette excuse n'était pas valable à tes yeux.Yeux que tu lèves aux ciels, soit dit-en passant. Ce n'était pas de cette manière qu'il allait te convaincre. « Tu écris très mal, d'ailleurs. » te contentes-tu de dire. Parce que oui, tu avais lu le début. Toi, Bob. Il y avait tellement rien à faire que tu t'étais légèrement mis à la lecture, bien que ce ne soit pas ton truc. Bref, au cas où il ne l'aurait pas compris, il ne reverrait pas son livre de si tôt. Il manquerait plus que ça. « Sortie que j'attends avec impatience. » Oh, qu'il se taise un peu. Qu'il arrête de se plaindre tout le temps. Jours et nuits. Qu'il arrête ça, c'était agaçant à la longue. « Tu veux que je contacte Cupidon pour lui dire que j'ai changé d'avis ? Ça me dérangerait pas de te nominer. » dis-tu le plus naturellement du monde, comme si c'était évident. Oh, s'il le désirait, il n'avait qu'à plier bagage. Ça arrangerait tout le monde, ça faisait un candidat de moins. Donc forcément plus de chance pour gagner. Et puis, si tu le nominais, il sortirait forcément du premier coup. S'il ne s'était encore jamais retrouvé sur le banc des nominés, c'était bien grâce à sa partenaire qu'un peu trop de monde appréciait. « Je ne trouverai pas le sommeil, je suis bien trop contrarié pour ça. Alors quand je décréterai avoir pris assez l'air, j'irai m'occuper à faire le ménage. En attendant je reste ici. » Contrarié. Oh, écoutez ça, Mickey était contrarié. Comme si ça changeait de d'habitude, hum. Il n'avait pas l'air prêt à partir, en tout cas. Et rien qu'avec cette fumée qui venait de t'étouffer, tu avais une forte envie de l'étrangler. Quel crétin.« Pauvre Mickey, si triste qu'il est condamné à supporte quelqu'un qui n'aime pas. » parce qu'il pouvait clairement partir, là. Ce n'était pas comme si tu irais le retenir, qu'il ne se fasse pas d'idées. Tu voulais être seul, toi aussi. Mais tu ne quitterais pas ce lieu en premier. Et s'il partait à 8h00 du matin de la terrasse, tu la quitterais à 8h01. C'était certes puéril, mais c'était comme ça. « J'entends Mado pleurer, elle a dû se réveiller. Apparemment, tu lui manques et elle trouve votre lit bien vide. » Oh mais avait-il mangé un clown pour le dîner ? Apparemment. Tu ris légèrement moqueur pour ensuite lever les yeux aux ciels.« Oh, j'ai si mal au coeur pour elle. Mais il faut qu'elle apprenne à se débrouiller sans moi, malgré le fait que je lui sois indispensable. Elle m'aime tellement, tu comprends. » Non, évidemment qu'il ne comprenais pas, puisqu'il était idiot.

« Ah tu ne l'as pas volé ton award, hein ! » Ah, parce que c'était drôle de dire qu'il écrivait mal ? ce n'était que la stricte vérité, pourtant. Mais comme d'habitude, il ne comprenait pas. Pauvre enfant, si perdu dans ce monde de fou. Le suicide serait une bonne solution. Hm. Non, tu avais beau ne pas l'aimer, tu n'étais pas du genre à désirer la mort de quelqu'un. Ce n'était pas ton genre. La vie était bien trop précieuse pour ça. Bref. Tu lèves les yeux aux ciels et ne prends pas la peine de répondre. Comme s'il le méritait. Tu étais venu ici pour te changer les idées, et non pour te justifier à la moindre de tes paroles. Oui, tu avais commencé à lire son livre. Non, tu n'avais pas aimé. C'était comme ça. Il avait le droit de ne pas aimer ce qu'il écrivait, non ? Ah non, excusez moi, tout le monde était censé dire que c'était un chef d'oeuvre. N'importe quoi. Tu lui proposes donc gentiment de l'aider pour le faire sortir d'ici. Même si au fond, ton attention était loin d'être gentille, soyons honnête.« Je n'ai pas besoin qu'on me fasse la charité. Si on ne veut plus de moi, alors que le reste du groupe me nomine. Mais je ne vais pas non plus me trimballer avec une pancarte appelant à voter contre moi, ne poussons pas. » Pourquoi pas. Tu voudrais bien le lui créer cette pancarte, tiens. Et puis, t'étais certain qu'il ne tarderait pas à sortir d'ici, le petit anglais. Les places au sein du nid étaient de plus en plus cher, et compliquées à garder. Autant dire que les semaines à venir ne seraient pas forcément les plus gai, vu la complexité des nominations désormais. Bref.« Oh d'accord, si tu insistes. Je disais ça pour t'aider, moi. » Ou pas, en fait. Pourquoi voudrais-tu l'aider, hm ? Il ne le méritait sûrement pas. Pas du tout du tout, même. Il méritait d'ailleurs que tu le nomines d'office. Mais tu ne l'avais pas fait. Peut-être que tu allais regretter ça dans les prochains jours. Oui, peut-être. Mais il était trop tard maintenant. Tant pis. Tu t'en remettrais très certainement. « Et tu as rarement l'occasion de te hisser en haut de ce classement, n'est-ce pas. Alors bon, profite de ton indice, car il n'y en aura pas beaucoup d'autres. » Un rire sort de ta bouche. Parce que tu le trouves ridicule. Parce qu'il se sent obligé de te rabaisser alors que tu n'as rien dit. Tu lèves les yeux aux ciels, et hausses tes épaules. Oui, certainement que tu ne retouneras pas en haut du classement. Et alors ? Où était le problème, hm ? « Il faudrait peut-être que je m'en aille pleurer dans les toilettes, après ces paroles aussi poignantes. Quant à l'indice, ne t'en fait pas pour ça. » Oui, tu en profitais. Oui. Il n'avait pas idée. Mais peu importe, tu n'étais pas là pour faire des insinuations douteuses. Tu n'étais même pas là pour lui adresser la parole, à vrai dire. Tu en avais que faire de ce crétin. Quant à Mado, évidemment que tu lui manquais. Mais elle s'en remettrait sûrement. Ça te paraissait évident. Surtout qu'elle dormait à point fermé en ce moment même. « Mais que ferions-nous sans tes âneries Bob... » Tu souris de toute tes dents. Sans toi, vous ne feriez rien. C'était tellement logique. Tout le monde avait besoin de toi. Oui oui, bien sûr. « Le monde s'arrêterait de tourner, la loin de la gravitation n'aurait plus lieu d'être, et une météorite viendra s'écraser sur la tête. Et peut-être qu'une troisième guerre mondiale viendra tous vous tuer, mais ça c'est pas trop grave. Voilà, c'est à peu près tout. » Peut-être que maintenant, il allait te laisser tranquille.

« Va où tu veux, tant que c'est loin de moi. » Mais oui bien sûr. C'était beau, l'espoir. C'était beau. Tu n'irais nul part. Pas tant qu'il te le demanderait. Ça serait beaucoup trop simple, voyons. surtout pour lui. Et il en serait trop heureux. Rendre Mickey heureux ? Hors de question. C'était la dernière chose que tu désirais au monde. Et puis tu ne voulais pas retourner te coucher. Tu ne pouvais pas dormir de toute manière, tu pensais trop. Et ça te faisais mal à la tête, tout ça. « Non, j'aime tellement être près de toi que je pense que je vais rester encore un bon bout de temps, tiens. » Et bien oui, pourquoi pas. Il ne fallait pas se voiler la face, tu faisais exprès pour le faire chier. Et aussi parce que tu ne voulais écouter personne, têtu comme tu étais. Tu ne t'appelais pas Bob pour rien, soyons clair. Tu lui expliques ensuite ce qu'il pourrait arriver sur cette terre si tu n'existait pas. Ça serait l'horreur. C'était sûr. L'apocalypse, même. Rien que ça. Ou peut-être que tu avais seulement un peu trop d'imagination. « Tu viens de battre le record d'absurdités débitées en trois malheureuses phrases, bravo. » Tu gagnais. Comme d'habitude. T'étais un winneur toi, hm. Ou pas. Tu lèves les yeux aux ciels, un sourire ornant tes lèvres. Tu n'allais pas te mettre à pleurer tout de même. « Merci, merci, c'est gentil à toi. » Tu méritais une coupe. Et plusieurs médailles. Et encore beaucoup de choses. Tu étais un héro des temps moderne. Oui oui. « Toujours tes problèmes capillaires, hein... tu devrais essayer un shampooing démêlant. Rectification, tu devrais essayer un shampooing tout court, à vrai dire. » Gna, gna gna. Et lui, se croyait-il drôle, hm ? Il avait pas intérêt à ce que se soit le cas, car c'était tout sauf drôle. Ni vrai. Ce n'était pas parce que tu avais une masse importante de cheveux, et qu'ils étaient bouclés qu'ils étaient forcément sale. C'était juger sans connaître, même si c'était loin d'être dramatique. Ton regard est posé sur l'anglais, un sourcil arqué, et tu hausses alors nonchalamment tes épaules. « Sham.. Shampoing ? Mais qu'est-ce que c'est que ça ? » Tu savais que ça l'agaçait quand tu faisais exprès de passer pour l'idiot de service. Et bien, il était servi.