Prime finit je soupirais, passant devant les candidats d’un pas rapide, sortant de la maison ayant besoin d’air frais et de solitude. Je ne comprenais pas ce moment de blasitude qui me submergeais soudain, ne savais même pas ce qu’il l’avait provoqué. Je soufflais, marre, puis attrapais une clope de mon paquet, l’allumais en attrapant le briquet de ma poche avant de la coincer entre mes lèvres et tirer dessus. Je m’aventurais dans le jardin, l’air frais fouettant mon visage de poupée, m’éclaircissant les esprits, puis j’arrivais devant la cascade, magnifique, orgasme visuel, je n’y été jamais été pourtant ce n’est pas faute d’avoir entendu certains en parler.. Puis je finis par m’asseoir dans l’herbe, fumant ma cigarette nonchalamment, me laissant bercer par son bruit apaisant, fermant progressivement les yeux avant de finir par m’allonger dans l’herbe humide.

J’étais allongée, les yeux fermés, et malgré le froid j’étais plutôt bien. L’impression d’être –plus ou moins- seule avec ma seule musique pour compagnie était dès plus agréable. J’aimais m’isoler de temps à autres. Surtout lorsque la maison grouillait de candidats un peu partout mais surtout tout le temps. Passons. Le calme, le bruit apaisant de l’eau ruisselant sur les rochers, me relaxant, sentant les espèces de tensions que j’éprouvais se dissiper progressivement. J’entendais ensuite des pas, n’en tenais guère donc, jusqu’à ce que la voix s’élève et commence à nuire à ma –presque- paix retrouvée. Je n’ouvrais cependant pas les yeux, reconnaissant la voix de la jolie Alisk, avec qui je m’étais furtivement prise la tête dès les premiers jours de l’aventure, grommelant des insultes. « Euh, si ca ne te déranges(rais) pas, va décharger tes ondes négatives ailleurs, tu seras mignonne.. » dis-je toujours allongée, n'ayant pas bougée, les yeux clos. Je ne cherchais pas la guerre, j’en avais pas la force ce soir toute façon, c’était simplement une question de 'courtoisie'. Ouais 'ma liberté s’arrête lorsqu’elle gêne celle des autres', un truc dans le genre, et en l’occurrence j’étais là avant et ca me gênais puis si elle avait envie d’injurier le monde qu’elle aille juste un peu plus loin, histoire que je ne l’entende pas et que je me remette à "bader". Ou alors qu’elle se taise. C’était également une solution.

« Loin de moi l'idée d'exposer ma maîtrise correcte de notre langue mais tu viens de gagner ta place dans la rubrique spéciale illettrés. » lança-t-elle toujours aussi agréable. Délicieuse enfant n’est-ce pas. Cependant, ses railleries me passèrent bien au dessus, comme souvent, pas le temps pour ça et encore moins ce soir. « Génial, m’en voilà ravie Alisk » répondis-je simplement, les yeux toujours fermés, en esquissant un sourire. Je cherchais la paix today, notamment la paix intérieure et une dispute avec elle maintenant allait à l’encontre de mes désirs. Cependant je n’eus aucun mal à déceler sa mauvaise humeur ce soir. Plus que d’habitude même, que lui arrivait-il. Non que j’étais curieuse ou quoi mais bon quitte à y être. « Amuse toi bien. » lança-t-elle ironique et je levais un pousse en l’air en guise d’approbation. T’inquiètes c’est même très bien parti, pensais-je. J’entendis les espèces de bruissements que ses pas créaient au contact de l’herbe mouillé, je soupirais puis ouvrit les yeux mais ne bougeais cependant pas. « Alisk. » appelais-je. « Qu’est-ce qu'il t'arrive » demandais-je ensuite les yeux rivés vers le ciel sombre parsemé de petites étoiles qui l’illuminaient. Quitte à déprimer -même temporairement- autant déprimer à deux. Non, ou au moins se remonter le moral. Bref, dans un élan de sympathie ou je-ne-sais-ce-que-c'était je lui proposais de "parler" ou simplement se regarder dans le blanc des yeux pourquoi pas. Enfin elle le prendrait comme elle le voudrait.

« Par pitié ne me dit pas que cela t'intéresse » soupira-t-elle en s’approchant. Un sourire s’étira sur mon visage. C’est vrai que les problèmes d’autrui ne m’intéressaient guerre. Chacun sa merde disait-on. Puis j’haussais les épaules simplement. « … sais … tu … pas envie de ... Et … pas envie …. saches. Je … tu profites… ton humeur …. m'approcher. Qu'est-ce qu'il en sera demain ? Plus rien. » entendis-je entre deux notes de musiques et ses paroles. Ok je n’avais pas entendu grand chose, je pourrais faire une excellente amie je le savais, attentive et tout quoi. Et elle ôta ensuite les écouteurs de mes oreilles et arquais un sourcil. « C'est moi qui t'écoute. » demanda-t-elle ensuite assise à mes côtés. Je restais néanmoins allongée et vrillais mes prunelles vers les siennes. « Ce n’est pas moi qui lance des injures à tout va contrariée… » fis-je remarquer en esquissant un fin sourire avant de soupirer. « Et que veux-tu savoir au juste ? » demandais-je ensuite en reportant mon regard vers le ciel.

« Ce n'est pas moi qui suis allongée dans l'herbe trempée, à peine couverte alors qu'il fait un froid polaire. Laisse moi deviner, t'écoutes Goodbye my lover de James Blunt ? » A sa réponse j’éclatais de rire, vrillant mon regard vers celle ci amusée. « Nan, j’suis pas si désespérée. » répondis-je tout sourire avant qu’elle ne prenne mon Ipod et que je ne me redresse assise. « Si tu cherches du James Blunt, sait-on jamais que tu sois une fan, laisses moi te dire que tu n’en trouveras pas la dedans » la taquinais-je en pointant l’Ipod du doigt.

« Non, c'est rien.. » fit-elle ensuite puis j’haussais les épaules, l’air de dire « tant pis », je n’étais absolument pas le genre lourd dingue, qui insistait. Je partais du principe que si on avait un réel problème blablabla alors on en parlerait instinctivement, enfin, on attendrait pas que quelqu’un vienne nous tirer les vers du nez. Bref. Je me rallongeais ensuite dans l’herbe mouillée avant de sentir la main de la demoiselle sur mon épaule et j’arquais un sourcil perplexe. Qu’est-ce qui lui prenait soudainement. « Fais pas cette tête, on survit à nos problèmes, hein. » J’éclatais à nouveau de rire, non que je me foutais d’elle loin de là, mais le truc c’est que je n’avais pas de réel problème, enfin une passade de lassitude sans plus puis je lui souris. « Humm.. mouais.. pas souvent faut croire, regarde ta petite mine et tes petites cernes là » fis-je mutine en traçant doucement de mon index les cernes de la demoiselle.