Je ne suis pas certaine de savoir ce que je fais ces derniers temps et ça fait des semaines que ça dure. Je sais que je ne suis pas fière de certaines choses et l'une de ces choses concernent Mado. Notre relation, l'état dans laquelle elle se trouve à cause de toute cette histoire avec Fitz. Encore et toujours. Et à vrai dire, la révélation de son secret m'a fait prendre conscience de certaines choses. J'pense que c'est un peu stupide de rester sur ce genre de bases, de mauvaises bases alors que finalement on était proches toutes les deux et on a été à se dire des choses particulièrement idiotes quand on y repense. C'est ridicule de se battre comme des chiffonniers surtout que ça n'a plus vraiment la moindre importance. Pas avec ce que je sais, ce que j'ai appris et les récents événements. Ça n'a plus vraiment la moindre importance à mes yeux. Il faut que je lui parle mais le problème c'est que je n'ai pas vraiment le courage de l'aborder. Nos dernières discussions n'aidant pas du tout. Sauf que c'est idiot de s'éviter, mais disons que je ne l'ai pas réellement cherché jusque là. Par contre je me dis que si je suis amené à la croiser ce sera le moment idéal. Et ce moment arrive en ce milieu d'après-midi. Elle rentre dans le cellier sans doute pour faire une lessive ou pour manger. J'en sais rien, peu importe de toute façon je m'y rends immédiatement à sa suite. « J'vais pas te tomber dessus tu peux être tranquille, ça va être plutôt l'inverse en fait. Je voulais juste te dire que j'étais désolée de tout ce qui s'est passée entre nous. Je comprends mieux tes réactions, pourquoi c'était aussi compliqué pour toi. Et je voulais te dire que je respecte ta relation avec Fitz. Et je vous souhaite d'être heureux ensemble si c'est ce que vous voulez...» Et j'espère qu'elle me croit sincère parce que je le suis, je ne suis pas du genre à dire quelque chose juste pour être gentille, j'imagine qu'elle le sait au moins. « Voilà, j'imagine que c'est tout ce que j'voulais te dire et maintenant je pense que je ne vais pas t'importuner plus longtemps... » Voilà, c'est mieux, ou pas. J'en sais rien en tout cas. Je ferais ce qu'elle veut, j'suis pas là pour chercher les ennuis, ça me fatigue ça.

Quiconque serait surpris entrain de fouiller dans les étagères du cellier pourrait être considéré comme un petit morfale qui ne s'assume pas. Et bien soit, Mado s’accommoderait d'une si sordide étiquette aujourd'hui, dans la mesure où elle avait effectivement faim et où elle ne se voyait absolument pas attendre l'heure du prochain repas pour se remplir l'estomac. Elle avait faim et elle l'assumait, voilà. De toute façon, c'était de sa faute. Si elle mangeait davantage le midi, elle ne serait pas prise de ce genre de fringales au bout milieu de la journée, hein. Bon. C'est donc dans l'optique de calmer sa faim qu'elle pénétra dans le cellier, sans même se douter qu'elle pourrait être suivie. Car c'est une petite minute plus tard, lorsqu'elle sentit une présence derrière elle, qu'elle se rendit compte qu'Everleigh était là elle aussi et que ça n'était probablement pas un hasard. Parce que bien sûr, sa camarade aurait pu avoir la même idée qu'elle, pour autant, Mado avait tendance à penser qu'elle était surtout ici pour parler. Et justement, ça ne traina pas. Everleigh prit la parole, prenant Mado un peu au dépourvu. La française en oublia alors sa faim et se concentra sur le discours de sa camarade, qui avait tendance à lui être appréciable. Elle ne savait pas tellement si Everleigh souhaitait lui prouver quelque chose, comme le fait qu'elle doive avoir confiance en elle, mais il est vrai que ses propos rassuraient partiellement la française. Elle se surprit même à sourire, à une ou deux reprise(s). Visiblement, Everleigh ne tenait pas à ce qu'elles restent en des termes assez mitigés, et c'était également une chose à laquelle Mado ne tenait pas. Au fond, elle appréciait Everleigh, et rien de ce qui avait pu se passer récemment n'avait changé ça. C'était bien la preuve que leur amitié était réelle et moins fragile qu'elles avaient pu le penser. « Je suis moi aussi désolée que les choses se soient passées comme ça entre toi et moi. Parce que ça n'est pas ce que j'ai envie de retenir, parce qu'à mes yeux ça n'est pas représentatif de notre relation. » Après tout, elle avait aussi connu de plaisants moments avec sa camarade. Est-ce que le reste, les choses moins agréables, comptaient plus que le coté plus amical de leur relation ? Aux yeux de la française, non. « Et je te crois lorsque tu dis respecter ce que je partage avec Fitz et nous souhaiter d'être heureux. Je te crois et je t'en remercie, parce qu'au final c'est important pour moi de savoir que tu ne le vis pas aussi mal que je le pensais. » Non pas que ça l'aurait empêché de dormir la nuit, mais peut être aurait-elle eu un peu plus de mal à savourer le reste, justement. Parce qu'elle n'avait jamais eu l'intention de faire souffrir Everleigh. « Tu sais, je n'ai pas nécessairement envie qu'on en reste là. Je me dis qu'on pourrait essayer de faire la part des choses, comme il y a quelques temps. Il serait idiot de penser que Fitz est la seule chose qui nous ait jamais rapproché, parce que c'est faux. » Parce que oui les choses se précisaient, mais elle n'avait pas forcément envie d'en perdre l'amitié d'Everleigh pour autant. Elles étaient adultes. Elles pouvaient assurément dépasser tout ça et retrouver leur complicité initiale, non ? « Et je sais que vous resterez relativement proches, lui et toi. C'est une chose à laquelle je me suis déjà faite et qui ne me dérange pas. Ce qui me dérangerait, par contre, c'est que tu partes du principe que tu m'importunes chaque fois que tu pourrais venir à me croiser. » Elle lui adressa un sourire, parce que clairement, elle cherchait à lui faire comprendre qu'il était peut être temps de hisser un drapeau blanc officiel et de laisser leurs différents derrière eux. Le jeu touchait bientôt à sa fin et Mado ne voulait s'encombrer d'aucune pseudo-rancoeur. Si, la concernant, tout ça pouvait progressivement tourner en histoire d'amour, il n'en était pas moins exact que c'en restait aussi et surtout une histoire d'amitiés.