Cela faisait maintenant quelques jours que tu étais rentré à Los Angeles. Et finalement, contrairement à ce que tu craignais, rien n’avait changé. Tes amis ne t’avaient pas oublié, ton sponsor, et les filles en bikinis non plus. La seule chose qui se rajoutait à ton quotidien, c’était les coups de fils des journalistes, et les quelques paparazzis. Rien de très gênant en soit. Bref. Après t’être de nouveau installé – encore temporairement chez un pote – c’était aujourd’hui la première fois que tu avais l’occasion de surfer à nouveau, et de te retrouver sur la plage avec tes amis. Chose qui t’avait, on ne peut pas le nier, vraiment manqué. Après avoir enfilé ta combinaison, et pris ta planche, direction la mer, les vagues. Laissant tes amis sur le sable à discuter, tu t’adonnas à ta passion. Le surf.
Après un long moment, tu sors enfin de l’eau. Planche à la main, tu secoues la tête histoire d’essorer tes cheveux trempé. Tu rejoins aussitôt tes amis non loin d’ici sans faire attention à ce qui pouvait bien se passer autour de toi, tu laisses ta planche de surf sur le sable, et tu enlèves le haut de ta combinaison, te retrouvant donc torse nu, et mouillé. Mais avec le soleil de Los Angeles, être de nouveau sec n’était qu’une histoire de quelques minutes. « Y’a une meuf un peu trop bonne pour toi qui a demandé à te voir… » que Ryan te dit. Tes sourcils se froncent, tu ne comprends pas trop qui pourrait avoir l’envie de te voir, comme ça, maintenant. Tu tournes la tête, en direction de l’endroit où ton ami pointe son doigt. Ton cœur s’arrête durant un court instant. Très très court, l’instant. Isis. Celle à qui tu avais essayé de ne plus penser, après l’épisode de Dublin. Tout simplement parce que t’étais certain qu’elle était trop bien pour toi, et qu’elle ne voulait plus le moins du monde avoir une quelconque relation avec toi. Comme toutes les autres. « C’est une bombe, gars » « Tu nous la présenteras ? » Les commentaires s’enchaînent, tu n’écoutes pas trop, ton regard est fixé sur l’ex candidate. L’essentiel est là : elle est belle. Mais ça, tu l’avais compris depuis longtemps, leurs paroles étaient inutiles. Tu ne prends donc même pas la peine pour répondre. Plus parce que tu étais abasourdi par sa présence que par méchanceté. Tu te diriges donc vers elle, qui ne se trouve finalement pas si loin de toi. Elle est là, resplendissante dans son bikini. T’aurais bien envie de l’embrasser, histoire que tes potes en chien derrière se calment un peu, mais tu n’en avais pas le droit. Isis n’était pas à toi, et elle ne le sera jamais. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » te contentes-tu alors de demander. Aucune once de froideur dans ta voix, cela restait une question comme une autre. Tu avais arboré un ton normal, tout aussi ahuri que tu l’étais réellement. Surtout, tu ne comprenais pas pourquoi elle avait demandé à tes amis de te voir après tout ce qui s’était passé. Après ce qu’elle avait appris. Ne devait-elle pas se contenter de fuir, de la même manière que toi tu avais fuis à Dublin ?

Une soirée arrosée avait suffit à faire tout basculer. Il avait balancé ça sur le ton de la rigolade, comme si de rien n'était et j'avais vraiment pris ça pour quelque chose de tout sauf sérieux, alors j'avais rit à cette blague. Sauf que ça n'en était pas une. C'est ce que j'avais compris lorsque je l'avais vu quitter l'endroit sans se retourner. Ça m'avait fait décuver quasi-directement. J'avais tenté de le suivre, sans réussir à le trouver. Alors j'étais retournée à la chambre d'hôtel que nous étions censés partager et j'avais passé une nuit assez agitée. Le lendemain, Bob revenait et me racontait l'histoire avec beaucoup plus de sérieux, mais partait avant que j'ai eu le temps quoi que ce soit. Autant dire que tout ceci m'a beaucoup attristé. J'ai quitté l'hôtel le soir même, payé le séjour par la même occasion et pris un avion vers Los Angeles. Dans mon appartement fraîchement aménagé, j'ai eu le loisir de pouvoir voir Fake Lover et par conséquent Bob raconter ce qu'il s'était passé à Mado, et donc au monde entier. Ce qui ne me dérangeait pas tant que ça au fond, d'autant plus que j'avais le point de vue de Bob sur tout ce qui s'était passé. Alors je languissais la finale, pour enfin pouvoir le retrouver et enfin avoir une conversation posée sur tout ça, avec le recul nécessaire. Bref, dans les meilleures conditions possibles.
Alors quelques jours après la finale, j'ai décidé de me mettre à la recherche de Bob en commençant par sa plage favorite. Je me souvenais du nom et je n'ai eu qu'à consulter Google afin de trouver comment m'y rendre et le faire. Je m'étais installée sur la plage, vêtue de mon plus beau bikini et avait simplement attendu de l’apercevoir. Le premier jour passé sur la plage ne fut pas un franc succès mais les vagues ne semblaient pas être très propice au surf. Et aujourd'hui, j'y suis retournée en espérant avoir plus de chance. J'avais parcouru quelques centaines de mètres avant de m'installer à quelques mètres d'un groupe de jeunes hommes armés de leurs multiples planches de surf. Certes, pas de Bob, mais c'était déjà un groupe de surfeur alors j'avais peut-être mes chances. Je m'installe donc, puis me lève doucement et avancer vers le groupe. « Bonjour ! » dis-je, alors que tous lèvent le regard vers moi. J'esquisse un sourire, puis continue : « Je... est-ce que vous êtes habitués à cette plage ? Parce que je suis à la recherche d'un grand frisé du nom de Bob et... bah il adore cette plage, en fait. » Et la réponse fut sans appel, un brun aux yeux vert et aux dents plus blanches que blanches prend la parole : « Il est dans l'eau là, on lui dira quand il reviendra s'tu veux. » Et c'est ce qu'on appelle avoir un coup de bol, combien de personnes sur terre peuvent se venter d'avoir trouver les potes de la personne cherchée de façon hasardeuse sur une plage (immense), et ce du premier coup ? Je pense qu'il en existe peu.. Alors je retourne m'installer sur ma serviette après les avoir remerciés, un livre à la main et commence à lire sous le soleil Californien, lunettes de soleil sur le nez. Et finalement... « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Je lève la tête d'un coup vers un Bob trempé et dans une combinaison de surf a moitié retirée qui dévoile son torse, ce qui est pour le moins agréable. Son ton n'est pas froid mais plutôt... étonné. Si ça peut être considéré comme une intonation, du moins. Je lance un léger sourire à Bob, tout en tapotant un morceau de ma serviette. « Tu pourrais peut-être commencer par t’asseoir... » dis-je. Je ne veux pas l'inquiéter le moins du monde, mais je préfère qu'il soit bien installé parce que je ne sais pas s'il osera vraiment s'asseoir près de moi si je ne le lui demande pas. « En fait, je suis principalement venue pour éclaircir quelques points... » Je ferme mon livre après avoir pris soin de placer un marque page à l'endroit où je me suis arrêtée et le pose près de moi. « Déjà, il faut que tu saches que j'ai vu Fake Lover et que je connais donc un peu ton point de vue sur tout ça. Et faut que tu saches que le fait que t'aies pas de pénis, ça m'a pas du tout fait fuir et que ça me dérange pas. » Et je suis sincère, après tout ça a l'air d'être un problème pour lui, mais ça n'en est pas un pour moi. Je souris, pose ma main sur la sienne avec une légère hésitation. « Et j'dois t'avouer que quand t'as parlé à Mado, t'as dit des trucs qui m'ont quand même touchée et... » Mes lèvres s'approchent doucement de la joue de Bob, finissent par se poser sur celle-ci, et je continue enfin. « C'est aussi pour ça que je t'apprécie vraiment. Parce que tu me vois pas comme un vulgaire vagin sur pattes. » Ça, c'est dit.

La voir ici, sur la plage que tu fréquentais, te faisait tout drôle. Autant dire qu’après ce qui s’était passé à Dublin, tu ne t’attendais pas du tout à revoir Isis. Mais non, elle était là. Et… elle t’avait cherché, apparemment. Pour quelle raison, ça, tu n’en avais aucune idée. Que voulait-elle te dire ? Peut-être qu’elle voulait que vous restiez amis. Tu ne voulais pas de ça, toi. Parce que.. ça serait trop dur. Beaucoup trop dur de rester seulement amie avec quelqu’un comme Isis. Alors autant couper tout contact. Oui, c’était mieux comme ça. Du moins, t’essayais de t’en convaincre du mieux possible. « Tu pourrais peut-être commencer par t’asseoir... » T’hésites quelques secondes, te demandant si c’était réellement une bonne idée. Mais finalement, tu poses tes jolies fesses sur la serviette, aux côtés d’Isis. Et tu attends tout simplement qu’elle parle, parce que pour le moment, tu n’as rien du tout à dire. Que pouvais-tu bien dire, de toute manière ? « En fait, je suis principalement venue pour éclaircir quelques points... Déjà, il faut que tu saches que j'ai vu Fake Lover et que je connais donc un peu ton point de vue sur tout ça. Et faut que tu saches que le fait que t'aies pas de pénis, ça m'a pas du tout fait fuir et que ça me dérange pas. » Tu ne peux pas t’empêcher de faire un sourire désolé. Pour ces images qu’elle avait pu voir, ces paroles qu’elle avait pu entendre. Tu secoues doucement la tête à ses paroles, et ébouriffe toi-même tes cheveux avant d’ouvrir la bouche. « Je sais que ça ne te dérange pas, Isis… Elles disent toutes ça. Mais au bout de quelques temps, tu vas comprendre qu’en fait, tu t’es tout simplement voilée la face, et qu’en fait, c’est important ces.. choses. Alors autant nous éviter tout ça. » Au moins, ça avait le profit d’être clair. Tu avais tout simplement dit ce que tu pensais. Et t’étais certain que c’était la vérité, que ceci se passerait vraiment. C’était toujours comme ça que ça se passait de toute manière. Et cette fois-ci, tu ne voulais pas souffrir. Tu ne voulais pas être abandonné. Alors autant être honnête, et abandonné dès le début. De cette manière, tu aurais moins de temps pour t’attacher à elle, et par conséquent, ta souffrance serait moins grande. Bien que tu sois malheureusement déjà un peu trop attaché à la colombienne. Isis pose sa main sur la tienne, et tu es bien tenté de l’enlever, mais tu n’en fais rien. Tu te contentes de baisser tes yeux sur vos deux mains, puis relèves la tête pour poser ton regard sur Isis. « Et j'dois t'avouer que quand t'as parlé à Mado, t'as dit des trucs qui m'ont quand même touchée et… C'est aussi pour ça que je t'apprécie vraiment. Parce que tu me vois pas comme un vulgaire vagin sur pattes. » Entre sa première et deuxième phrase, elle a déposé un baiser sur ta joue. Chose à laquelle, encore une fois, tu ne t’attendais pas. Cette femme était décidemment trop gentille et parfaite pour toi. Sans réellement savoir pourquoi, tu entremêles tes doigts aux siens, et serres sa main dans la sienne, sans la lâcher du regard. Tu ne pouvais décidément pas quitter ses yeux, qui étaient beaucoup trop hypnotisant à cet instant précis. « … Te toucher ? » Tu ne voyais pas ce que tu avais pu dire à Mado de touchant. Tu t’étais contenté de dire la vérité, t’avais été sincère. Alors non, tu ne voyais pas du tout pourquoi elle venait de dire ça. Quant au reste, tes sourcils se froncent. Tu ne suis pas vraiment. A croire que, pour la première fois, vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde. « Et.. un vagin sur pattes ? Pourquoi je te prendrai pour un vagin sur pattes ? » Tu ne comprenais pas. Avec un pénis ou non, tu ne prendrais jamais Isis pour « un vulgaire vagin sur pattes ». Elle était, comme tous les autres humains, une personne à part entière. Voir mieux. Une personne géniale. Ta main est toujours dans la sienne, ton regard toujours dans le sien. Vous êtes là, assis au soleil, elle en bikini, toi avec la moitié de ta combinaison, en train de sécher. « Je… suis désolé Isis. Je t’apprécie sûrement beaucoup trop, t’es vraiment exceptionnelle mais… » Tu prends une grande inspiration, tu ne sais pas pourquoi tu commences à dire ce genre de trucs. « mais j’sais que ça n’aboutira à rien. »

Qu'est-ce que je veux, au final ? Je ne sais pas. Juste une relation avec Bob, une relation positive et normale. Il faut dire que j'ai espéré beaucoup de cette relation, jusqu'à balancer à Nadan que Bob n'avait peut-être pas d'argent ou de penthouse au centre de Londres, mais qu'il avait des qualités non négligeables qui me faisaient craquer. Et je sais que malgré tout ce que je peux dire, je ne me satisferait sans doute pas d'une amitié. Pas pour l'aspect charnel que cela engendre presque obligatoirement, mais bien parce que notre relation va déjà au delà et que je ne saurai pas refouler mes futurs sentiments pour Bob encore très longtemps. Mais s'il le fallait, je le ferait au moins un temps. J'aimerai juste garder contact avec lui, avoir une relation bénéfique, passer du temps avec lui comme on avait pu le faire dans Fake Lover... Et si pour ça, je dois renoncer à la douce caresse de ses lèvres contre les miennes, alors je le ferai. Mais j'aimerai autant ne pas avoir à oublier Bob, ne pas avoir à déménager pour le laisser tranquille... Bob est un être qui m'est cher, quelqu'un d'extraordinaire et je regretterai amèrement de devoir mettre un trait dessus. Et ses paroles ne me disent rien qui vaille. « Je sais que ça ne te dérange pas, Isis… Elles disent toutes ça. Mais au bout de quelques temps, tu vas comprendre qu’en fait, tu t’es tout simplement voilée la face, et qu’en fait, c’est important ces.. choses. Alors autant nous éviter tout ça. » Je ne peux m'empêcher de hocher doucement la tête, parce que je sais déjà tout ça, il l'a dit devant des millions de personnes. Je continue donc mon petit discours, parce que je ne veux pas m'arrêter sur ces mots. Il ne montre aucune résistance face à mon léger baiser sur sa joue, tout comme à ma main posée sur la sienne et celui-ci entremêle même ses doigts aux miens. C'est après cela qu'il reprend la parole : « …Te toucher ? Et.. un vagin sur pattes ? Pourquoi je te prendrai pour un vagin sur pattes ? » Maintenant, je crois que je peux répondre à tout ça. Je connais son secret, il connaît le mien grâce au prime final... Il a le droit de connaître les vérités, de toutes façons. On est plus scrutés par des millions de personnes, on est juste tous les deux sur une plage, avec certes, quelques paparazzis planqués dans des petits coins mais... c'est tellement rien comparé à Fake Lover. Il ne me laisse pas vraiment le temps avant de répondre et continue sur sa lancée. « Je… suis désolé Isis. Je t’apprécie sûrement beaucoup trop, t’es vraiment exceptionnelle mais… mais j’sais que ça n’aboutira à rien. » Je lui lance un sourire désolé, ne sait d'abord pas quoi répondre avant de finalement, réfléchir quelques instants et prendre la parole. « Écoute, sincèrement. Si j'étais pas persuadée que tu n'es pas comme les autres... j'insisterai pas comme ça et si j'étais pas si attachée à toi non plus. Mais c'est pas le cas, je sais que tu seras jamais un connard avec moi, je sais que tu m'apprécie aussi... Et même si je sais que t'as vraiment souffert, je peux te promettre que jamais, mais alors jamais, je ne partirai à cause de ça. Parce que ça a vraiment pas d'importance pour moi. Tu sais pourquoi ? » Je marque une pause, prend une grande inspiration. Parce que non, parler de tout ça n'est pas forcément facile pour moi. Voire même pas du tout... Alors j'essaye de faire en sorte que ça sorte d'une manière à peu près élégante. Sauf que je crois que je ne vais pas y parvenir, encore moins après avoir balancé de but en blanc que j'étais souvent un 'vagin sur pattes' pour la plupart des hommes que j'avais rencontré dans ma vie. Chose qui est vraie et que je vais à présent lui montrer. « Quand j'étais gamine, je vivais en Colombie et là-bas, c'est pas toujours la joie quand t'es pauvre. J'me suis faite embarquée dans des trucs très louches et que je ne comprenais pas du tout, et j'ai fini par faire le tapin. J'avais presque 7 ans quand ça a commencé, et j'ai arrêté à presque 10 ans... » Voilà, le plus gros est dit. C'est quelque chose que je ne voulais pas présenter à Fake Lover, parce que le sujet est un peu délicat et que je ne suis pas vraiment prête à révéler cette facette de moi-même à un grand nombre de personnes. A l'heure d'aujourd'hui, seuls mes parents adoptifs, Nadan et maintenant, Bob, sont au courant. J'expire assez bruyamment, avale ma salive difficilement en repensant à tout ça. Ça reste des souvenirs assez terribles, surtout avec le recul que j'ai maintenant. Quand j'étais plus jeune, je comprenais que ça n'était moralement pas bien, mais je ne pouvais pas vraiment imaginer que d'un point de vue extérieur et adulte, cela pouvait être si terrible. J'étais simplement trop jeune pour comprendre, et de ce fait, beaucoup plus facile à amadouer et à faire obéir. Mes yeux se remplissent de larmes, je souffle doucement par la bouche avant de reprendre, tout en sachant que je vais avoir une voix des plus tremblantes. « Alors oui, j'ai connu des gens qui ont pas été cool. Et je peux donc aisément comprendre que y'ai des nanas qui t'aient quitté parce que t'avais pas ce qu'il fallait pour les satisfaire. Seulement... après cette 'enfance', après mes années universitaires où les mecs ne pensent réellement qu'à serrer et après mon année passée avec Nadan. Ca va peut-être pas te rassurer, mais j'aimerai vraiment m'abstenir un long moment. Alors je pense sincèrement que tu devrais peut-être me laisser ma chance de te prouver que... j'suis aussi différente que tu ne le pensais avant l'épisode de Dublin... » Peut-être que ça n'est pas convainquant, mais j'aurai au moins vidé mon sac. S'il me repousse de nouveau, je pourrai le comprendre et je ne lui en voudrai pas. Mais à vrai dire, je croise les doigts, parce que Bob est important pour moi.

Tout aurait été plus simple si tu avais été asexué, ou juste un homme solitaire qui ne nécessitait la présence de personne. Dans ce cas-là, jamais tu aurais éprouvé le besoin d’avoir une personne comme Isis à tes côtés. Jamais tu n’aurais eu cette sorte de coup de cœur sur elle et sa perfection qui crevait les yeux. Jamais tu n’aurais cette envie de capturer ses lèvres dès qu’elle se trouvait à quelques centimètres de toi. Bref, tout aurait été plus simple si tu étais différent de ce que tu étais aujourd’hui, mais ce n’était pas le cas. Et Isis était là, assise à côté de toi sur le sable. Tu ne comprenais clairement pas pourquoi elle avait pris la peine de se déplacer, et surtout de te chercher. Toi qui étais certain qu’elle ne voudrait plus rien avoir à faire avec toi après ton annonce. Mais elle te parle. Elle te parle, et tu aurais sûrement préféré qu’elle ne dise rien, en fait. Tu apprends des choses que tu n’aurais pas vraiment voulu savoir. Ou du moins des choses que tu n’étais pas prêt à entendre, là, comme ça. Tu ne t’y attendais clairement pas. Tu étais sur le cul. Heureusement que t’étais déjà assis, hm. Tu te sens mal, et t’as bien envie de disparaître de cet endroit. Devenir transparent ou quelque chose comme ça. T’es gêné. Pas du fait qu’elle t’ait dit qu’elle était une mini prostitué, mais plutôt à cause de ton comportement. Du fait que t’aies osé faire quelque chose de la sorte. T’apitoyer sur ton sort alors qu’elle avait vécu quelque chose de beaucoup plus difficile. T’as mal au cœur. T’as bien envie de te lever et de partir d’ici, mais tu n’es pas un lâche. Il faut bien que t’affrontes tout ça, ainsi que tu admettes tes propres erreurs. Tes doigts sont toujours entremêlés avec ceux d’Isis. Tu lèves les yeux pour la regarder enfin. Tu sais bien qu’on peut lire dans ton regard ce que tu ressens. Tu n’as jamais été doué pour cacher quoi que ce soit. T’es triste, t’es mal, t’as honte, tu doutes. Bref, rien de très agréable tout ça, malgré que t’es la plus belle femme du monde à tes côtés. « Je… » Tu quoi ? Tu ne savais même pas quoi dire. Tes joues rosissent. « Je suis désolé Isis… » reprends-tu. « Je suis désolé. Je ne voulais pas… t’obliger à me dire quoi que ce soit. T’avais pas à me confier ça pour me convaincre, je suis vraiment quelqu’un d’horrible… je comprendrais que tu m’en veuilles. Je m’en veux. J’ai.. fait de mon problème le plus gros problème de la terre alors qu’il ne l’est clairement pas… Je suis désolé. » et hop, la millième excuse de la phrase. Tu te sens assez ridicule en ce moment même, à vrai dire. Tu te rends compte qu’elle avait peut-être raison, au final. De son point de vu, tu pouvais comprendre que le sexe n’était pas vraiment le plus important. Mais.. tu avais tellement souffert à cause de ce que tu n’avais pas à offrir, justement. Tu passes une main dans tes cheveux, et lâches sa main qui était dans la tienne. Tu te lèves finalement pour te retrouver en face d’Isis. Tu ne sais plus vraiment quoi penser, ni quoi dire. Tout simplement parce que tu ne sais pas ce qu’elle, elle pense. « Est-ce que tu te rends compte que.. là, ça, c’est tout ce que j’ai.. ? » d’un regard, tu indiques la plage, la mer, ton groupe d’amis qui vous scrute, la planche de surf… « Je n’ai ni argent, ni maison, ni diplôme, ni parents, peu de maturité, et… et je vais sûrement pas tarder à tomber amoureux de toi. » Au moins, c’était dit. Tu pouvais mourir, maintenant.

Je regretterai presque d'avoir vidé mon sac. Pas que j'ai peur qu'il en parle à la presse ou ce genre de choses parce que je sais que Bob ne dira jamais rien à personne sur la vie que j'ai mené étant plus jeune... mais bien parce que c'est sans doute une annonce difficile à encaisser et qui n'est pas sans conséquence au niveau de ce que Bob pourrait penser de moi. Je lui en ai peut-être parlé trop tôt, parce que même s'il est vrai que j'adore Bob et que je lui voue une confiance sans limite, il est aussi vrai que nous nous connaissons depuis moins de trois mois et que ce ne sont pas des choses qui se disent habituellement dans un délai aussi court. Alors oui, je regretterai presque. Mais j'en avais besoin, alors ça dépasse tout le reste. Bob est quelqu'un avec qui je suis liée depuis maintenant quelques mois et il vaut la peine que j'essaye de le convaincre de me laisser une chance. Et si l'argument comporte mon passé, alors il en est ainsi et c'est tout. Et je vois bien à son visage que ce que je viens de lui raconter ne le laisse pas froid. De toutes façons, il n'est pas possible que cela laisse froid quelqu'un, impossible. En revanche, cela peut gêner les gens, les dégoûter ou les choquer... Et devant la réaction et le silence de Bob, je ne sais pas vraiment ce qu'il en est pour sa part. Peut-être un mélange des trois et à vrai dire j'ai peur que ce soit un mélange des trois. Non pas parce que ce serait anormal, au contraire, mais parce que j'ai peur de le dégoûter... Ça n'est pas le genre de Bob, de porter des jugements et d'être dégoûté par ce genre de choses mais ce serait pour le moins normal et je ne lui en tiendrai pas du tout rigueur. Son regard se pose dans le mien et je peux lire la tristesse, la honte et les doutes qu'éprouvent Bob. « Je… Je suis désolé Isis… Je suis désolé. Je ne voulais pas… t’obliger à me dire quoi que ce soit. T’avais pas à me confier ça pour me convaincre, je suis vraiment quelqu’un d’horrible… je comprendrais que tu m’en veuilles. Je m’en veux. J’ai.. fait de mon problème le plus gros problème de la terre alors qu’il ne l’est clairement pas… Je suis désolé. » Je fronce doucement les sourcils, parce que je ne comprends pas pourquoi je devrai lui en vouloir, pourquoi il se trouve horrible. Je lui réponds directement, avec la douceur dont je fais preuve d'habitude. « T'en vouloir ? Faut pas t'en vouloir et je t'en veux pas... J'dirai que c'est normal que tu te sentes mal par rapport à ton 'problème', et si t'en as pas d'autre, c'est normal que ce soit 'le plus gros' à tes yeux. C'est normal... Je sais pas comment exprimer ça clairement, mais si j't'ai dit ça c'est pas pour te faire culpabiliser en te faisant voir d'autres problèmes... c'est juste parce que... j'avais besoin de te confier ça, parce que j'peux rien commencer avant de t'en avoir fait part et... j'espère juste que t'es pas dégoûté ou... quoi que ce soit. » Et finalement, il lâche ma main et se lève. Je le laisse faire, mon regard suit le mouvement, mais je reste le cul sur ma serviette. Et maintenant, j'attends le verdict, j'attends ce qu'il va bien pouvoir me dire, et cela ne met pas bien longtemps à arriver. « Est-ce que tu te rends compte que.. là, ça, c’est tout ce que j’ai.. ? » Je sais de quoi il parle et il regarde en direction de tout ce qu'il semble posséder. Des choses immatérielles, mais qui me plaisent déjà beaucoup. « Je n’ai ni argent, ni maison, ni diplôme, ni parents, peu de maturité, et… et je vais sûrement pas tarder à tomber amoureux de toi. » Si j'étais devant la télé, j'aurai été du genre à dire 'ooooh, c'est trop mignon !' mais je me retiens. J'ouvre doucement la bouche, pour tenter de dire quelque chose, sauf que rien ne sort. Alors je me lève, consciente que les gestes sont souvent bien plus expressifs que les paroles, et pose ma main sur la joue de Bob avant de finalement poser mes lèvres sur les siennes. « T'as déjà énormément de choses, tu t'en rends juste pas compte. J'm'en fiche que t'aies pas de parents, peu de maturité, pas de maison et pas d'argent... Moi c'que je vois c'est un homme qui me plaît beaucoup et avec qui j'passe de super moments... que mes parents vont adorer lorsque j'vais leur présenter, que j'hésiterai jamais à héberger et avec qui je pourrai manquer de maturité et faire des tas de conneries. » Et je pose de nouveau mes lèvres sur les siennes, comme si je signais une sorte de contrat tacite entre nous. J'entends ses potes siffler, alors ni une ni deux, je me retourne et leur adresse un charmant sourire.

Il n’y avait pas à dire, tu te sentais con. Cette annonce, cet aveu te faisait passer pour le pire des idiots. Vraiment. Tu avais osé faire de ton problème la chose la plus importante et la plus horrible du monde. Alors qu’elle venait de te prouver qu’il y avait pire. Alors oui, tu te sens bête. Tu as honte, même. Honte de toi et de tout ce que tu as pu dire. D’un autre côté, tu ne peux pas t’empêcher d’être toujours sur la défensive à cause de ton pénis en moins. Tout simplement parce que ça a été la cause de plusieurs déceptions amoureuses. Beaucoup trop de déceptions amoureuses. C’était donc plus fort que toi. «T'en vouloir ? Faut pas t'en vouloir et je t'en veux pas... J'dirai que c'est normal que tu te sentes mal par rapport à ton 'problème', et si t'en as pas d'autre, c'est normal que ce soit 'le plus gros' à tes yeux. C'est normal... Je sais pas comment exprimer ça clairement, mais si j't'ai dit ça c'est pas pour te faire culpabiliser en te faisant voir d'autres problèmes... c'est juste parce que... j'avais besoin de te confier ça, parce que j'peux rien commencer avant de t'en avoir fait part et... j'espère juste que t'es pas dégoûté ou... quoi que ce soit. » Si Dieu avait décidé de créer un seul exemplaire de la personne parfaite, elle se trouvait belle et bien devant toi, sous tes yeux. Isis. Oui, vraiment, tu n’aurais jamais pu trouver plus parfaite qu’elle. Et elle te le prouvait au fur et à mesure qu’elle parlait. Et puis c’était fou ce pouvoir qu’elle avait sur toi. Inimaginable. A ses paroles, tu secoues doucement la tête de droite à gauche, plongeant ton regard dans le sien. « Je… non, comment tu peux penser ça ? Tu ne m’as pas dégoûté.. et je suis content que tu me l’aies dit. » Elle était honnête, et tu ne pouvais que l’apprécier toujours plus après cet aveu. Tu étais ce genre de personne qui n’aimait pas les cachoteries, les non-dits, et tout ce que pouvait s’en suivre. Alors il était sûr que tu ne voulais pas qu’Isis te dise qu’elle voulait être avec toi, qu’elle supporterait ton « handicap », pour finalement te laisser tomber au bout de quelques temps parce que tu ne pourrais pas la satisfaire au lit. Hm. Tu finis par te lever pour te poster devant elle histoire de lui faire comprendre quelques petites choses. De lui faire comprendre dans quoi elle était en train de s’engager, et quelle erreur elle allait sûrement commettre en restant avec toi. Parce que comme ton père te le disait si souvent, tu n’étais qu’un bon à rien. Tu n’avais rien. Alors qu’elle était sûrement habituée à avoir tout avec Nadan. Cela ne faisait aucun doute. Et après ce que tu lui as dit là, tu t’attends à ce qu’elle se lève et qu’elle parte. Pour une vie meilleure que ce que tu pouvais lui offrir. Elle se lève bien, pourtant, elle ne tourne pas les talons. Isis s’approche de toi et t’embrasse. C’est fou comme le goût de ses lèvres est exquis, et à quel point tu aimes l’embrasser. Pourtant, tu n’as pas vraiment le temps de réagir, parce que tu ne t’attendais clairement pas à ça. Pas à cette réaction face à tes paroles. Elle t’avait embrassé. Et autant dire que tu étais aux anges. « T'as déjà énormément de choses, tu t'en rends juste pas compte. J'm'en fiche que t'aies pas de parents, peu de maturité, pas de maison et pas d'argent... Moi c'que je vois c'est un homme qui me plaît beaucoup et avec qui j'passe de super moments... que mes parents vont adorer lorsque j'vais leur présenter, que j'hésiterai jamais à héberger et avec qui je pourrai manquer de maturité et faire des tas de conneries. » Mon dieu. Ton cœur bat à la chamade, et t’as sûrement un de ces sourires affreusement débiles aux lèvres. Tu ne rêvais pas, elle venait bien de dire ça. Elle venait bien de dire qu’elle t’appréciais tel que tu étais, et elle était honnête. Elle… t’as l’impression que ton cœur va exploser tellement t’es heureux. Et cette fois-ci, tu peux pleinement participer à ce baiser, ta main vient se déposer  dans son cou et tu viens l’embrasser avec douceur et tendresse. Lorsque tu étais avec elle, c’était comme si tous tes doutes s’évaporaient. Tu entends tout tes potes siffler et tu romps donc le baiser. Ils sont tous en train de vous regarder, bien évidemment. Alors qu’Isis est retournée, tu la pointes du doigt pour ensuite te désigner toi-même et mimer du bout des lèvres « Elle est à moi les gars ! » avec un grand sourire de débile. Mais de débile vainqueur. Ce n’était pas rien. Et sur cette phrase qu’ils ont lue sur tes lèvres, ils se mettent à t’applaudir. Et toi, tout ce que tu fais, c’est de poser tes mains sur les hanches d’Isis pour la serrer doucement contre toi, ton nez se retrouvant plus ou moins enfoui dans ses cheveux d’ébène. « Je crois qu’ils t’aiment plutôt bien. » tu murmures. Certes, ils ne la connaissaient pas. Mais ils savaient que tu n’étais pas comme ça avec n’importe qui. Et elle n’était pas n’importe qui.