brune
Premier réveil au sein de ce nid. Second journée. Il n’y avait rien de palpitant dans cela. Il n’y avait pas autant d’euphorie qu’il aurait pu se l’imaginer. Une chose était certaine, il ne s’était pas perdu jusqu’à présent. Il faut dire qu’il s’était concentré sur les pièces principales. C’est-à-dire : sa chambre et son lit, pour pouvoir y dormir, la cuisine pour pouvoir cuisiner et surtout manger, et… la salle de bain, pour pouvoir se laver. Oui parce que Valeri était un garçon propre. Il était beau et il sentait bon. Ce dernier détail était très important. Un garçon qui sent bon, ça plait toujours aux filles, n’est-ce pas ? Evidemment. Valeri ouvrit avec un peu de mal les paupières, ébloui par la lumière artificielle. Pendant une fraction de seconde, il crut mourir aveuglé par cette dernière. Il lança un bref regard à ses côtés. Histoire de voir si sa partenaire était bel et bien encore à ses côtés, ou si elle en avait profité de se tirer pendant son sommeil. Constatant alors son absence, il fut contraint à opter pour la seconde option. Elle s’était tirée pendant qu’il dormait. Il ne savait pas s’il devait bien le prendre ou non. Enfin si elle s’était levée pour aller lui préparer son petit déjeuner, là… il ne lui ferait aucun reproche. Bien au contraire. Il en serait même très flatté. Peut-être qu’il… qu’il rêvait un peu trop, et que Jaileen se trouvait juste être réveillée bien avant lui. Tant pis. Valeri se résigna à sortir de son lit. Et il constata que sa chambre était tout aussi vide que son lit. Le ventre creux, il se dirigea alors en direction de la cuisine. A l’odeur qui émana de la pièce, ses pupilles ne mirent guère de temps à s’éveiller. Lorsqu’il entra dans la pièce, il constata la présence d’une candidate. Une candidate, une fille si vous préférez. N’allait pas lui demander comment elle s’appelait, il avait déjà bien du mal à s’imprégner de celui de sa charmante partenaire. « Salut Choubaka ! » souffla-t-il un brin rieur en s’approchant de la table où elle avait décidé élue domicile le temps de son repas. Choubaka. C’était un mignon surnom, non ? Elle n’allait pas se montrer difficile de toute façon. A défaut de savoir son prénom, il avait décidé de lui attribuer un sobriquet. Alors qu’elle était sur le point d’entamer sa tartine beurrée, Valeri vint lui chiper. Avant même qu’elle n’est pu en croquer une bouchée. Il ne se gêna pas pour en manger une bouchée, avant de la rendre à sa propriétaire initiale. Il avait pourtant promis à la production de bien se tenir. Il l’avait promis… mais de toute façon, personne ne lui dira rien. Ou peut-être que cela ne plaira pas à cette fille. Tant pis. Valeri se retourna finalement vers le grand plan de travail. Wow. Ca c’était de la cuisine. Rien à avoir avec la miteuse cuisine dans lequel il travaillait lorsqu’il était encore en Biélorussie. « Hum, tu veux du café ? » lui demanda-t-il alors poliment. Il s’en servait une tasse, alors il pouvait très bien pu lui en servir une. Histoire de lui faire oublier le fâcheux épisode de la tartine beurrée.

Première matinée au sein de l'aventure. Je crois que ma nuit s'était plutôt bien passée. Oui, du moins Casey n'avait pas trop bougé, et je crois même que je l'appréciais déjà. En plus il ne ronflait pas alors c'était juste parfait, contrairement à certaines autres personnes dans la chambre, bien évidemment. Mais c'est toujours mieux de pouvoir se vanter du fait que son partenaire soit un paisible dormeur plutôt qu'un ours en chaleur, hm. Oui, oui, on essaie de se démarquer comme on peut. Toujours est-il que placée devant la glasse de la salle de bain, j'avais noué mes cheveux en deux petites couettes, signifiant que j'envisageais une bonne journée. Elles me donnaient un côté enfantin non négligeable. Mes yeux n'étaient d'ailleurs pour une fois pas trop fatigués, ou alors peut-être était-ce l'excitation qui semblait simplement masquer le tout. Très certainement. J'avais perdu le goût de ce genre de nouveautés, oui, puisque cela faisait maintenant un an que je n'avais pas vraiment bougé de Nashville. Mais il était toujours agréable de se changer d'air, d'aller voir comment les autres vivent quoi. M'étirant en un miaulement inaudible, je décidais alors de me diriger vers la cuisine, attrapant tout le matériel nécessaire pour un bon petit déjeuner. Biscottes, beurre, lait et même miel, ce matin je voyais grand, et si vous pensiez que j'étais du genre à surveiller mon poids, et bien vous aviez tord. Non, à vrai dire j'avais par chance un système digestif clément. Oui, je sais, vous êtes heureux de le savoir. Mais bon, il fallait bien que je trouve quelques points sur lesquels me vanter. D'autant plus lorsque je voyais toutes les autres baguettes vivant avec moi. Pas une moche. J'allais être complexée pour sûr. Approchant ma première tartine à mes lèvres, un candidat ne tarda pas à me la chipper en me saluant comme « Salut Choubaka ! » comme Choubaka. Moi qui avait fait mes couettes spécialement pour ne pas ressembler à un singe, hm. « Salut, Belle au bois dormant. » Je l'avais remarqué faire sa feignasse dans le lit en me levant, alors autant appuyer là où ça fait mal. Tenté que ce soit douleur. J'étais presque sûre que ça ne l'était pas vraiment. Je lui lançais un de ces regards noirs absolument pas intimidant dont seule moi avait la recette. Vous savez, ce genre de regards dont vous pourriez croire qu'ils sont méchants mais qui s'apparente en fait plus à des yeux de chatons qu'autre chose. Hm. « Hum, tu veux du café ? » « Non merci. » que je murmure sur un ton royaliste, du genre "Moi j'ai du lait, remballe le ton café" mais en plus gracieux quoi. Genre je suis trop bien pour toi. Peut-être un peu trop surjoué le ton, je vous l'accorde. « Et tu m'dois une biscotte ! Fais gaffe hein, si tu ne m'en fais pas une, je vais prendre ça comme un signe de guerre, et crois moi, tu ne veux pas tester mon right kick. » ouais, on m'a toujours dit que j'étais super forte en karaté. Tenté que ce soit du karaté. Non, en fait j'étais presque sûre que ce n'en était pas, du karaté, mais soit.

Elle peut le contredire, en lui prétextant qu’elle s’appelle Claudette, ou bien Mireille, ou Ruth. Cela ne changera pas. Elle s’appellera Choubaka, un point c’est tout. C’est bien plus simple à retenir qu’un banal prénom. Elle peut lui dire comment elle se prénomme, dans la seconde qui vient, il ne s’en souviendra plus. Sûrement volontairement. Parce que Valeri n’était pas si idiot que cela. « Erreur ! » rétorqua-t-il lorsque cette fille le salua d’un Belle au bois dormant. Il serait plutôt le Prince, voyez-vous. Le Prince Charmant, qui plus est. Il finit par avaler entièrement la bouchée de cette tartine beurrée qu’il lui avait chipée quelques minutes auparavant. Que ce soit un geste politiquement correct ou non, sincèrement, Valeri s’en contrefichait. Elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait. Il aurait pu manger sous son nez, cette pauvre tartine entièrement. Ce n’était qu’une petite bouchée. Une petite bouchée de rien du tout. Il n’y avait pas mort d’homme dans ce geste, que certains jugeront peut-être de déplacés. Ils pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient. Les pensées des autres ? Valeri s’en fichait de cela aussi. A croire que ce garçon se fichait de tout… et de rien. Finalement, il lui proposa du café. Une proposition si gentiment faite. C’était tout simplement pour lui faire oublier ce petit incident. Celui de la tartine dévorée par le garçon. Il s’était même efforcé à lui adresser un sourire. Que des forts, pour… pour rien, finalement. Puisqu’elle refusa. Il se contenta alors de dessiner un bref signe de tête. Sans plus trop faire attention à cette fille, à Choubaka, il se servit une tasse de café encore bien brûlante. Il regarda un instant, le grand plan de travail sur lequel sa tasse trônait dessus. Il n’allait pas se contenter d’un maudit café noirâtre pour son petit-déjeuner. Non. Il lui fallait quelque-chose d’autres de plus. Finalement, il fit volte-face, en observant Choubaka qui était sur le point de manger une autre tartine. Un petit rictus se dessina sur les lèvres de Valeri, tant dit que cette fille reprit une nouvelle fois la parole. Il lui devait une… une biscotte ? Il ne put contenir son rire. Elle évoquait quelques mots farfelus. Comme, par exemple : signe de guerre, tester son… right kick. Il fronça un instant les sourcils, avant d’arborer une nouvelle fois un sourire rieur. « Un signe de guerre… » souffla-t-il. « Tu as encore des progrès à faire pour m’intimider, en tout cas. » rétorqua-t-il. Si elle croyait qu’il ne lui suffisait que de douces paroles pour lui faire peur, elle se trompait. Certains diraient même qu’elle pouvait se mettre le doigt dans l’œil. Se mettre le doigt dans l’œil. Quelle drôle d’expression. Il se l’imaginer sur le point de s’enfoncer son index dans l’œil droit. Pensée totalement puérile. Il secoua de sa tête, revenant rapidement une nouvelle fois à la réalité. Sa tasse en main, il s’installa finalement aux côtés de cette fille répondant au doux nom de Choubaka. Choubaka n’était évidemment pas son prénom. Enfin… il ne savait pas vraiment, à vrai dire. Peut-être que si. Peut-être que non. Il l’observa quelques secondes, avant que son regard s’échoue une nouvelle fois sur ses biscottes beurrées.

Il avait plutôt de la chance le petit, que je sois de bonne humeur. Remarquez, j'étais bien trop souvent de bonne humeur pour pouvoir prétendre dire qu'il a de la chance. Mais j'aimais cette idée. Enfin, vous voyez. Toujours est-il qu'il m'avait piqué ma tartine. Pas de quoi en faire tout un fromage cependant, puisque je n'étais pas du genre à m'énerver pour si peu, et si c'est ce qu'il cherchait, il était bien mal tombé. Oui, j'étais quelqu'un de plutôt calme et positif, pas de chance pour lui. Et puis c'était quoi cet affreux surnom qu'il m'avait donné ? J'avais une si mauvaise mine que ça ? J'en étais presque vexée pour le coup. Peut-être ferais-je simplement mieux de me lever et d'aller grater ma guitare, ça me ferait certainement penser à autre chose. « Un signe de guerre… Tu as encore des progrès à faire pour m’intimider, en tout cas. » tss. Non mais j'étais super impressionnante quand je le voulais, qu'il ne me cherche pas, il pourrait en venir à le regretter, hm. Il ne tarda ainsi pas à s'assoir face à moi, tasse en main tout en observant la nouvelle tartine que j'étais entrain de préparer. Ah non. Hors de question qu'il me la prenne celle ci. Je décidais rapidement de la porter à mes lèvres, comme totalement parano. Il fallait bien que je mette un petit quelque chose dans le ventre, et si il se décidait à tout me manger, je ne risquais clairement pas m'en sortir indemne. C'est vrai ça, qui dit que je ne ferai pas un malaise en pleine journée, m'écroulant comme une bonne à rien devant les yeux de mes camarades. Ce serait de sa faute. De la faute à ce garnement. Je ne connais même pas son prénom. Et très certainement qu'il ne doit pas connaitre le mien vu l'affreux surnom qu'il m'a offert. « T'es ennuyant comme garçon tout de même. » que je lâche en portant ma dernière tartine à mes lèvres. Il n'est ni loquace, ni drôle, et légèrement agaçant. Qu'il compte sur quelqu'un d'autre pour se laisser maltraiter.

Oui, il était ennuyant comme garçon. J'étais presque entrain de me rendormir. En plus il n'était même pas drôle. Je me demandais bien ce qui me retenait d'aller me recoucher tiens, peut-être que je n'aurais plus à faire face à ce mesquin petit sourire qui était entrain de s'esquisser sur ses lèvres. « Beaucoup moins que toi, en tout cas » Bah voyons. Aucune répartie en plus. Il se contentait de me renvoyer mes phrases, tss. Si je n'étais pas entrain d'apprécier ces délicieuses petites biscottes au beurre salé, cela ferait longtemps que j'aurais mis les voiles. « Oh, ta biscotte, tu la veux toujours ? » « Hm, non c'est bon, ce n'est pas que je n'ai pas confiance en toi mais... Oui, non, je n'ai pas confiance en toi. » dis-je en haussant les épaules comme s'il s'agissait finalement d'une évidence. « Tu la préfères avec beaucoup de beurre ? Ou avec de la confiture, peut-être ? » Non mais il n'écoute rien en plus ce garçon. Je le vois donc tartiner lentement une nouvelle biscotte et me dis que finalement, s'il essaie de faire un effort, je n'allais pas non plus le repousser. C'est tout moi ça, je suis trop bonne. J'suis trop conne. Parce qu'en fait il ne tarde pas à se lever, me contourner et émietter lentement la biscotte au dessus de ma tête. Mes lèvres s'écartent, choquée mais pas moins amusée. Oh il a osé. Je venais juste de sortir de la douche en plus ! Tout fier, il part donc au loin, se dirigeant vers le lavabot pour nettoyer ses mains. Il ne va pas s'en tirer comme ça. « Ne me remercie pas pour la biscotte ! T’es beaucoup plus jolie comme ça, en tout cas. » versant une bonne quantité de confiture dans mes mains je profitais du fait qu'il soit dos à moi pour me rapprocher de lui. Mes paumes vinrent alors s'écraser sur ses deux joues, éparpillant la texture rouge sur tout son visage. « Je crois que le terme approprié dans ce genre de situation est... mange toi ça ? Oui voilà. » dis-je toute fière de moi, des miettes pleins les cheveux, tout en me reculant légèrement. On ne réveille pas le Choubaka qui est en moi, hm.

Ainsi, comme pour changer de sujet de conversation, il lui demanda si elle voulait toujours de la biscotte. Après tout, c’était elle qui lui avait dit qu’il lui en devait une. Alors, c’est ce qu’il allait lui faire, ou tout du moins comptais le faire. Cependant, il semblerait que son envie soit passée. En effet, elle décrétait ne pas avoir confiance en lui. Comment ça ? Il fronça légèrement les sourcils, se demandant bien là comme une tierce personne pouvait ne pas avoir confiance en lui. Lui, qui était si adorable. Il se contenta d’un petit hochement de tête et se munit d’une biscotte qu’il tartina de beurre. Beurre ou confiture ? Lui demanda-t-il alors, se retrouvant alors sans réponse face à son cruel dilemme. Elle préférait peut-être le nutella, à vrai dire. Il ne s’en savait rien, et à vrai dire, les goûts de cette fille étaient le cadet de ses soucis. Il prit donc la peine de préparer sa tartine avec soin, beaucoup de soin même. Au fur et à mesure qu’il préparait cette fameuse biscotte, un fin sourire mesquin se dessina sur ses lèvres. Une fois finie, il venait alors de l’émietter juste au-dessus de la tête de Choubaka. Il partit aussitôt en direction du lavabo, articulant quelques mots. Lui disant alors qu’elle n’avait pas à le remercier pour cette biscotte, et qu’elle était plutôt jolie comme ça. Ca lui faisait quelques reflets en relief blonds dans les cheveux, une teinture en 3D. Le rêve de plein de filles, j’en suis certain. Valeri se leva donc les mains, afin d’enlever la fine pellicule grasse qui lui collait à la main. Il entendit alors quelques pas derrière lui, il se retourna légèrement alors qu’il remarqua la présence de Choubaka. A vrai dire, il aurait très bien pu s’en passer… enfin surtout de la confiture qu’elle venait de lui étaler sur la joue. Il n’eut même pas le temps de se débattre. Ça, c’était fourbe quand même. Alors qu’elle articula quelques mots auxquels il ne prêta guère attention (elle parlait de « manger toi ça », ou un truc comme ça), il lui lança un regard à mi-chemin entre le regard noir, et le regard amusé, enfantin. Vous savez, celui du petit garçon vexé et amusé à la fois qu’on vienne le chercher. « On ne t’a jamais dit qu’il ne fallait pas jouer avec la nourriture ! ». Et c’était lui qui disait ça ? C’était un peu l’hôpital qui se foutait de la charité. Mais juste un peu, un tout petit peu. Elle voulait la guerre, elle l’aurait. Valeri se munit de la première nourriture qui lui tombait sous la main. Un pot de ketchup. Il appuya sur l’objet qui laissa s’échapper de la sauce tomate par son embout. Aussitôt il porta l’objet en direction de Choubaka. « Tu as peut-être une préférence pour les petits déjeuners salés, en fait ?! » souffla-t-il alors, qu’il déversa un peu du contenu de la bouteille dans les cheveux de la jeune fille.