Dormir aux côtés de Casey ne m'avait jusque là posé aucun problème. C'était un garçon doux, qui n'était clairement pas assez brusque pour en venir à me faire du mal. Il est certain que j'aurais déjà été moins à l'aise en compagnie d'un autre. On peut dire que j'avais eu plutôt pas mal de chance de ce côté là. Oui, Casey était un partenaire exemplaire, et ce même si j'étais certaine qu'il n'en était pas conscient. C'est donc tout naturellement que j'avais pris place à ses côtés, dans notre lit deux places, vêtue d'une simple nuisette azurée , s'évadant en un voile léger lorsque celle ci arrivait à mes cuisses. C'était ainsi que je dormais, je n'aimais pas être surchargée de vêtement, mais pas non plus dévêtue, et puis de toute façon, j'aurais été bien mal à l'aise de dormir aux côtés d'une personne que je connaissais depuis peu d'une telle manière. Pour tout vous dire, je ne dormais même jamais nue lorsque je me trouvais chez moi, seule, simplement parce que je n'étais pas à l'aise. Ce qui en soi était tout à fait étrange. Peut-être n'étais-je pas habituée. Yeux fermés, je laissais donc Morphée m'envelopper de ses bras, me berçant délicatement, mais m'attirant de plus en plus contre lui. Pas encore réellement consciente qu'il ne s'agissait pas vraiment du Dieu mais bel et bien de mon partenaire qui jouait les bonhommes un peu trop possessifs, je me retournais, les yeux fermés, me logeant dans le creux du cou du jeune homme, ma tête se plaçant sous son menton alors qu'un léger soupir s'échappait de mes lèvres. Soupir qui me fit ouvrir les yeux. Je ne pris conscience que quelques secondes plus tard de l'étreinte réelle de mon partenaire. Et cette pensée me fit plus sourire qu'autre chose. Je n'osais pas le réveiller. A vrai dire, peut-être appréciais-je ce genre de contacts. Oui. Pourtant je me rendis compte que si lui en venait à ouvrir les yeux, il ne serait certainement pas aussi réceptif. Après tout, peut-être m'imaginait-il d'une autre manière ? Peut-être que, plongé dans ses rêves, il me prenait simplement pour quelqu'un d'autre. Alors, je décidais de murmurer quelques paroles. « Casey... Casey... réveille toi. » que je lui chante tout en douceur.

Je crois que j'aimais bien me sentir tout près de lui, là, parce que j'avais premièrement moins froid, et aussi parce que pour une fois, je n'étais pas la première à faire le premier pas vers lui, chose qui était devenue récurrente. Non pas que je m'en plaignais, non, j'adorais passer du temps avec Casey, il était quelqu'un d'absolument adorable, certainement le candidat le plus doux de cette session, mais il n'osait pas. Jamais. Il avait toujours peur de mal agir ou d'attirer l'attention sur lui. Je crois qu'il ne voulait pas être mal aimé. C'était un peu le cas pour la plupart d'entre nous, bien que ce sentiment m'avait l'air clairement plus important chez le jeune homme. Pourtant je ne voulais pas trop profiter de lui, surtout parce qu'il semblait être paisiblement entrain de dormir. Son visage était incroyablement enfantin lorsque ses yeux se fermaient, il était simplement adorable. N'importe qui aurait envie de le prendre dans ses bras, moi la première. Pourtant voilà, je me mets à lui murmurer quelques paroles, sans pour autant insister. Après tout, si il ne se réveille pas, peut-être que c'est qu'il n'en a pas envie. Peut-être que je pourrais rester là, au chaud, sans avoir peur de mal agir. Je savais que nous étions un minimum complice, mais je n'avais aucune idée des limites de cette complicité, de celles qu'il voulait imposer. Des limites du jeune homme. Alors que j'avais parfaitement conscience des miennes. Ses paupières battirent le temps de quelques secondes avant qu'il n'ait finalement un brusque geste de recul. « Je ... Pardon... Je ne... Je dormais... Je .. N'aurais pas dû... Désolé. Je... Excuse-moi. » Surprise, je reste là, à l'observer, alors que mon palpitant s'échappe quelques instants de ma poitrine. Je tente d'approcher ma main de son bras, seulement je finis par la retirer avant même qu'elle ne soit rentrée en contact avec celui ci. Je n'ose plus le toucher. Je ne voulais pas lui faire peur. Je n'aurais pas du le réveiller, oui, je m'en veux. « C'est rien Casey. Et tu n'as pas à t'excuser de dormir. » que je murmure alors qu'un léger sourire inquiet s'esquisse sur mes lèvres. Je tends alors un bras vers lui. « Viens, viens tout contre moi Casey, tu n'as pas à avoir peur de mal agir avec moi, tu le sais n'est ce pas ? »

Je n'avais jamais été effrayé par un contact. C'était quelque chose qui se faisait naturellement chez moi. peut-être étais-je un peu trop tactile. Peut-être n'était-ce pas adapté dans ce genre de situations. LA vérité c'est que je n'en savais rien. j'avais été élevé dans une famille où tout se transmettait par la parole, par les gestes, par un sourire. Une famille soudée, discrète mais aimante, inspirant les valeurs traditionnelles que les parents devaient transmettre à leurs enfants. Si j'étais ainsi, c'était certainement du à l'éducation de mes parents. J'avais toujours aimé les contacts. En concerts ou même en sorties, j'aimais serrer les mains des personnes qui voulaient me saluer, prendre des photos avec eux, leurs signer les bras, leur sourire, ou même en savoir un peu plus sur eux. La communication était la base même de notre société, et il était difficile de bien réussir à s'intégrer si nous n'étions pas un minimum ouvert. J'avouais volontier avoir un peu peur pour Casey, puisqu'il avait clairement du mal à s'ouvrir. Cependant j'étais certaine qu'il y arriverait, il lui fallait un temps d'adaptation bien plus long. Il avait beaucoup à offrir. A m'offrir. Je ne pouvais me permettre de le perdre, pas aussi tôt. Cependant il restait quelqu'un de beaucoup plus attachant que la plupart d'entre nous, et ça, ça pesait très certainement bien plus lourd que tout le reste. J'étais attachée à lui, en seulement une dizaine de jours, il était devenu un des piliers de mon aventure. Partenaire sans lequel je ne me voyais pas réussir à poursuivre le jeu. Mais je ne voulais pas penser à ça, non. Pas encore. « Si parce que je ne sais pas ce que je pourrais faire si je dors, imagine que je te pousse. Que je te frappe. Que je te ... touche... » finit-il en un murmure avant de reprendre « Je sais... Mais je ne sais pas si t'as envie de ça. Et je ne peux pas agir comme ça. J'arrive pas. Et... Moi je crois que j'en ai envie. Je crois que j'aime bien t'avoir contre moi. Alors, c'est toi qui doit venir contre moi parce que je suis plus large... » docile, je ne tardais ainsi pas à reprendre la place que j'avais précédemment trouvé, là, logé tout contre lui, tête dans le creux de son cou, mon bras gauche se glissant le long de sa hanche pour venir caresser son dos, délicatement. Un sourire s'esquissa sur mes lèvres. « Moi aussi j'aime bien t'avoir tout contre moi. » lui dis-je en un murmure avant d'ajouter « Il faut que tu arrêtes de douter de toi, tu as bien plus à offrir que tu ne le penses, je le sais. »

Je n'étais pas le genre de personne qui accordait sa confiance à n'importe qui, d'ailleurs très peu ici l'avaient réellement. Bien évidemment, je pouvais tout à fait être gentille avec tout le monde sans pour autant leur confier mon chat. Je n'avais pas de chat, mais vous comprenez ce que je veux dire n'est ce pas ? Mes cheveux s'éparpillent un instant contre l'oreiller, venant bientôt chatouiller la peau du jeune homme sans que je n'y fasse vraiment attention. Il y a quelques années, j'avais les cheveux courts, du moins, bien plus courts qu'actuellement. C'était ainsi que les gens m'avaient connu. Mais j'avais eu besoin de m'assumer en tant que femme, de cesser d'exister à travers ce personnage que je m'étais créé. Cette adolescente rockeuse au look masculin. J'étais une femme et n'avais jamais eu de problème pour l'assumer. Et peut-être que Casey avait justement du mal avec le fait que je sois une femme. peut-être ne savait-il pas vraiment comment agir, ou bien comment se comporter avec moi. Peut-être ne comprenait-il rien au fonctionnement de celles ci. Ou peut-être encore croyait-il ne rien connaitre. Mon avis sur la question était pourtant facile à deviner. Il était clairement un des hommes de cette maison qui ne cherchait pas à jouer un rôle, qui ne se prétendait pas être au dessus de ce qu'il était réellement. Qui était seulement lui même et s'assumait comme tel. Certes, il avait encore quelques problèmes à s'habituer aux autres, mais j'étais persuadée qu'au fond, il était le seul à être réellement sincère. Ou un des seuls. C'est certainement pour cette raison que j'aimais passer du temps avec lui. Que j'adorais le fait qu'il soit mon partenaire, et que j'ai de ce fait, le droit d'avoir plus que n'importe quelle autre personne dans le nid. J'étais chanceuse. Mais il ne le savait pas. Non, il n'en avait pas vraiment conscience, et c'est certainement cela qui le rendait encore plus attachant. Il déposa un léger baiser sur mon front, alors qu'un délicat sourire tiraillait mes lèvres. « Je ne sais pas vraiment comment j'aurais fait si tu n'avais pas été ma partenaire. Je... C'est bizarre mais j'ai l'impression qu'on a toujours été ensemble. Qu'on se connait depuis longtemps. Et je pense que je le vivrais mal quand on nous séparera. » j'avais clairement la même impression. C'est comme si nous arrivions à nous comprendre, comme si nous savions déjà tout l'un de l'autre, ce qui n'était de toute évidence pas le cas. Et la séparation me faisait peur. Oui, pas maintenant, il était trop tôt encore. « Du coup, ça veut dire que je vais pouvoir dormir et que tu m'en voudras pas si je te sers contre moi comme ça, la nuit ? Peut être que je bouge beaucoup aussi, il ne faudra pas hésité à me pousser si je prends de la place. » j'étouffe un rire de ma main, pour tenter de ne pas réveiller les autres habitants alors que je le sens laisser ses doigts se mêler à mes cheveux, dérivant parfois sur ma joue, dans une délicatesse inouïe. « Je dirais même que tu as l'obligation de dormir. » que j'affirme en relevant un instant mon visage, une moue amusée, scrutant ses yeux azurés. « Du moment que tu ne me voles pas la couverture... Et puis, tu sais, tu peux également me prendre dans tes bras une fois le soleil levé, je n'y verrai pas d'inconvénients. » oui, j'avais toujours été friande des petits gestes de ce genre. Ces gestes qui faisaient que deux personnes étaient complices.