J'avais peu à peu commencé à prendre mes marques, et à me construire quelques habitudes ; Parce que c'était ce à quoi j'avais besoin de me raccrocher, si je voulais réussir à me faire à l'enfermement. Ce qui n'était absolument pas ma nature profonde, j'étais un type d'extérieur, de la nature, j'avais besoin de grands espaces et de paysages à couper le souffle pour me sentir vivre réellement ; J'avais besoin de courir sue des kilomètres de plages, de surfer jusqu'à en être si fatigué que je devais presque laisser les vagues me porter jusqu'au rivage. J'étais en enfant des îles, un gosse de la vie sauvage, et réussir à me faire à un espace aussi confiné que ce château serait très certainement un énorme travail sur moi-même. Mais j'étais également un type qui aimait les défis, et j'étais prêt à relever celui-là simplement parce que je n'aimais pas m'avouer vaincu, tout autant que je n'aimais pas perdre. Mais pour ça j'avais besoin de me dépenser, beaucoup, de me fatiguer au point de n'avoir plus qu'une envie après, celle de me poser dans un coin et de ne plus en bouger, ainsi le temps passerait plus vite, me disais-je. Voilà pourquoi j'avais profité de chaque minute durant laquelle mon groupe avait eu accès à la partie commune intérieure du château, pour enchaîner les longueurs à la piscine ; A mon niveau on ne parlait même plus de longueurs, on parlait de kilomètres, et j'en avais bouffé un certain nombre avant d'estimer que ça suffisait. Après ça j'étais passé à l'extérieur, puisqu'il le fallait, mais finalement en milieu d'après-midi j'étais remonté chercher une veste, parce que mon dieu on se caillait quand même un peu dans ce pays. Arrivé dans la chambre j'étais tombé sur un type, que je n'avais fait que croiser ça et là depuis le début de la semaine et à qui je n'avais du coup même pas encore demandé son nom ; C'était donc ce que je prévoyais de faire avant qu'il ne soit plus rapide que moi « Ça va sans doute te paraître ridicule, mais j'ai perdu ma peluche. Tu penses l'avoir vu dans la chambre ? » Franchement, dans d'autres circonstances j'aurais sans aucun doute fait une réflexion sur le fait qu'à l'âge qu'il avait, une peluche c'était soit louche soit triste, mais après avoir dormi avec Camille plus rien ne m'étonnerait sans doute à ce niveau là ; Et puis c'était pas le moment de me faire mal voir, alors que j'avais prévu d'être sympa et de lui demander comment il s'appelait. « Pas que je sache, mais je doute qu'elle soit partie toute seule. Quoi que Toy Story, tout ça, on sait jamais … » marquant une pause de quelques instants, je le regarde m'observer comme si j'étais le patient échappé d'un asile d'aliéné, et qu'il ne savait pas comment me répondre sans risquer que je lui saute à la gorge pour le manger « Je plaisante hein ? Elle ressemble à quoi, ta peluche ? » Histoire qu'on sache à quoi s'attaquer si jamais il fallait lancer une alerte enlèvement auprès de Cupidon, quoi.

J'avais pas vraiment encore décidé quels habitants m'inspiraient le plus de sympathie, sans doute parce que cela demandait un peu plus que de croiser quelqu'un dans un couloir ou de lui demander de me passer le paquet de chips pour vraiment me faire un avis sur une personne. J'avais déjà remarqué les deux ou trois énergumènes qui risquaient de m'agacer en revanche, parce que ça bizarrement ça se reconnaissait toujours beaucoup plus vite. Mais que le type à la peluche disparue se rassure - ou pas en fait, si ça se trouve il n'en avait strictement rien à foutre et il aurait bien raison - il ne faisait pas partie de cette catégorie. En fait il faisait partie de la catégories des personnes dont je n'avais me semble-t-il pas encore entendu le son de la voix, chose à laquelle il aurait bien fallu remédier à un moment ou un autre. Fusse-t-il au cours d'une chasse au lion. Parce que oui, il avait fini par répondre à ma question « C'est un lion. Elle est ... hum très importante pour moi. » et ça je voulais bien le croire qu'elle était importante, si il l'avait amenée ici. Parce qu'une valise c'était quand même vite plein, alors je pensais pas que quelqu'un se soit amusé à trimballer jusqu'ici des choses qui ne soient pas à ses yeux indispensables. « Bah, on va la retrouver, elle peut pas être bien loin. » A moins que quelqu'un se soit cassé avec pour la changer de place, mais franchement fallait être un peu con pour aller fouiller dans les affaires d'autrui et les éparpiller ensuite aux quatre coins de la maison. En tout cas je m'étais mis à chercher avec lui, soulevant les couettes, les oreillers, les choses et autres qui traînaient par terre - on était là depuis quoi, quatre jours ? Cet endroit était déjà un foutoir sans nom - parce que d'une j'avais rien de mieux à faire, et de deux il me faisait vraiment de la peine, à chercher comme ça dans son coin « Moi c'est Amery, j'aurais peut-être dû commencer par là. » m'avait-il finalement lancé, tandis que soulevant l'horrible blouson que je portais le soir du prime j'avais eu une légère grimace de dégout, avant de repousser le dit blouson sous mon lit pour être certain de ne plus en apercevoir son horrible couleur. « Non mais, j'ai toujours rêvé de faire un safari et toi tu m'offres une chasse au lion, tu sais prendre les gens par les sentiments y'a pas à dire. » Au cas où il ne l'aurait pas compris j'étais prêt à sortir un peu n'importe quelle connerie, même des plus grosses que moi - surtout des plus grosses que moi - pourvu qu'il se déride un peu. On avait l'impression qu'il s'apprêtait déjà à en faire son deuil, de sa peluche disparue. « Mais donc enchanté, Amery. » Marquant une pause tandis que je remettais en place les deux oreillers d'un lit qui n'était pas le mien, ni vu ni connu, j'avais ajouté « Moi c'est Akela. »

Comme s'il n'avait pas été absolument évident que j'allais l'aider dans ses recherches, il m'avait remercié. Soit, de toute façon je me serais mal vu le laisser se débrouiller tout seul, encore moins lui dire clairement que j'avais bien d'autres trucs à foutre que de l'aider à chercher une peluche. Parce que d'une part, c'était faux, je n'avais rien de mieux à faire et c'en était même presque triste, et d'autre part ça n'aurait pas vraiment été sympa de ma part ... et je l'étais en général, sympa. « Ravi d'avoir réalisé un de tes rêves. » j'avais souri à mon tour à sa réflexion, avant de me remettre à mes recherches. Les choses ne disparaissaient tout de même pas comme ça, les gens n'avaient donc rien de mieux à faire que de déplacer les affaires d'autrui ? Machinalement j'avais tourné la tête vers mon propre lit, me demandant si je ne ferai pas mieux de ranger la carte postale punaisée au mur avant qu'elle ne disparaisse. « Et ça vient d'où ? » que m'avait finalement demandé Amery tandis que je lui avais donné machinalement mon prénom. Remettant en place la couette que je venais de froisser en marchant dessus - bah oui, ça allait plus vite que de faire le tour du lit, de marcher dessus - j'avais répondu sans me retourner « Hawaii, ça veut dire chance. Et ça, c'est l'autre raison pour laquelle on ne peut que retrouver ta peluche. » Bah oui, fallait au moins que je prouve l'utilité de mon prénom en prouvant qu'il n'était pas là juste pour faire beau. Même si il l'était, beau, à mon avis. D'ailleurs, preuve en était quelques secondes à peine plus tard j'avais entendu la voix d'Amery parvenant de sous un des lits « Je l'ai ... trouvé. » C'était genre, le meilleur des timings. J'avais levé les mains vers le plafond en signe de victoire, au moment où la musique avait démarré ; J'avais alors baissé les bras par réflexe, comme si c'était le fait de les avoir levé qui avait déclenché la chose. Mais de toute évidence, non. « Je suis désolé mais je ne peux pas faire ça.  » m'avait balancé Amery tandis que je me tournais enfin vers lui ; Bon, j'étais tombé sur un petit joueur de toute évidence. Quoi qu'il allait en falloir plus que ça pour essayer de me dissuader, j'étais pas du genre à lâcher l'affaire simplement parce qu'on me le demandait « Oh allez, c'est qu'un bisou. Un tout petit, minuscule bisou. » traversant la pièce en passant d'un lit à l'autre comme sur des trampolines - ça va j'étais pieds nus, j'étais pas non plus totalement sans gêne hein - j'avais retrouvé le sol une fois arrivé à la hauteur de mon nouveau partenaire de safari « Et sans me vanter j'embrasse très bien, à ce qu'on m'a dit. Ça serait vraiment dommage de louper une occasion comme celle-ci, si tu veux mon avis. » Bon et puis, je parlais un peu pour moi aussi cela dit, un baiser ça ne rimait pas à grand chose, mais il était quand même pas physiquement désagréable, le Amery.