J'étais depuis toute petite sujette à des envies d'uriner qui se manifestaient en plein milieu de la nuit et une nouvelle fois, le besoin venait de retentir pendant mon sommeil. Exaspérée par ce désagrément presque quotidien, c'est en soupirant que je descendis l'escalier qui menait au rez-de-chaussée où étaient les toilettes. Je finissais par connaître le chemin comme ma poche, si bien que je n'avais pas besoin d'allumer la lumière. Sans prendre la peine de frapper à la porte, (les contrariétés de la colocation s'estompaient largement la nuit), je poussai celle-ci dans le but d'assouvir mon envie au plus vite. Ce fut sans compter sur la présence d'un ou plusieurs autres habitants dans l'étroite pièce qui bloquèrent l'entrée. Je refermai aussitôt l'accès puis patientai un instant sans dire mot. Au bout de quelques minutes, je commençai à imaginer mon urine dégouliner le long de mes cuisses nues, ce pourquoi je demandai.

Sur qui mon frère est en train de vider ses couilles cette fois ? Je peux me joindre à vous et y apporter ma sauce ?

La voix qui s'éleva à travers la porte était pleine d'assurance et plutôt envoutante. Je reconnus forcément en elle la candidate qu'était Sydney et qui avait rapidement fait de l'œil à mon volage de frère. Comme quoi, j'avais bien pioché lorsque j'avais émis mon hypothèse quelques secondes avant. Cet drôle de coïncidence eut le mérite de m'arracher un sourire tandis que je tentai de faire pression sur la porte pour accéder aux toilettes et me libérer enfin. Je me rappelai vite fait que la personne qui se tenait derrière n'aurait pas de mal à contrer une allumette comme moi, ce pourquoi j'abandonnai tout de suite l'idée de faire le poids face à elle. Poussant un gémissement assez pathétique je répondis dans ma lancée de tout à l'heure, l'humour avait décidé de m'accompagner cette nuit. Enfin... "l'humour" était un bien vaste mot chez moi...

C'est pas pour rien qu'on a choisi d'habiter dans le même appartement, tu crois vraiment que je résiste à la tentation de rejoindre ce bel étalon la nuit ? C'est impossible et tu es bien placée pour le savoir. Trois semaines d'abstention avec ce beau gosse, oui c'est super dur à avaler surtout quand je sais qu'une autre avale autre chose en attendant...

Les blagues salaces s'invitaient à leur tour dans la conversation. Je ne pensais pas pouvoir faire preuve d'autant de mauvais goût en si peu de temps, c'était chose faite.

Aller Sydney j'dois vraiment pisseeer !

Mon visage se décomposait au fur et à mesure que Sydney déballait son monologue empli de détails aux allures graveleuses. Un sentiment de dégoût m'avait envahie rien qu'en imaginant ces deux là se rouler des pelles à tour de bras, et bien plus si affinité. Ils n'allaient vraiment pas ensemble et cela était incontestable dans ma tête. Elle avait l'air d'une jeune femme séductrice mais plutôt stable et experte, tandis que mon frère avait plutôt des airs de débutant maladroit. Je ravalai difficilement ma salive lorsque la candidate se décida enfin à ouvrir la porte, de façon à ne laisser transparaître aucune émotion. Ce fut sans compter sur mon subconscient qui fut plus fort que moi et entre deux gloussements je lui avouai.

Non mais t'es vraiment ignoble !

Je m'esclaffais, certes mais comme l'expression le disait, je riais jaune. Bien sûr, j'adorais mon frère. Aussi, j'appréciais Sydney même si je n'avais pas d'affinité particulière avec elle, c'était une femme qui était sans doute affirmée ce que je trouvais particulièrement remarquable. Leurs ébats, en revanche me dérangeaient. Tiraillée entre écœurement et honte, l'indifférence n'avait à mon plus grand désespoir pas réussi à se frayer un chemin parmi mes pensées qui concernaient les deux amants. Je m'appuyai finalement sur un mur de la pièce un sourire malicieux aux lèvres, oubliant un instant mon envie d'uriner qui semblait s'être calmée.

Franchement, qu'est-ce qui t'attire chez ce bleu ?

Autant des qualificatifs dont usait Syndey pour décrire mon frère me donnaient des hauts-le-cœur successifs qui trahirent mes traits, crispés. Comment pouvait-on apprécier la spontanéité de mon frère ? Elle était totalement dégueulasse et puérile et je me retrouvais clairement en incompréhension face à cette femme qui semblait si mûre. Le seul point sur lequel j'étais partiellement d'accord était le jugement physique de la candidate envers mon frère qui était presque véridique. Entre quelques gloussements j'avouai enfin.

Redescends sur Terre c'est un traîné !

Je haussai les épaules, un regard malicieux s'étant emparé de mes prunelles.

Sans vouloir t'offenser, tu es une magnifique femme mais... tu pourrais être notre mère hein.

Effectivement, j'avais connu Franz moins exigeant en matière de proie sexuelle, et j'avais jusque là ignoré son goût prononcé pour les femelles expertes pensant plutôt qu'il vouait ses désirs aux jeunes filles encore prudes.

Bâillements mis à part, aucune émotion ne transperça mon visage pendant que Sydney me déballait ses explications. A vrai dire, je n'en avais même pas besoin et commençais à regretter d'avoir lancé ce sujet, même si cela m'avait semblé inévitable avec la jeune femme qui était à ma connaissance la seule à avoir fait succomber Franz jusqu'au bout. Je ne pris donc la peine de réagir à sa déclaration et m'apprêtai à fermer la porte lorsqu'elle prit à nouveau la parole. Soit je l'avais vexée, soit l'humour avait déserté son esprit. Toujours était il que sa réaction se fit entendre. Je tentai de rester polie, ne laissant s'échapper aucun rire nerveux. Cependant, il était impensable de ne pas ajuster un point avec la jeune femme. Je baissai les yeux sur sa poitrine proéminente avant de pointer un doigt sur son œil, laissant de côté mon air malicieux.

Tes seins disent merci aux botox et tes pattes d'oie naissantes trahissent ta petite trentaine. Mais rassure toi, tu fais facilement dix-huit ans, mon frère n'est juste pas aussi observateur que moi.

Je haussai les épaules tandis que mes yeux se firent malicieux. Si elle avait envie de faire marcher son second degré, qu'elle le fasse. Sinon le compte à rebours de la furie était lancé. Qu'est-ce que je pouvais être drôle la nuit. Sur ces mots qui sans doute l'allaient laisser mi-figue, mi-raisin, je rabattis la porte pour soulager ma vessie.