Le premier jour dans le château était étrange. Déjà, ce n’était pas chez toi. Du coup, tout était différant, tout avait le don de te déboussoler quelques peu. Et puis ces horaires, tout ça, tu n’avais encore rien retenu, et du coup tu n’osais pas trop bouger de là où tu étais de peur de faire une erreur. Tu ne voulais pas te faire engueuler dès le premier jour, oh que non. Sauf que tu commences à avoir faim, au final. Alors il faut bien que tu sortes de ta petite cachette. En plus, pour manger, tu avais besoin d’un certain temps pour préparer ta nourriture. Tu étais quelqu’un qui n’arrivais pas à se contenter d’un paquet de chips ou d’un simple steak. Tu n’étais pas cuisiner d’un restaurant renommé pour rien. Alors une fois dans la cuisine, tu prends ce que les habitants n’ont pas l’idée de prendre, vu qu’ils semblent préférer tout ce qui est hamburger frites, et tu commences à cuisiner. Par chance, tu es tout seul, et il n’y a personne pour te perturber. Pour l’instant du moins. « Tu vois Becca ça ne se passe pas si mal que ça finalement. » que tu dis en mettant ta préparation au four. Sauf que là, quelqu’un parle, et tu es tout confus. « Bonjour! » Une brune est là, elle regarde dans le réfrigérateur. Tu lui fais un faible sourire, tu ne veux pas qu’elle te prenne pour un fou elle aussi. Il y en avait déjà assez comme ça. « Comme c'est malin... » Elle parle de quoi, du frigo ou de toi qui parlait tout seul ? T’espère que c’est la première option. En tout cas, si elle est là, c’est qu’elle doit avoir faim elle aussi. Du moins, ce n’est qu’une supposition. « Tu... tu aimes le grenadin de veau aux morilles, et les pommes amandines ? » tu dis ça comme si tous les jours mangeais du grenadin de veau aux morilles et des pommes amandines. Comme si c’était banal. Alors que ce n’est même pas sûr que tout le monde sache ce que c’est. « Je.. J’en ai fait si tu veux. » Tu ne faisais jamais un plat pour une seule personne. Alors bon, tu pouvais bien partager. Ça ne te dérangeait pas le moins du monde.

Si tu étais cuisiner, c’était parce que tu aimais ça. Tu aimais ce que tu faisais, sinon tu aurais quitté ton boulot depuis un bon bout de temps. Ce milieu était affreux, il y avait souvent beaucoup de pression, surtout dans les bons restaurants qui avaient une certaine réputation de base. Mais toi tu n’abandonnais pas, parce que tu aimais ça, et que tu étais plus ou moins doué dans ce que tu faisais. Et ce n’était pas non plus parce que tu n’étais plus au boulot pour un certain laps de temps que tu arrêterais de cuisiner. Il fallait que tu gardes la main. Et aussi parce que tu ne supportais pas de manger des choses simple. Pour avoir été nourri au pâté pour chat lorsque tu étais petit, tu préférais ne plus réitérer ce genre d’expérience. Tu n’étais plus ce petit garçon qui vivait dans la rue. Non, tu ne voulais plus l’être, c’était hors de question. C’est pour ça que même ici, alors qu’il n’y a quasiment rien dans le frigo, tu te mets à cuisiner. T’adore ça. Et comme tu vois qu’une jeune femme cherche apparemment de la nourriture, tu lui proposes ton plat. T’aime bien partager, tout ça. Ça ne te dérange pas le moins du monde. T’es un garçon gentil, toi. « Pardon? » Bon, elle ne doit pas connaître. Pourtant dans le restaurant où tu travaillais, ce menu était souvent commandé. Enfin bon. Tu ne veux pas l’obliger à quoi que ce soit. Oh non surtout pas. Tu proposais ça juste pour être gentil, puisque tu savais qu’il n’y avait rien à manger dans le frigo. Et puis, elle pouvait ne pas aimer… même si généralement tout le monde aimait ta cuisine. Mais soit, tu n’étais pas du genre à te vexer pour si peu. « Et je peux savoir ce qui compose ce menu? » Et bien… tu ne savais pas comment expliquer pour que pour toi tout était clair avec ce que tu avais dit. Mais bon. Tu fais une petite grimace indiquant que tu cherchais la manière dont tu pouvais expliquer ça. « C’est… un filet de veau avec une sauce aux morilles… C’est un genre de champignon. Et les pommes amandines.. ce sont des pommes de terre pannées à l’anglaise avec des amandes. » Tu avais essayé d’être clair, mais tu ne pouvais pas être sûr de l’avoir été. Et puis le four fait un bruit, indiquant la fin de la cuisson. Alors tu prends un gant et tu sors le plat de l’endroit pour le mettre sur la table de travail. « C’est ça, en gros. » La cuisson avait l’air bonne, l’odeur aussi indiquait que tu n’avais visiblement pas fait d’erreurs.

Tu n’avais pas vraiment l’habitude de donner des détails sur les plats que tu cuisinais. Puisque comme le sous entendait le nom de ton métier, tu restais en cuisine. C’était aux serveurs de connaître l’explication « simple » des plats, et tout ça. Enfin bon, tu fais tout de même un effort, même si t’as du mal, parce que tout ça te semble évident. Mais au final, peut-être que ce n’est pas évident pour tout le monde. La preuve. De toute manière, tu ne voulais en rien l’obliger à manger, ton but était seulement d’être gentil et d’aider. C’était ce que les gens biens faisaient, non ? Tu étais quelqu’un de bien. Du moins tu pensais l’être, après peut être que les autres ne voyaient pas les choses de la même façon. Puis finalement tu sors le plat du four histoire qu’elle puisse voir l’allure de la chose et mieux visualiser le plat. Peut-être que ça ne la tentait pas du tout. Ou… « Si l’offre tient toujours, je veux bien goûter ce menu. » Bon et bien, c’était un oui. Tu lui adresses un beau sourire, t’étais content. C’était idiot, mais t’avais toujours été heureux de faire goûter tes plats à autrui, juste pour connaître les critiques. Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, c’était un moyen d’avancer. Alors qu’elle met le couvert sur la table, tu mets le plat au centre et tu prendre un couteau pour commencer à couper la viande. Tu lui sers donc un morceau de veau aux morilles, et lui mets quelques pommes amandines dans son assiette. « Je m’avance peut-être, mais ta carrière doit se situer quelque part dans cet univers culinaire, n’est-ce pas? Tu en fais beaucoup trop pour n'être qu'un amateur. » Tu ne peux pas t’empêcher de lâcher un petit rire, et finir par hocher la tête. Tu sais pas vraiment pourquoi mais t’as timidité est moins présente que d’habitude. Peut-être était-ce la faim qui faisait cet effet, ou le fait d’avoir cuisiner qui t’avait plus ou moins détendu. En tout cas, tu ne balbuties pas, tu ne rougies pas ni rien. Ce qui est un bon début pour toi, surtout pour une première rencontre avec une personne. « Je suis cuisinier, à Londres. Alors c’est sûr que je ne suis pas qualifié d’amateur. » Du moins si tu l’étais tu n’aurais jamais eu de boulot. Tu finis par te servir à ton tour et t’asseoir finalement à table. Même lorsque tu ne travaillais pas, tu avais ce besoin essentiel de cuisiner, ça te canalisait en quelque sorte. Surtout depuis que tu ne pouvais plus faire du parachutisme. « Bon appétit, j’espère que ça ne va pas te déplaire. » Ouais, surtout parce qu’après il n’y avait plus rien dans le frigo, donc bon. En tout cas toi tu crevais de faim. Alors tu n’allais pas te faire prier pour manger ce que tu avais pu préparer. Mais avant d’attaquer le déjeuner, tu poses ton regard sur la brune typée. « Au fait, je m’appelle Ivan. » Au moins, elle le saurait. Tu n’appréciais pas trop quand on oubliait ton prénom sous prétexte que tu n’étais pas assez important.