W. CAMILLE.


C’est la première fois que je passe devant cette fameuse vitre qui fait très mur de Berlin 3.0. Les mains dans les poches de mon pantalon, je laisse mon regard trainer de l’autre côté. Pas grand monde ce matin, rien d’étonnant, le fakeloviste de base est adepte de la grasse mat’. La vie de l’autre côté du mur est semblable à la libido de la reine d’Angleterre : over. Je pars en direction des escaliers pour quitter les lieux quand une forme au travers la vitre attire mon attention. Sans blague, il y a vraiment un mec de l’autre côté. Une forme de vie ! L’absurde de la situation me décroche un sourire, et je m’approche du territoire ennemi, curieux. La tête du type en face de moi me dit quelque chose, je crois avoir croisé son regard hier soir, mais rien de plus. Son prénom ? Pas la moindre idée. Il a la tête du beau-gosse, celui que les filles doivent stalker sur Facebook, l’œil bleu à faire pâlir un prêtre et le cheveu négligemment rejeté en arrière. Sans oublier la petite barbe de trois jours tondue avec application. Pas de quoi affoler l’hétéro que je suis, mais je dois avouer que son air ahuri maintient mon sourire en place. A présent tout près de la vitre, nous voilà comme des cons à nous regarder façon « rencontre du troisième type. » Je tente alors l’impossible : le langage des signes – que je ne connais absolument pas. Piètre tentative de présentations : je pointe un doigt sur moi et forme avec mes doigts les lettres qui composent mon prénom dans l’atmosphère. Je pourrais aussi souffler sur la vitre pour faire de la buée et tracer les mots dedans mais… non, vraiment pas. On dirait qu’il a capté. Je lui adresse un mouvement de la tête qui signifie pour tout humain normalement constitué : « et toi ? »

Je n'ai jamais été trop du genre à me lever tôt, probablement parce que d'habitude, je reste levé super tard, juste pour terminer mes croquis. Oui, lorsque j'entre dans un projet, j'ai tendance à vouloir le mener à bout et ce dans les temps les plus moindres. Enfin, voilà, du coup là, je m'étais couché juste après le prime, probablement parce que tout ce stress avait eu raison de moi, et qu'une bonne nuit réparatrice s'imposait. Je n'étais pas encore totalement à l'aise avec le fait de devoir dormir aux côtés d'un étranger, mais l'idée commençait à rentrer petit à petit dans mon cerveau encore déconfit. Heureusement, je n'avais pas bu, du coup la réveil semblait moins dur qu'il pouvait l'être pour d'autres. Franchement, moi j'étais plutôt content de cette première nuit, parce qu'elle s'était déroulée sans problème. La seule chose un peu incohérente, c'est que du coup, je m'étais levé tôt, chose qui n'arrivait, qu'on se le dise, que très rarement. J'avais donc dévalé les escaliers à une vitesse qui avoisinait celle d'un octogénaire, laissant mes pupilles azurées s'égarer un instant sur les marches avant de rebondir jusqu'à la grande vitre qui séparait la pièce en deux. Il y avait un candidat de l'autre côté, du genre bien plus baraqué que moi, pour sûr, blond au visage légèrement creusé. C'était étrange que de se dire qu'il y avait à peine une poignée d'heures, nous aurions pu avoir une parfaite conversation. Sauf que là, ça ne serait plus possible avant un moment, et quelque part, je trouvais cela un peu embêtant. C'est vrai, je trouvais ça bizarre de séparer le nid en deux... Du coup il avait commencé à tenter de faire des gestes avec les mains, je lisais donc dans un premier temps un C... Oh et puis un F... ou un P... et puis un L... un Z... et un autre P... mais il voulait me dire quoi au juste ? CPLZP ça voulait pas dire grand chose, ou alors, on parlait peut-être pas la même langue... Enfin, moi j'en sais rien, mais franchement, hormis du japonais, je voyais pas trop ce que ça pouvait être. Du latin peut-être. Non, c'était clairement pas aussi moche. Du coup j'hochais la tête, quand même, parce que sinon j'allais pas avoir l'air très malin. Tirant sur les deux pans de ma veste en jean, il me semblait maintenant qu'il me demandait quelque chose. Euh... Du coup, je tendais mon pouce... Genre, pour lui dire que j'allais bien, et que j'avais bien dormir... Je savais pas trop si c'était ce qu'il me demandait mais bon, c'était certain qu'il ne voulait pas savoir ce que j'avais pu manger au petit déjeuner quoi. En fait, je me rends compte que je pourrais lui dire n'importe quoi, il pigerait rien, hormis si il sait lire sur les lèvres. Ouais mais bon, ce serait de la triche ça... Du coup, je désigne du doigt un espace invisible derrière lui avant d'hausser les épaules, pour lui demander comment c'est de son côté. Parce que personnellement, je ne le verrai pas avant la semaine prochaine, ici ou devant ma télé.

Il hoche la tête. Il a compris. Bien joué garçon, je savais qu’on allait y arriver. Il a compris mon prénom, good boy, maintenant le tien, allez ! Sauf que là, le gars me fait carrément le coup du high five qui veut rien dire. Il lève le pouce, et pose la tempe sur le plat de sa main façon « je m’endors ». Attendez, il se passe quoi dans la matrice, là ? L’ensemble de mes espoirs s’écrase lamentablement contre la vitre et dégouline jusqu’à terre : en fait, on ne se comprend pas du tout. Je dois avoir une tête de blasé de l’espace tant ma déception me semble à moi-même bien trop visible. Ce qui s’ensuit nous fait descendre d’un nouvel étage dans l’immeuble du n’importe quoi : le gars me désigne l’arrière de ma personne et hausse les épaules. Il veut savoir qui est le candidat qui se trouve derrière moi ? Je me retourne : espace vide. Qu’est-ce que ça veut dire « désigne – hausse épaules » ? Je suis comme un con de mon côté de la vitre, à la regarder comme un bœuf fixe un touriste. Ok, ok, on efface tout et on recommence, d’accord ? Je lui fais signe avec mes deux mains à plat d’oublier tout ce qui vient de se passer (c’est la meilleure chose qu’il nous reste à faire). Maintenant que je suis lancé, plus question de m’arrêter, ce mec n’ira pas pioncer avant d’avoir capté ce que je veux lui dire – sachant que je ne sais pas encore ce que j’ai envie de lui dire. Je désigne d’un large mouvement de la main son côté de la maison (englobant donc ses habitants), et lève le pouce en signe positif sans oublier d’hausser les sourcils pour marquer mon interrogation. En décodé : est-ce que c’est cool par chez toi, les gens sont comme ça (pouce levé) ou est-ce que ça daube complet ? Je pointe ensuite mon index de mon côté du territoire, marque une pause pour être bien certain qu’il comprenne, et hoche la tête avec une moue indécise. Ouais, plutôt sympa de mon côté du nid – je hoche maintenant clairement la tête – plutôt très sympa même. Mais c’est vous qui avez les plus jolies filles, non ? Je souris et désigne des mains les courbes d’une femme, pointant son côté et levant le pouce avec un nouvel haussement de sourcils pour l’interrogation. En fait, on réalise dans ce genre de moment que le langage humain est somme toute très basique et composé dans sa généralité de trois mouvements clés : courbes féminines, pouce levé et haussement de sourcils. Avec ça, on peut se dire l’essentiel. Sauf que plus notre discussion se poursuit, et moins je me sens doué en matière de mime parolier, pour ne pas dire clairement pathétique. Si j’avais l’égo un peu plus enflé, je pourrais en déduire que c’est le mec d’en face qui est complètement con, mais je n’en suis pas encore arrivé à cette extrémité. Je garde cependant l’option dans un coin de ma tête, sait-on jamais…

Franchement, moi je comprends toujours pas ce qu'il me dit CP -oui, j'ai décidé de le surnommer comme ça, parce que je crois qu'il me disait son nom tout à l'heure... enfin, ouais, je crois- parce que bon, je veux bien être gentil, mais il fait des gestes drôlement bizarre quand même. Quand on y repense, on croirait presque qu'il tente d'imiter un macaque. Moi, j'aime bien les singes, c'est marrant. Quand j'étais allé au zoo, y'en avait un il m'avait volé ma casquette. Bon, ça ça avait été moins drôle, mais bon, au moins ce singe là, il pouvait pas trop m'approcher. Enfin, je crois... Je me demandais à quel point cette vitre était solide. Peut-être que si je donnais un coup d'épaule dedans, elle allait genre, s'effondrer... J'y croyais pas vraiment cela dit. Du coup je tente de lui demander comment c'est de son côté, si c'est joli, sympa et tout, mais je crois qu'il comprend pas trop pour le coup. Enfin, il me répond du coup, en plaçant ses deux mains à plat, du coup ça doit probablement vouloir dire que c'est super calme là bas. Du coup je fais genre de désigner une montre invisible sur mon poignet, pour lui signaler qu'il est tôt, aussi. C'est pour ça, tout le monde doit dormir, hm. Enfin, après il continue en englobant un truc avec sa main, je crois qu'il parle de "mon côté", du coup, j'hoche la tête comme un chiot obéissant, pour lui faire comprendre que je suivais bien tout ce qu'il pouvait me dire... Enfin, en soit, il me disait pas grand chose, mais vous me suivez. Puis après il lève le pouce, du coup là je comprends plus rien. Je lui ai déjà dit que tout était cool chez moi, il a pas besoin de me répéter hein. Et puis il fait une grimace avec son visage, genre, on dirait qu'il a une paralysie faciale. Mes lèvres s'entre-ouvrent, ne sachant trop quoi répondre. Mais j'ai pas forcément envie d'avoir l'air bête, alors j'hoche la tête, obéissant, en faisant une vague avec ma main. Pour dire "approximativement", comme ça au moins, c'était ni trop oui, ni trop non, mais au moins je faisais genre d'avoir compris, hm. Puis il pointe son endroit à lui et lève le pouce. Oh. Mais je croyais que tout le monde dormait... Donc en gros ils sont levés ? C'est pour ça, le pouce en l'air ? AH ! C'est pour me dire qu'il va bien ! Ah oui ! Du coup un grand sourire colgate se forme sur mes lèvres, parce que j'ai totalement compris, là, pour le coup j'en suis sûr et tout ! Bon, il enchaine en mimant un forme bizarre qui me fait penser à un monsieur en surpoids... Il me demande si il y a des obèses de mon côté ? Euh, bah j'en sais trop rien moi... J'en ai pas vu en tout cas... Par la suite, je fais semblant de tracer des tablettes de chocolat par dessus mon tee shirt, sur mon ventre, pour lui dire que non, tous les gens sont plutôt bien dessinés et minces quoi... Oh et puis, je me dis qu'il faudrait peut-être que je lui donner mon prénom... Me mordant la lèvre inférieure, je cherche un instant un moyen de me faire comprendre, avant de tenter de l'articuler. CA-MI-LLE. Oui, voilà, il a du comprendre. Je le répète une seconde fois, en me désignant, histoire que tout ça soit clair.

« Le gars d’en face » me désigne sa montre. Quoi, il est pressé ? Je le fais chier et il voudrait s’en aller ? Je fronce les sourcils et tente de modérer ma susceptibilité. Après tout, il est clair même si je refuse de l’admettre totalement que nous ne nous comprenons absolument pas. Il ne me dit peut-être pas ça du tout. Je trouve qu’il hoche un peu trop souvent la tête pour être crédible, le garçon. C’est bien un truc de français, ça, rien capter mais garder contenance, mains croisées et hochement de tête condescendant façon « mais oui, mon vieux, c’est ça, t’as raison », quand nous, les mecs de l’Est, on gueule en postillonnant et en faisant de grands gestes désordonnés, excédés que nous sommes par l’idée de ne pas être immédiatement saisis par l’intelligibilité universelle dès qu’on se retrouve à plus de trois dans la même pièce. Je crois que je le terrorise. Il acquiesce à tout ce que je dis sans comprendre ce que je dis, bouche entrouverte, comme si j’allais bientôt défoncer le mur et me jeter sur lui. Pendant quelques secondes, l’idée absurde me vient de jouer le jeu du mec totalement dingue, de retirer mon t-shirt et cogner sur la vitre, juste pour rire intérieurement de sa réaction paniquée, mais n’oublions pas que nous sommes au sein d’un jeu qui se veut civilisé, que je représente la Tchéquie et que ma mère podcaste l’émission. Over. Il répond à mon pouce levé par un sourire illuminé qui montre… qu’il a compris ! On y arrive ! Je souris à mon tour et hoche la tête (pour lui dire que j’ai compris qu’il a compris, ouais), j’ai limite envie de lui balancer un high five à distance. On est bons, putain c’qu’on est bons. Le problème, c’est la suite. On pouvait pas rester constants, évidemment. Le gars dessine des vagues sur son torse et son bide. Des… des femmes enceintes ? Des maux de ventre ? Il a mal au ventre ? Je le regarde fixement, l’air vide. Pourquoi ?... Je lâche l’affaire. Lui aussi, visiblement, puisqu’on marque une trêve et quitte un instant nos regards respectifs avant qu’il ne raccroche le mien et ouvre grand la bouche dans une tentative pour articuler un mot. Je fronce les sourcils et me penche légèrement, concentré à fond. Ca… Cam… Ah, il me donne son prénom ? Voyons, Cam… el ? Camel, il s’appelle Camel. Excellent. Parfait. Je hoche la tête dans un léger sourire pour lui signaler que j’ai bien enregistré son prénom. Ok Camel, voyons la suite. J’articule à mon tour un « tu fais quoi ? » accompagné d’un mouvement circulaire de la main pour signifier « en général, dans la vie », et pas « qu’est-ce que tu fous ici », parce que ça, je le sais déjà, il participe à l’émission, comme tout le monde dans ce nid. C’est le test ultime : je considère que s’il capte celle-là, plus rien ne nous arrête.

Franchement, j'étais presque certain que lorsque nous allions nous retrouver, nous n'allions pas forcément savoir quoi nous dire. Non mais c'est vrai ça, quand on y repense, ça se passait toujours comme ça, deux imbéciles qui tentaient l'impossible pour échanger des pensées sans intérêt, mais qui ne le feraient probablement pas lorsqu'ils en viendraient à clairement se croiser. En plus il avait pas l'air d'être totalement le même genre de garçon que moi. Enfin, je pensais ça surtout parce qu'il avait l'air bien plus massif et musclé que moi, le genre de gars qui devait attirer les filles comme des mouches, il n'y avait qu'à regarder un instant ses bras pour comprendre que je ne faisais pas vraiment le poids. Moi, j'y connaissais rien aux filles. Ni aux garçons d'ailleurs, mais je m'en fichais au fond. C'était pas très important, non, je n'étais pas un désespéré de l'amour, ou du contact. Parce que je me retrouvais probablement tout aussi bien dans mon petit coin, avec mes cahiers, mes livres et ma musique. Oui, c'est tout ce qui importait au fond, tant pis si j'étais trop différent pour le reste du monde. Bon en tout cas, il a pas l'air de comprendre ce que je lui dis, parce qu'il me regarde comme si il venait de perdre toute sa famille, son chien et ses quatre grands-mères en un coup... Attendez, non, c'était pas possible ça, quatre grands-mères. Oh, si, des lesbiennes ! Ah, bah, vous voyez que j'en ai, de la suite dans les idées, haha. Je suis bon, quand même ! Bon, toujours est-il que j'essaie quand même de lui donner mon prénom, parce qu'il est plutôt commun et qu'il va probablement pas mettre longtemps à le trouver, d'ailleurs il hoche la tête et me souris, donc ça doit vouloir dire qu'il a compris. Hehe. En même temps, moi je l'aime trop mon prénom. Bon, on croit souvent que je suis une fille, mais c'est pas grave, moi je trouve ça drôle. Et puis il articule des trucs bizarres, mais je crois qu'il me demande ce que je fais. Genre, euh, par contre son geste me paume totalement. Il me demande si j'ai fait le tour du monde ? Non, probablement où j'ai déjà voyagé. Du coup, j'articule A-FRI-QUE, puis ES-PA-GNE et U-S-A. Finalement je marque une pause pour réfléchir avant d'ajouter AN-GLE-TERRE. Voilà, il va comprendre je pense, c'est pas compliqué après tout. Je lui lance un hochement de tête pour lui retourner la question.

Oh, je sentais venir le coup. Une fois le mur tombé, Camel et moi aurions cette attitude de ceux qui ont vécu de beaucoup trop près l’absurde : nous nous adresserions un sourire gêné, un signe de tête, et nous nous ignorerions jusqu’à ce qu’une véritable présentation s’impose à nous. Nous ferions comme si rien de tout cela n’était arrivé. Pourquoi ? Parce qu’à nous voir, et ce malgré les apparences, nous n’étions pas assez hystériques pour nous sauter dessus dimanche soir lors du prime. Civilisés. Bien trop, sûrement, mais que voulez-vous. J’ai le contact facile, c’est un fait, et serrer Camel dans mes bras dimanche n’était pas un problème, le problème, c’était de le faire alors que nous avions, quelques jours plus tôt, eut cet échange surréaliste qui se révèlerait après coup, totalement honteux. Je commence lentement à m’en rendre compte. D’autant plus que Camel n’a pas l’air très tactile, plutôt légèrement ahuri, distant sans le vouloir, en un mot : artiste. Alors que moi, je suis l’homme du corps et de la terre, pas celui des idées et du ciel. Nous étions deux opposés, j’ai compris, merci. A ma question – basique – il fronce le nez et finit par articuler : Afrique. Il fait l’Afrique ? Attendez… Bon sang mais comment est-ce qu’on a pu en arriver à un tel degré d’incompréhension commune ? Comment ? A ce stade, ça dépasse l’entendement. A moins que… oh, je sais. Je sais. A « tu fais quoi dans la vie », Camel répond qu’il entame un tour du monde ! Il a commencé par l’Afrique, puis… Espagne ! Espagne, puis… un autre mot que je ne comprends pas, trop long. Amérique Latine ? Il marque une pause, et ajoute l’Angleterre. Je hoche la tête, ravi. C’est vraiment cool, de se lancer ce genre de défi. Un tour du monde. Lorsque nous serons réunis, il faudra que je pense à lui demander de m’en dire plus sur comment tout ça s’est passé, comment l’idée lui est venue, quelles rencontres il a faites pendant ses nombreux voyages, et surtout : où est-ce qu’il compte aller ensuite ? Il me retourne la question, et je prends le temps de la réponse, histoire de bien me faire comprendre. En tant que combattant pro, j’ai fait pas mal de pays, mais pour la plupart, je n’étais que de passage. Hôtel, salle de sport, ring. Ce que j’ai vraiment visité ? « Je viens de Tchéquie », j’articule en me montrant du doigt. « Tchéquie. République Tchèque. Moi. » Plus j’y pense, et plus le nom de mon propre pays me parait impossible à comprendre au travers un mur insonorisé. C’est peut-être pour ça que personne n’est venu nous aider pendant la guerre. Les mecs ne comprenaient tout simplement pas. « Venez *bombe* aider *bombe* la *bombe* Tchéquie ! » « Raoul, tu captes ce qu’il me dit le mec ? » « Que dalle, il veut qu’on vienne aider quelqu’un, mais impossible de comprendre qui, quoi, où. » « Bon, laisse tomber, encore un dingue. » J’articule du mieux que je le peux la liste de mes voyages. « Bré-sil, Etats-Unis, A-mé-rique, France, Nouvelle-Zélande, Japon » mes mains font un moulinet et mon visage suit la signification d’un « etc » accompagné d’un sourire. D’un signe de tête, j’accompagne ma question à son encontre. « Et pour après ? » Peut-être qu’il est en rade de thunes et qu’il s’arrête participer à Fake Lover dans le but de gagner de l’argent pour poursuivre son tour du monde ? Ce serait tellement cool.