Leone n’annonça pas sa présence. Effectivement, il n’était pas de ceux qui frappaient aux portes. Alcéo lui avait confié plus tôt dans la matinée que Betty-Jayne se reposait dans son lit, seule. Le jeune New Yorkais ne s’inquiétait pas pour elle, il ne s’inquiétait pour personne dans ce Nid, pourtant il était finalement entré dans la chambre royale. Adossé contre le mur, il dévisagea sa camarade un instant : elle paraissait complètement abattue. Il se doutait bien de la cause de son malaise mais ne s’avancerait pas sur le sujet. Il ne comptait pas non plus l’aider à se morfondre sur elle-même.

« Lève-toi maintenant. » Lui ordonna-t-il dans un murmure.

« Debout. » Répéta-t-il imperturbable en guise d’unique réponse.

Leone pensait qu’il valait mieux pour sa camarade qu’elle se prenne en main, et le plus tôt serait le mieux. Rester isolée dans sa chambre n’était la solution d’aucun problème. Betty-Jayne n’allait pas fuir le regard des autres habitants éternellement. Elle avait au moins besoin d’un bon jus d’oranges revigorant et hors de question pour le New Yorkais de la servir au lit. Selon lui, il fallait qu’elle sorte de son petit cocon.

« Je voulais simplement que tu t’aères l’esprit en prenant ton petit-déjeuner avec moi. Je ne te savais pas si faible. Ne compte pas sur moi pour te regarder faire la larve. » Répondit-il avec franchise, sans agressivité.

Leone avait essayé de l’aider, à deux reprises, en vain. C’était déjà bien plus d’attention qu’il n’accordait en règle générale à ses colocataires. Il sortit finalement de la chambre, refermant la porte derrière lui, rendant à sa camarade sa solitude. Elle ne lui avait rien demandé et ne semblait pas avoir besoin de son aide, désormais il savait. A l’avenir il s’abstiendrait.