( Alcéo )

Les jours semblaient défilés et Betty n’y faisait pas attention. Voilà le réveillon de passé, Noël aussi touchait à sa fin, et pourtant, elle n’arrivait pas à faire semblant. Elle tentait tant bien que mal de jouer à celle qui vas bien devant les autres, mais elle savait qu’elle n’était pas très crédible. En même temps, elle ne faisait rien pour. Elle évitait constamment de se retrouver seule à seule avec un candidat qu’elle connaissait un tant soit peu, histoire de ne pas avoir à en parler, mais c’était difficile. Alors voilà pourquoi depuis le prime, depuis cette nuit-là où tout a changé, elle déambule dans la maison sans réel but, tel un fantôme silencieux. Elle mange en dehors des repas, elle dort quand les autres sont debout, et elle évite de dormir aux côtés de son partenaire. Alcéo. Elle ne lui parlait plus vraiment depuis le prime, tentant tant bien que mal de ne rien laisser paraître devant lui. Bien que bonne actrice, elle avait du mal à jouer la comédie devant lui. Elle savait bien qu’il avait remarqué qu’elle prenait ses distances, sans doute avait-il compris que cela avait un rapport avec sa discussion privée avec Ethan, sans doute croyait-il qu’elle n’était plus intéressée par lui et qu’elle ne voulait plus rien à voir avec lui. Non, c’était stupide ça. Il ne croyait quand même pas ça ? Soupirant pour elle-même, Betty traversait le couloir quand elle sentit une main puissante la saisir par le bras et l’emmener de force dans une pièce avant de refermer la porte dans un claquement. Se laissant faire sans même essayer de chercher à comprendre, la jeune blonde ne fit que grimacer de douleur quant à la force de celui qui venait de la kidnapper. Jetant un rapide coup d’œil a son agresseur, elle reconnut l’italien et se contenta de baisser les yeux, ne préférant pas croiser son regard. De quoi avait-elle l’air là ? Pathétique. Elle devait être pathétique. Tant pis, elle ne cherchait pas à lui plaire. Il ne pouvait pas être intéressé par une fille comme elle de toute façon. Lentement, sans un mot, la jeune blonde amena sa main sur celle de l’italien qui était toujours accrochée à son bras et elle l’effleura du bout des doigts, ne cherchant même pas à lui demander de retirer sa main.

Betty-Jayne restait silencieuse, et lorsqu’Alcéo la fit s’asseoir de force sur le lit, elle le laissa faire, telle une poupée que l’on manipule comme on le souhaite. L’italien lui releva alors le visage, l’obligeant à croiser son regard qui était si glacial qu’elle en eut un frisson. Elle le laissa s’énerver sur elle, ne comprenant pas vraiment pourquoi il se mettait dans cet état. Il était froid et dur avec elle. Il n’y allait pas par quatre chemins, mais Betty le laissa faire, gardant le silence, baissant simplement les yeux lorsqu’il eut finit, tandis qu’il serrait ses doigts sur son menton, lui faisait presque mal. Avec une certaine douceur, elle lui prit la main qui lui maintenait le menton, puis elle lui fit desserrer son étreinte, avant de se relever, face à lui, laissant sa main. Il ne recula pas, et elle se retrouva proche de lui. Mais elle n’y faisait même pas attention, bien trop préoccupée par les paroles qu’il avait pus prononcer a son égard. « Tu es énervé.. Il ne faut pas. » Elle releva ses yeux vers lui, croisant son regard glacial. « Ces yeux-là.. Sont-ils vraiment les tiens ? » Elle n’en dit pas plus à ce sujet. « Tu ne connais pas Ethan. Tu ne me connais pas.. Alors qu’est-ce que tout ceci peut te faire ? » Sa voix était douce et calme. Elle haussa les épaules, puis elle reprit sa main dans la sienne, et sans savoir pourquoi, elle entrelaça ses doigts aux siens. Ce contact la fit fermer les yeux, tandis qu’elle se rapprochait de l’italien, posant sa tête sur son torse. « Tu n’as aucune idée de quel est mon chagrin. Je sais qu’il y a bien pire, je connais la misère du monde crois moi, je connais des histoires difficiles et atroces, mais je ne me plains pas Al.. Je suis juste..déboussolée. » Elle releva sa tête, croisant encore ce regard si profond qu’était celui de l’italien. Elle en fut quelque peu déstabilisée, mais elle garda ce contact visuel. « N’ai-je pas le droit de perdre le contrôle de moi-même ? » C’était un murmure qui en disait bien plus qu’elle ne l’aurait sûrement voulus. Elle était perdue dans ses sentiments, elle avait compris qu’Ethan n’était que son meilleur ami et elle l’avait laissé de côté au détriment d’un homme qui ne semblait ne rien comprendre. Mais elle ne comptait pas lui dire, elle préférait encore qu’il l’engueule comme il le faisait maintenant, plutôt qu’il comprenne qu’elle avait fait tout ça pour lui.

De la pitié, était-ce bien cela qu’elle distinguait dans ses prunelles bleues ? Betty n’aimait pas inspirer la pitié, elle détestait ça, elle préféra donc baisser les yeux, coupant ce contact visuel un court instant. Pourquoi restait-il là près d’elle ? Si la voir dans cet état l'insupportait, il n’avait qu’à partir, rien ne l’en empêchait. Mais non, il restait là, debout face à elle, la bloquant sans forcément le vouloir. Il osa alors hausser le ton à propos d’Ethan. Était-il seulement entrain de juger quelqu’un qu’il ne connaissait pas après n’avoir entendus qu’un petit discours ? Betty ne l’écouta qu’à moitié, n’étant pas vraiment d’accord, elle faisait non de la tête, préférant ne pas relever. « Tu ne peux pas juger quelqu’un à un simple discours. » Elle releva finalement les yeux, croisant son regard si profond et s’y perdant l’espace d’un instant. Il lui parla, mais elle ne comprit qu’à moitié, puisqu’elle était déjà loin dans ses beaux yeux, complètement noyée. Il lui prit ses mains et elle se laissa faire, clignant des yeux et l’écoutant telle une enfant curieuse de savoir la suite. Elle baissa la tête suite à ses paroles, loin d’être prête à s’énerver ou à le frapper, mais il lui releva le menton, plongeant de nouveau son regard dans le sien, insistant pour qu’elle se lâche. Mais que voulait-il à la fin ? Pourquoi restait-il aussi près d’elle alors que sa vision l’horripilait soi-disant ? Il n’avait pas la moindre idée de quoi il parlait. Il ne comprenait rien. Il ne savait pas, non. C’était elle qui avait quitté Ethan, elle qui avait insisté pour qu’ils arrêtent. Ethan l’aimait tellement qu’il était prêt à lui pardonner son rapprochement avec son partenaire, il la voulait simplement pour lui. Mais elle avait dit non. « Non, je l’aime.. » Voilà ce qu’elle lui avait dit, à Ethan. Ces mêmes-mots qu’elle venait de prononcer là, devant lui, dans un murmure imperceptible. De toute façon, il ne comprendrait pas, et c’était bien mieux ainsi. Baissant encore les yeux, elle tenta de reculer, mais elle se butta au lit, qui était juste derrière elle. Elle était coincée. Elle voulut dégager ses poignets des mains de l’italien, mais il la tenait fermement, et elle ne se sentait pas de lutter. Elle s’arrêta donc, impuissante et faible. « Je ne m’énerverais pas, je ne te frapperais pas et je n'hurlerais pas Alcéo. Je vais bien, lâche moi maintenant. » Elle lui lança un regard en biais, noir et pourtant habité d’une certaine lueur indescriptible. En cet instant précis, elle le détestait de tout son être. Il n’avait fais que jouer de ses charmes avec elle depuis le début. Il l’avait manipulé tel le charmeur italien qu’il était. Il l’avait désiré ardemment l’espace d’une seule nuit, ne désirant sûrement que son corps et le plaisir charnel. Et puis il l’avait laissé crépir dans un coin, pour oser venir lui dire de ne pas être ce zombi qu’elle montrait depuis la fin du prime. Elle n’avait été qu’un jouet parmi tant d’autres, et elle s’était faite avoir telle une gamine naïve et impuissante face à charme ténébreux. Soupirant légèrement, elle se laissa tomber sur le lit, s’asseyant de tout son poids sur les couvertures brodés. Non, il n'avait aucune idée de quoi il parlait et de quoi il était question, mais c'était bien mieux ainsi.

En effet, ils ne seraient jamais d’accord concernant Ethan. L’italien continuerait à mal le considérer sans même avoir appris à le connaître tandis que Betty ne pourrait jamais oublier tout ce qu’Ethan avait été et avait fait pour elle durant la première saison de FL, ainsi qu’après, quand ils s’étaient retrouvés dehors. Ses yeux noirs et brillants fixés dans ceux de l’italien, il constata avec une étrange satisfaction qu’elle réagissait enfin. De la haine, de la colère, il n’imaginait même pas a quel point. Elle le haïssait. Et il rajoutait qu’elle était libre maintenant. « Ça me fait une belle jambe. » Imbécile. Idiot. Saleté d’italien avec son charme fou. Tout était de sa faute. Tout. Elle ne souhaitait pas être libre. Elle ne cherchait plus la liberté depuis bien longtemps, ayant compris que ce n’était qu’une utopie parmi d’autres. Elle voulait ses bras, sa bouche, son sourire, son cœur. Elle voulait lui appartenir, mais elle détestait cette idée. Appartenir à quelqu’un, cela lui semblait tellement étrange comme concept, tellement lointain d’elle. Elle avait toujours prétendus n’appartenir à personne. Mais avec lui, c’était différent. Son regard se noircissait au vus de ses pensées et elle préféra se détacher de ses beaux yeux bleus, s’asseyant sur le lit dans un élan de lassitude. Il s’assit à ses côtés. Que voulait-il encore ? Remuer le couteau dans la plaie ? Plus il restait aussi proche et insaisissable, plus elle le détestait et le désirait, et plus il semblait s’inquiéter d’elle, plus elle le fuyait. Elle ne comprenait elle-même pas ce qu’elle faisait. Y avait-il seulement une logique a tout ceci ? La voix de l’italien la détourna de ses pensées et elle l’écouta tout en tournant la tête, refusant de le regarder, telle une jeune enfant qui boude et qui n’écoute pas. Telle une enfant qui n’en fait qu’à sa tête. Elle se mordit la lèvre à s’en faire mal lorsqu’il dit vouloir que son amie proche aille mieux. Une amie. C’était donc ce qu’elle était pour lui. Une simple amie proche. De ses amis que l’on garde toujours près de soi sans jamais les toucher, parce que ce sont des amis proches ? Elle ne voulait pas de ça. Lentement, se mordant toujours la lèvre, elle tourna son visage vers lui, plantant ses prunelles dans les siennes en un regard à la fois plein de désir et de haine, de faiblesse et de fatigue, ainsi que de déception. Elle n’ajouta rien à ce qu’il venait de dire, gardant le silence, et ne fit rien d’autre que de le regarder. Il voulait un signe de sa part, qu’il aille se faire voir elle ne bougerait pas un cil pour lui. Quoi que.. Sans qu’elle ne s’y attende, il l’attira a lui avec une certaine froideur et une étrange maladresse qu’elle ne lui connaissait pas et elle se retrouva contre lui. Fermant alors les yeux, elle sentit toute colère se dissiper, son corps se détendit et elle se blottit contre lui avec plaisir. Ses lèvres chaudes se posèrent sur sa peau, il prononça quelques mots, et déjà il se levait, la laissant seule sur le lit, plus seule que jamais. Comment osait-il revenir vers elle pour la laisser de nouveau seule ? N’était-ce donc qu’un jeu pour lui ? N’était-elle qu’une poupée sans importance qu’il manipulait à sa guise ? Toute sa colère remonta en un instant, et furieuse, elle se leva du lit et le rejoignit et lui agrippa le bras avec une certaine force rageuse. Il se retrouva face à elle et il pouvait voir enfin des yeux remplis d’éclair le dévisager. « Tu me fuis ! Tu viens et puis tu fuis ! Tu m’obliges à réagir, tu forces, tu te rapproches et puis tu fuis ! Mais qu'est-ce que tu veux à la fin ?! Tu ne me comprends pas et tu n’essaie même pas d’y comprendre quelque chose ! Tu juges sans connaître, tu dis vouloir m’aider, mais je ne suis pas ton amie et encore moins ton amie proche ! Je te déteste ! C’est toi le teme, Toi et seulement toi ! Tu n’as aucun droit sur moi, tu n’as aucun droit tu entends ! Je t’interdis de me dire quoi faire comme tu l’entends ! Si j’ai envie d’être zombie, je suis un zombie, qu’importe ce que tu en pense ! Moi je ne te dis pas de ne pas te comporter comme tu le fais depuis le début de l’aventure ! Moi je ne te dis pas de ne pas t’amuser avec Rusty ou Chloe parce que le Alcéo que l’on connait tous ne ferait pas ça ! Moi je ne juge pas tes proches ou tes ex sur de simples paroles ! Je suis libre dis-tu, mais je n’ai rien d’une fille libre ! Tu ne comprends rien ! Tu ne fais que jouer avec moi depuis le début ! Je t’avais dis de ne pas jouer avec moi, mais tu t’en fous, tu es tellement fier que tu ne fais pas attention à ce que l’on te dit, tu joue a ta guise et tu t’es joué de moi ! Mais tu ne l’assume même pas ! Tu me désire une nuit et puis tu t’en vas ! Si tu as tant envie de sexe que ça va voir une autre, mais pas moi ! Je ne suis pas une poupée gonflable que l’on utilise que lorsqu’on veut du sexe. » Elle avait laissé sa colère l’emporter complètement, l’aveuglant et la forçant à laisser ses poings cogner sur le torse musclé de l’italien. Au vus de sa haine, elle avait frappé bien plus fort qu’elle ne l’aurait sûrement souhaité, mais un homme avec une telle carrure n’avait sûrement pas sentit grand-chose. Et puis tant pis, même s’il avait eu mal, tant pis. Ses paroles avaient été froides et dures, lancées telles des armes sur l’italien. La bouche entre-ouverte, haletante, Betty restait là, au milieu de la chambre devant lui, furieuse contre lui et contre elle-même, son cœur battant à la chamade.