Je soupçonne un habitant du château de me piquer ma tablette et de s’en servir pour prendre de la merde en photo. Ce n’est pas la première fois que je n’arrive pas à mettre la main dessus alors que j’en ai besoin. C’est limite une question de vie ou de mort. Il me faut pouvoir accéder à twitter et surtout à celui de tous mes petits camarades. J’aime bien faire la fouine et les observer, que dis-je les espionner plutôt, à longueur de journée. Je suis sacrément embêté en plus parce que ce n’est pas à moi, mais à la production et je n’ai pas du tout envie de devoir payer une tablette tactile si jamais un imbécile vient à me la casser. D’accord on est des adultes responsables, mais il y a tout de même des barjots avec nous ici. Betty si tu m’entends, ceci est pour toi. Ça me gonfle un petit peu de devoir quitter ma chambre pour fouiner dans la vie de mes colocataires, mais je n’ai pas le choix. C’est en traînant de la patte que je m’en vais direction la salle informatique. J’ai l’impression de retourner au lycée en disant ça. Salle informatique. Je pousse la porte et y trouve Zoey à laquelle j’adresse un sourire. Je m’installe à un écran d’ordinateur et commence à pianoter sur le clavier lorsque je sens que quelqu’un est tout près de moi. « Salut Danaé. » Je sursaute. Elle est proche de moi et je ne m’entends pas à sa lorsque je tourne la tête. Zoey m’observe avec un sourire qui me donne la frousse et puis je n’ai même pas le temps de me remettre de mes émotions qu’elle reprend : « J'ai une question à te poser, juste comme ça, parce que ça m'a traversé l'esprit quand je t'ai vu.» Elle est en train de me sourire alors je fais de même. Je l’aime bien cette nana quand même. « ça te ferait chier si je couchais avec ton mec. Enfin, avec Zoran quoi. » Réflexion faite, je ne l’aime pas du tout cette nana. Mon sourire s’envole bien vite pour laisser place à une tête de blasé. Depuis quand elle veut coucher avec Zoran d’abord ? Elle ne l’a jamais dit haut et fort. « Oui. » que je termine par répondre assez sèchement en reprenant mon activité première, pianoter sur le clavier de mon ordinateur. Elle manque vraiment pas de culot celle-là.

Je me demande comment elle peut venir me poser une question pareille. Soit elle ne tient pas à sa vie et elle veut que je lui arrache les yeux en lui fourrant mes ongles tranchants dans les orbites, soit elle pense que je n’en ai rien à faire de Zoran. Elle croit peut-être que c’est juste mon pote, mon plan cul, mais ce n’est pas parce que la production me traite de salope devant des centaines de milliers de personnes que je n’ai pas de sentiment. J’ai couché avec Zoran parce que j’en avais envie, mais aussi parce qu’il me plait comme garçon. Je sais bien qu’il ne veut rien de plus que des parties de jambes en l’air avec moi, mais j’ai l’droit d’espérer. Et puis je lui ai déjà fait comprendre que je serais assez vexé si jamais il avait dans l’idée d’aller fourrer sa baguette chez une autre candidate. « C'est dommage » Pourquoi elle dit ça celle-là ? Je l’observe avec un regard noir. J’imagine déjà ce qu’elle va me dire et ce qu’elle est en train de penser. Je n’ai tellement pas envie qu’elle le dise à haute voix que je tourne la tête pour ne plus la voir, comme si j’avais envie de la fuir, d’aller le plus loin possible d’elle pour ne pas entendre ce qu’elle a à me dire. « Dommage de tout miser sur un mec qui n'hésitera pas à sauter sur la première fille qui écartera les cuisses devant lui. » Voilà, elle le dit. Personne n’a encore osé me le dire clairement. C’est comme un coup de massue en plein derrière le crâne. Je ne dis rien. Je me contente de fixer l’écran de l’ordinateur auquel je suis installé. « Occupe-toi de ce qui te regarde. » que je lui balance sur un ton neutre avant de continuer à pianoter sur le clavier. Je n’aime pas qu’on me donne des conseils ou qu’on se prenne pour ma mère.