Orson & Danaé
#9

Depuis ma petite conversation avec ma partenaire la semaine précédente, je ne cesse de penser au fait qu’il faut que je sois un petit peu plus présente dans la vie de mes colocataires. Je ne sais pas vraiment si j’ai les épaules assez solides pour être la super copine de tout le monde ou encore pour faire autant de bruit que lors de la découverte des images de mes ébats avec Zoran, mais en tout cas j’ai envie de mettre toutes les chances de mon côté pour devenir l’un des piliers de cette saison. Je ne sais pas encore comment je vais m’y prendre, mais je vais y mettre tellement d’énergie que tout le monde va regretter de penser que je ne mérite pas ma place en finale. Je vais leur montrer à tous qu’ils se trompent et pas qu’un petit peu en plus. J’ai bien envie de me la jouer perso pour montrer à Henley que je peux me débrouiller sans elle, mais je pense que pour le moment elle peut encore me servir alors je crois bien que je vais attendre un petit peu pour la laisser sur la touche. Je peux peut-être me servir de ma complicité avec Celse pour essayer d’avancer dans le jeu, mais je n’ai pas envie que tout le monde pense que je suis le genre de nana qui allume tous les mecs lui passant sous le nez alors j’abandonne bien vite l’idée. En plus, je ne veux pas que sa nana m’attende à la sortie pour me refaire le portrait ou un truc dans l’genre. Je peux peut-être profiter de la popularité d’Orson, mais je ne suis pas du style à profiter des gens que j’apprécie pour obtenir quelque chose. Non, je vais me débrouiller toute seule, comme une grande. Je suis en train de réfléchir à la façon dont je vais m’y prendre quand je rentre dans la salle de bain pour me changer avant d’aller me coucher. Je ne fais plus trop attention aux caméras et une fois la porte fermé voilà que je commence à enlever le haut que je porte, puis ma jupe. Me retrouvent en petite tenue je ferme les yeux un instant et passe mes mains dans ma nuque. Je suis assez tendu en ce moment. Fatiguée aussi. C’est en ouvrant les yeux que je tombe nez à nez avec Orson. Enfin, pas vraiment. En ouvrant les yeux, j’aperçois son reflet dans le miroir. Il est tranquillement en train de prendre un bain et de m’observer en souriant. Heureusement que ce n’est que lui parce que sinon j’aurais pris peur. Je sais qu’il ne va pas me faire de mal et que je ne risque rien. Un petit sourire timide s’installe sur mes lèvres. « La première fois qu’on s’est parlé tu étais en train de prendre un bain. » que je me rappelle. Je me souviens de ce moment dans les moindres détails. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours que je prends des bains avec un inconnu donc forcément cela reste en mémoire. Et puis c’est bizarre de se souvenir de notre première rencontre alors qu’on est tous les deux sur le banc des nominés cette semaine. Si ça se trouve c’est l’une des dernière fois que je lui parle.

Cette nomination devrait m'affecter. Je ne ressens rien de particulier. Il est vrai que ce serait navrant de partir à ce stade de l'aventure. Dès le départ, je mettais fixer un objectif. Celui d'être parmi les demi-finalistes de l'émission. Maintenant que je me retrouve en danger à mon tour, j'ai conscience que mes chances de réussite se sont amoindries. Je ne perds pas espoir et je garde la tête haute. Rien est encore joué. Je n'ai aucune stratégie, aucun plan. Je n'en ai pas besoin. Je laisse les spectateurs à juger par eux-mêmes si je mérite de continuer ou non. Mon sort est entre leurs mains. Pour l'heure, je relativise. C'est aux environs de dix heures de soir que je m'octroie un moment de relaxation. Se faire couler un bain est une idée excellente pour se détendre. Je ne me fais pas prier. L'eau est en train de remplir la baignoire à une hauteur raisonnable tandis que j'enlève mon peignoir avant de m'y glisser. Mon dos vient se reposer contre la paroi. J'entends des pas rentrer dans la pièce. Je vois du coin de l’œil la silhouette longiligne de la parisienne en petite tenue. Je hausse un sourcil interrogateur. Elle se tourne vers moi et me parle de notre première rencontre. J'acquiesce. - Oui, je m'en souviens. Cela s'est passé en début d'aventures. J'ose espérer qu'elle est désormais plus à l'aise en ma présence. Il serait temps. Je me souviens alors de sa confession de la semaine dernière. Elle me voyait tel un homme parfait. Une idéalisation que je trouve infondée puisqu'elle ne connait que des bribes de ma personnalité. Il y a encore des choses qu'elle ignore à mon sujet. Je suis loin d'être parfait et j'en ai pleinement conscience. Mes manières ne sont le résultat d'un savoir-vivre hérité de mes parents. Je n'ai pas toujours été ainsi. Je l'observe. Elle a mauvaise mine, ces derniers temps. - Tu as l'air tendu, on dirait. Serait-ce à cause des nominations ? Elle ne devrait pas se mettre dans des états pour si peu. Je comprends qu'elle veuille aller le plus loin possible dans l'aventure, mais cette nomination ne devrait pas à l'atteindre. J'ai une idée pour lui changer les idées. Un sourire en coin, je la couve du regard avant de fixer le sol quelques instants. Je lève les yeux et rencontre les siens. - Un bain pourrait te relaxer. Qu'en dis-tu ?, lui dis-je en l'invitant d'un geste léger de la main. Nous avons déjà partagé cette baignoire par le passé. Pourquoi pas réitérer la chose tant qu'on y est. Je doute que cela puisse gêner qui ce soit. Pas moi, en tout cas. Et puis, c'est toujours agréable d'avoir de la compagnie. Ce n'est pas comme si nous étions étrangers l'un pour l'autre.  

Parler de se première rencontre avec une personne que l’on apprécie énormément alors qu’on est peut-être la point de la quitter, je ne suis pas certaine que ce soit vraiment recommandé. Cela peut faire monter une certaine nostalgie des bons moments passés ensemble et casser ces derniers instants magiques en un rien de temps. Pourtant je prends le risque. De toute façon c’est la seule chose dont j’ai envie de parler avec Orson lorsque je le vois à une heure aussi tardive en train de se prendre un bain. Comme la toute première fois où l’on s’est parlé. - Oui, je m'en souviens. Je vois bien qu’il arque un sourcil en me regardant. Je ne comprends pas tout de suite, mais c’est en baissant les yeux vers mon petit corps de crevette que je me rends compte que c’est certainement à cause de ma tenue qu’il vient de faire cette tête. C’est vrai que je n’ai encore jamais eu le cran de me balader en petite tenue devant qui que ce soit. D’ailleurs, c’est assez gênant. Mes joues ne deviennent pas écarlates, mais tourne quand même vers le rose. Je regarde tout autour de moi. Il n’y a rien à ma portée pour que je cache cette vision à mon camarade. C’est intimidant. Je ne fais même plus attention au fait qu’il m’avoue se souvenir de notre première rencontre. - Tu as l'air tendu, on dirait. Je ne sais pas vraiment s’il parle du moment présent ou bien de toute cette semaine en général. J’ai pourtant tout fait pour ne montrer à personne le stress qu’il y a en moi depuis le dernier prime. Je n’aime pas le fait de me retrouver sur le banc des nominés avec des personnes que j’apprécie énormément. Heureusement que Celse ne se retrouve pas lui aussi sur la sellette cette semaine. Cela aurait été la goutte d’eau faisant déborder le vase. Je l’observe toujours à travers le miroir et lui répond d’un petit signe négatif de la tête. Je sais que c’est mal de mentir et pourtant je ne peux pas m’empêcher de le faire. Surtout devant Orson. Je ne veux pas l’inquiéter ou quoi que ce soit d’autre avec mes peurs et mes doutes. Mon regard croise le sien. - Un bain pourrait te relaxer. Qu'en dis-tu ? Peut-être bien. Je ne sais pas vraiment. J’hésite un instant avant de lui sourire timidement et de m’approcher de de la baignoire pour me glisser à l’intérieur, comme la toute première fois. Je ramène mes jambes vers mon buste et les entoure de mes bras. Je l’observe un très court instant avant de baisser les yeux et de jouer avec la mousse qui tourbillonne tout autour de moi. « J-je … Tu vas beaucoup me manquer si jamais on vient à être séparé dimanche. » Une déclaration d’amitié comme une autre. Pour une fois, je plonge mon regard dans le sien et lui adresse un sourire des plus sincères. Je sais que je suis désolante à envisager toujours le pire, mais ce n’est pas ma faute si je n’aurais jamais imaginé m’attacher autant à certaines personnes. C’est quand même dur de se dire qu’on ne va peut-être plus jamais les voir en sortant d’ici alors qu’on a partagé tout un tas de choses pendant un certain temps.