Le prime était terminé et déjà je me promenais à travers la maison, je ne pensais plus, j'errais comme une âme en peine. Chaque nuit depuis maintenant une semaine, je procédais à ce rituel. J'étais vétue d'une simple robe en dentelle blanche, presque transparente, mais la nuit tombée ne laissait rien entrevoir. J'étais bras nus, comme à mon habitude ces derniers temps, aimant tellement la fraîcheur geler la peau. Je voyais une ombre, quelqu'un se trouvait là, à fumer, je m'avançais, lançant : « C'est beau la nuit ... Le froid c'est tendre et meurtrier à la fois, comme moi » Je n'avais pas reconnu Austin sur le moment, jusqu'à ce que j'arrive à sa hauteur, un simple « Ah » Sortit de ma bouche, je ne bougeais pas, attrapant la cigarette qu'il était en train de fumer pour la mettre entre mes lèvres, tirant simplement une taf sans rien dire

Il semblait furieux, je le comprenais, j'avais ce sourire niais sur le visage, il s'énervait seule, j'étais restais impassible, il me repris la cigarette, je haussais les épaules. Il voulait que je parte, je n'en avais pas envie « Tu en as fait souffrir plus d'un dans cette maison. Commençant par Cassandre. Il est réellement amoureux de toi, il souffre affreusement d'avoir été utilisé ... Mais après tout, c'est le jeu ici, nous manipulons chacun d'entre nous pour arriver à nos fins, pour l'appât du gain, le seul et l'unique » Je sortais j'avais une simple robe d'été qui me rappelait étrangement Deirdre, l'une des poche était bondée, j'en sortais un paquet, tirais une des cigarettes et l'alluma avant de tirer dessus et d'en expulser la fumée venue détruire une partie de mes poumons. Les cigarettes que je fumais cette fois ci avaient un gout, à la vanille, je souriais en les regardant, si fine et talentueuse. Je fixais de nouveau Austin « Tu sais nous sommes entourée de près de 30 personnes, nous avons tous un but différent, tous une envie, des plaisirs, nous sommes là pour gagner et se faire connaitre, il est normal de recevoir des insultes à tout vas, des jugements ... Je n'aime pas être jugée, alors n'agis pas pour qu'on le soit et surtout, laisses les dire et accepte tes propres gestes » Je regardais alors la cigarette, je donnais de simples conseils à Austin « Le jour où tu leur aura montré que tu es quelqu'un de fort qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, qui ne se pose pas en victime chaque fois qu'un évènement surgit, alors, ils te respecteront » Un cours de vie sociale? Je me mis à rire « Voilà que je te donne un cours de vie sociale ... Moi ... Moi qui n'ai jamais vécu avec d'autres enfants, qui a été seule durant des années durant, pourtant, j'ai appris que ce monde est loin d'être simple, les embûches te forgent un caractère, un monde tout blanc et tout serein, c'est fatiguant, crois moi » Je parlais là de ma propre expérience, j'aimais les gens pour ce qu'ils étaient.

Il se rassit simplement, me tournant le dos, le regard perdu dans le vide, il me déblaterrais alors un long discours que j'écoutais avec attention, concluant qu'il m'aimait toujours, je ne le cru pas, pas de suite, je n'en avais pas envie. Puis il enchaîna sur Cassandre, aimer deux personnes à la fois devait relever du défi, je ne le comprenais pas, je ne savais pas si c'était possible, pour moi, la difficulté résidais ailleurs « Il n'y a rien à comprendre, je suis une garce et une trainée, ne l'as-tu pas toi même dis ...? » J'étais blessée mais je ne le montrais pas, je tirais sur la cigarette que je fini par laisser se consumer dans le cendrier « Dois-je vraiment te donner mes raisons? Je ne le pourrais pas sans être nominée d'office la semaine prochaine, c'est à toi de découvrir, qui je suis vraiment » Toute notre histoire, ou plutôt sa fin, résidait dans le simple fait de ce que j'étais, je n'avais pas eu le droit de l'aimer, il fallu me faire détester, chose que je tentais malgré tout de lui dire « Je n'ai pas le droit d'être aimé, je ne le mérite pas. Parce que la personne qui m'aimera en souffrira ... Je n'ai pas envie que tu souffres, alors tu dois me détester » Je haussais les épaules, comme pour moi même « Et puis j'ai promis à Cassandre de te laisser partir » Je souris faiblement, je n'avais pas envie de faire souffrir le jeune homme, qui en avait assez avec ses émotions personnelles. « Mais comprends les autres habitants, tu en deviens maladifs, ils ne savent plus quoi penser, ils te trouvent faux et manipulateur, tu dis aimer une personne mais l'oublie rapidement pour une autre, tu es une vraie girouette Austin ... Comprends les ... » Je m'installais sur l'une des tables, serrant les jambes où s'infiltrait le vent frais, j'étais sereine, beaucoup trop sereine, comme rêveuse

Il me dit alors que j'avais raison, je n'avais pas envie d'avoir raison, il semblait las et perdu, il n'avait plus envie de se battre et je le comprenais. Je soupirais, écrasant la cigarette que j'avais lâchement abandonné, elle aussi. Je la fixais un instant alors qu'un blanc monstrueux s'installait entre nous. Je me levais et marchait doucement dans la pelouse, j'étais pieds nus, je m'en fichais, je fixais mes pieds, me retrouvant face à Austin, je le fixais « J'ai pas envie d'avoir raison » Je m'accroupi un instant, attrapant un brin d'herbe que j'émiettais doucement « La vie est dure, il faut que tu sois fort ... Je partirais, si tu veux » J'étais prête à lui laisser ma place, pour qu'il soit enfin heureux et bien

Il me regardait de son air hautain, je levais les yeux au ciel, il n'avait rien comprit « Tu es l'idiot de la situation, je te donne toutes les clés pour que tu puisses comprendre, mais tu es entêté dans ta situation...» Je n'eus pas le temps de répondre que déjà il s’accroupissait face à moi, prenant mon visage dans ses mains, m'avouant que si quelqu'un devait partir, c'était lui, je fis non de la tête, il me fixait, j'avais envie de détournais mon regard de lui, il ne comprenait pas, vraiment pas, je soupirais « Réfléchis Austin, réfléchis à tout ce qui arrive ... Ouvres les yeux » Je parlais dans un souffle, j'étais désespérais, mon visage approchais le sien, nos lèvres s'effleuraient, mais je n'avais pas envie de l'embrasser, pourtant, j'étais attirée. Dans un souffle, j'avouais « Je ne peux pas te mentir .. » Mes sentiments pour lui n'étaient jamais partis, pourtant j'avais tout fait pour qu'il me déteste, j'y arrivais si bien. Je repris rapidement mes esprits, secouant la tête, je tombais sur les fesses dans l'herbe humide, j'avais les mains sur le sol, je le regardais bouche bée. « Le mieux est que tu continues de me détester, vraiment, c'est mieux » Pensais-je vraiment ce que je lui disais, non, pourtant, il le fallait.