Cette semaine, j'avais quelque peu décidé de me ressaisir après toute la conversation que j'avais eue avec Leone, il y a à peine quelques jours. Il m'avait fait prendre conscience que je devais me reprendre en main, que je ne pouvais pas continuer comme cela sous peine de passer à côté de quelque chose, d'une belle aventure, que j'aurais loupée de mon plein gré, de ma propre volonté même si cela aurait été inconsciement. Je m'étais tout simplement dite qu'il faisait cela pour mon bien. Que je devais me sentir joyeuse et que les gens ne puissent plus me redire quoi que ce soit sur mon état d'humeur des derniers jours et ma discrétion. J'avais beaucoup réfléchi mine de rien ces derniers temps au sujet de tous les conseils qu'il m'avait donnés et des critiques qui avaient été faites. Pour tout vous dire, je réfléchissais tellement que je n'arrivais même plus à dormir pendant les nuits. Je ne cessais plus de penser, changeant de position toutes les trente secondes dans le lit et le sommeil ne venait pas ou alors vraiment tard. J'avais dorénavant tous les matins une chanson en tête et je me mettais à chaque fois à murmurer les paroles. Bien évidemment, ce n'était jamais la même chanson et je prenais plaisir à changer à chaque journée. J'en choisissais une qui me donnait envie de danser, au rythme entraînant et je commençais ma journée de bonne humeur. Aujourd'hui, même rituel mais cependant, contrairement aux autres jours, j'avais une étrange envie de bouquiner. Je n'étais pas spécialement fan de lecture, surtout les gros romans avec des tonnes de description inutiles qui pouvaient s'étendre sur plus d'une page. Cela ne me donnait aucune envie de lire et je préférais, dans ces cas là, me concentrer que sur les dialogues mais de toute évidence je ne comprenais rien puisque la narration, aux détails importants, avait été zappée. Il fallait aussi avouer que les dialogues n'étaient pas assez intriguant. Et pour cause, l'histoire elle même ne l'était pas. Vous l'auriez compris, ce n'était pas mon activité favorite. Néanmoins, lorsque j'avais envie de faire quelque chose, je le faisais toujours ... Ou presque. Bref, c'est ainsi que j'attrapai un livre au hasard de la belle bibliothèque du salon et m'assis sur un fauteuil, débutant alors dans ma lecture. Tout à coup, je balancai violemment cet écrit sans que je ne pris le temps de voir où est-ce que je l'avais lancé. Pitié que quelqu'un ne l'ait pas reçu en pleine figure.

Quelle idée de jeter un livre comme ça, à tout va ! Je vous le fais pas dire. Surtout que je l'avais presque propulsé de toutes mes forces, déterminée à ce qu'il soit hors de ma vue à tout prix, comme s'il renfermait une étrange malédiction quand on l'ouvrait. Bien entendu, il n'était ici pas question de malédiction ou de quelconque phénomène bizarre ou surnaturel mais je fus très vite indignée par les illustrations de cet ouvrage. Au premier regard, je les trouvai plutôt choquantes même si ce n'étaient que de simples images. Certes, de simples images mais des photos qui avaient véritablement l'air d'être réelles et les actions sur ces photos s'étaient sûrement déroulées. Rien que d'y penser, ceci me provoquait une sensation étrange. Ces représentations montraient des humains qui souffraient et ce sang qui était omniprésent me rappela plusieurs choses que je préférais oublier mais qu'il m'était impossible parce que cela avait été une partie de ma vie et que ces événements ressurgissaient assez fréquemment. Ce n'était pas un livre où la violence était récurrente, puisqu'il abordait en globalité l'histoire de l'Irlande, mais le peu que je vis m'avait suffit et il n'en fallut pas plus pour que ce livre finisse loin de ce qui m'était visible. J'avais pensé à ce quelqu'un le recoive sur la tête au lieu qu'il ne finisse son trajet au sol ou sur un autre fauteil comme j'aurais aimé. Le pire, c'est ce qu'il arriva, quelqu'un avait dû subir le poids de l'écrit étant donné que j'entendis quelques mots dont le sens m'était totalement inconnu. A tous les coups, c'étaient des insultes, je ne voyais pas ce que cela pouvait être d'autre, vu la situation actuelle. D'autant plus qu'ici, personne n'avait la même nationalité donc personne n'utilisait le même vocabulaire. N'osant me retourner depuis toute à l'heure de peur de ce que j'avais fait, je fis néanmoins demi-tour au cas où si quelqu'un s'était fait mal. La bouleeeeeette ! Austin se tenait au mur, pour ne pas tomber, juste devant mes yeux. M'approchant de celui-ci afin de voir si tout allait bien, je pris la parole.

Ouuuups ! Je t'ai fait mal ? Quelle conne suis-je ! Enfin, non, pas quelle conne ! Ca va ?

Spoiler:

Je dus réfléchir à deux fois avant de faire demi-tour, appréhendant la réaction de la personne qui se trouvait à mes côtés. Je n'avais tout simplement pas envie de voir de qui il s'agissait mais je n'étais pas lâche à ce point là et imaginons que je lui avais véritablement fait mal. Quand j'appris que c'était Austin, j'étais plutôt mal à l'aise puisqu'il n'allait pas forcément bien ces derniers jours, il avait pas mal de problèmes apparemment et certaines personnes semblaient un malin plaisir à le rabaisser. Je n'avais pas forcément envie d'en rajouter avec un livre balancé contre mon gré sur lui. J'ignorais complètement si un bouquin faisait mal, j'avais bien reçu autrefois un tas d'objets sur le corps mais un livre, ça, jamais. Et encore moins à la tête. Ne connaissant alors pas la blessure qu'il avait, j'étais inquiète à l'idée que je lui ai fait un bleu ou tout simplement à ce qu'il avait ressenti. Je m'étais toutefois rattrapée lorsque je m'étais traitée de conne. Maladroite si on veut, mais pas conne. Ce n'était pas la même chose. Je me précipitai d'aller à son encontre, quelque peu soucieuse de connaître l'état de santé dans lequel il était après ma grosse bêtise. C'est ça de ne pas faire attention à chacun de ses gestes, on envoyait des livres aux gens en pleine figure par inadvertance mais que voulez-vous ? Mon coup était parti tout seul. J'étais vraiment mal lorsque j'avais su par ses insultes que ma crainte s'était réalisée, que le livre s'était bien réceptionné sur la tête de quelqu'un d'autre. Pourquoi fallait-il toujours que les pensées que je redoutais se déroulent ? A croire que quelqu'un prenait un malin plaisir là-haut. Il me rassura par la suite, m'assurant qu'il se portait bien mais je n'étais pas très convaincue et je ne dus pas patienter longtemps avant qu'il ne titube à nouveau en se ré appuyant au mur.

Enfin... presque ! Si tu pouvais m'aider à rejoindre le sofa, je te pardonnerai tout... Même d'avoir voulu me tuer.

Ouais, fais bien le malin, dis-je en riant. T’as du recevoir un sacré choc dans la gueule, tu ne t’y attendais pas, poursuivis-je en lui souriant. Je te préviens, je suis faible physiquement. Donc je ne vais pas te porter sur mes épaules, tu m’en veux pas, tu vas t'y accrocher. Quand j’étais gosse, certains garçons profitaient que je ne pouvais pas me défendre ... Pas pour me frapper mais bon. On s’est toujours moqué de moi parce que j’étais loin d’avoir un physique imposant, j’étais mince.