L'année commençait réellement très mal. Non seulement je passais les fêtes de fin d'années loin des miens, mais en plus, j'étais contraintes à rester loin de la personne avec laquelle j'avais le plus envie de me trouver en ce moment. Franz. En plus pour couronner le tout, il se retrouvait sur le banc des nominés et risquait de quitter l'aventure. Je bouillonnais, c'était tout bonnement impossible pour moi de lui montrer que je le soutenais de cette façon. J'étais dépitée, rien ne semblait se dérouler comme je l'entendais, tout fichais le camp au fil des jours. J'errais dans la maison désespérément vide jusqu'à ce que mes pas me conduisirent jusqu'au salon où la lumière brillait, j'étais prête à y entrer jusqu'à ce que j'aperçoive Franz, livide sur le sofa du salon. Je m'arrêtais sur le pas de la porte, hésitante, je ne pouvais pas, pourtant mon coeur me pressait de le retrouver tandis que ma raison semblait agir sur mes membres, me clouant au sol. « hey ... » murmurais-je, ce fut le seul son capable de sortir d'entre mes lèvres.

Quelque chose semblait éteint depuis le prime de Jeudi. Pour ma part, je savais le pourquoi du comment j'étais encore dans le canapé à broyer du noir, mais cette activité semblait être à la tendance dans la maison silencieuse. Les nominations étaient tombées il y a quelques heures maintenant, je ne me sentais désormais plus vraiment soutenu au sein du nid depuis le départ d'Alisk de toute manière et la réalité s'imposait désormais à moi quelque peu amèrement. Je grattais ainsi le tissu du coussin serré entre mes bras distraitement, je ne savais que faire ni qui aller voir pour être honnête, et les mesures qu'avaient pris Cupidon à l'issue des dilemmes m'empêchaient d'approcher la seule personne qui comptait vraiment désormais que ma soeur n'était plus dans le nid. Je m'apprêtais à soupirer jusqu'à ce que, comme un geste inespéré, j'entende la voix de Sydney derrière moi. Elle était plus faible qu'à l'accoutumée et je me retournai alors aussitôt, mouvant mes lèvres dans une réponse qui ne dépassa finalement pas ces dernières. Un maigre sourire sur les lèvres, je plongeai mon regard sur l'objet mollement plaqué contre mon torse, ne sachant que dire ou comment agir face aux conséquences du prime. Je mourrais d'envie de l'inviter à mes côtés, mais peut-être n'était-ce pas la chose la plus raisonnable à faire après tout... ça.

Mon regard oscillait entre Franz qui me tournait le dos, et le pas de la porte, la limite à ne pas dépasser, le seuil qui me séparait de lui. Les règles qu'avait imposé Cupidon indiquaient clairement que nous ne devions pas être dans la même pièce et c'était bien le cas puisque je me trouvais encore dans le couloir tandis qu'il se trouvait dans le salon, rien ne nous empêchait de nous parler bien au contraire. Seulement aucun son ne sorti de sa bouche, il osait à peine croiser mon regard. Je fus quelque peu décontenancé, j'étais même prête à franchir le seul, puis me rétractait au dernier moment, qu'allait-il arriver si je franchissais la ligne, tout semblait s'accumuler que tenter le diable semblait être stupide ... « tu me manques » avais-je soufflé dans un murmure, puis baissait les yeux instantanément tandis que le rouge me montait aux joues. Je m'étais ouverte, une fois de plus, sans pour autant être certaine qu'il n'ai pas dérapé. Dans le cas contraire, je n'aurais pas pu me le pardonner, la carapace que j'avais tout ce temps à construire commençait à s'effriter peu à peu et ça m'effrayait.

Je trouvais cette situation tellement stupide. J'en mourrais d'envie, cela crevait les yeux, de prendre Sydney dans mes bras. Pourtant, la raison venait affronter mes désirs de façon plus que perturbante, je ne savais quoi entreprendre avec la candidate, ni comment satisfaire ses attentes sans pour autant me priver de ce qui faisait ce que j'étais. Je ne savais à vrai dire même pas de quoi étaient faites ses attentes. Je m'étais promis de ne pas m'attacher à quelqu'un dans le nid, de ne pas accorder d'importance à une femme au sein du jeu et je sentais pourtant mes barrières tomber petit à petit face à l'Irlandaise. Je ne voyais pas cela comme une bonne chose, peut-être que le challenge que nous posait Cupidon allait nous permettre une remise en question bénéfique pour les semaines à venir. L'amour, l'amitié face aux caméras, toutes mes certitudes semblaient se fissurer face à la jeune femme.

Tu me manques.

Je ne l'entendis qu'à peine, je n'étais même pas certain de la réalité de cette déclaration et pourtant, je me retournais aussitôt sans aucune hésitation vers la brune, me mordant la lèvre. Me levant, je réduisis de quelques pas la distance entre nous, posant ma main à l'embrasure de la porte qui nous séparait. Je ne pouvais aller plus loin, je n'étais pas dans une position favorable pour me risquer aux peines de Cupidon. Mes iris cherchant les siennes, je soupirai tristement, tendant une main que n'osa pourtant pas rencontrer sa joue.

J'aimerai tellement que ce stupide dilemme n'est jamais existé.. Tu me manques aussi, s'en est déroutant.

La situation, était perturbante, en l'espace d'une soirée, j'avais abattu les barrières que j'avais mis tant d'années à construire. Je m'étais toujours refusée à m'attacher à l'un de mes partenaires sexuels, jamais, même à l'extérieur, c'était juste en totale contradiction avec qui j'étais. Seulement c'était différent, ici, avec Franz. Même si finalement, je ne savais pas réellement ce qui se produisait, je savais juste que je tenais à lui plus que je ne l'aurais du et que j'éprouvais un certain manque de ne pas pouvoir l'approcher comme je le voulais. Un manque affectif, bien plus qu'autre chose, ce qui me perturbait d'avantage, et ce qui n'était pas pour me rasséréner, bien au contraire. D'ailleurs, j'avais laissé échapper bien malgré moi cette petite phrase qui n'avait pas manqué de le faire réagir. Si bien que j'avais brusquement levé la tête. Je sursautais même de le voir aussi proche de moi. J'avalais assez difficilement ma salive alors qu'il avouait ressentir la même chose. J'étais à la fois rassurée de ne pas me heurter à un mur néanmoins, d'autant plus troublée, ce qui ne facilitait pas les choses. Alors qu'il levait la main en direction de mon visage, je ne pus m'empêcher de fermer les yeux quelques instants, afin de me contrôler, de m'empêcher de briser cette distance qui nous séparait. Puis je ne lâchais plus ses iris, plus expressives que jamais. « Ça va sûrement te paraître contradictoire mais c'est peut être un mal pour un bien. » Je soupirais, ce n'était pas tout à fait exacte puisque bien sûr, j'avais plus que jamais une envie irrépréhensible de le toucher, de me serrer contre lui. « Je sais c'est étrange, d'une bonne façon ne te méprends pas, c'est juste que ... je ne pensais pas que ce dilemme puisse m'atteindre autant ... Enfin s'il y avait que celui là ... » Finis-je par murmurer, sans quitter ses iris un seul instant, je refusais de terminer notre échange dans un mélodrame puéril, puisque ça ne me ressemblait pas, j'avais toujours eu l'habitude de dire clairement ce que je pensais, seulement mon ego en prenait un coup, surtout lorsqu'il s'agissait d'avouer un sentiment tel que la jalousie.

Ça va sûrement te paraître contradictoire mais c'est peut être un mal pour un bien. Je sais c'est étrange, d'une bonne façon ne te méprends pas, c'est juste que ... je ne pensais pas que ce dilemme puisse m'atteindre autant ... Enfin s'il y avait que celui là ...

Mon sourcil s'arqua face à Sydney, sous l'incompréhension d'abord, avant de finalement saisir ce à quoi elle faisait allusion. Je n'avais pas envisagé une seule seconde tout cela, ce rapprochement soudain entre la candidate et moi me paraissait tellement incohérent face à tout ce que l'on s'était "dis". Il n'y avait aucune base entre nous, aucun fondement ni promesse qui la distinguait à mes yeux d'une partenaire sexuelle. Et elle ne semblait pas s'en être plainte un jour, je n'étais pas d'une fidélité exemplaire mais tout cela semblait remis en cause désormais. Tout ce nouveau flux de pensées contradictoires à mes valeurs me faisait perdre pieds, je ne savais comment envisager ma relation avec la brune, ni même comment lui expliquer ce qu'il s'était passé avec Chloe.

C'est dur à avouer n'est-ce pas?

Je faisais bien entendu référence à ce qu'elle ressentait apparemment à mon égard. Sydney était d'après ce que j'avais compris une femme indépendante de tout tracas s'apparentant de près ou de loin à l'amour. Je la comprenais car j'étais pareil, il était impensable pour moi de sacrifier ma liberté dans une relation stable. Ce n'était pas dans mes ambitions, je n'étais pas venu le chercher dans le nid et je n'y étais de toute manière pas préparé.

Je ne sais tellement pas quoi répondre à tout cela Sydney. Comment interpréter ce que je ressens pour toi, ce que tu sembles ressentir pour moi. Ça en implique tellement de choix, de confusions dans mon esprit, je... Je ris nerveusement en levant les yeux au plafond, pudique dans mes aveux. Je suis complètement paumé.

J'ignorais ce qui m'avait poussé à agir de la sorte, c'était l'une des première fois que j'éprouvais une telle sensation à l'égard d'un homme. Peut être que le jeu décuplait nos sentiments, peut être que le prime m'avait fait réalisé que tout pouvait s'arrêter rapidement. Seulement je ne pouvais cacher que j'étais effrayée, je crois qu'aussi loin que je me souvienne je n'avais jamais cherché à m'emprisonner dans une relation de couple et puis il y avait tellement d'élément à prendre en compte, des éléments qui nous séparaient et de taille. J'étais grandement perturbée néanmoins son remarque m'arracha un léger sourire. « Tu n'as pas idée, ou peut être si justement. » Lançais-je sur un ton beaucoup plus léger que précédemment. Finalement il n'avait pas l'air d'être plus à l'aise dans cette entreprise. Sur ce point j'avais l'impression que nous étions plus ou moins semblable. Je souriais une nouvelle fois, ce ton grave me faisait tellement penser à une comédie dramatique à l'eau de rose que ça m'oppressait d'avantage. « Je sais, c'est tout aussi confus pour moi, c'est pas une habitude, je suis loin d'être comme ça, et ça me fait peur. Je sais juste que c'est toi que je veux ... »

Tu n'as pas idée, ou peut être si justement.

Je penchais la tête sur le côté, jaugeant la jeune femme d'un regard transperçant, sondant cette dernière, tentant de peut-être lire sur ses traits hagards une réponse que je ne parvenais à trouver au plus profond de moi-même. Ma main appuyée contre le mur qui marquait la limite à ne pas franchir, vint effleurer la sienne du bout des doigts, doucement, de façon à ce que je l'espère personne ne puisse le remarquer à par elle et moi.

Je sais, c'est tout aussi confus pour moi, c'est pas une habitude, je suis loin d'être comme ça, et ça me fait peur. Je sais juste que c'est toi que je veux ...

Je comprenais aisément la détresse de l'Irlandaise, mais sa déclaration me fit déglutir avant toute chose, j'avais l'impression d'enchainer les aveux plus surprenants les uns que les autres avec Sydney. Tout allait tellement vite, je ne savais comment elle envisageait les choses ni exactement quel ton employer pour lui faire comprendre que je n'étais pas prêt à faire le grand saut. Je ne la sentais pas prête non plus, s'avouer une attirance certaine c'était une chose, mais tout cela prenait en compte un tas de détails plus ou moins conséquents. Notre différence d'âge qui n'était qu'un point mineur à mes yeux, ou son enfant qui l'était ceci dit beaucoup moins...

Sydney... Je ne pense pas être l'homme fait pour une femme comme toi. Mon coeur te veut, mon corps, tout en moi te veut mais... la raison voudrait que tu y réfléchisses à deux fois... je ne me sens pas "prêt" pour ça. C'est trop soudain.

Toujours appuyé contre le battis de la porte prenant bien garde à ne pas dépasser la limite imposé, je regardais toujours Franz sans le quitter des yeux une seule seconde, néanmoins je ne tardais pas à sentir les doigts du jeune homme effleurer doucement ma main. Je tentais de ne pas me montrer trop expressive, de peur que la caméra ne se jette dessus, néanmoins, je penchais légèrement la tête souriant légèrement,tandis que mes iris s'illuminèrent, ce geste bien qu'insignifiant dans toute autre situation avait réellement son importance ce soir. Ma confession, comme j'aurais pu m'y attendre, semblait le déranger, je ne pouvais que comprendre, j'étais moi même surprise, c'était absolument déroutant. D'ailleurs il ne tardait pas à m'avouer qu'il n'était pas prêt à s'engager, et je ne l'étais pas plus, bien au contraire. J'y avais renoncé le jour où mon fils a vu le jour, il était presque impensable pour moi d'imposer mon fils à un autre homme, un homme qui commençait à peine à vivre d'autant plus. Et puis mon rythme de vie, certaines de mes activités nocturnes, mes activités professionnelles en parfaite opposition avec une relation de couple, de part leurs horaires aléatoires entre autre. Je laissais d'échapper un léger rire nerveux, avant de prendre la parole à nouveau. « Oh non, attends, je ne suis pas entrain de te dire que je veux faire ma vie avec toi, ni rien de tout ça d'ailleurs. Je suis pas prête non plus à m'engager, de plus on est dans un jeu, puis... puis j'ai des responsabilités à l'extérieur ... » Je m'arrêtais un bref instant levant la main qui ne touchait pas le mur prête à aller se nicher sur son visage avant de me raviser, puis soupirer. « Tout ce que je voulais dire c'est que je te veux, maintenant, ici dans cette maison, ce qui se passe à l'extérieur, pour le moment ça m'est complétement égal... Ou même ce qui se produira demain, la semaine prochaine, dans un mois, qui peut savoir, ce qui va arriver ... »

Oh non, attends, je ne suis pas entrain de te dire que je veux faire ma vie avec toi, ni rien de tout ça d'ailleurs. Je suis pas prête non plus à m'engager, de plus on est dans un jeu, puis... puis j'ai des responsabilités à l'extérieur...

Un léger sourire s'étala sur mes lèvres auparavant pourtant fermement crispée dans une expression grave et sérieuse. Peut-être était-ce un rictus nerveux, ma main vint ainsi se glisser sur ma nuque qu'elle frotta sous l'embarras de cette situation. Responsabilités à l'extérieur, oui, c'était un problème majeur il était indéniable de l'avouer. A vingt-six ans, Sydney avait surement plus de responsabilités et de préoccupations que moi, je ne parvenais pas à envisager quelque chose en dehors de la maison entre nous. Ou tout du moins, la possibilité semblait à mes yeux aussi suicidaire qu'aux siens. A vrai dire, je ne savais plus exactement comment définir ce que je désirais réellement.

Tout ce que je voulais dire c'est que je te veux, maintenant, ici dans cette maison, ce qui se passe à l'extérieur, pour le moment ça m'est complétement égal... Ou même ce qui se produira demain, la semaine prochaine, dans un mois, qui peut savoir, ce qui va arriver...

Mon cou se courba et un long soupir s'échappa d'entre mes lèvres, une énième fois. N'ayant que très rarement été confronté à des aveux que je ne pouvais fuir par lâcheté, devoir ainsi affronter les conséquences de ce que je n'aurais peut-être pas dû entreprendre avec l'Irlandaise me laissait muet et perturbé. J'aurais aisément supporté ces sentiments nouveaux qui m'envahissaient, mais avec la brune, tout semblait bien trop différent et compliqué, impression apparemment réciproque pour les deux partis. Je me mordis la lèvre, hésitant à m'approcher et briser ces règles dictées par Cupidon.

Je ne sais pas Sydney. Je ne sais plus, profiter du moment présent sans prendre compte des conséquences inévitables que l'on devra assumer par la suite? Tu sais bien que les choses ne sont pas aussi faciles... Que feras-tu si je sors Vendredi? Je ne pourrais pas t'attendre en sachant que tout sera terminé dés que tu auras posé un pied à l'extérieur. Car c'est ce qu'il se passera. Je ne suis même pas sûr de me sentir capable de t'attendre dans tous les cas, je ne suis pas comme ça...

Une leur de tristesse, ou de déception, ou peut-être ce que l'on appelle "lucidité" glissa sur mes iris un bref instant, me forçant à détourner le regard une nouvelle fois.