Salle de sport. Forcément qu’on te trouve ici, toi. C’est pas vraiment une surprise, vu à quel point tu tiens à ton corps. Et tu comptes bien le maintenir en forme, celui-là. Après tout, c’est un des trucs dont t’es le plus fier chez toi. Physiquement parlant, hein. Donc ça serait con d’le perdre, ouais. T’enchaines les séries. Tu comptes bien venir ici tous les jours, de toute manière. Du moins, tous les jours où tu peux, quoi. Et si tu peux pas venir là, tu feras autre chose pour rester en forme. Tu soulèves des altères. Après, t’as pas envie non plus que ça devienne ton centre d’intérêt ici. T’es pas venu ici pour une séance de remise en forme, hein. T’oublies pas ton objectif : la victoire. Et c’est pas en t’enterrant dans une salle de sport que ça t’aidera à aller loin. Oh non. Tu fais des tractions. Tu penses à l’après. Comment cette aventure peut t’aider. T’es perdu dans tes pensées, là. Tu montes. Tu descends. Tu montes. Tu descends. Tu ramènes tes jambes à la perpendiculaire. Tu les remets vers le bas. Autant faire travailler plusieurs zones musculaires en même temps. Et la porte s’ouvre sans que tu captes. C’est quand tu t’sens observé, que tu captes qu’il y a ce mec pas bien épais en face de toi, qui t’mates en train de bosser. « Jolie tenue d’sport. », dis-tu avec un sourire qui ne reflète pas du tout ton ironie. Autant être gentil, ouais. Par contre, qu’il arrête de trop mater ton torse nu, quand même. Tu descends de ton perchoir, et attrapes ta serviette pour t’essuyer le front. « T’as l’air de venir souvent dans les salles de muscu. » Tu lèves la tête vers lui, histoire de voir sa réaction. Parce que, clairement, il a rien du bodybuilder.

La salle de sport, la bénédiction du petit jésus. Oh, je me voyais déjà traîner sur la plage, à la recherche d'un bâton et de deux, trois cailloux pour me construire de quoi survivre. Et pourtant, cupidon semble avoir entendu les prières muettes que je faisais chaque soir au pied de mon lit, parce qu'elle est là, belle comme tout. Si belle que je n'ai pas même pas envie de bouder l'absence d'anneaux ou de cheval d'arçon. Je survivrais, si je peux me dépenser, je survivrais à n'importe quoi. Alors j'entre, oh, je suis certain d'avoir les yeux qui pétillent, comme un gosse au rayon voitures télécommandés. C'est génial, le sol est génial, la baie vitré est génial, même le type, là-bas, il est génial. enfin...presque. Je baisse les yeux sur ma tenue. Ok, peut être bien que le bleu du pantalon pique un peu les yeux, peut être même qu'il est carrément agressif, mais le débardeur...il est joli le débardeur, non ? tout blanc, tout neutre, que demander de plus ? ouai, ouai, je sais que t'en rêves tout les soirs. Je lève les yeux sur lui, observe sa propre tenue et sourit un peu...ah...c'est sur que toi, t'as une tenue de pro hein ?... sympa le haut. Je lève le pouce et laisse mon sac tomber par terre dans un bruit sec. Je m'accroupis, me met à fouiller, je pourrais même me mettre à râler. Elle est où cette bouteille d'eau déjà ? Et pourquoi diable est-ce que j'ai un foutu problème avec ces trucs-là ? et puis, y'a la voix de l'autre qui résonne encore et je lève la tête. J'ai l'expression d'une biche devant les phares d'une voiture...qu'est-ce qu'il insinue là ? Je fronce les sourcils. hé, t'essayes de me dire que je ressemble à une crevette là ? je tapote un peu mon bras. tu vois pas les heures de travailles qu'il y a là dedans un peu ? alors ok, ça ne voit pas de suite et clairement, y'a un tas de messieurs muscles cette année, mais quand même. ah, attends, je sais. Je souris joyeusement et soupire presque d'un air soulagé. t'es jaloux, voilà. parce que toi, si tu fais pas gaffe, tu ressembles rapidement à un obèse...ça va, je te pardonne va! sincèrement.

La crevette, elle a quand même un peu de répondant. Tu t’attendais à voir un mec qui sait pas ce qu’il fout ici, et qui fermerait sa gueule en t’entendant, mais non, il l’ouvre. Et ça t’fait sourire. Parce qu’au fond, t’aimes bien les gens qui se laissent pas marcher dessus. « ouai, ouai, je sais que t'en rêves tous les soirs. » Tu roules des yeux. Rêver d’un mec, non merci. Plutôt me retrouver dans un rêve à la Freddy Krueger, franchement. Tu préférerai te faire chasser par les griffes de la nuit, courant pour sauver ta peau, que rêver de lui dans sa tenue de sport. Si encore, c’était une demoiselle avec un short qui lui moule ses fesses rebondies grâce aux heures qu’elle a passé à faire des squats, pas de souci, mais là. « c'est sur que toi, t'as une tenue de pro hein ?... sympa le haut. » Ta serviette en main, t’essuies la sueur sur ta nuque, et tu lèves les yeux vers lui. « Fais pas genre t’en as pas profité. » Tu lui lances un clin d’œil, histoire de. Tu prends ta bouteille dans ton sac, tandis que t’entends du remue-ménage de l’autre côté de la pièce. Tu tournes la tête vers lui, tout en buvant, le regardant agir comme un chien qui déterre quelque chose du sol. Puis tu lui lances une remarque sur son physique. « t'es jaloux, voilà. parce que toi, si tu fais pas gaffe, tu ressembles rapidement à un obèse...ça va, je te pardonne va ! » Tu laisses échapper un rire. Bien sûr. Toi, jaloux. On aura tout entendu. Tu t’assois sur une machine et commences à pousser de la fonte. « Mec, Burger King est un de mes repas préférés, et tu crois que j’prends du poids à chaque frite que j’avale ? » Autant être franc, quoi. « Ton nom, c’est quoi ? » Après tout, autant faire la conversation, y a aucune animosité venant de ta part.

Je commence par quoi ? je fais quoi ? et ils sont passés où, les conseils du coach ? quelque part enfouis sous le sable fin ? oh, oh...probablement...Alors je m'étire, au maximum. Si je me bloque un muscle, j'aurais l'air drôlement bête, mine de rien, non ? Les gens me demanderont d'où je sors. Ils pourraient même se poser des questions et même si ça m'arrange, je risque de trouver ça chiant, qu'on doute autant de moi. Et tendit que je tire sur ma cheville, je lève les yeux sur l'autre gars. Je décroche un sourire, l'air faussement innocent. Je fais pas genre dans ce cas...je fais pas genre... la vérité, c'est que je m'en fou un peu. Mais, c'est toujours sympa de jouer le jeu non ? Et s'il était sérieux, il m'aurait déjà tué au moins mille fois avec ses yeux. Alors, sac à terre, je fouille et au bout de deux cent mille secondes d'intense recherche, je la retrouve enfin, cette foutue bouteille. Là, caché entre serviette numéro une et serviette numéro deux, au fond, à droite. Je la sors, la dépose par terre et me relève, bras croisés. Voilà. c'est mieux déjà. Je me décide à prendre place sur le sol pour reprendre mes étirements, presque concentré. ouai, ouai, et qui me dit que tu bouffes pas de la salade à burger king hein ? y'en a bien qui le font, non ? alors pourquoi pas lui ? je grimace un peu, me penche. bon, tu vas m'dire, c'est con. payer une fortune pour une salade...qui pousse probablement en slovénie...ou en roumanie... voir même dans un pays que personne ne connait...oh, ce serait possible. ils aiment faire quelques économies. Manu, ravis, toi ?Je me lève, attrape ma bouteille et observe à nouveau la salle. tractions ? machine ? altères ? tractions ? tractions. Alors, accroché à la barre, j'observe doucement le bon, dans ce cas, si t'as pas de soucis avec ton poids, tu cherches juste à devenir monsieur muscle ? ouai...c'est tout à ton honneur. Je m'exerce, me fait silencieux un moment et m'arrête soudainement. n'empêche...tu ressembles à un cube, un petit cube. j'te jure. j'suis pas jaloux, j'aime mes bras mais v'là quoi... ouai, parce qu'il est plus petit que moi, j'le vois bien et ça, c'est merveilleux.

Ce mec a pas l’air d’avoir beaucoup d’organisation dans son sac. Vu comment il cherche, ça doit être le bordel là-dedans. Ou blindé de trucs complètement inutiles. Toi, t’en as même pas apporté un, tu t’es juste ramené avec ta bouteille et ta serviette. Pourquoi s’encombrer juste pour prendre deux trucs. Si encore, t’étais allé dans une salle de sport à l’extérieur du nid, ouais, t’aurais amené des rechanges avec toi. Mais là, tout est dans la même baraque, t’as juste à descendre d’un étage pour retrouver la salle de bain et ton dressing. Du coup, tu le comprends pas vraiment, mais soit. Il se relève, ayant trouvé ce qu’il cherchait depuis tout à l’heure, et il finit par te répondre. « ouai, ouai, et qui me dit que tu bouffes pas de la salade à burger king hein ? » Un petit rire s’échappe d’entre tes lèvres. Une salade à Burger King, vraiment ? C’est comme prendre un curry dans un restaurant italien, ça n’a aucun sens. « bon, tu vas m'dire, c'est con. payer une fortune pour une salade...qui pousse probablement en slovénie...ou en roumanie... » Voilà, il se rend compte de sa connerie sans que t’aies besoin de dire quoi que ce soit. Il remonte même un peu dans ton estime, t’étais à deux doigts de croire qu’il avait déjà considéré la salade d’un fast-food. Viennent ensuite les présentations. « Manu, ravis, toi ? » « Ollie-Blake. » C’est le seul truc qui te saoule, ici. Répéter ton prénom encore et encore. C’est un peu relou, quoi. Puis c’est pas comme si t’avais le prénom le plus facile, et t’es déjà prêt à avoir une quelconque remarque. T’es habitué, maintenant. « bon, dans ce cas, si t'as pas de soucis avec ton poids, tu cherches juste à devenir monsieur muscle ? ouai...c'est tout à ton honneur. n'empêche...tu ressembles à un cube, un petit cube. j'te jure. j'suis pas jaloux, j'aime mes bras mais v'là quoi... » T’as pas le physique de Shwarzy, non plus, il exagère un peu, c’gars-là. Ok, t’as du muscle, plus que lui, même, et c’est visible. Mais t’es loin d’être un bodybuilder, et honnêtement, t’as pas du tout envie de leur ressembler. C’est moche. « J’tiens juste à rester en forme et à plaire. J’ai pas encore décidé de me transformer en Casimir camionneur devant un jury. », dis-tu en référence aux concours de culturisme.