C’est complètement stupide, de la part d’une jeune femme, de poser une question à un garçon. Surtout lorsqu’il s’agit d’une question qui mentionne le fait que la nana est redevable du jeune homme. On peut s’attendre à toutes les choses possibles et inimaginables comme réponses. C’est une fois qu’elle a parlé que Tifenn se dit qu’elle va peut-être finir prise au piège avec ses paroles à la noix. « Tôt ou tard, je trouverais déjà » Relevant la tête elle lui adresse un regard interrogateur. Elle est peut-être timide la brunette, mais elle est tout aussi curieuse. Elle a bien envie de savoir ce dont il est capable de lui demander. En temps normal, avec un garçon normal, elle aurait tendance à imaginer qu’il lui demander un petit-déjeuner au lit, un repas faussement gastronomique ou tout autre chose dans ce genre, mais là elle imagine tout un tas d’autre chose plus loufoques les unes que les autres. La voix de Joanès s’élève à nouveau dans les airs. « Mais si ça te tiens tant à cœur, tu peux toujours m’offrir ton corps, là, tout de suite. » Les yeux bleus de la jeune femme s’écarquillent un court instant avant que ses joues ne tournent légèrement au rose. Le fait qu’il rajoute tout de suite elle ne s’y attendait pas vraiment. Elle croise son regard et baisse la tête. Heureusement que son regard se veut un brin rassurant. Reprenant du poil de la bête, juste un tout petit peu, pas trop, Tifenn ose dire : « Une fellation, cent balles et un mars aussi pendant qu’on y est ? » Elle lui adresse un sourire plutôt amusé, mais toujours un brin timide tout de même. C’est étrange d’entendre cela sortir des lèvres de la brunette. En même temps il ne faut pas non plus la prendre pour une sainte. On a dit qu’elle était timide, pas pucelle. Loin de l’être d’ailleurs. Peut-être même un peu nympho sur les bords. Enfin, ne rentrons pas dans les détails. La conversation entre les deux jeunes gens tournent à présent autour de leur début d’aventure respectif. C’est bizarre de se dire que Joanès n’est pas si égoïste que ça finalement. Cela l’est encore plus quand on se dit que Tifenn s’intéresse réellement, et non par simple politesse, à ce que son camarade a vécu jusqu’à présent. Il pouffe lorsqu’elle lui raconte comment elle voit son partenaire et les candidats avec lesquels elle a eu l’occasion de faire connaissance. Arquant très légèrement un sourcil et croisant ses bras sous sa poitrine, elle observe le garçon en se demande s’il est en train de se moquer d’elle ou bien si cela n’est qu’une impression. « T’es super indulgentes quand même. » Disons qu’elle prend les gens comme ils sont. « C’est vrai que j’ai tendance à trouver des qualités chez les personnes qui n’ont que des défauts chez les autres. » réplique-t-elle en haussant les épaules. Si les parents de la demoiselle voyaient avec qui elle parle, ils feraient un arrêt cardiaque. Il fume. Il évoque le fait qu’elle lui offre son corps, en gros il la trouve baisable. Il a des tatouages partout. Il a la gueule d’un gosse capricieux qui fera tout pour obtenir ce qu’il veut jusqu’à s’en lasser et l’abandonner dans un coin. Bref, les géniteurs de Tifenn ne trouveraient que des défauts à Joanès alors qu’elle lui trouve quelques qualités plutôt attachantes. Apparemment l’aventure de son interlocuteur se passe plutôt bien. Tant mieux. Elle lui adresse un sourire. Ce n’est pas étonnant et elle n’hésite pas à le lui faire savoir. Seulement il veut savoir pourquoi cela ne l’étonne pas. Comment elle sait que tout se passe bien pour lui. La belle cherche ses mots. Elle l’observe un instant ; Ouvre la bouche puis la referme. Elle a l’air d’une cruche. « Parce que t’es gentil. » Voilà ce qu’il ne fallait surtout pas dire. Fermant les yeux brièvement en se rendant compte de sa connerie, elle ne tarde pas à reprendre : « J’veux dire que … t’as … le caractère et le physique du mec qui plait alors ça doit être plus simple pour toi que … pour moi par exemple. » Oui elle vient clairement de lui dire qu’il lui plaisait. Elle ne s’en rends pas compte tout de suite d’ailleurs.

J’étais sur qu’elle allait réagir ainsi. Elle est fragile, la p’tite. Elle est délicate, pudique. Presque une sainte. Lui demander son corps, c’est offusquent, c’est déplacé, c’est… c’est… inapproprié ! Mais justement ! Je l’observe rougir, tandis qu’un sourire espiègle s’étire sur mes lèvres. Fier de l’avoir mise mal à l’aise. Mais bien vite, cela se retourna contre moi. C’est qu’elle en a du répondant. J’me sens con d’en être surpris. Comme quoi faut se méfier des gentilles filles. Mon sourire s’étire davantage. Elle me proposait quand même une fellation, cent balles et un mars. Elle me proposait une fellation ! « Quand tu veux ! » lui répondis-je aussitôt, sans détacher ce sourire niais de mes lèvres. Elle ne s’attendait quand même pas à ce que je refuse, tout de même. Certes, j’avais saisi l’humour, mais il ne faut pas jouer sur les mots avec moi. Surtout sur ce terrain là. La conversation commence réellement à prendre une tournure pour le moins intéressante. Je l’aime bien, cette p’tite, c’est officiel. Nous en revenons sur les candidats. Je lui avais avouer la trouver plutôt indulgente. Oui, elle l’était. Dire que les gens sont gentils c’est indulgent, ou naïf ; je l’aime bien, alors disons qu’elle est simplement indulgente. Elle avoue d’ailleurs trouver plus facilement des qualités que des défauts aux gens. Tout mon contraire. Je respecte. Mais personnellement, j’ai toujours trouvé ça bien plus simple de trouver des défauts aux gens, ça t’empêche de voir les tiens – enfin, ça ne vaut pas pour moi étant donné que je n’en ai pas le moindre. Et puis, c’est tellement bandant de cracher sur les gens, sur le monde… Finalement, non, je ne comprends pas l’intérêt d’être gentil. En guise de réponse je me permets simplement de hausser les épaules. Non, je ne créerais pas de débat, de toute manière, je gagne, c’est dit. Bref. J’lui avais demandé pourquoi elle pensait que ça se passait bien pour ma personne au sein de cette baraque. Elle me répond que c’est parce que je suis gentil. Gentil. Putain. Elle me trouve gentil. Mais comment peut-elle me trouver gentil ?! Ok, elle trouve les qualités plus facilement que les défauts, mais là, elle les invente ! Si bien sur je dois prendre ça comme un compliment ? Parce que, de mon humble avis : gentil = tapette = pas de couille = puceau = 0 chance de conclure - si ce n’est sur un malentendu… Mais je ne fais pas voir ma déception. Après, peut-être que ça lui plait de voir en moi un mec gentil. Et si c’est le cas, je prends. Il semblerait que elle-même cherche à se reprendre. Elle marmonne finalement que j’ai un caractère et physique qui plait. Nuance, qui lui plaît ! Ah. Bien mieux ! Je cache mon sourire, baisse la tête brièvement. J’avance d’un pas vers elle. « Tu ne me connais pas… » chuchotai-je en remontant mon regard dans le sien. J’esquisse un sourire en coin. Je m’avance davantage, sans la quitter du regard. Je ne sais pas si je me faisais intimidant, mais c’était inconsciemment mon intention. Je réponds à son affirmation. Moi, un mec gentil ? Il faut vraiment qu’elle détache cette étiquette de mon visage. Vraiment. « Je suis loin d’être un mec gentil » ajoutai-je, comme une mise en garde qui manquait pourtant d’être convaincante vu que mon sourire ne faisait que prendre davantage de place le long de mes lèvres. D’autant plus quand j’ajoutai « Mais alors comme ça j’ai un physique qui plaît ? » lui demandai-je taquin, une unième fois relativement proche d’elle. Elle l’a dit. J’ai le droit d’en demander plus.

C’est quand même fou ça. Malgré sa timidité il faut qu’elle y aille de son petit commentaire piquant lorsqu’elle le peut. Bon d’accord c’est Joanès et ce n’est pas pareil avec lui qu’avec les autres. Elle se sent un petit peu plus à l’aise lorsqu’elle se trouve en sa compagnie. C’est peut-être en raison de ce qui s’est passé entre eux durant la phase de casting. C’est même sûr et certains. Elle donne sa confiance un petit peu trop vite la brunette. En tout cas elle a encore manqué une occasion de se taire là. Si elle pensait lui clouer le bec avec sa réplique toute faite, c’est raté. Il la prend aux mots et certainement pas en ce qui concerne les cent balles et le mars. Dès qu’on dit le mot fellation devant un garçon, il s’enflamme. En même temps les mecs s’enflamment dès qu’une nana évoque le sexe en général. En fait ce n’est pas bien compliquer de les avoir dans la poche les hommes. Il suffit de titiller un tout petit peu ce qui se trouve sous la ceinture et ils sont à genoux devant vous. Sauf que Tifenn elle est un brin naïve. Elle réfléchit toujours après avoir parlé alors elle se met souvent dans des situations plus coriaces les unes que les autres. « Quand tu veux ! » Il la scrute avec son grand sourire niais. C’est gênant. Elle fait mine de regarder ailleurs et ne dit rien. Après tout elle ne peut rien dire sinon c’est elle qui va finir à genoux l’un de ses jours. Parce que en fait ça ne lui déplairait pas à la demoiselle que Joanès soit un jour en train de ramper devant elle. Bien évidemment ça ne risque pas d’arriver. Ca ne semble pas être le genre du garçon. Puis elle lui explique qu’elle le trouve plutôt gentil, qu’il à un physique et un caractère qui plait alors que c’est normal que tout le monde l’apprécie. Dit comme ça on dirait presque qu’elle essaye de lui faire comprendre qu’elle l’aime bien. Qu’elle le trouve très à son goût. Il fait un pas vers elle. « Tu ne me connais pas… » Elle ne bouge pas d’un pouce. « Ca c’est ce que tu crois. » qu’elle murmure en osant enfin laisser ses pupilles bleues parcourir le visage de son interlocuteur. Il est tout d’un coup bien plus strict. Pourquoi ? Après tout, elle n’a rien fait de mal la brunette. Il avance encore un petit peu plus vers elle. « Je suis loin d’être un mec gentil » Son sourire est plus présent que jamais après qu’il ait dit ces mots. On dirait bien qu’il essaye d’impressionner la belle. De l’intimider. Ça ne marche pas. Il ne lui fait pas peur. Elle est bien plus timide lorsqu’il est plus doux et qu’il le regarde plus tendrement. Enfin, elle n’a pas non plus une grande confiance en elle là, mais ce n’est pas plus que d’habitude. Elle résiste et ne recule pas. Elle reste tout proche de lui. « Mais alors comme ça j’ai un physique qui plaît ? » Essayant de jouer les nanas fortiches, elle hausse les épaules. « Le physique du gars qui s’en balance de tout. » Elle ne parle pas fort. Elle ne veut pas que quelqu’un d’autre puisse entendre. Elle l’observe un instant. C’est vrai qu’il a un physique plaisant. Le type qui prend la vie comme elle vient. Un brin rebelle sur les bords avec son visage de gamin. « Si t’était loin d’être gentil tu serais parti sans rien dire la dernière fois et là tu m’aurais laissé en tête à tête avec ma peur du vide. » dit-elle en plongeant son regard dans le sien. Elle lui faisait comprendre, à sa manière, qu’elle savait pertinemment qu’il avait un bon fond et qu’il n’était pas aussi vilain qu’il voulait le faire croire.

Elle ne répond pas à ma réplique. Finalement, elle ne veut pas. Soit. Tant pis. Sa gêne me fait sourire. Il ne fallait pas commencer à jouer sur ce terrain là. Je m’y plait trop pour qu’elle est une chance de me battre.  Enfin, bref. Je m’approche d’elle. Elle ne recule pas. Elle ne me connaît pas. Je le lui affirme. C’est ce que je crois. En effet. Et c’est ce qu’elle me répond. Comment pourrait-elle me connaître ? Comment pouvait-elle même imaginer me connaître ? Elle ne connaît rien sur moi, rien sur mon passé, sur ma personne. Elle peut toujours penser le faire, mais la déception ne sera que plus belle quand elle apprendra réellement à me connaître. Néanmoins, sa réplique me coûte un sourire. Le genre de sourire qui montre clairement que t’es pas convaincu. Je m’approche davantage. Elle ne recule toujours pas, au contraire, elle me défit du regard, soutient le mien. J’ai du le physique du mec qui s’en balance de tout ? « Comment je suis censé le prendre ? » la questionnai-je. Qu’est-ce que ça veut dire déjà, avoir ‘le physique du type qui s’en balance de tout’ ? Personnellement, je trouve ça plutôt péjoratif, même si ça me correspond tout-à-fait ! Elle enchaîne ensuite en m’expliquant en quoi je suis… gentil. Elle revient sur le fait que je ne sois pas parti sans rien dire, quand nous nous trouvions sur le parking, tous les deux, lors de l’étape finale des castings. Et aussi, que je l’aurais laissé avec sa peur du vide… Et ça, ça fait de moi quelqu’un de gentil ?! « Qui te dis que j’ai fait ça pour toi ? » dis-je dans un murmure, tout en plongeant mon regard dans le sien. Je pause le doute, un sourire malicieux sur le coin des lèvres. Elle pense que j’ai fait tout ça pour elle ? J’y trouvais bien mon compte, dans tout ça. Je l’ai embrassé la dernière fois. Cette fois ci, ça m’a permis de me rapprocher considérablement d’elle. Au fond, je ne fais pas ça pour elle, mais pour me  satisfaire moi et uniquement moi. Je fais ce que je veux, j’pense à moi avant de penser aux autres. Normal. D’ailleurs, qu’est-ce qui lui dit que je ne joue pas avec elle ? Rien du tout. Elle se fait une fausse image de moi… Mais elle ne pourra pas dire que je ne l’ai pas mis en garde. Je continue de la regarder, attentivement, intensément, si bien que peu à peu mon sourire se dissipe. Je remarque une mèche rebelle dans ses cheveux. J’approche ma main, glisse la mèche entre deux doigts, pour la ramener à sa place initiale. Qu’est-ce que c’est cliché, mais j’adore faire ça. Mes yeux rejoignent une nouvelle fois ses iris bleutés alors que ma main glisse contre sa joue, mon pouce la caresse soigneusement. « Tu es une très belle femme, n’en doute pas. » dis-je dans un murmure. Je lui adresse un bref et discret sourire. Elle m’avait fait un compliment –je crois ?-, j’avais de quoi lui en adresser un en retour.

Que voulez-vous que Tifenn réponde à Joanès lorsque monsieur se dit favorable à ce qu’elle lui taille une pipe ? Rien. Elle ne peut rien dire. Elle n’arrive pas à articuler le moindre mot. De toute façon quoi qu’elle dise le garçon va finir par l’avoir à son propre jeu et elle va finir prise au piège à ne plus savoir que dire. Autant couper court à la conversation dès le début. En plus le jeune homme semble plutôt avoir envie de savoir ce que pense la belle de lui. Pourquoi elle pense que tout doit bien se passer pour lui ? La réponse n’est pas bien compliquée. Il a un physique qui plait. Il a le physique du mec qui s’en balance de tout. C’est dans le vent. Les jeunes adorent ça. Le public est constitué majoritairement de jeune. Et puis ça intrigue un mec qui s’en moque de tout. Les gens vont avoir envie de le connaître un petit peu plus. Ils vont essayer de l’apprivoiser. C’est pour ça que tout va bien se passer ici pour lui. Tifenn en est certaine. Lui, un petit peu moins on dirait. « Comment je suis censé le prendre ? » La brunette hausse les épaules tout en continuant de regarder dans une autre direction. Derrière lui. « T’incarnes tout ce que les gens ont envie d’être donc plutôt bien. » Après tout, c’est la vérité. Tout le monde a envie de n’en avoir rien à faire de la vie. Tout le monde a envie de la laisser s’écouler paisiblement pour pouvoir s’éclater. Faire ce qu’on veut quand on le veut. Le seul hic dans tout ça, c’est qu’il est un petit peu trop gentil. Enfin, uniquement d’après les propos de la brunette. Lui, il se dit être tout le contraire alors elle essaye de lui démontrer que non. Elle n’aime pas avoir tort la demoiselle. « Qui te dis que j’ai fait ça pour toi ? » C’est perturbant d’entendre ça. Le sourire discret qu’elle porte sur son visage ne fait pas long feu. Elle baisse même brièvement la tête. « J’ose croire que tu m’apprécie. » murmure la jeune femme. Après tout il n’aurait rien fait de cela s’il n’appréciait pas un minimum la belle. La belle donc les joues deviennent légèrement roses dès qu’il la regarde avec un petit peu trop d’insistance. Celle qui n’a pas vraiment peur de lui. C’est bien le seul avec qui elle n’a pas peur d’ailleurs. C’est peut-être un signe. Elle se sent observée. Il la scrute. Dans un moment de silence, Joanès approche sa main des cheveux de la jeune femme dont il attrape une mèche pour la remettre à sa place. Le regard couleur javel de la brunette plonge dans celui de son interlocuteur. La main du garçon glisse sur la joue de Tifenn pour venir la caresser un instant. « Tu es une très belle femme, n’en doute pas. » Un rictus timide s’empare des lèvres de l’allemande qui fait un tout petit pas vers l’avant, réduisant ainsi la distance qu’il y a entre eux. Ses petites mains viennent agripper le bas du tee shirt du garçon. Légèrement. Elle ne tire pas dessus. Elle veut juste l’attirer vers elle. L’attirer vers elle pour qu’il ne s’en aille pas. Elle ne veut pas qu’il s’en aille. Son sourire disparait. Elle le regarde, c’est tout.