+ Medhi

Aujourd'hui j'ai envie de me défouler un peu, de faire de l'exercice. Si je reprends le sport quotidiennement, il y aura sans doute moins de chances que je sorte du jeu avec des kilos de graisses en plus, disons que si ça pouvait être des kilos de muscles ça serait mieux. Mais bon, si je ne prends pas de poids du tout je ne vais pas m'en plaindre. J'ai bien attendu une heure avant de me changer et de me rendre jusqu'à la piscine. Elle ressemble assez à celle qu'il y a chez mon père, en un peu plus petite, mais ce n'est qu'un détail. Au moins, celle-ci est utilisée, alors que celle de mon père ne lui sert à rien à part à faire joli dans son jardin quand je n'y fais pas un petit saut, et encore, quand j'ose faire ça il me regarde de haut en disant que la flotte pleine de chlore décolore encore plus mes cheveux blonds de petit con. Pff. Bref, je préfère pas penser à mon paternel, il risque de réussir à gâcher ma bonne humeur sans même faire acte de présence, de toute façon, même ça il n'a jamais vraiment réussi à le faire. Une fois arrivé à proximité de la piscine, je me déchausse et pose ma serviette sur un transat avant de jeter un coup d'oeil à l'eau. Je vois la petite blonde de la soirée Hawaïenne et du prime : Medhi. Je lui fais un signe de la main puis j’exécute un plongeon parfait et remonte rapidement à la surface, un sourire crâneur accroché aux lèvres. « Impressionnant, n'est-ce pas ? » Sans aucune originalité, surtout, oui. Mais bon, on fait avec ce qu'on a pour impressionner ces dames, hein. Heureusement que j'ai pas fait une bombe, j'aurais eu l'air encore plus con, surtout qu'avec mon physique plutôt allongé qu'épais, j’éclabousse pas grand chose, hm. De toute façon, je suis pas certain que ce genre de saut fasse bon effet devant les demoiselles, mais je bien évidement me tromper.

C'est rare que je me la pète comme ça, en public, que je me sente fier et que je le montre aux autres, mais parfois ça me prend comme ça, j'ai besoin de faire remarquer aux autres que je suis quelqu'un d'assez exceptionnel quand même. Il est vrai qu'un plongeon n'est pas grand chose en soit, mais ça peut impressionner les filles. Enfin je crois. Disons que c'est toujours mieux qu'un gros plat. Je fais donc une démonstration de mon talent de plongeur à Medhi mais je me heurte plus ou moins à un mur quand elle me dit que ce n'est pas si impressionnant ça. Au moins elle souligne l'effort et me sourit, c'est déjà ça. Je nage jusqu'à la demoiselle et me plante sur mes pieds juste devant elle. « Je sais pas ce qu'il te faut. J'ai mis toutes mes tripes dans ce saut. » Ouais, bien sûr, on y croit tous. Je croise les bras sur mon torse et la regarde un instant sans rien dire. La blonde est donc de ce genre de filles difficilement impressionnable. J'aime bien ça, au moins ça m'oblige à me creuser la tête si je veux qu'elles me trouvent un temps soit peu intéressant.  « Vas-y, mets-moi au défi de faire un truc dingue et je le ferai, rien que pour tes beaux yeux. » Que je dis en donnant un coup de menton vers l'avant, pour montrer que je suis bien décidé à lui en mettre plein la vue. J'en profite aussi pour lui faire un nouveau compliment, comme lors du prime et de la soirée où je lui avais dis qu'elle était jolie, mais soit elle n'avait pas compris, ce qui m'étonnerait, soit elle ne me trouvait pas à son goût, ce qui était plus probable, parce qu'elle n'avait jamais eu l'air d'en avoir quelque chose à faire. De toute façon je refuserais de croire que je ne lui plais pas jusqu'à ce qu'elle me le fasse clairement comprendre, ou qu'elle ait une bonne excuse, genre si elle était branchée nana par exemple, mais ce serait cruel pour nous les hommes de savoir qu'elle ne nous envisageait même pas.

J'ai fait un beau plongeon, surement pas le plus beau du monde non plus, mais je mérite au moins un peu de reconnaissance, des applaudissements aussi, ça me plairait bien. Non, mademoiselle Medhi se contente d'apprécier l'effort. J'y ai mis beaucoup de ma personne pourtant, elle pourrait en faire plus. Mais ce n'est pas bien grave, au fond. Elle prétend qu'un véritable athlète serait très certainement en train de vomir les tripes qu'il aurait mis dans son saut tellement elle mettait la barre haute. J'esquisse un sourire narquois puis je lui demande de me mettre au défi, de me faire faire un truc qui saura l'impressionner. Ce qu'elle me demande de faire m'étonne un peu. Est-ce qu'elle trouve ça vraiment impressionnant qu'on lui récite les trente premiers chiffres du nombre pi ? Après tout, chacun son trip, hein. Mais bon, c'est tout de même assez spécial. Je fais mine de réfléchir un instant, mais je les connais déjà. Oui, j'ai conscience que le fait qu'un garçon comme moi connaisse ce genre de choses est sans doute aussi étrange que le fait qu'une fille demande à son qu'on l'impressionne en lui récitant une trentaine de chiffres, mais c'est comme ça. Disons que mon père a toujours pris un malin plaisir à m'apprendre tout un tas de choses inutiles, surement pour encombrer mon esprits afin que je ne lui soit jamais supérieur intellectuellement parlant, mais c'est raté. « D'accord. Il me semble qu'après le 3 c'est : 141 592 653 589 793 238 462 643 383 279, mais je peux bien évidement me tromper. » En réalité, non, je sais que je ne me trompe pas, je peux même en rajouter, des décimales, si elle veut, c'est un peu comme apprendre un numéro de téléphone qui ne s'arrête jamais, au fond ça n'a rien de compliqué, il suffit d'avoir une bonne mémoire. J'imagine que ça lui en bouche un coin qu'un blondinet comme moi est su relever le défi. Personnellement, je ne suis pas peu fier, d'ailleurs je bombe le torse et souris comme si j'avais gagné une compétition, ce qui ne m'ait encore jamais arrivé de ma vie. « Autre chose ? » Que je demande à la blonde d'un air satisfait. Je veux bien essayer de relever d'autres défis pour l'impressionner, mais il est vrai que ce que je venais de faire relevait surtout de la chance d'avoir eu un professeur de mathématiques et un père particulièrement stricts et soucieux du détails. Autrement dit, pas sûr que je réussisse un autre exploit du genre, mais sait-on jamais.