“ cause no one really cares
or wonders why anymore ”

w/danica

S'il y avait bien une chose qui était on ne peut plus humaine et qui concernait pour ainsi dire la totalité de la population, c'était les envies pressantes. Ça prenait souvent d'un seul coup, sans crier garde, comme si ça cherchait à être précisément fourbe et imprévisible. Oh oui, Jorah supposait que ça n'était pas un hasard, hein, que ça lui tombe toujours dessus alors qu'il était très, très occupé. En l’occurrence, il avait eu follement envie, ou plutôt besoin de se rendre aux toilettes alors qu'il s'était enfin décidé à revoir à la hausse ses ambitions en matière de rasage, vu que généralement, bon, il n'y passait pas franchement beaucoup de temps, se disant que de toute façon on remarquerait toujours sa coiffure en premier, et qu'ainsi il pourrait bien être le type le plus grossièrement rasé du pays, ça sauterait à peine aux yeux. Sauf que voilà, il se retrouva bientôt à marcher en direction des toilettes au moins rassuré sur un point : vu l'heure qu'il était, il n'y aurait peut être pas foule, et cette histoire serait vite réglée. Et effectivement, en entrant, il ne vit personne. Sauf qu'au moment d'entreprendre d'entrer dans la cabine, la poignée lui résista. C'était fermé. Pourtant, il n'entendait rien, pas même une respiration. Mais alors, quelqu'un était-il vraiment dedans ou la porte avait d'ors et déjà décidé qu'ils ne seraient pas copains ? C'est ainsi en plein questionnement qu'il fut surpris par l'entrée de Danica. Ah bah tiens, elle l'aiderait peut être à comprendre. « J'ai loupé un épisode, la cabine a été condamnée pour cause d'engorgement fécal, ou quoi ? » qu'il se questionna, assez légitimement. « Tu peux me le dire si c'est toi, je te promets que ça changera rien entre nous » qu'il reprit, taquin. Oh allez, autant dédramatiser la situation. Quelqu'un était peut être mort là-dedans, et dieu sait où sa tête avait peut être atterri, alors hein.

C'était quoi le problème, avec la porte de la cabine ? Elle avait décidé de faire de la résistance, et ça n'était pas particulièrement du goût de Jorah, qui aimerait autant régler cette histoire et ne pas passer la nuit là. Tout ça le laissait très perplexe, étant donné qu'il n'y avait pas l'air d'y avoir quelqu'un là-dedans. Donc officiellement, la cabine semblait vide, mais la porte refusait de s'ouvrir. Et lui, bien sûr, n'avait pas du tout l'air con à réessayer toutes les trente secondes, des fois qu'elle se débloque, comme par magie. Heureusement qu'il put compter sur l'entrée de sa partenaire pour espérer résoudre ce mystère, lui qui saisit par ailleurs l'occasion pour faire un peu d'esprit, d'une façon plus ou moins classieuse, c'est vrai. Parce que non, quand même, il était peu probable que quelqu'un ait bouché les toilettes au point que la Production les condamne, forçant ainsi le reste du nid à se soulager on ne sait trop où. De même, il était peu plausible que Danica soit à l'origine de ce bazar, ainsi il ne le supposa qu'à titre purement humoristique, et taquin. « Ainsi, tu es venue te délecter du foutoir que tu as mis » qu'il soupira, faussement moralisateur. Il retrouva bien vite son sourire amusé, lorsque la brune laissa entendre que la raison pour laquelle la porte lui résistait était qu'il n'avait simplement rien dans les bras. « Eh » qu'il s'indigna aussitôt, prenant une pause à la Popeye, ce qui sur lui rendait ... différemment. « Soulever des packs d'eau, je te ferais dire que ça muscle au moins autant ! » Pour le coup, il avait pris l'habitude d'en soulever souvent, vu que sa mère l'envoyait encore assez régulièrement faire ses courses. Et puis zut, il était peut être menu, mais ça n'était pas une poignée de porte qui aurait raison de lui. Mademoiselle alla alors jusqu'à dire qu'essayer d'ouvrir la porte elle-même pourrait nuire à la fierté du brun, non mais, tout de même. « Oh bah, vas-y, je t'en prie. Tu feras moins la maligne quand elle te résistera à toi aussi ! » Parce qu'il n'y avait pas de raison que la porte choisisse de coopérer avec elle, et pas avec lui. « Et si t'y arrives, et bah, je partirai du principe que c'est un complot, et puis voilà. » Oui, c'est exactement comme ça qu'il choisirait de le voir.

Ce serait mentir que de dire que Jorah ne se sentait pas un tout petit peu bête, face à cette porte qui ne semblait pas prête à s'ouvrir. Ce qui était censé être un aller-retour express aux toilettes devenait relativement absurde, étant donné qu'il ne voyait toujours aucune explication plausible quant au fait que la porte fasse autant de résistance. Ce n'était évidemment pas Danica qui avait bouché les toilettes, bien qu'ici ils se plaisent l'un comme l'autre à prétendre qu'elle revenait sur les lieux du crime pour se délecter de son œuvre. Plissant les yeux et esquissant une moue sermonneuse, il s'offusqua bientôt du fait que sa partenaire ose prétendre que le problème venait peut être en fait de lui, et du fait qu'il n'ait pas assez de force dans les bras. Il avait beau n'être pas très musclé, il n'empêche que jusqu'à maintenant aucune poignée de porte n'avait refusé de lui céder, alors ça n'était pas aujourd'hui que ça allait commençait. Et elle pouvait bien essayer, si ça lui plaisait, elle verrait bien qu'il y avait bel et bien un souci avec la porte. Il la laissa donc faire, lâchant un petit rire face à l'air presque suffisant de la demoiselle, pour le moins impatient de voir comment les choses se passeraient avec Danica. Et justement, elle n'arriva à rien de plus que lui. « Ah, donc tu vois bien que ça n'a rien à voir avec mes bras, mauvaise langue ! » Et même si ça ne les avançait pas, au moins il était rassuré sur ce point, ça ne faisait aucun doute. Quant à la question qu'elle lui posa ensuite, elle eut le mérite de l'amuser, du moins sur le coup. Parce qu'à bien y réfléchir, ça l'embêterait d'aller faire ça dehors, quand même. « J'aimerais autant éviter, je suis sûr que y'a des lutins à cette heure-ci, et quand je me sens observé j'arrive à rien. » Okay, c'était un peu tiré par les cheveux, n'empêche qu'à choisir, il préférerait quand même le faire à l'intérieur. « C'est assez urgent, ouais, mais je suis un grand garçon, je peux me retenir un petit peu » qu'il reprit, déterminé, même s'il restait perplexe au sujet de la porte de la cabine. « Va falloir m'occuper, par contre ! » Ouais, histoire qu'il évite de penser à son envie pressante.