“ we're different and the same,
gave you another name ”

w/krisjana

Plus les semaines passaient et plus Jorah avait le sentiment d'avoir des choses à retenir de cette aventure. Des choses concrètes, des choses utiles, des choses qui lui serviraient pour la suite, étant donné qu'il ne s'était pas tant lancé dans tout ça par caprice que pour vivre une expérience pleinement enrichissante. La principale chose qu'il choisirait alors de retenir était en fait une chose qu'il savait depuis déjà un moment, mais qui ne s'appliquait que plus encore dans un environnement comme celui du nid : il fallait relativiser sur tout, et ne pas donner trop d'importance à des choses qui, à une plus grande échelle, en seraient dépourvues. Du moins ça, c'était ce qu'il avait gardé à l'esprit jusqu'à dimanche soir, où il n'avait pas passé une très bonne fin de prime, étant donné qu'il avait eu son compte en matière de réflexions vaseuses et qu'il avait fini par se coucher avec le moral légèrement dans les chaussettes. Relativiser, à ce moment-là, avait été plus difficile, parce qu'il s'était rendu compte qu'en dépit de ce qu'il s'était dit en entrant ici, il restait aussi susceptible que les autres de prendre les choses à cœur. Sur tout ça, il faudrait qu'il travaille, mais la meilleure chose à faire en attendant était certainement de se changer les idées. Pas question de garder le cafard, ça n'était pas son genre et ça n'allait pas le devenir. Alors il s'était rendu au Jack Rabbit Slim's, ce resto bien sympa où il y avait a priori moyen de s'amuser. Et c'est en entrant qu'il vit Krisjana, près du jukebox. La brune n'avait pas été délicate hier soir, mais ça ne lui passait pas l'envie de passer un moment avec elle pour autant. Cela dit, il pourrait avoir envie d'être d'autant plus chiant, et surtout d'autant plus collant. C'est pour ça qu'il glissa dans son dos, jusqu'à venir enlacer sa taille et atteindre sa joue pour y déposer un bisou bien, bien baveux. « C'est quand tu penses à moi que j'apparais, n'est-ce pas fantastique ? » qu'il souffla, toujours sur ce ton provocateur qui devenait habituel. Si elle était entrain de penser à lui, dieu sait dans quelle situation tordue elle l'avait imaginé n'empêche.

Je me suis éraflée la main contre l’écorce d'un des arbres de la foret, comme une conne, je fixe un moment ma peau abrasée, légèrement rouge, je décide de rentrer dans le restaurant. D'un pas décidé, je me dirige vers le bar où je cherche de l'alcool fort. Je désinfecte ma peau un instant, je ne sens rien, vraiment rien. Mon regard est attiré par une machine. Je rince ma peau à l'eau claire avant de laisser tomber. Je m'approche du jukebox pour essayer de changer de chanson. Des bras s'enroulent autour de ma taille, tout d'abord surprise je pousse un grognement assez plaintif. Je sais déjà de qui il s'agit, il n'y a que Jorah qui est assez fou pour faire une chose pareille, les autres, je crois que je leur fais peur, bizarrement. J'ai même le droit à un bisou, beurk, j'esquisse une mine bine dégoûtée avant d'un mouvement de la tête, d'essuyer ma peau sur mon épaule. Oui, je pense tout le temps à Jorah. « Si cela était le cas, tu serais tout le temps avec moi » je souffle, sur le même ton que lui, comme s'il occupait constamment mon esprit, tu parles. Par contre, je sais que l'inverse est vrai, je suis sa drogue, et il a besoin de me voir tous les jours, ce que je peux comprendre, honnêtement. « Oui, je t'imaginais entrain d'écrire ton testament, et évidemment, j'hérite de tout » je dis avec un air faussement émerveillé, oui, je n'attends que cela, soyons clair. « En tout cas je vois que ton humeur s'est considérablement arrangée depuis hier soir » je note d'une voix moqueuse parce que j'ai beau avoir du mal avec les autres, je sais très bien que Jorah était contrarié et je crois que c'était en parti ma faute. M'enfin, s'il prend tout mal, il ne faut pas non plus compter sur moi pour le ménager, je ne sais pas faire. « Tu sais que je déteste cela ?» je l'interroge alors en levant mes bras en l'air pour lui faire comprendre que je parle de son contact physique. C'est ma punition pour hier soir, ou quoi ?

Jorah n'avait jamais tellement été du genre rancunier. On lui avait appris à passer outre beaucoup de choses et à accorder seconde chance sur seconde chance, si bien qu'il avait généralement du mal à tenir rigueur à quelqu'un de son comportement. Ainsi donc, et bien que Krisjana ait délibérément appuyé là où ça faisait mal la veille au soir, Jorah ne s'approcha pas d'elle avec l'idée de se venger. Il s'était juste glissé dans le dos de la brune et l'avait attirée contre lui, ses bras enlaçant sa taille et ses lèvres venant presque aussitôt mouiller sa joue. Car ne pas avoir l'intention de se venger à proprement parlé ne signifiait pas qu'il ne comptait pas être relativement pénible, ne serait-ce que pour qu'elle prenne conscience, par elle-même, qu'elle n'avait pas été très subtile. « C'est bien vrai, cela dit si j'étais tout le temps avec toi, tu n'apprécierais pas autant chacune de mes charmantes apparitions » qu'il commenta, sûr de lui, vu que c'était un peu comme s'il n'y avait pas de travail, on ne savourerait pas le fait d'être en vacances. Krisjana précisa alors qu'elle était entrain de l'imaginer écrire son testament, et évidemment il ne fut absolument pas surpris par cette confession. « Pourquoi diable prendrais-je la peine de te coucher sur mon testament, puisque je sais pertinemment que si je passais l'arme à gauche, tu me suivrais dans la tombe ? » Bien sûr que sa douleur serait telle qu'elle ne pourrait continuer de vivre sans lui. Alors c'est vrai, autant désigner directement des héritiers qui, eux, lui survivraient. « Parce que tu continues de penser que je faisais la tête ? Mais avais-je seulement une raison de bouder, Krisjana ? » qu'il souffla ensuite, un peu de mauvaise foi pour le coup, juste pour la faire réfléchir. Et puis la brune lui indiqua qu'elle détestait ça, autrement dit les contacts physiques, et effectivement il avait cru le noter. « Toi peut être, mais moi j'adore ça » qu'il ajouta, en renforçant légèrement son étreinte, avant d'étendre ses bras devant lui pour atteindre ses mains et les emprisonner entre les siennes. « C'est quoi la raison ? » qu'il finit par ajouter, tout de même curieux de savoir ce qui la dérangeait tant dans le fait d'être câlinée. Lui, il était tactile, il allait falloir qu'elle s'y fasse !

Apparemment, rien ne nous séparera, même pas la mort, franchement, je ne suis pas du même avis. « Non, ça c’était avant, maintenant j’essaie de me détacher de toi, mais tu ne m’aides pas vraiment » Je lâche alors d’un ton narquois car il est l’un des candidats que je fréquente le plus, bizarrement. « Tu es un frein à mon indépendance » j’ajoute même, oui, vous savez notre rupture est encore bien fraîche et très douuuuloureuse dans mon esprit. Il fait comme s'il ne comprenait pas, je pousse un soupir sec, agacée. « Oui, cette raison, elle porte même un nom, c’est une personne » Je finis par dire sans pour autant citer Apolline. Je ne comprends pas ce qu’il se passe entre eux, et j’avoue que cela m’intrigue. Pourquoi faire compliquer alors que tout est si simple ? Ils sont cons. C’est la seule option que je vois. J’avoue ne pas avoir saisi la réaction d’Apolline, je me demande ce qu’elle cherche vraiment. Mais bon, j’ai déjà franchement du mal avoir moi-même, alors tenter de disséquer l’esprit d’une pseudo rebelle comme la blonde (?), très peu pour moi. Il resserre mon emprise et j’ai vraiment l’impression d’étouffer, je ne suis pas habituée. Alors je reste immobile, n’allait ni dans son sens, ni contre. Une moue septique se peint sur mes lèvres lorsqu’il m’annonce qu’il adore ça. « Sans blague » je lâche d’une voix blanche parce que je l’avais bien remarqué. Je crois d’ailleurs qu’il est un peu trop tactile avec moi uniquement dans le but de me faire chier. « Mais depuis quand tes envies passent avant les miennes ? » Je claironne alors, presque offusquée avant qu’il veut en connaître la raison. Je suis fortement tentée de lui dire que j’ai subi un traumatisme pour qu’il me laisse tranquille une bonne fois pour toute, mais cela serait assez vicieux, je l’avoue. « Je ne sais pas trop, je n’aime pas être parasitée par des corps étrangers » Je lâche sur un ton très scientifiques. Remarque qui ne se veut pas blessante, à la base, hein ! « Je ne suis pas pour les interactions peu importe leur nature » je précise alors, je ne suis pas dans le lien, ça se mérite or ce n’est pas au bout d’une petite semaine que cela est possible. Et puis dans ma famille, on n’est pas des tactiles, j’imagine que cela a favorisé mon côté sauvage, c’est une possibilité.

Y'a des fois, Krisjana n'était quand même pas très logique, hein. Comment pouvait-elle imaginer qu'il la coucherait sur son testament alors qu'elle refuserait logiquement de lui survivre s'il lui arrivait quelque chose ? Dans ces conditions, pas sûr qu'elle puisse faire grand chose de l'héritage, hein. Sauf que là, mademoiselle retombait dans sa mauvaise foi légendaire. « Fais pas la femme fière, Krisjana, on sait tous les deux que t'es au bout du rouleau » qu'il avança, sur un ton se voulant infiniment compréhensif, parce qu'ils n'étaient a priori pas près de s'entendre sur l'issue de ce semblant de rupture. Il poussa un fin soupire lorsqu'elle parla du frein qu'il était pour son indépendance, puis la brune revint sur la veille, et sur le fait que Jorah avait légèrement fait la tête. Sur le moment, il n'avait pas bien vécu qu'on se fiche de lui alors qu'il n'était déjà pas évident de prendre connaissance de certains faits, mais aujourd'hui, c'était déjà presque oublié, et en tout cas il avait décidé de jouer à l'autruche, pour l'embêter un peu. Et ça avait l'air de marcher. « Faut croire que tu parles mandarin parce que je vois définitivement pas où tu en veux en venir, c'est fou ! » fut alors sa réponse, parce qu'évidemment il avait compris dès le départ à quoi elle faisait allusion. Hier, elle l'avait bien assez tanné avec tout ça, après tout, non ? Toujours est-il qu'il avait cru comprendre que les contacts physiques, ça n'était pas sa tasse de thé, en effet. C'était bizarre, quand même. Lui, en tout cas, aimait être démonstratif, ça n'était plus un secret. « Depuis que t'es vilaine avec moi sur les primes, faut croire » qu'il souffla, l'air de rien, plus sérieux qu'auparavant pour le coup, juste pour placer ça subtilement dans la conversation. En tout cas, il se demandait d'où lui venait cette aversion pour les contacts physiques. Bien de quelque part, tout de même. Krisjana se montra alors plus fataliste qu'autre chose. « En gros, t'es surtout chiante quoi ! » qu'il finit par lui sortir, dans un rire spontané, comme si c'était en fait la synthèse qu'il tirait de ses explications. Non mais elle se prenait la tête pour pas grand chose, alors qu'elle pourrait savourer de bons gros câlins, c'était trop bête. « Bon mais, admettons que je t'invite à danser et que je me montre encore plus entreprenant - parce que oui, c'est possible - d'après toi y'a une chance pour que j'arrive à détourner ton attention en te marchant sur les pieds ? » C'est vrai que tant qu'à faire et vu l'endroit, autant s'amuser un peu. Sauf que danser à trois mètres d'elle, il ne saurait pas faire, donc ouais, il préférait savoir si sa parade était viable. Sinon, et bien, il resterait entreprenant, mais sans danser, voilà tout.

Je suis au bout du rouleau, selon Jorah. Bien sûr, j'ai des cernes, le visage tiré transpirant la fatigue et le désespoir. Totalement. Non, franchement, j'ai vraiment du mal à rentrer dans le rôle de la femme qui se fait quitter, surement parce que cela ne m'est jamais arrivé. Je me suis toujours débrouillée pour les larguer avant, lorsque je sentais qu'ils étaient à bout, que ma personne avait dépassé leur large seuil de tolérance. Les pauvres. Je secoue négativement la tête, de droit à gauche, pour lui signifier mon mécontentement. « Oh je ne t'avais pas dit ! » j'amorce alors, un sourire mauvais se peignant sur mon doux minois. « Je t'ai trouvé un remplaçant, qui comblera très certainement le vide que tu as laissé dans mon coeur » je souffle alors d'une voix volontairement traînante. Je préfère bien mieux de la femme qui se fait quitter mais qui arrive dans même à s'en remettre, très rapidement, oublier sa peine et continuer, ainsi va la vie, tout ça. Il fait comme s'il ne comprenait pas, encore une fois, je lève les yeux au ciel. « Première phase, le déni. » je commente simplement de ma voix rauque. « Je te savais légèrement retardé -ce qui faisait ton charme- mais au point de ne pas comprendre ce que je dis, c'est inquiétant » je lance d'une voix doucereuse comme si je m'en souciais vraiment. « J'apprendrais l'azéri pour qu'on puisse communiquer, tu sais c'est très important » je lâche comme si nous étions en pleine thérapie de couple: la communication est la clef ! J'ai été vilaine avec lui lors du prime, je ne réponds pas, au moins, je sais ce qu'il pense vraiment, j'imagine que c'est un bon point. Je me contente d'hausser les épaules avant qu'il ne m’enchaîne. Les contacts physique. Je suis chiante et je l'emmerde, en plus ! « Déjà de un, ce n'est pas nouveau et de deux, je te savais pas si peu compréhensif » je fais mine de déplorer, la tolérance se perd dans ce monde, s'en est bien triste. Il me parle de danse, je ne pige pas bien où il veut en venir au final. « Evite de bousiller mes pieds, tu seras mignon » je lui réponds, non mais oh, sans déconner, j'y tiens.

Jorah persistait dans l'idée de faire passer Krisjana pour la plus fragile de leur 'couple', qui en fait n'en était déjà plus un. Et comme toujours, la brune ne l'entendait pas de cette oreille et préférait dire qu'elle était celle qui s'en sortait au contraire le mieux dans l'histoire. Pire, elle osait affirmer qu'elle l'avait déjà remplacé, et là Jorah ne put que froncer les sourcils. « Comment, si vite ?! Son nom, je veux son nom ! » qu'il s'exclama alors, passant d'un seul coup au rôle de l'ex jaloux, qu'il expérimentait pour l'une des premières fois de sa vie, étant donné que généralement il restait très ami avec les filles avec lesquelles il était sorti. En tout cas, quand sa camarade revint à la charge quant à son éventuelle mauvaise humeur de la veille, il persista à dire qu'il ne voyait pas où elle voulait en venir, pour l'embêter. « Faut croire que je suis le cas d’Alzheimer le plus précoce au monde » qu'il souligna, en haussant les épaules, parce qu'il avait tout oublié en fait, ouais. « Alors comme ça, tu me trouvais du charme ? » Et là, il redevenait tout à fait sérieux, parce qu'il aimait aussi l'embêter tout en étant lui-même, et pas on ne sait quel personnage de leur histoire d'amour fantasmée. Krisjana parla d'apprendre l'azéri pour qu'ils puissent mieux se comprendre, et l'idée avait de quoi plaire. « Très bonne idée, comme ça t'auras toutes les chances de te mettre belle-maman dans la poche » qu'il souffla, amusé. Sa mère ne parlait qu'azéri, alors oui, s'il devait lui présenter une européenne, mieux vaudrait qu'elle parle sa langue. A noter que la chronologie de leur histoire était plus que douteuse, étant donné qu'ils étaient séparés l'instant d'avant, m'enfin. Krisjana était en tout cas un petit peu chiante, à ne pas aimer les contacts physiques. « Ah mais je suis compréhensif, c'est juste que tu me frustres. Moi qui pourrais passer ma vie à faire des câlins, ou du moins à t'en faire à toi, pff. » Alors oui, c'était trop nul que sa belle n'aime pas ça. Il lui vint alors l'idée de l'inviter à danser, pensant que s'il lui écrasait les pieds, elle ferait moins attention à leur proximité. Acquiesçant avec un sourire polisson à sa remarque, il tendit le bras jusqu'au jukebox pour lancer la musique, du swing semble-t-il, puis attira Krisjana sur la piste de danse, ses mains rencontrant les siennes au rythme de pas déjà très approximatifs. Et puis il vit qu'un foulard traînait non loin de là, sur une banquette. Il alla s'en saisir puis revint face à elle. « Bon, tu me fais confiance ? » qu'il souffla, avant toute chose. Oh il se doutait un peu de la réponse, alors disons qu'il n'en tiendrait pas nécessairement compte, hein.

On a le droit maintenant au rôle de l'ex un peu jaloux. « Je ne peux pas te le dire, c'est encore tout récent, laisse-moi me reconstruire maintenant que tu es parti » je lui rappelle alors, c'est lui qui a déserté le navire, il fallait réfléchir ! Mais ce n'est pas donné à tout le monde, je vous l'accorde. Je pourrais me mettre belle-maman dans la poche. « Ce qui ne me servirait à rien plus que nous ne sommes plus ensemble» je souligne alors d'un ton insolent avant que sa prochaine remarque ne me fasse soupirer. « Je te dis que tu es retardé, et c'est la seule chose que tu retiens, tu as une mémoire vraiment sélective » je remarque alors. On en vient à ma peur des contacts. Je le frustre. Tiens, c'est une première celle-là, il a qu'à aller voir ailleurs alors, je ne l'oblige à rien, moi. Et dois-je encore vous dire que je ne veux que son bonheur ? Je donne tellement de sa personne que je suis prête à ce qu'il aille câliner une autre fille. Bien sûr, elle devra me demander ma bénédiction d'abord, qu'on se le dise, je ne donne pas Jorah à n'importe qui, surtout que sa valeur est entrain augmenter depuis ces dernières semaines, j'ai l'impression. Il est bien côté en bourse, alors il faut que je fasse un prêt intéressant d'abord pour ma personne. Il pourrait passer sa vie à me câliner, j'en suis très heureuse, hm ... « Mais pourquoi moi ?» je fais mine de me plaindre, devrais-je lui rappeler qu'on est plus de vingt ici, il peut bien se trouver une nouvelle proie, non ? « Si tu veux je ferais passer un casting pour trouver un candidat digne de recevoir tes pulsions de tendresse » je lâche alors, qu'il ne s'inquiète pas, je serais très exigeante pour trouver LA personne rêvée, celle qui sera faite pour ce job. M'enfin, il lance la musique, un peu entraînante et on esquisse quelques vagues pas de danse, je me laisse faire, encore une fois, puis je le vois s'écarter pour ramener un foulard, je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il fout ? Quand je vous disais que Jorah était un spécimen très rare aux réactions dès plus étranges, je ne me trompais pas ! J'avais vu juste ! Si j'ai confiance en lui. « Ça dépend » je module alors de ma voix grave. « Mais là, pas vraiment » je conclus alors

La jalousie, Jorah l'avait rarement expérimentée, mais ici, il jouait le rôle de l'ex toujours possessif, qui n'entendait pas de cette oreille que Krisjana ait d'ors et déjà refait sa vie. Alors oui, il voulait le nom de ce type qui l'avait remplacé, histoire de lui faire passer l'envie de s'approcher de la brune. La répartie de sa camarade le fit rire, lui qu'il ne s'attendit pas à ce qu'elle lui ponde un nom, tandis qu'il laissa quant à lui entendre qu'apprendre l'azéri serait un excellent moyen de plaire à sa mère, à un détail près, effectivement. « Sauf que ça, je n'ai pas eu l'occasion de le lui dire, alors j'ai bien peur qu'on doive faire semblant une fois devant elle » qu'il souffla, prenant un air contenté, avant de rebondir sur ce que sa camarade venait de dire, à savoir qu'être un peu retardé avait pu faire son charme, à un moment donné. Lui il était plutôt content de l'apprendre, hein. Donc oui, peut être bien que sa mémoire se la jouait sélective. « Il faut croire ! D'ailleurs, j'aurais du t'enregistrer, ça m'aurait fait une jolie berceuse. » Parce qu'il était évidemment en mal d'amour au point de faire une fixette sur le moindre commentaire un tant soit peu plaisant qu'une jolie fille faisait sur son compte. Tout ça pour en revenir à ses démonstrations d'affection et au fait qu'il soit frustré que Krisjana les ait en horreur. Parce qu'il aimerait bien qu'elle soit un peu plus réceptive à tout ça, lui qui hésiterait moins à la câliner s'il était sûr qu'il n'y avait aucun risque qu'il finisse avec un bras en moins. « Parce qu'en fait, je crois que j'aime assez l'idée qu'avec toi ce ne soit pas facile » qu'il souffla, doucement provocateur, à la question qu'elle lui posa. Oui il y avait bien d'autres personnes qu'il pourrait coller à ce point, beaucoup qu'il appréciait réellement, mais Krisjana était un vrai petit mystère à ses yeux. « Si t'as du temps à perdre, je t'en prie ! Mes bras ne veulent que toi, ils t'ont expressément réclamée. A deux contre un, j'ai rien pu faire. » Et il prit un air désolé, alors qu'un sourire amusé fendit ses lèvres. Et puis finalement, il se mit en tête de la faire danser, allumant le jukebox puis attirant Krisjana sur la piste de danse, où ils débutèrent quelques pas avant qu'il n'aille s'emparer d'un foulard, laissé à l'abandon. Cherchant à savoir si elle lui faisait confiance, il ne s'étonna pas de sa réponse. « Ça va venir » qu'il souffla alors, en effleurant son menton, avant de se décaler pour se retrouver dans son dos et déposer le foulard au niveau de ses yeux, nouant celui-ci à l'arrière de sa tête. Sans plus dire mot, il la rapprocha de lui et fit remonter ses mains le long de ses bras frêles, soufflant dans le creux de son cou. « Ose me dire que c'est insoutenable » qu'il glissa à son oreille, sur un ton joueur. Les yeux bandés, c'était pour l'éveil des sens. Et le reste, c'était pour la mettre à l'épreuve.

J'affiche un air moqueur à l'entente de "faire semblant" avant de secouer négativement la tête, cela risque de n'être pas possible. « Hors de question, c'est toi qui nous a mis dans cette situation désagréable, c'est à toi d'assumer auprès de ta famille. » je lui souligne douloureusement, lui faisant part de mon refus. Voir sa famille, c'est un peu pour me rappeler une nouvelle fois tout ce que je ne pourrais pas avoir, il faut me comprendre, notre rupture est encore trop récente, je ne peux pas faire décemment preuve de recul. Je suis sûre qu'il comprendra, aller. Une berceuse, rien que cela.  « Je te savais pas si accroc à ma personne » je commente simplement en plantant mes prunelles dans les siennes, c'est ainsi que commence la dépendance, ça va vite arriver, il faut qu'il fasse attention le petit !  « C'est vrai pourquoi faire simple alors qu'on peut faire compliqué» je glisse donc en souriant, un vrai gosse quand on lui interdit, il en veut plus. Ses bras ne veulent que moi, tu paarles ! Juste une excuse non valable, bien évidemment, pour me faire chier, une fois de plus. Il n'a pas pu résister.  Bien sûr, j'y crois ! « Ce que tu es faible ! » je fais mine de lâchée, outrée avant qu'on ne change de sujet. Ça va venir. Ils disent tous cela, de toute façon. « Si tu le dis.» je réponds de ma voix rauque. Il me bande les yeux et curieusement, je le laisse faire car je sais qu'il ne me faudrait qu'un mouvement, en cas de panique ou de je ne sais quoi, pour m'en débarrasser, alors, c'est rassurant. Sans déconner, que fait-il ? C'est bien ce que je me demande, alors que je reste droite pendant que ses doigts glissent le long de la peau nue de mes bras. « J'ai rien dis, pour une fois » je réponds simplement, d'une voix inexpressive, en haussant les épaules. Ce n'est pas insoutenable mais ce n'est pas non plus très agréable. C'est au milieu on va dire, donc complètement neutre, oui ça me plait de le cataloguer comme cela.  « Tu m'expliques quel est le but de l'expérience ? » je finis par demander, d'une voix presque autoritaire, en plaçant deux mains sur mes hanches. J'espère que c'est un truc vraiment valable sinon j'arrête tout de suite son petit "jeu". Et qu'il n'espère pas non plus me faire danser ainsi, sinon je prendrais un malin plaisir à lui écraser les pieds, en plus, cette fois-ci, j'aurais une excuse en béton armé, je ne vois rien. Bien qu'honnêtement, même plongée dans le noir, j'ai encore mes repères. Un discret sourire mesquin s'installe sur mes lèvres rosées.