On ne pouvait pas dire que j'étais quelqu'un de particulièrement adroit, non, j'avais même l'équilibre d'un gamin de deux ans, ce qui était aussi affolant que ridicule. Mais bon, avec le temps, j'avais appris à gérer ma maladresse. Par exemple, lorsque je voyais que je venais de faire une bêtise, je me contentais de sourire, détourner l'attention en complimentant la personne face à moi, tout en nettoyant le bordel que je venais de faire. Mon nid d'amour à moi, il était même plutôt chaotique. Enfin, je faisais tout de même attention de ne pas laisser des choses trop dangereuses trainer par ci et par là, puisque j'avais tout de même une fille à peine plus haute que trois pommes, et qu'il était important qu'elle puisse se sentir en sécurité chez elle. M'enfin, elle était tout aussi bordélique que moi, alors au final, on faisait la paire. Le dessous de mes pieds s'était même endurci à force de piétiner par inadvertance des jouets. Ah, je pouvais vous dire qu'elle m'avait senti passer, la Barbie casse-noisettes hein. Mais bon, voilà, ça n'était pas de ma faute. Et puis de toute façon, j'étais tellement faible face aux caprices de ma fille que je lui repayais toujours le double de ce que je lui brisais. J'étais même certain qu'elle faisait trainer ici et là les jouets qu'elle n'aimait pas afin que j'en vienne à leur ôter la vie, histoire d'en avoir des mieux. Je vivais avec une démone, hm. Mais bon, ici, il n'était pas question de poupon ou de biberons, non, la seule chose sur laquelle je risquais de trébucher, c'était mes propres pieds, ce qui n'était entre nous pas bien mieux, je vous l'accorde. Je m'étais donc rendu comme chaque matin dans la cuisine, vêtu de mon pantalon en laine gris, et d'un débardeur noir, pieds nus. C'était une habitude chez moi, de ne rien porter aux pieds. Je crois que j'aimais sentir le contact du sol directement contre ma peau, comme si j'étais directement relié à la terre. Et pourtant, j'étais loin d'être un hippie, je vous assure ! M'étirant de toute ma longueur, j'observais un court instant une jolie brune finir d'utiliser le mixeur, avant d'avoir de toute évidence, quelques problèmes pratiques. C'est là dessus qu'elle me remarqua. « Bonjour... tu tombes bien. » Oui, c'était exactement ce que je venais de me dire. « J'ai quelques difficultés à tourner ce truc. » c'était étrange, ça n'avait pourtant pas l'air particulièrement coincé. Intrigué, je m'approchais donc de la candidate, pour examiner de mes yeux perçants le mixeur. « Je dois plus avoir d'énergie. » je remarquais alors sa tenue de sport, alors qu'elle ajoutait « Je partage si tu veux. » un léger sourire était alors venu étirer mes lèvres, alors que mes prunelles s'étaient déposées dans les siennes. « Tu m'avais convaincu dès le "Bonjour" à vrai dire, mais soit, puisque tu insistes... » mon sourire s'agrandit alors que mes mains s'enroulaient autour du bol, pour le tourner sans grande difficulté. Attrapant deux grandes tasses, je lui en servais les trois quarts, ne m'en gardant qu'un fond. Après tout, elle s'était fait ça pour elle, alors il était normal qu'elle puisse en profiter plus que moi. Et puis je n'avais fait que tourner le couvercle, ça n'était pas l'acte le plus héroïque au monde, hm. « Tu fais du sport tous les matins ? » à vrai dire, j'essayais de me renseigner sur les activités de chacun, histoire de savoir quels étaient leurs passe-temps. « La prochaine, n'hésite pas à me prévenir, il parait que je suis de plutôt bonne compagnie. » un nouveau sourire, charmeur, s'était alors esquissé sur mes lèvres. Et puis, j'étais un garçon plutôt sportif, mais il n'y avait qu'à voir ma carrure pour le deviner. « Je suis Junior, et tu es ? » séduisante, certes, mais ça ne me donnait pour autant pas son nom.

J'étais quelqu'un de plutôt sportif, et je pense que ça se voyait particulièrement. Mais je n'étais pour autant pas le genre de garçon à s'exhiber au premier venu. A vrai dire, lorsque j'étais plus jeune, j'avais plutôt été du genre à complexer sur mon corps, alors forcément, ce genre de comportement laissait toujours des marques, que l'on ait changé ou non. Et puis je trouvais ça plus sain que de se balader torse nu un peu partout où je me rendais, hm. Cela dit, je n'étais pas non plus complexé au point de piquer une crise de panique à l'idée de retirer un vêtement, non, aujourd'hui ça ne me dérangeait plus du tout. Ça n'était simplement pas dans mes habitudes. Je m'étais mis au sport pour me guérir de ce complexe. Mon truc, c'était le basket, je crois que je pourrais passer des heures à y jouer. D'ailleurs, chaque Jeudi soir, après mes cours, je me rendais dans cette salle de sport, histoire d'y jouer avec quelques amis. Ça me permettait de me lâcher et de m'amuser un peu, bien que j'aimais également mon travail. Oui, je crois que je m'épanouissais dans les deux activités. J'aimais également peindre, mais ça, c'était une chose dont j'évitais de parler. La jolie brune avait donc tenté de me convaincre de l'aider à ouvrir le mixeur. Je n'étais pas franchement du genre à répondre par la négative lorsqu'il s'agissait de donner un coup de main, mais bon, j'avais tout de même décidé de la laisser continuer, histoire de voir quels arguments elle pourrait amener sur la table. Bon, j'avais donc le droit d'y gouter, bien, ça me suffisait amplement. Je m'étais donc exécuté, exerçant une légère pression sur le bol, le tournant sans trop de difficulté alors que la candidat reprenait la parole. « Tu veux me faire complexer c'est ça ? T'aurais au moins pu faire semblant de trouver ça dure. » un léger rire s'échappa finalement de mes lèvres. Il était certain qu'il y avait une nette différence entre nos deux gabarits et ce qui pouvait sembler compliqué pour elle de ce côté là ne l'était clairement pas pour moi. Mais je décidais tout de même de répliquer, légèrement amusé « Je ne le montre pas comme ça, mais ne t'en fais pas, j'ai bien failli y laisser ma main. » je me massais la paume, pour mimer le geste à la parole avant de finalement me saisir de la boisson et porter celle ci à mes lèvres. La candidate faisait donc de temps à autres du sport. Je m'étais donc dit que je pourrais l'accompagner une prochaine fois, si l'envie lui prenait. C'était toujours mieux que de courir seule, non ? « Tu veux qu'on deviennes des potes de footing ? » « Je ne savais pas qu'il y avait une appellation pour ça mais hm... pourquoi pas ? » à vrai dire, j'avais plus dans l'idée d'apprendre à la connaitre, n'imaginant clairement pas la jeune femme comme une amie de "sport". Mais j'aimais innover, alors pourquoi pas après tout. « Ok, mais je te préviens il paraît que je suis difficile à suivre. » Je décidais de prendre place sur l'un des tabourets. Difficile à suivre ? Vraiment ? « Eh bien, j'ai hâte de voir ça alors. » repris-je amusé. Je devais bien faire trente centimètres de plus qu'elle, alors techniquement, j'étais censé la distancer facilement. Mais après tout, la taille ne voulait pas tout dire, hm. Je décidais donc de me présenter. « Jasmine. » « Joli prénom. » je me demandais bien d'où elle pouvait venir. Ça n'était pas un prénom des plus courants par chez moi, il fallait bien l'avouer, à moins d'avoir des parents ayant des goûts orientaux. « Alors qu'est ce que tu penses de notre immeuble hawaïen ? » jetant un coup d'oeil autour de moi, histoire de détailler un peu mieux la pièce du regard, mes prunelles retombaient finalement sur la jeune femme. « Il a l'air grand ? Très grand même. La déco de ma chambre est quelque peu douteuse, mais dans l'ensemble, j'aime bien. » j'espérais tout de même avoir le temps d'en profiter un minimum. « J'ai pas encore trop eu le temps de visiter l'extérieur, cela dit, je comptais le faire aujourd'hui. » puisque je n'étais là que depuis la veille, et que visiter le tout dans le noir pouvait fausser ma vision des choses. J'avais donc décidé de garder l'extérieur du nid pour le lendemain, c'est-à-dire aujourd'hui. « Y'a des choses que je devrais savoir sur les lieux, le jeu, les candidats ? » bien que je préférais me faire un avis de moi même, je n'étais pas non plus contre un avis extérieur. Et puis il fallait bien que je sache à quoi j'avais affaire, hm.

Je n'avais pas toujours été du genre à être aussi bien sculpté, non, lorsque j'étais adolescent, j'étais même plutôt du genre un peu trop maigrichon, qui n'intéressait personne. Il m'était arrivé de recroiser certaines personnes de mon passé, et toutes n'en étaient pas revenues de ma transformation physique. Je crois qu'au fond, personne ne s'était imaginé que je pourrais devenir sportif, principalement parce que mes notes dans cette matière avaient toujours été plutôt catastrophique. Tout le monde pouvait changer, il fallait simplement y mettre un peu de volonté. Cela dit, m'endurcir n'avait pas non plus été une priorité, c'était seulement quelque chose qui était venu avec l'âge. J'avais réellement commencé à me mettre au basket à l'âge de vingt deux ans, et aux salles de sport deux années avant. Oui, ça faisait à peu près une dizaine d'années que j'étais ainsi, et il était certain que le regard des autres avaient bien vite changé. J'étais passé du maigrichon invisible au grand métisse aux yeux clairs. Alors qu'au final, j'étais à mes yeux toujours le même. Le principal était que j'avais choisi de faire ça pour moi, et non pas pour les autres. C'était donc sans mal que j'avais réussi à tourner le bol du mixeur, prétextant un mal de poignée pour tenté de ne pas vexer la candidate. Cela dit, elle avait bien du comprendre qu'il ne s'agissait là que d'une plaisanterie. Je n'étais pas franchement souffrant d'une quelconque manière, là tout de suite. Celle ci n'avait cependant pas tardé à se saisir de ma main, déposer un baiser éphémère sur le dos de celle ci. Mes lèvres dévoilèrent une nouvelle fois mes dents parfaitement blanches. « Comme ça t'es guéris. » Pas sûr que ça marche ainsi, mais j'étais tout de même forcé d'acquiescer puisque c'était le genre de chose que je sortais à ma fille pour la rassurer, et que si je prétendais là, tout de suite, le contraire et qu'elle était entrain de regarder, j'allais probablement passer une sale quart d'heure une fois rentré à la maison. Parce que oui, comme tout père qui se respecte, j'avais une peur effroyable de ma fille, elle était bien plus forte que moi et toutes ses paroles étaient respectées. « Je devrais penser à me blesser plus souvent. » Oui, c'était un bon moyen de réclamer un peu d'affection, si vous voulez mon avis. Et vu que j'étais un garçon qui ne se lassait décidément pas de tendresses en tout genre, il était certain que ce genre de délicatesse me plaisait. Toujours est-il qu'elle voulait qu'on devienne copain de sport. Ou non, c'était plutôt moi qui le voulait, mais c'était elle qui avait trouvé cet intitulé, alors je supposais que l'on pouvait se partageait le crédit, pour le coup. Enfin, ce n'est pas comme si ça allait changer quoi que ce soit, hm. « Il y a un nom pour tout tu sais. » Elle n'avait pas tout à fait tord à vrai dire. « Potes de footing nous serons alors. » conclus-je finalement, bien que je n'étais pas encore certain que nos performances respectives pouvaient s'additionner. Après tout, j'étais tout de même bien plus grand qu'elle, alors en toute logique, j'étais censé me déplacer bien plus vite. La vie était injuste, je sais. « Hey, je suis peut être petite mais je suis rapide. » attendez, comment avait-elle fait pour cerner mes pensées ? Mes yeux traduisaient-ils autant que l'on pouvait me le dire ? Apparemment, j'étais quelqu'un d'un peu trop expressif, et je venais de me faire avoir une nouvelle fois, hm. « Sors de ma tête ! » râlais-je en une grimace quelque peu exagérée avant qu'un sourire ne naisse sur mes lèvres. Je reportais donc le récipient à mes lèvres pour terminer de boire le mixage fruité, alors que la candidate se présentait. Jasmine donc, c'était un prénom plutôt sympa. J'enchainais par la suite et à sa demande sur mes premières impressions. Le nid était grand, du moins c'est l'impression que j'en avais eu. Mais au final, elle devait mieux le savoir que moi. « Hum, y a des autos tamponneuse sur le toit. D'ailleurs je les ai jamais essayé. » j'arquais un sourcil à cette remarque. Etrange, ce n'est pas le genre de chose que l'on retrouve sur un toit. Et puis je me demandais d'un coup comment ils avaient fait pour transporter ce genre d'activité aussi haut. C'était presque insensé. « Sinon... hm les candidats sont cool. Enfin presque tous mais je veux pas de foutres des a priori pleins la tête. Je te dirais juste que t'es en face de la plus gentille. » reprit-elle dans une expression qui traduisait pourtant l'inverse. Le principal étant qu'elle ne m'était pas désagréable. J'en avais un peu rien à faire de la réputation de chacun ici, j'étais nouveau, il était normal que je tente de me faire une opinion individuelle sur chaque personne, que la majorité l'apprécie ou non. « Gentille ? C'est comme ça que tu te définirais ? » parce que ça pouvait paraitre un peu simple comme définition non ? Quelqu'un de gentil pouvait rapidement devenir ennuyeux s'il n'y avait pas plus à gratter par derrière. Mais je me doutais qu'elle cherchait principalement à faire bonne impression. Cela dit, qui ne le ferait pas ? De toute façon, je ne pouvais que la croire, puisque je ne la connaissais pas encore personnellement. « C'est quoi ta vie à l'extérieur ? » Tiens, je pensais que mon profil avait été diffusé, mais de toute évidence, la plupart avaient été distraits à ce moment là. Pas bien important, je préférais presque me présenter de moi-même plutôt que par un écran. Me levant pour aller rincer mon verre, j'en profitais pour me laver les mains, me retrouvant alors de dos à la jolie brune. « Je suis maitre dans une classe de maternelle. » commençais-je en m'essuyant les mains tout en reposant mon regard sur Jasmine. « Et je vis avec ma fille de sept ans, Tamara, dans le sud ouest de la France. » c'était le genre de présentation basique, oui. J'aurais pu lui raconter que j'aimais le sport, la peinture, la bricole et toutes ces choses qui façonnent ma vie, mais elle ne devait probablement vouloir que les grandes lignes. « Et toi, alors ? Mis à part le fait d'être une championne en footing, bien évidemment. » repris-je avec ironie, alors qu'un nouveau sourire étirait mes lèvres.