Ils viennent juste de me donner une robe, dans un sachet plastique presque hermétique. Parait que c'est ma taille, mais je sais pas pourquoi, je le sens mal. Rien qu'à voir la robe, je peux voir que premièrement, ça n'est pas mon style et que, deuxièmement, je risque d'avoir du mal à fermer la fermeture éclair. Je ne suis pas grosse, mais là, c'est une robe pour anorexique, je crois. Je hoche simplement la tête, tentant un léger sourire. Je suis stressée, parce que Fake Lover est sans pitié, à ce qu'il paraît et parce que je n'ai certainement pas les épaules pour supporter un potentiel succès médiatique et des paparazzis toujours dans mon dos. Alors je commence à stresser, penser à mon fils, me demander pourquoi j'ai fait tout ça. Ca me parait stupide, maintenant... Je me dirige vers un coin, parce qu'apparemment, il n'y a rien pour se changer. Je ne suis pas la fille la plus pudique, alors ça va. J'enfile la robe, galère un peu au niveau des cuisses, mais fini par la passer. Je retiens ma respiration, tente de fermer la fermeture de la robe mais c'est clairement mission impossible toute seule. Je regarde autour de moi, aperçoit l'une des personnes avec qui je vais rentrer ce soir, je m'éclaircit la voix avant de demander doucement : « Excusez-moi ? Est-ce que je peux vous demander une faveur, s'il vous plait ? »

Il était certain que je n'étais pas franchement du genre à porter des costumes. En général, je préférais y aller doucement avec les vêtements trop habillés, surtout à mon travail, puisque je finissais toujours pas me tâcher. Il faut dire que je jonglais toute la journée avec de la craie, des crayons de couleurs et pire encore, des gosses. Ouais, y'avait rien de pire pour se salir que des gosses, alors en général, le soir je rentrais dans un pire état encore qu'eux, hm. Et pour ne pas arranger les choses, j'étais également un véritable désastre ambulant, oui, je me tâchais presque à chaque repas. Même quand j'arrivais à ne pas le faire de moi même, Dieu allait jusqu'à faire intervenir des éléments extérieurs juste pour satisfaire son égo. Parce que la tâche était une partie de moi, et que c'était lui qui m'avait créé, vous voyez. C'était ainsi que je m'étais reçu tout un pichet de vin rouge, une fois, au restaurant. Oui, vous l'avez dit, y'a mieux pour un diner romantique. Alors forcément, porter un costume, là, tout de suite, je dois bien vous avouer que ça me fait un peu peur. D'autant plus que mieux je suis habillé, et plus grave sont les tâches. Cela dit, vu que ça n'était pas mes fringues, Dieu n'allait probablement pas trouver ça amusant, non, il attendrait que je porte des vêtements à moi, histoire que ce soit à moi de les racheter, voyez. Ahlala. Enfin bref, j'étais seulement un peu stressé à l'idée de pénétrer dans le jeu. On nous avait convoqué car plusieurs personnes avaient décidé d'abandonner, et apparemment, la liste s'était allongée pendant que nous étions dans l'avion. On n'avait pas trop eu le droit de se parler, entre nouveaux, histoire que les caméras ne loupent pas nos présentations ou quoi. Cela dit, j'observais depuis tout à l'heure l'une d'entre elles entrain de galérer avec sa robe. C'était plutôt amusant à voir, il fallait bien se l'avouer. Cependant, je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'appelle. « Excusez-moi ? Est-ce que je peux vous demander une faveur, s'il vous plait ? » m'approchant, mains dans les poches, un léger sourire effleura mes lèvres « Oui bien sûr. Oh et tu peux me tutoyer, promis, je ne mords que lorsque je me sens en danger. » cela dit, je pourrais tout à fait le faire là, puisque cette situation était nouvelle, et que je n'aimais pas trop les gros changements. J'étais un garçon calme, alors forcément, perturber mes habitudes était compliqué. « Qu'est ce que je peux faire pour toi ? » je me doutais bien que ça avait un rapport avec sa robe, mais devais-je l'aider à la mettre, à l'enlever ? Et puis j'allais peut-être attendre qu'elle soit totalement habillée pour me présenter, hm.

Quelle idée de faire des robes si serrées, mais également des robes avec des fermetures dans le dos ! Impossible pour moi de plonger mon bras dans mon dos, le tordre afin de tenter de fermer cette foutue fermeture. C'est mission impossible, vraiment. Je ne porte vraiment jamais ce genre de vêtements, inconfortables et impossible à mettre sans avoir quelqu'un pour m'aider. Parce que je n'ai qu'un fils, alors forcément, c'est compliqué pour moi de demander de l'aide à un petit garçon de son âge, surtout pour fermer une robe. Il a d'autres problèmes à gérer et moi aussi, alors je préfère mille fois l'épargner. Mais ici, c'est différent, je suis seule avec une robe qui n'est pas la mienne et je suis contrainte de demander de l'aide, et ce, à un jeune homme à qui je n'ai jamais eu l'occasion de parler auparavant, et qui, je l'espère, ne sera pas sadique au point de me laisser me débrouiller toute seule. J'essaye cependant, et la réponse s'avère être positive, avec un bonus, disons. « Oui bien sûr. Oh et tu peux me tutoyer, promis, je ne mords que lorsque je me sens en danger. » Le tutoyer ? J'ai peu l'habitude de tutoyer les gens, en dehors de mon fils. Peut-être parce que le peu d’interaction sociale que j'ai se résume à mes collègues, les gens dans les magasins ou mon médecin. « Merci... Je... euh... j'ai pas trop l'habitude de tutoyer les gens, en fait. » du coup, je me vois mal le tutoyer, surtout qu'il a l'air d'être quelqu'un de respectable, il a bonne allure et il impose un espèce de respect. Et puis finalement, il pose la question qui ramène au sujet principal : « Qu'est ce que je peux faire pour toi ? » Je lance mon pouce vers l'arrière tout en disant : « Disons que j'ai quelques problèmes pour la fermer, est-ce que ça vous dérangerait de m'y aider ? » et là, je sens que je rougis légèrement. Parce que je me rends compte que d'un point de vue social, c'est pas forcément la meilleure chose de demander à un inconnu de m'aider à fermer ma robe. « Je suis désolée de vous demander ça, je sais que c'est pas super conventionnel, et... » et j'ai rien à rajouter, alors je sais pas quoi dire de plus pour me rattraper...