Je passe par la case salle de bain pour une rapide retouche maquillage. En journée, je n’en mets pas beaucoup, de sorte que ça fait naturel. Je suis devant la glace, en train de me mettre du mascara, lorsque j’aperçois Babou dans le miroir. Automatiquement je tourne la tête vers elle. Elle semble hésitante, avant de s’approcher de moi. Le temps qu’elle trouve ses mots, je finis en deux secondes ce que j’étais en train de faire, puis je la regarde. Oui ? « Je... j'espère que t'as pas eu d'ennuis avec ton frère, par ma faute. » J’hausse un sourcil. De quoi elle me parle ? Pourquoi elle me causerait des soucis ? Je la laisse continuer, maintenant qu’elle est lancée de toute façon, elle ne peut plus reculer. « Bon... en fait - pas taper - l'autre fois je lui ai parlé de la nuit où je t'ai trouvée dans la salle de bain à la recherche de médicaments. Et bon... j'ai laissé entendre qu'après réflexion ça me semblait un peu bizarre, enfin que tu donnais pas trop l'impression d'avoir mal au dos, quoi... Je dis pas que t'es une menteuse, hein ! juste que... peut-être tu ne m'as pas tout dit ce fameux soir. » Oh la balance. C’est beau la confiance. M’enfin elle aurait mieux fait ne rien me dire, je n’étais pas au courant. « Si en gros tu me traites de menteuse. » Appelons un chat un chat s'il vous plait. Elle dit que je n'aurais pas mal au dos conclusion je lui aurais menti. « Mais t'as raison, je suis une menteuse. » Que je dis en haussant les épaules. Donc je ne lui en tiens pas rigueur pour ça. En revanche aller tout cafter à mon frère ? Pas cool, pas cool du tout. Je le vois un peu comme une mini trahison quand même, bien qu'on ne soit pas excessivement proche elle et moi, je m'attendais à mieux. « Si tu t'inquiètes, tu m'en parles à MOI. J’ai horreur qu’on parle dans mon dos. D’autant que Benjamin n'en a rien eu à foutre de ma gueule durant dix ans, j'aurais pu être morte que c’était pareil, alors il a perdu tout droit de s'inquiéter ou de se mêler de ma vie. Il na jamais été la pour moi dans les moments les plus difficiles d’accord ? Donc à l’avenir, tu le gardes pour toi. » Est ce que je suis assez clair comme ça ? Non mais puis sérieusement elle croyait quoi ? Que Ben allait voler à mon secours tel le preux chevalier qu'elle croit qu'il est ? « Maintenant si tu veux tout savoir, je suis une droguée. Mais ça tu dois ten douté à présent. » Ou alors c’est quelle est encore plus naïve que je ne l'aurais cru. « Donc un conseil, si tu me croises en train de chercher des médocs, tu ferais mieux de ne pas m'aider à en trouver. T'as même le droit de me gifler. » Oui oui. Je le mériterais.

Babou, ayant apparemment des problèmes de conscience, décide de m’avouer ses méfaits. L’autre jour, lorsqu’elle m’a surprise dans un de mes pires moments du jeu, et bien elle est allée tout cafter à mon frère. Que ça serait bizarre que je cherche des antidouleurs pour le dos, alors que je n’avais pas franchement l’air de souffrir du dos. Et qu’en plus j’avais un comportement suspect pour quelqu’un qui voulait juste un truc pour calmer la douleur. Dans le fond je n’ai menti que sur l’endroit de la douleur…C’est juste que la mienne, elle est psychologique. « Ah oui, mais alors le mal de dos c'était... » Elle prend conscience de la menteuse que je suis. « ..des foutaises, oui. » Je termine sa phrase. Encore là c’était un petit mensonge gentil, mais si vous saviez comment j’ai dû mentir par le passé…Tellement souvent que pour moi c’était devenu mon lot quotidien. J’étais devenu une experte. Cela a quand même duré des années sans qu’on soupçonne quoi que ce soit, c’est que j’étais douée pour cacher la vérité. Faut dire aussi que je ne suis pas une toxico, qui se shoote avec des drogues dures. Y a pas de signes évidents physiquement, comme pour les camés. « J'ai immédiatement regretté de lui en avoir parlé, tu sais. Et si je te l'ai pas avoué avant, c'est parce que... j'avais peur que tu t'énerves. » Hm. « Je fais si peur que ça ? » Bon il est vrai que je peux être sanguine parfois…Limite violente dans le genre à balancer tout ce qui me passe sous la main mais…Faut le mériter quoi, genre Benjamin. La ça va, ce n’est pas non plus la faute ultime. Lorsque je lui avoue ouvertement être une droguée, elle semble un peu choquée. « Je pensais pas que c'était à ce point-là... je... je sais pas quoi te dire. » Et bien qu’elle ne dise rien. « Tu tiens le coup ? et beaucoup de candidats sont au courant ? » Halala, la pauvre. « A mon avis, t’es la seule à ne pas être au courant… » Ou presque. Y a peut être quelques autres candidats, ceux à qui je n’ai jamais parlé, et qui ne doivent en avoir rien à faire de moi du coup, donc forcément. « Je n’en ai jamais fais un secret. C’est pour ça que je ne bois pas d’alcool. Ceci dit, beaucoup doivent croire que je suis alcoolique du coup… » Alors qu’en vrai, c’est plutôt les médocs mon problème. « Mais je suis clean depuis plus d’un an. » Je sors mon jeton de sobriété de ma poche et lui montre. « Tu ne m’as jamais vu jouer avec ça ? » Je l’ai souvent en main, à le faire tournoyer autours de mes doigts. Et il ne me quitte jamais, toujours dans ma poche. Elle me demande alors si je lui en veux. « Je pourrais t’en vouloir mais…je crois que je dépense assez d’énergie comme ça à en vouloir à d’autres personnes… » Alors franchement ça n’en vaut pas la peine. Pas pour si peu. « Puis bon, j’aime à croire que tu voulais bien faire dans le fond. » Parce qu’elle s’inquiétait pour moi. Et non juste pour colporter des ragots. « Tant que tu ne recommences pas. »

« Je craignais quand même un peu que tu me fasses passer l'envie de raconter ce genre de choses à ton frère en me bottant le derrière... et en même temps j'aurais trouvé ça normal, je crois. » Elle trouverait ça normal que j’use de violences envers elle ? « T’inquiètes, ton derrière a encore de beaux jours devant lui. » que je dis dans un léger sourire. Mais oui. « Et puis je ne suis pas folle, si je m’en prenais à l’adorable Babou aimée de tous, je risquerais de m’attirer les foudres de tout le monde. » Que je rajoute. Même si j’aurais raison, entre elle et moi, pour sur que la très grande majorité prendrait parti pour elle. Je suis loin d’être adorable comme nana. Bon après, elle a la jeunesse pour elle aussi. Peut être qu’elle ne sera plus si adorable à 30 piges. Mais qu’elle réussisse à conserver sa naïveté et sa fraicheur, c’est tout ce que je lui souhaite. Bref, je lui apprends qu’elle doit être genre la seule ou presque à ne pas être au courant pour mon addiction. Elle se plaint.  « Roooh ! mais c'est quoi ça, tu m'expliques pourquoi je sais jamais rien, moi ? » Allez savoir. « Peut être ne prêtes tu pas assez attention aux autres. » Et là pour le coup, ce n’est pas une qualité. Je lui montre mon jeton, symbolisant le cap des un ans de sobriété. Jeton dont elle ne m’avait jamais vu jouer avec non plus. Rhalala. « Fière, fière…Y a pas de quoi. Regarde, j’étais prête à replonger, la seule chose qui m’en en empêché, c’est d’être tombé sur toi… » Parce que j’ai arrêté de chercher du coup. Alors que si j’avais continué…je suis sure que j’aurais trouvé. D’autant que maintenant je sais où ils se cachent…Par exemple, je sais que Maxence en a, pour son épaule. « Je devrais peut être te remercier en fait… » Mais bon, la remercier juste pour être tombée par hasard sur moi dans la salle de bain…On ne peut pas dire qu’elle ait fait grand-chose. Mais il est vrai, qu’elle a peut être permit de m’empêcher de faire là une énorme connerie, sans qu’elle ne s’en rende compte. En tout cas, je ne lui en veux pas non. Elle pensait bien faire.Ce qu’elle me confirme. Elle me promet qu’elle ne recommencera plus jamais. « Bien, je n’en doute pas. » Elle ne refera pas deux fois la même erreur, elle a comprit sa leçon. D’autant que si là je suis gentille, la prochaine fois, je risquerais de l’être beaucoup moins….Surtout après m’avoir promit de ne plus recommencer. « Mais bon tu sais, à mon avis Benjamin ne s'en fiche pas, et... oui bon je me tais, c'est mieux non ? » Rha, elle est pas croyable. « Qu’il s’en préoccupe ou non…Cela me fait une belle jambe. » Qu’est ce que ça va changer pour moi ? De toute façon je lui ai dis, il a perdu le droit de s’inquiéter pour moi. De toute façon il a très bien réussi à vivre durant dix ans sans avoir de mes nouvelles, ou tenter d’en prendre, alors. Il ne s’inquiète pas tant que ça.