La blonde est depuis un moment devant une armoire du “garde-mangé”. Elle n'arrive pas à se décider et on sait déjà que lorsqu'il s'agit de faire un choix, elle n'est pas la meilleure. Pire, elle a vraiment du mal à se décider sur les petite choses de la vie; tellement ça lui donne mal au crâne et qu'après elle regrette d'avoir fait le mauvais choix. Parfois elle pense pas à toutes les éventualités, comme la dernière fois avec Amy. Elle ne savait pas choisir entre la plage et la piscine, mais elle n'avait absolument pas pensé qu'elle pouvait aller à la fois à la plage et ensuite à la piscine. Que les deux pouvait se faire. Mais là, ce n'est pas non plus pareil. Elle ne sait pas quelle sauce elle va prendre pour ses pâtes. Une sauce bolognaise ou une sauce carbonara. Là, elle ne peut quand même pas mélanger les deux, parce que non seulement ça serait trop gras, mais en plus pas bon du tout du tout. Du coup elle regarde ses options, en se frottant le menton. Ce n'est pas tout, les bocaux sont en plus tout en haut, pas en bas. Il faut réussir à les attraper et Titi n'est pas très grande. Elle se met sur la pointe de ses pieds et elle tend son bras au maximum, mais ça ne fonctionne pas. Elle est encore loin du compte. Alors, lorsque la porte s'ouvre et qu'elle dévoile le beau visage de Silas, ça lui donne une idée, qu'elle exécute immédiatement. “Je t'ordonne de me porter!” Qu'elle dit, en bougeant son index devant elle, la mine mauvaise. Bon elle n'est pas du tout en colère et en temps normal, elle n'oserait pas le commander ainsi. C'est juste pour voir s'il pouvait obéir à ça ou si c'est des conneries ce qu'on dit à la télé. Il parrait que quand on est ferme avec les hommes et bien, on a tout ce qu'on veut. Là, elle veut juste qu'il la porte pour pouvoir atteindre les deux sauces qu'elle convoite. En plus, il peut le faire aisément. Il est assez costaud et elle, légère comme une plumette. Oui, une plumette, c'est une petite plume, alors c'est pour dire comme elle est légère. “Attention! Si t'obeis pas...” Elle ajoute encore son index devant elle, pinçant ses lèvres pour réprimer un rire qui a envie de s'échapper. Elle ne trouve pas quoi dire à ça, alors elle improvise. “... Ma vengeance sera terrible! En plus, t'as pas le droit de me refuser ça, je suis encore nominée cette semaine et puis, je suis la plus sensible d'ici, c'est prouvée, alors je pourrais pleurer...” Qu'elle finit, en faisant mine de s'apprêter à pleurer.

Il est un peu tôt mais j’ai très faim. Pas question donc d’attendre plus longtemps pour manger et satisfaire mon ventre exigeant. Je me dirige en cuisine, regarde si il y a d’éventuels restent dans le frigo, grimacent face à mes maigres découvertes, puis me décide à sortir un paquet de pâtes. Sauf qu’il y en a déjà de sorti donc je me dis que j’ai plus qu’à aller chercher une sauce pour accompagner le tout dans le cellier. J’ouvre donc la porte qui dévoile une Titi sur la pointe des pieds. Mais que fais-t-elle donc ? Je m’approche un peu quand celle-ci prend un air autoritaire pour me demander de la porter. Surement pour l’aider à attraper quelque chose. Mais étrangement, j’ai envie de la faire mariner. Je suis pas du genre à céder aux exigences d’une femme aussi facilement. « Je ne connaissais pas ton côté dominatrice. » Et c’est quoi d’ailleurs la prochaine étape ? Elle va sortir le fouet et les menottes ? En tout cas, tout cela m’amuse et m’intrigue. Barbie se prenant pour la reine et me traitant comme son sbire. Bon, pas de chance, j’écoute rarement ce qu’on me dit. Je crois que je suis rebelle dans l’âme. Les consignes, j’aime pas ça. Jamais aimé même. Elle me met alors en garde que si j’obéis pas sa vengeance sera terrible puis tente de m’attendrir en parlant de nominations ou j’sais pas quoi. Comme si ça pouvait me faire quelque chose. Les larmes de crocodiles, j’y suis complétement insensible. « Tu veux un mouchoir ? Ah non, pardon, moi je suis le candidat le plus méchant d’ici. » J’affiche un sourire narquois en reprenant le sopalin que j’avais tendu vers la demoiselle. Elle n’aura rien. Et puis, elle est pas vraiment triste, c’est n’importe quoi. « Hâte de voir ta vengeance alors. » Je m’avance vers elle puis attrape une boite de sauce tomate pour mes pâtes. J’observe alors une drôle de réaction de la part de la candidate. Quoi ? Elle a jamais vu de sauce tomate de sa vie ?

« Bah maintenant tu le connaît ! » Qu’elle lance, en croisant ses bras sous sa poitrine. Bon, elle ne doit pas faire bien peur, aussi petite et aussi mignonne soit-elle, avec ses deux grands yeux bleus de poupée. Elle n’est pas du tout dominatrice, au contraire, elle préfère être dans la situation inverse avec un homme, mais là elle est en expérimentation. Pour voir si ça fonctionne et le résultat n’est pas très concluant. Il ne la porte pas du tout même. Non, il se moque d’elle en lui proposant des mouchoirs, parce qu’elle avait utilisé sa position de sensible du nid. Elle souffle, toujours en réprimant ce sourire qui veut s’échapper. « Bah t’es peut-être le plus méchant d’ici, mais moi tu m’fais pas peur ! » Qu’elle dit, en faisant une mine de défi. Il peut être méchant, mais elle s’en moque. Elle ne trouve pas qu’il le soit vraiment tant que ça et puis elle n’a pas peur de grand-chose. Pas tant que ça en tout cas. Elle lâche finalement un rire, parce qu’elle ne peut plus tenir. Elle n’a pas de vengeance. Elle ne sait même pas en vérité ce que peut être une vengeance, parce qu’elle est trop naïve et trop gentille pour vouloir ou penser à se venger de quelque chose ou de quelqu’un. Alors elle hausse les épaules. Mais elle n’a pas le temps de lui répondre quoique ce soit. Titi regarde ses moindres gestes et elle reste plantée là, bouche béante, parce qu’il prend exactement ce qu’elle voulait prendre en lui demandant de la porter. De la sauce tomate. Pour pâtes clairement et c’est là que ça lui fait pleins de connexion dans sa tête, à la blonde. C’est même bizarre quand elle y pense. Elle comprend le pourquoi du comment il prenait de la sauce tomate. Oui, parce qu’il a vu ses pâtes à elle dans la cuisine et il s’est dit que c’était une bonne opportunité de manger sans se fatiguer à faire quoique ce soit. Alors elle bondit vivement vers la porte du cellier, qu’elle vient barrer avec son corps. Elle écarte ses jambes et elle ouvre ses bras, tout en s’exclamant : « Ah non ! T’as pas le droit, c’est mes pâtes ! » Elle y met carrément toute son âme, peut-être en exagérant, mais parce qu’elle a faim. Trop faim. « Faudra que tu passes sur mon merveilleux et somptueux corps pour les manger ! » Qu’elle dit en se dandinant un peu, en montrant d’une de ses mains ce merveilleux corps en question. « Et maintenant je t’ordonne de me donner cette sauce tomate ! » Qu’elle dit en agitant de nouveau son index. Peut-être que ça marchera cette fois.

C’est que Barbie est drôle quand elle s’y met. Elle tente de jouer les dominatrices mais ça se voit qu’elle n’est pas à l’aise là-dedans. Son ton autoritaire me fait plus rire qu’autre chose. Elle ne fait en aucun cas peur et j’ai pas vraiment envie de l’écouter. Elle n’aura pas été assez efficace pour que je l’aide à attraper je-ne-sais-quoi. Et ce n’est pas non plus en simulant une quelconque tristesse qu’elle risque d’obtenir ce qu’elle veut. Ses larmes de crocodiles me laissent de marbre. Je lui propose même des mouchoirs histoire de bien lui faire comprendre qu’elle ne pourra pas m’attendrir. Enfin non, je lui en propose pas vraiment puisqu’il faut que j’assume mon statut de candidat le plus méchant du jeu. Ils ont voulu m’attribuer ce rôle alors maintenant ils assument. Je vais devenir vraiment méchant. Grrr. Titi affirme ne pas être effrayé. Un sourire amusé trône sur ma frimousse. Pour la provoquer un peu plus, je déclare avoir hâte de découvrir quelle sera sa vengeance. J’suis sûr dans le fond qu’elle n’y a pas réfléchi et donc qu’elle n’en a pas. En attendant, je me saisis de ce pourquoi je me suis rendu dans le cellier : une boîte de sauce tomate. J’vois bien qu’il y a un truc étrange chez Titi. Elle me regarde comme si je venais de décrocher la lune ou un truc du genre. C’est alors que la jeune femme se met à courir ou à sautiller, je sais pas trop, vers la porte du cellier. Mais que fait-elle ? Ah, bah elle a décidée de me barrer le passage. Elle s’est prise pour un castor qui fait barrage ou quoi ? Elle déclare aussitôt que j’ai pas le droit de passer et que ce sont ses pâtes. D’accord, tout s’explique, les pâtes que j’ai trouvées en cuisine lui appartiennent et elle aussi voulait la sauce tomate. Tiens donc, drôle de coïncidence. « Dois-je y voir là une proposition ? » Ça doit être ma perversité qui parle mais en même temps « passer sur un somptueux et merveilleux corps » ça porte à confusion. Je dirai pas non en tout cas mais là, pour l’instant, je pense surtout à manger car j’ai toujours très faim. « Allez, pousses-toi de là. » J’essaye quand même de passer mais la candidate est tenace et fait tout pour me repousser. C’est qu’elle a de la force mine de rien. V’là qu’elle me tend son index et qu’elle m’ordonne de lui donner cette sauce tomate. Je soupire, m’apprêtant à céder quand une idée fougueuse me traverse l’esprit. J’affiche alors un sourire en biais avant d’ouvrir de mon index la boîte de conserve. J’étouffe aussitôt le « clip » qui s’échappe par ma voix. « Tu l’auras voulu. Là voilà ta sauce !» Et hop, ma main part avec impulsion vers le visage de la candidate. Oui, je viens bien de l’asperger de sauce tomate. Je me retiens de rire, presque fier de ma connerie et à moitié coupable. « Ça te donne un style les mèches rouges je trouve. » Je dois fuir maintenant ? Surtout que j’ai même pas versé un tiers de la boîte donc faudrait pas que la jeune femme se mette à riposter.

La blonde comprend rapidement ce qui se trame dans sa tête, à Silas. Il convoite ses pâtes et il a la même idée qu’elle : les manger avec de la sauce tomate. Sauf que non, il n’a absolument pas le droit de manger ses pâtes à elle. Elle a eut du mal à les faire parce qu’elle ne cuisine jamais et que même des pâtes elle aurait tendance à les rater. Alors non, celle-ci, il ne les engloutira pas comme un morphale. Elle barre alors le passage, certaine qu’il ne pourra pas passer. Elle peut même frapper. Bon, ça serait peut-être semblable à une caresse pour lui tellement elle n’a pas de force et il n’aura pas mal pour une petite tape, mais ne sait-on jamais. Titi finit par froncer les sourcils, en comprenant ce qu’il voulait dire par une proposition. Elle dodeline de la tête, un « o » sur les lèvres. Quand même. « Bah pour une fois, je ne pensais même pas à ça, tu vois ! » Même si ça ne la dérangerait pas, il faut bien le dire et le préciser. S’il tente quelque chose, ce n’est pas certain qu’elle se débattrait, mais elle a trop la tête à garder ses pâtes pour elle, en ce moment. Alors elle lui ordonne de lui donner la sauce. Elle est certaine que cette fois-ci, il allait lui obéir comme un bon garçon. Quand même, elle hausse un peu le ton et se durcit un peu plus, ça va marcher. Il lui dit clairement qu’elle va l’avoir, sa sauce. Du coup, elle sautille sur place en tapotant dans ses mains. Ca fonctionne donc. Il faut simplement être ferme avec les hommes et puis c’est tout. Pourtant, alors qu’elle exprime généreusement sa joie, elle reçoit une bonne giclée de sauce tomate dans le visage. Sur le coup, elle reste un peu vigé sur place, par étonnement. Elle ne s’attendait franchement et sincèrement pas à ça, quand même. Et finalement, quand il parle de style, de mèches rouges, elle fait mine de bouder. « Nooooooon. » Qu’elle lance, en se maquant le visage. C’est nul de l’attaquer comme ça quand même, son si beau visage et ses si beaux cheveux aussi clairs et dorés que le soleil hawaïen. Bon évidemment, elle ne va pas mourir pour ça, mais elle n’aime pas jouer avec la nourriture et là, elle s’y trouve contrainte et forcée de le faire. Parce que cette fois, cet acte ne peut rester impuni. « Cette fois-ci, tu vas vraiment me le payer ! » Qu’elle dit en se retournant vers lui, secouant ses cheveux. Elle se rue sur le premier truc qui lui passe sous la main sur le présentoir. C’est du lait. Elle ouvre la bouteille et alors que Silas s’enfuit, elle lui court après. Bon elle ne sait pas faire quinze choses en même temps, voire même deux, alors elle s’arrête pour enlever l’opercule de l’ouverture de la brique. Pour finalement lui lancer une bonne rasade de lait, dans un rire. Bah forcément c’est drôle et elle rit pour un rien. Elle arrive à se saisir d’un pan de son tee-shirt – pour lui balancer le reste de son lait – mais elle glisse sur une flaque de lait et elle tombe littéralement allongée sur le sol. Un grand rire enfantin, sincère et amusé s’échappe d’entre les lèvres de la blonde. Mais elle ne perd pas le nord. « Temps mort ! Temps mort ! Tu peux plus m’attaquer là, je suis à terre… » Qu’elle dit, en faisant de grands yeux de petit chat, chat potté style !