Il arrive un moment où quand le linge sale se tasse dans la corbeille ou tout du moins dans un coin de la salle de bain, il faut faire quelque chose. Et aujourd’hui, j’ai décidé d’agir. J’ai donc pris mon courage à deux mains, emprunté une grosse bassine que j’ai trouvée et mis tout mon linge usé dedans. Me voilà me trimballant avec jusque dans le cellier pour nettoyer tout ça. Un petit coup de machine et le tour est joué. Sauf que vu la quantité de linge qui déborde de tous les côtés, ça risque de me prendre un petit bout de temps. Bon, c’est pas comme si j’avais un train à prendre ou quelque chose de plus pertinent ici à faire. Mais ça m’amuse pas des masses non plus. Surtout que y’a le chat qui s’amuse pas loin de moi avec une paire de chaussette que j’ai dû laisser tomber. « Toi, là-bas, sale cloporte, ramènes moi ça tout de suite avant que je te passe à la machine et que tu recraches toutes tes tripes après avoir fait le grand huit ! » A genoux devant la machine à laver entrain d’enfiler mon linge dedans, je pointe du doigt le chat ou du moins ce que je pensais être le chat car quand je relève la tête je m’aperçois que je suis plutôt entrain de pointer un candidat qui risque d’ailleurs d’apprécier mes propos si charmant. Bien évidemment, pas de chat à l’horizon. Il a dû filer avec mes chaussettes dans la cuisine ce foutu bestiaux.

Ah donc ici on se fait insulter de cloporte dès qu'on entre dans une pièce. Hum, pourquoi pas, après tout, j'imagine que c'est une question de point de vue. Je sais pas trop si j'ai le physique d'un cloporte, je sais même pas comment je dois le prendre non plus mais bon. Pire, on me menace de me faire recracher les tripes. Ah. Encore mieux ! Mais qui est l'instigateur de ces paroles tout à fait charmantes ? Silas, lui-même, en chair et en os. Je ne le connais pas vraiment cependant je ne savais pas qu'il me détestait autant. Je dois bien avouer que ça me touche un peu, j'ai presque envie de pleurer là voyez-vous. Presque. « Charmant » que je sors sans trop de convictions, surtout parce que je sais pas trop quoi répondre à ce genre de menaces en fait. Je ne sais pas ce que j'ai fait au candidat pour qu'il s'en prenne à moi de la sorte, apparemment j'ai du tuer quelqu'un, genre quelqu'un de sa famille, parce que pour me faire recracher mes tripes j'ai du faire un truc de grave.. « Et je peux savoir ce que je suis censé te rendre en fait ? » Oui parce que bon, je n'ai rien qui puisse lui appartenir. Si ? J'en doute fortement. Moi qui étais venu dans le cellier juste pour aller chercher un petit truc à manger voilà que je me retrouve dans une situation plus qu'étrange. D'autant plus qu'il m'insulte presque mais il est utile d'affirmer que Silas est ici en position d'infériorité étant donné qu'il est accroupi au sol occupé de remplir la machine à laver, donc franchement j'ai juste à le pousser un petit peu, à le faire entrer dans la machine, puis à lancer celle-ci histoire qu'on en entende plus parler. Sauf qu'évidemment je ne suis pas un connard et encore mois un meurtrier alors je me ravise au dernier moment. D'autant plus qu'il y a des témoins de taille, à savoir les caméras, oh et des millions de télé-spectateurs au passage qui risqueraient très fortement de me reconnaitre.

Plongé dans mon linge et blasé de devoir le laver, j’suis pas vraiment d’humeur à supporter la présence du chat qui m’a piqué mon bien. Cette saleté s’amuse avec une paire de chaussette m’appartenant et risque de la trouer si j’interviens pas. Je tente aussitôt la technique autorité puisque je suis présentement trop occupé pour me lever. Mais voilà que j’ai vraisemblablement fait peur à l’animal mais aussi au candidat qui vient d’arriver et que je pointe par erreur du doigt. Evidemment, ce qui était prévisible arriva puisque ce même candidat en vient à penser que je m’adressais à lui. Bon, pour le coup, j’me sens un peu couillon. Surtout que j’y suis pas allé de main morte. Celui-ci semble quand même assez calme. Pour le coup, à sa place, je crois que je me serai enflammé direct. Heureusement que c’est pas le cas vu que la violence ici est interdite et qu’il y a des caméras partout. Bon et je me sens obligé de rectifier le tir. « Mais non, t’es pas un chat. » Alors ça c’est de la phrase culte. Bravo Silas. Je crois que je viens de lui apprendre un élément qui changera à tout jamais sa vie. Quelque chose de primordial qui reste de bouleverser ô combien son existence. « Je veux dire, je causais au chat, pas à toi. » Et là, je vais encore plus passer pour un cinglé. Bonjour la réputation à venir. Non mais sérieux, ça arrive à tout le monde de parler aux animaux, non ? Et puis, moi je parlais même pas, je criais sur le chat, y’a une nuance. En tout cas, ce petit con va me le payer un jour. Je déteste qu’on touche à mes affaires et encore plus passer pour un imbécile. Rien à foutre que ce ne soit qu’un chat, il est doté d’une âme et d’un cerveau donc à partir de ce moment-là, j’ai le droit d’en vouloir à la bête. « Si tu m’aides à récupérer la paire de chaussette que Tixy m’a piqué, je te fais un cocktail. » J’suis clairement trop agacé pour courir après l’animal donc autant demander un peu d’aide au garçon. En plus, je propose une rémunération à partir de mes capacités de barman, c’est pas rien. Il pourra même choisir ce qu’il aime. « Mais déjà, faut retrouver l’animal. » Qui s’est visiblement cassé du cellier. Avec un peu de chance, on pourra le retrouver dans la cuisine.