La plage, c'est un peu l'un des endroit les plus cools de ce nid. Je veux dire, la plage, c'est synonyme de soleil, bronzer, ce genre de choses. Les trucs cools de la vie. Sauf qu'évidemment, moi, le soleil, c'est à peine si je connais, parce qu'avec la peau de roux que je me tape, je ne me fous pas trop à ses rayons à vrai dire. Si c'est pour cramer, non ce n'est même pas la peine. D'autant plus que les plages par chez moi ne sont pas les plus agréables tant il fait tout de même froid, il faut bien le dire. Du coup, ici, c'est un peu le contraste. Que dis-je, le grand saut. Il fait super chaud ! Evidemment les autres candidats diront qu'il fait une température absolument normale, mais pour moi, qui vient d'un pays nordique, non ce n'est pas une température dont j'ai l'habitude d'évoluer. C'est pour ça que je préfère venir la nuit, ou au coucher de soleil. Ca, ça, je veux bien ! C'est tellement beau, en plus. J'ai du en voir une dizaine depuis que je suis ici, mais j'aime toujours autant. Tous les couchers de soleil sont différents, je ne sais pas comment, mais ça se ressent. Cela dépend notamment de la personne avec qui nous sommes, enfin, si nous sommes avec quelqu'un, évidemment. Ca varie. La sensation n'est pas la même. Des fois, je ne vais pas le cacher, ça me rend un peu triste. Oh non je ne suis pas quelqu'un de romantique, loin de là, ni d'hypersensible pour être tout à fait honnête, mais je ne saurais expliquer pourquoi ça me fait toujours ce petit pincement au coeur. Quoi qu'il en soit, j'ai décidé de venir regarder celui de ce soir. Je n'ai pas spécialement cherché quelqu'un avec qui le partager, mais pour être honnête ça ne me dérangerait pas que quelqu'un me rejoigne. Pourquoi pas après tout ! Plus on est de fous, plus on rit, il parait ! Passons. J'ai pris soin de retirer mes chaussures pour les mettre dans l'un de mes mains, tandis que mes pieds viennent fouler le sable encore chaud. J'arrive très vite au bord de l'eau, tandis que je balaie l'horizon d'un regard. Ca va se produire dans quelques instants, je crois que je suis arrivé à temps. Je me mets à terre, les genoux relevés et les bras sur ceux-ci tandis que j'observe le spectacle, bien qu'un bruit derrière moi m'empêche de me concentrer réellement sur ce qui est occupé de se dérouler face à moi. Mais je ne me retourne cependant pas, seulement, au bout de quelques secondes, je vois Maxence, debout, à mes côtés. Ah donc c'était lui le bruit ! Mais ! Il est occupé de dire un truc mais je le coupe, sans trop l'écouter d'ailleurs. « Chut chut assieds-toi maintenant ! » je l'implore presque. Je veux qu'il regarde ça avec moi. C'est un coucher de soleil, mais j'aime bien ça, et j'aime bien Maxence donc comme ça je fais d'une pierre deux coups.

S'il y a bien un truc que je ne pensais pas dire à la fin de mon séjour ici c'est que la plage me manquerait. Parce que ça n'avait jamais été trop mon truc, la plage. Je n'avais rien contre le sable et la chaleur, j'y étais souvent confronté dans les pays où j'allais, mais le fait de lézarder pendant des heures au bord de l'eau, ou encore de se baigner dans l'eau salée, ce n'était pas un truc après lequel je courrais ... En fait si on m'avait demandé quel endroit j'espérais ou imaginais quand j'avais passé les castings, il y a fort à parier que ma réponse n'aurait fait état ni d'une plage, ni de l'océan. Mais bon, faut croire qu'en dix semaines l'endroit avait eu le temps de me montrer ses bons côtés ... Peut-être même qu'une fois dehors j'allais traîner à Hawaii quelques jours de plus, histoire de visiter un peu le coin. Je me disais que ça serait quand même con d'être dans les parages et de ne pas visiter au moins le Kilauea et l'USS Arizona. Pour l'heure j'étais encore là ... Pour combien de temps, difficile à dire, mais j'étais encore là. Alors je me disais que j'avais intérêt à profiter un peu, d'ailleurs je savais d'expérience maintenant que les couchers de soleil ici valaient le coup d’œil ; Pour ça je devais en partie remercier Titi. Du coup, surveillant l'heure du coin de l'oeil j'avais pris la direction de la plage un peu avant huit heures, sans me presser, retirant mes chaussures une fois arrivé sur le sable et les gardant à la main, après avoir retroussé le bas de mon jean jusqu'à mes genoux. De toute évidence je n'étais pas le seul à avoir eu envie de contempler l'horizon ce soir, puisqu'avançant le long de la plage j'avais trouvé Jouko, à la rencontre de qui j'étais donc allé. « J'te savais pas si romantique. » lui avais-je alors fait remarquer tout en m'arrêtant à sa hauteur, restant tout de même debout tandis que lui s'était mis à l'aise, assis sur le sable. Ce n'était pas un reproche ceci dit, d'être romantique je veux dire, même moi je crois que je l'étais un peu ... Le souci c'était juste que j'avais une vie sentimentale tellement chaotique que ça ne me servait pas à grand-chose, disons. « Chut chut assieds-toi maintenant ! » Quoi, il ne se sentait pas capable de regarder devant lui et de parler en même temps ? Faut croire que tout le monde n'était pas multitâche ... Mais soit, si il avait envie de profiter du spectacle en silence je pouvais faire ça aussi. Du coup je m'étais assis à côté de lui, ramenant un genou contre ma poitrine et appuyant un de mes bras dessus. Ça me faisait bizarre de regarder le soleil se coucher, et de me dire qu'au même moment il était en train de se lever chez moi, en France. Je ne vous raconte même pas le jetlag que j'allais me prendre dans la gueule en rentrant chez moi ... Ceci dit j'avais un peu l'habitude, même si d'ordinaire ce n'était pas à ce point-là. Baissant un instant les yeux sur l'eau face à nous j'avais vu juste à temps la vague arrivée, et me levant j'avais reculé de deux ou trois mètres pour éviter d'être trempé ... Jouko en revanche n'avait pas remarqué assez vite ce qui arrivait. « Ah bah, tu voulais le silence, je t'aurais bien prévenu avant sinon, mais ... » Oui voilà, du coup je n'avais rien dit, et il était trempé, le pauvre chéri. « Mais bon, l'eau tu as l'habitude. » que j'avais finalement rajouté d'un air innocent, tout en tendant tout de même la main pour l'aider à se relever.

Je trouve ça fascinant un coucher de soleil, pourtant ça n'a rien d'exceptionnel il faut bien que je l'accorde. C'est vrai, c'est juste un soleil qui disparait pour laisser place à la nuit. Ouais voilà c'est ça. Cependant je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est magnifique et en plus j'arrive à voir des différences à chaque fois. C'est fou hein. En réalité je pense que la majorité des gens se foutent de ce genre de phénomènes mais je trouve ça absolument magnifique et c'est pour ça que je viens souvent ici, seul ou accompagné d'ailleurs, c'est reposant. Seul c'est mieux mais évidemment je ne suis pas contre un peu de compagnie, d'ailleurs j'ai invité Maxence à s'asseoir alors qu'il venait à peine de se pointer à ma hauteur. Il était occupé de parler mais pour être tout à fait honnête j'ai même pas écouté ce qu'il a dit, je l'ai coupé dans sa course et je me fiche un peu de ce qu'il a à dire. Je le stoppe pour lui ! Il va manquer le spectacle ! Je préfère qu'il regarde le coucher de soleil plutôt qu'il discute avec moi, parce qu'entre nous c'est cent fois plus intéressant. Oui tout de même. Du coup le type s'exécute, ça me fait sourire mais rappelons toujours que je n'ai toujours pas posé le regard sur lui ; trop fasciné par le coucher de soleil. Encore une fois, c'est un coucher de soleil, il y en a eu pendant des millions d'années, et il y en aura aussi un demain. C'est vrai. Mais je sais pas j'ai envie de le regarder, c'est tout c'est comme ça. Mais je suis néanmoins content que Maxence soit là, je veux dire par là que c'est un ami maintenant, du moins ça commence à en être un, je pense, et donc ça me fait forcément plaisir de passer du temps avec lui, comme des potes, quoi ! Bon évidemment, un coucher de soleil ça fait romantique, oui c'est sur, ça peut porter à confusion.. mais bon tout le monde sait qu'on est amoureux de toutes façons, j'en suis sur.. enfin passons. Et là, alors que j'ai toujours les yeux rivés sur l'horizon, je sens... que mes habits collent, ils sont mouillés, du sel me pique ; putain, je me suis mangé une vague, quoi ! je ne l'avais même pas vu venir, en plus, incroyable ! J'ouvre la bouche, ébahi, et écarte les bras. J'ai pas les mots. Et ce Maxence qui s'est bien gardé de me prévenir.. ah le bougre.. « Ahah très drôle ! » j'en profite pour lui adresser un magnifique doigt d'honneur qui vient bien évidemment du plus profond de mon coeur. Je rigole, bien sur. Je me lève ; mes habits collent c'est affreux, j'ai envie de me suicider. Mais j'ai la flemme. Je me rapproche du candidat. « Maxence tu sais que je t'aime bien donc viens faire un câlin ! » Je ne prends même pas la peine d'attendre l'approbation du candidat et je le serre entre mes bras. Il va me rejeter mais je compte bien le tremper et lui foutre du sable mouillé un peu partout sur ses habits. Quel chieur je fais là. Je me recule finalement. « Putain Maxence ! On a tout raté par ta faute ! » enfin j'abuse un peu, c'était déjà bien entamé quand il est arrivé mais on a raté la fin. Et évidemment, c'est sa faute. Beh oui. Pas de la mienne, hein. Je suis une victime dans l'histoire, moi..

désolé pour l'attente

Je n'étais pas spécialement venu jusqu'ici dans l'espoir de trouver quelqu'un, mais je n'étais pas contre un peu de compagnie ... Peut-être parce que de plus en plus je réalisais que le retour à la réalité et la solitude des premiers jours une fois sortit d'ici ne serait peut-être pas chose aisée. Tout comme j'avais la sensation d'étouffer quand je retrouvais un toit après avoir passé plusieurs jours dehors, le silence avait tendance à me peser quand j'avais eu l'habitude d'être entouré pendant un certain laps de temps. Et là si on y réfléchissait bien cela faisait dix semaines que je n'avais pas été véritablement tout seul ... D'ici à se dire que j'allais me sentir obligé de faire la conversation à mon voisin de siège dans l'avion du retour, au risque de le saouler, il n'y avait qu'un pas. Quoi qu'à l'aller c'était ma voisine de siège qui m'avait fait la conversation, à la base parce qu'elle avait la frousse dans les turbulences ... Le pire c'est qu'en tant d'heures de vol et une escale j'en connaissais plus sur la vie de cette inconnue que sur certains candidats du nid. Pour l'heure en tout cas il n'était question que du nid, et j'en avais justement trouvé un sur la plage. Visiblement enclin à ce que j'admire le coucher de soleil avec lui mais à la condition de garder le silence ... Bon, je supposais donc qu'il apprécie aussi la façon silencieuse dont je ne l'avais pas prévenu de la vague qui nous arrivait droit dessus. « Ahah très drôle ! » Plus que drôle en fait, la tête qu'il avait fait quand la vague s'était crashée sur lui et l'air qu'il m'avait lancé sans comprendre pour quelle raison j'avais laissé une telle chose se produire sans rien dire, c'était mythique. « Tu devrais voir ta tête. » lui avais-je alors fait remarquer d'un air narquois tout en lui tendant tout de même une main pour l'aider à se relever. Ça sécherait vite, ce n'était pas parce que le soleil se couchait que la température ne restait pas clémente ... Bon par contre, si j'étais lui je foutrais tout ça à la machine une fois rentré, le sel c'était pas forcément ce qu'il y avait de meilleur pour le textile. « Maxence tu sais que je t'aime bien donc viens faire un câlin ! » Quoi ? Non mais nooon ... Voilà, j'étais trempé aussi, bravo. Mais bon, je n'avais protester que mollement, grognant plus ou moins et ne le repoussant gentiment qu'après quelques secondes « Fallait le dire tout de suite si t'étais en manque de câlins ... » avais-je alors commencé d'un ton innocent, posant mes deux poings sur mes hanches après avoir retiré d'un revers de la main le sable que Jouko venait de coller sur mon tee-shirt « ... j'aurais amené Teddy avec moi. » Oui c'est vrai, c'était le truc limite trop facile, mais avouez qu'il l'avait quand même un peu cherché. Machinalement j'avais reposé les yeux sur la ligne d'horizon en voyant Jouko le faire ; Le ciel était toujours rose orangé, mais le soleil lui s'était définitivement fait la mal jusqu'à demain matin en revanche. « Putain Maxence ! On a tout raté par ta faute ! » Ma faute ? Comment ça ma faute, c'était lui qui faisait tout un cirque pour se venger d'être un peu mouillé, là ... J'avais porté ma main à mon cœur, l'air faussement choqué par ses accusations « Comment ça ma faute, monsieur voulait un câlin et a totalement oublié le coucher de soleil, surtout. » Remettons un peu les choses à leur place, s'ils vous plait. « Et puis tu sais, le truc bien avec les couchers de soleil c'est que tu pourras revenir demain, il sera de nouveau là. » Et si vraiment il n'avait pas la patience d'attendre demain soir il y aurait toujours le lever de soleil demain matin ... Mais fallait avoir la foi de se lever, c'était toujours le souci, surtout vu l'heure à laquelle se levait le soleil ici. « A moins que vous n'ayez pas de soleil en ... Suède ? Finlande ? Je ne sais jamais. » Honte à moi mais j'avais beau faire, je confondais toujours ces pays. Ce qui était totalement con dans un sens, c'était comme si un américain confondait la France, l'Italie et la Suisse sous prétexte que les trois étaient limitrophes.