Plus que deux jours avant la demie finale. Tic tic, tic tac, ça se rapproche de plus en plus. C’est difficile de ne pas y penser. La sortie me fait un peu peur je dois l’avouer. J’essaie de faire en sorte de profiter de ces derniers jours comme il se doit. Je ne voudrais pas regretter de m’être morfondu ma peut etre dernière semaine dans ce jeu. Ce soir, je me suis rendu à la plage. J’y ai croisé Silas. Je lui ai proposé un bain de minuit. Et puis une chose en entrainant une autre… Je crois que vous avez compris ce qui est arrivé. A présent je suis rhabillée. Couchée sur la plage. Sur une serviette. Silas à côté. Probablement sur le départ, je ne sais pas. Silencieuse, je fixe le ciel étoilé. Pensive. « Tu n’es pas un mec qui s’attache, et tu fais en sorte qu’on ne s’attache pas à toi… » En se faisant passer pour plus connard qu’il n’est. « Tu ne te sens jamais seul ? » Ouais on vient juse de baiser, et moi je suis en mode over thinking. Peut être que je me projette un peu dans ma question… Que c’est moi qui me sens seule. Je ne sais pas pourquoi, je le ressens encore plus ces derniers temps. Peut être la faute à tous ces couples, cet amour ambiant. Ou la fin de l’aventure qui approche à grand pas. Le retour à la réalité. A ma vie merdique. Ouais, on vient tout juste de passer un très bon moment… Mais ça s’est déjà estompé. C’est éphémère. Sur le moment ça remplit ses objectifs mais après…

Comment entamer sa vingt-sixième année d’existence convenablement ? En s’envoyant en l’air avec une jolie nénette après un bain de minuit pardi ! Vraiment, c’était cool et je regrette pas le moins du monde. Je profite de mes probables derniers jours d’aventure au mieux. Les charmes des candidates en font partie évidemment. Me voilà donc torse-nu, juste avec un caleçon, sur une serviette aux côtés de la personne avec qui je me suis amusé. J’ai trop chaud pour enfiler plus de vêtements. Je me laisse donc un peu de répit pour retrouver mon souffle après l’effort quand la candidate ré-entame la conversation. C’est bien une fille ça. Toujours besoin de parler. « Je suis seul, là ? » Je la regarde avec un léger sourire amusé avant de baisser mon regard vers mon corps à moitié dénudé. Non, vraiment, j’suis pas tout seul. Et je le suis rarement très longtemps d’ailleurs. Que ce soit aux niveaux des filles, du taf ou de mes proches. « Honnêtement ? Je le vis très bien. J’ai réalisé il y a quelques temps que j’avais pas besoin d’être très entouré. Mon père, deux trois potes et basta. Le reste, c’est que passager. Des contacts, pas d’attache, pas d’emmerde. Ça me va. » Oui, clairement, je ne cherche plus à me faire des amis. Je ne veux plus. « Et toi ? T’en pense quoi ? Me dis pas que t’es comme toutes ses filles espérant niaisement le prince charmant ? » Ça m’étonnerait mais bon, y’en a tellement. La faute à tous ces films américains qui façonnent les esprits des fillettes dès leur plus jeune âge. Une vraie propagande. Si ça ne tenait qu’à moi, déjà, j’interdirai toutes ces conneries des écrans de télévision. Ça éviterait bien des désillusions. « Tu vas avoir du mal à me trouver un remplaçant. » Changement de conversation soudain. Je suis le roi pour ça.

« Je suis seul, là ? » Ce qu’il est drôle. Qu’il ne joue pas au plus con. D’autant qu’on sait tous qu’il gagnerait à tous les coups. On sait très bien que sa phrase n’a aucune pertinence. On peut être entoure par un millier de personne, et se sentir seul pour autant. Il finit par répondre plus sérieusement.  « Honnêtement ? Je le vis très bien. J’ai réalisé il y a quelques temps que j’avais pas besoin d’être très entouré. Mon père, deux trois potes et basta. Le reste, c’est que passager. Des contacts, pas d’attache, pas d’emmerde. Ça me va. » Je me demande si il est sincere. S’il pense réellement ce qu’il dit.  D’un autre côté, je me rappelle qu’il est encore jeune. Y a 5 ans de ça, mon etat d’esprit n’était pas le même que celui d’aujourd’hui. Alors peut être qu’il pense que ça lui convient oui. Peut être qu’il se ment à lui-même. Ou peut être qu’il est très bien comme ça. Je ne sais pas. Mais il me fait me sentir encore plus seule là justement.  « Et toi ? T’en pense quoi ? Me dis pas que t’es comme toutes ses filles espérant niaisement le prince charmant ? » Je lève les yeux au ciel face à une telle réflexion. Il est gonflant avec son histoire de prince charmant lui. Encore. A croire que c’est toujours tout blanc ou tout noir. Y’a pas d’entre deux. Soi tu t’attaches à rien ni personne, soit t’es une grande romantique qui rêve de se faire enlever par son prince charmant sur un cheval blanc. « Si prince charmant il y a, je l’ai laissé partir de toute façon. » Ou il m’a quitté plutôt, mais en même temps, je l’ai bien cherché. Donc non, je ne rêve pas au prince charmant. Pas depuis l’adolescence. « Et ça t’emmerde pas de te dire que tu si venais à disparaître, y a pas grand monde qui te regretterait ? » Je trouve ça déprimant. J’essaie d’imaginer mes propres funérailles…Clairement, il n’y aurait pas grand monde de présent pour déplorer ma perte. Je pense à des choses joyeuses, oui oui. « Y a pas de mal de vouloir se sentir aimé… » J’ai l’impression d’être quelque peu honteuse de penser une chose pareille, et de vouloir m’en convaincre moi-même du coup que c’est quelque chose de normal. Quant au fait que j’aurais du mal à lui trouver un remplaçant…Hm comment dire…   « Tu parles. Les gars dans ton genre se bousculeront pour m’avoir. » Je suis un aimant à connard. Je l’étais avant de ce jeu, et maintenant je vais l’être probablement encore plus.

On est là, allongés sur le sable, après un moment de folie et au lieu d’en profiter pleinement et limite de remettre le couvert une fois nos esprits récupérés, la nana entame une conversation presque philosophique. Non mais WTF ?! Je sais que j’ai gagné un an supplémentaire mais c’est pas pour autant que je vais changer quoi que ce soit dans ma vie. La solitude, comme elle l’appelle, ça me convient. J’ai changé de mode de vie et ça me va très bien. Que ça plaise ou non. Je suis heureux comme ça. Enfin heureux.. tout est relatif. Je continue à vivre quoi. « C’est bête ! » J’y crois pas moi à toutes ces conneries de prince charmant donc clairement, j’en ai rien à foutre qu’Amy ait manqué le sien ou non. C’est n’importe quoi, d’abord. Et puis si elle a envie de se caser, elle trouvera. Mais j’imagine que c’est pas vraiment le cas et je comprends tout à fait car c’est pareil pour moi. Je ne veux plus de relation durable, quel qu’elle soit. « Qu’est-ce que j’en ai à faire sérieusement qu’on vienne pleurer sur ma tombe ou non ? Je serai mort donc non, ça m’emmerderait pas. » Question de logique. Elle en a de ces questions elle parfois ! Je me demande d’ailleurs si le brun c’est sa vrai couleur de cheveux. « Y’a pas de mal de se sentir aimé, peut-être. Mais toi, t’aurais envie qu’on te pleure ? C’est égoïste. » Ouais, je comprends décidément pas. Je trouve ça nul de penser comme ça. Perdre un être cher, il y a rien de plus horrible alors ouais, je préfère ne plus m’attacher aux gens et que les morts m’indiffèrent. C’est un choix. C’est mon choix. « Les gars dans mon genre ? » Je rigole alors suite aux propos de la MILF. « J’suis peut-être pas irremplaçable mais j’suis unique. » J’insinue pas qu’elle trouvera pas mieux que moi. J’suis un bon coup mais j’dois pas être le meilleur coup de l’univers non plus. J’ai pas un égo surdimensionné. « En tout cas, tu te débrouilles pas mal pour une MILF. » Et je remets ça sur le tapis, bien entendu. De toute façon, c’est logique qu’elle se débrouille bien vu qu’elle a l’expérience.

« Qu’est-ce que j’en ai à faire sérieusement qu’on vienne pleurer sur ma tombe ou non ? Je serai mort donc non, ça m’emmerderait pas. » Sans blagues, il serait mort. Il m’en apprend une bonne là. Il parle d’égoïsme. Il a vraiment rien compris, ou il fait semblant de ne pas comprendre. « Tu prends décidément tout au pied de la lettre. » A l’écouter, j’ai envie de me sentir aimée pour qu’on puisse pleurer sur ma tombe. « C’était plus une façon de parler. » Tout ce qui m’importe, c’est en tant que vivante là. « Je crois surtout que t’essaie de te convaincre que t’es mieux ainsi… » Et à force de se le répéter il s’en est convaincu. Je sais de quoi je parle, c’est mon cas. Mais je réalise de plus en plus, que je n’ai plus envie de ça. « Qu’est ce qui est mieux, aimer, vivre pleinement, prendre des risques, quitte à souffrir ? Ou jouer la sécurité, et mener une existence solitaire ? Dans l’indifférence la plus totale ? » Je crois surtout qu’il est guidé par la peur de souffrir de nouveau. Ses questionnements sur le deuil me reviennent à l’esprit. Moi c’est pas tellement la peur de souffrir qui me fait peur. C’est mon lot quotidien après tout. Mais c’est plutôt que j’ai tendance à penser ne pas mériter le bonheur. Pourquoi 95% de mes relations amoureuses par le passé se sont trouvés être avec des connards finis, qui ne m’ont attiré que souffrance et emmerdes ? C’est que je dois le chercher. Et même quand j’aurais enfin pu trouver le bon gars…J’ai tout fait foiré.  « Les gars dans mon genre ? J’suis peut-être pas irremplaçable mais j’suis unique. » C’est beau de rêver. « Si tu le dis. » Je ne suis pas persuadée, mais bon. A la limite on peut dire qu’il est unique oui. Avec des fortes ressemblances avec d’autres mecs sur le comportement. « En tout cas, tu te débrouilles pas mal pour une MILF. » Soupire. « Tu sais que ce sont les blagues les plus courtes qui sont les meilleures. » C’est d’un lassant son histoire de MILF. « Et toi tu te débrouilles pas mal pour un FILF. » Father i’d like to fuck. L’équivalent masculin doit bien exister non ? Au point ou on en est après tout il doit bien rentrer dans la catégorie puisqu’a à priori il n’y a pas d’âge. Seulement de la connerie humaine.