Lundi, voilà une semaine qu'elle n'avait pas côtoyé Sydney, une semaine aussi qu'elle n'avait côtoyé personne, à vrai dire, elle s'était presque enfermé dans un mutisme, elle avait peur, peur des personnes qui l'entouraient, de leurs gestes et leurs mots, elle frémissait si l'un d'eux s'approchait d'elle, elle était méfiante. Sortant alors de la maison, elle respirait enfin, elle n'était plus compressée, elle était libre. Elle se laissa tomber sur l'herbe fraiche, jouant avec les brindilles quand elle aperçu une marguerite, elle sourit, par cette saison, il était impossible de découvrir pareille élément, pourtant, elle se mit soigneusement à déchirer chacune des filles, se demandant secrètement s'il l'aimait ...

« Il m'aime ... Un peu ... beaucoup ... Passionnément .. .A la folie ... Pas du tout ... Il m'aime ... »

Chaque pétale coupé lui permettait d'arriver au but d'un jeu enfantin, un jeu qu'elle avait découvert, une fois, alors qu'elle avait une vingtaine d'année, elle avait sourit, le visage embuée d'une sensation de renaissance et elle avait joué.

Elle n'aperçut pas l'arrivée de Sydney, trop occupée à terminer

« ... pas du tout »

Elle fronçait les sourcils et jetait violemment le reste de la fleur devant elle, arrachant soudain quelques brindilles d'herbe pour se venger, elle soupirait et regardait le ciel blanc, pitoyable.

Lundi matin. Le week end était terminé, mais qu'est ce que ça changeait dans un endroit comme celui-ci. Le lundi rimait surtout avec soirée, et c'était finalement la seule chose agréable en ce jour. Enfin si tenté qu'elle soit plus agréable que la soirée précédente, encore qu'il était difficile de faire pire. En repensant à cette soirée, une vague de colère s'empara de moi, colère qui s'intensifiait lorsque je vis Alice installé dans l'herbe. J'avais encore en travers de la gorge son attitude face à Franz surtout que je me trouvais justement dans cette pièce. Même si finalement après ce qu'elle ait fait à Cassandre plus rien ne pouvait m'étonner de sa part. Je la fusillais du regard, puis ricanant légèrement alors que sa marguerite se stoppait sur pas du tout. « Ça t'étonne ? Qui peut aimer une garce dans ton genre ? » Lançais-je très sèchement alors que je me postais devant elle. Son côté décalé ne m'avait jamais dérangé mais là, je trouvais ça plus que ridicule.

Sydney lui faisait face, un sourire moqueur sur le visage alors qu'elle écoutait la fin de son jeu. Lentement, Alice levait les yeux vers la silhouette de la brune, lui lançant un regard des plus navré. Elle posa ses mains dans l'herbe, derrière son corps pour lui permettre de basculer doucement, se retenant par la seule force de ses membres. Elle soupirait alors que la méchanceté de Sydney se faisait ressentir. D'un ton calme et plat, Alice lui demandait

« C'est quoi que tu n'as pas encore digéré? De savoir que Franz n'avait pas réserver son corps pour ton unique personne ? Ou que tu sois obligé de te trainer une larve telle que Cassandre? »

Elle fronçait les sourcils, pourquoi était-elle la seule fautive de l'histoire, encore une fois? Le fait qu'elle soit une garce n'était pas nouveau, il fallait le savoir.

« Pour la première solution, tu vois ça avec Cupidon, une soirée fantasme tu t'occupes de ton compagnon, t'avais qu'à pas choisir une souris pour satisfaire tes désirs et être à la hauteur de celui que tu convoites »

Elle ne se sentait pas coupable d'avoir pu toucher Franz, surtout qu'elle n'avait rien fait de mal, elle ne lui avait pas sauté dessus, ne l'avait pas embrassé ou touché sexuellement parlant, elle ne comprenait pas l'attitude maladive de Sydney. Elle soupira alors en pensant à Cassandre et dévoiler

« Pour Cassandre, je n'y peux rien s'il est assez con pour croire qu'on peut aimer quelqu'un dans cette maison, s'il aime se sentir idiot et être la risée de la maison, je ne suis pas coupable ... »

Elle haussait les épaules avait de se redresser, attrapant une brindille verte qu'elle émiettait alors.

« Alice, ma pauvre Alice. T'es navrante et en plus tu ne comprends rien. C'est parce que tu as aucun coeur, et que tu n'es pas capable de gérer tes propres problèmes relationnels que tu cherches là foutre la merde partout où tu passes ou t'es simplement stupide ? » Lui lançais-je aussi sèchement que précédemment, avant de poursuivre. « Tu sais quoi ? Contrairement à toi j'ai un peu de décence et de jugeote pour ne pas manquer de respect en me pavanant à moitié nue devant les autres habitants. Tu crois vraiment que Batman me fait fantasmer ? T'es vraiment naïve toi ... » Des fantasmes, j'en avais des tas, tout aussi sordide ou érotiques les uns que les autres seulement les assouvir devant un auditoire très peu pour moi. Sa désinvolture m'agaçait au plus haut point si bien que je n'avais qu'une envie, lui arracher les yeux et les lui faire penser. D'avantage encore lorsqu'elle évoquant Cassandre. « Pourquoi ? Parce que tu passes ton temps à manipuler Austin qui entre nous est la proie parfaite compte tenu de ses antécédents ? Tu n'es pas coupable de ça peut être ? Si tu lui avais foutu la paix peut être que rien de tout ça ne serait arrivé et tu le sais bien. »

Sydney déblatéraient d'autres idioties, menaçant Alice d'idioties et de manque de jugeote, ne décrochant pas son sourire, elle haussait simplement les épaules, non, elle n'était pas coupable de ses fantasmes.

« Pour la nudité tu t'en prendras à quelqu'un d'autre que moi, ce n'était pas là mon fantasme que de me retrouver attacher à moitié nue devant l'auditoire ... J'ai préférais perdre la vue, encore une fois »

Elle ajouta un clin d'oeil à la belle, si elle était jalouse, il fallait s'en prendre à Franz qui avait rêvé d'une tenue des plus grotesque adossé à cela un fantasme tout particulier qui les avaient dépourvu de leurs mouvements, soirée morbide pour Alice qui avait tout annulé avant la fin, préférant mettre un terme à cette sentence. Attrapant une bouteille, elle avait terminée la soirée sur le balcon, à l'air libre, fantasmant sur ses tubes de nicotines et sur les souvenirs de son passé si trouble soient-il. Elle en vint alors à parler de Cassandre, enfin plus précisemment d'Austin qu'elle pensait manipulé, elle haussait pour toute réponse les épaules, ne souhaitant pas s'attarder sur le sujet, concluant simplement par un

« Si tu le dis, apparemment tu comprends mieux ce qui se passe en moi »

Elle la foufroyait du regard, un temps cependant. Sydney la jugeait comme tous les habitants de la maison, sans même la connaitre, sans même se rendre compte de ce qui pouvait se passer dans sa tête, dans son corps. Elle se mit à révasser, reposant ses mains derrière son corps qu'elle fit basculer, elle s'allongeait sur l'herbe fraiche, regardant les nuages se balader, elle soupirait, laissant même une larme couler sur sa joue, elle ne contrôlait plus son corps, en ce moment. Elle se laissa demander à Sydney

« Tu es amoureuse? De Franz

Elle ne cherchait pas des confidences, si elle souhaiter l'envoyer chier, elle le ferait, simplement.

« Encore une fois, tu te méprends, ce n'est pas le fantasme en lui même que je critique mais plutôt la réaction chérie. Quant à Franz, je ne suis pas sûre qu'il s'attendait à se trouver face à toi, sans vouloir te vexer ... » Elle m'échappait, complétement, j'avais essayer de ne pas la juger, lui donner le bénéfice du doute seulement, à chaque fois que les choses se passent bien, étrangement un événement changeait la donne. « Je n'ai jamais dit ça, c'est juste que. Non laisse tomber, j'ai l'impression de parler à un mur. » Je m'apprêtais à tourner les talons, lassée de la discussion qui n'aboutirait à rien. Hormis moi hurlant sur Alice, et elle, déblatérant des choses absurdes. Puis une question sortie de nulle part me stoppait net. Elle s'attendait à quoi exactement, que je lui parle de mes états d'âme que je me confie à elle ? Après ça ? Je me retournais, remarquais qu'elle était étendu sur le sol, alors que les larmes coulaient le long de ses joues. Pourquoi elle pleurait encore ? « J'en sais rien. Oui. Non. Peut être. Qu'est ce que ça changerait ? » J'étais honnête, je ne savais pas. Est-ce que je pouvais être amoureuse de lui après si peu de temps ? Je n'avais jamais réellement aimé. Ou du moins, je n'avais jamais été aussi proche d'un homme pour éprouver un amour réel pour lui, si bien que finalement j'étais incapable de mettre des mots sur ce que je ressentais pour lui.

Elle n'était plus que gênée par la réaction d'Alice face à ce fantasme pourtant, elle ne la comprenait pas, n'était-ce pas là une soirée où ils devaient simplement laisser tomber les masques et s'amuser, elle ne répondait pas, ne cherchant pas à s'attirer plus les fougues de Sydney qu'elle ne l'était déjà, après tout, elle n'avait pas non plus envie de se la mettre à dos, c'était déjà assez d'avoir le reste de la maison - sauf la partie qui était un tant soit peu autiste - Déjà, Sydney tournait les talons après s'être arrêté de discuter avec Alice. Cette dernière lui posa une question, Sydney s'arrêtait et la regardait alors qu'elle lui lançait que peut être que oui, peut être que non, lui demandant ce que ça changerait. Se redressant, Alice la regardait, elle restait pourtant assise dans la pelouse

« Ca changerait que tu souffrirais moins si tu ouvrais ton coeur et apprenait à lire en toi »

Elle fixait intensément Sydney, cherchant à lire en elle, elle aussi, sans résultat, non, elle n'y arrivait pas. Elle laissait les larmes couler sur son visage sans même s'en rendre compte, une totale contradiction avec le sourire qu'elle esquissa pour la jolie brune. Elle ne contrôlait plus son corps, elle ne le savait pas encore, mais elle était entrée dans la réalité des choses, une réalité qui lui foutait des claques chaque minutes.

La réaction d'Alice me désarçonnait une nouvelle fois, elle était à mille lieu de son ton du début de la conversation. Ainsi, plus encline à la discussion même si j'étais encore quelque peu énervée, je m'asseyais sur le banc tout près de la jeune femme, croisant ma jambe sur l'autre. Je l'écoutais me psychanalyser ce qui me fit quelque peu sourire. Je n'avais jamais eu de problèmes de ce genre, je savais lire en moi, je savais ce que je voulais. Le problème était ailleurs j'en restais persuadée. « Tu sais, mon coeur, est on ne peut plus ouvert, il ne demande que ça. Ne pas réussir à mettre un nom sur ce que je ressens pour Franz ne signifie pas que je n'en suis pas consciente. Puisque en toute logique dans le cas contraire, je n'aurais pas ce problème. Je sais ce que je veux et c'est déjà pas mal je crois. » Je marquais une pause, pourquoi je lui racontais tout ça ? Je n'en avais aucune idée, peut être parce qu'elle n'était sûrement pas la personne la mieux adapté et que par conséquent c'était peut être sans conséquence justement.

Lunatique, Alice l'était bien plus qu'elle ne pouvait le penser elle même mais c'était bien plus que des sautes lunatiques, c'était là des fraîches confidences dans son cerveau déglingué. Intéressée soudainement, Sydney s'installait sur le banc, croisant les jambes et lui répondant que son coeur était ouvert mais qu'elle ne savait pas ce qu'elle pouvait ressentir pour le jeune homme, qu'elle n'avait aucun mot à y mettre. Alice se levait pour venir rejoindre la belle sur le banc, frottant ses fesses pour virer l'herbe humide. Elle tira sur le paquet de cigarette et la présentait à Sydney

« Profites je l'ai piqué à Nolan, il est pas doué, il les cache sous son oreiller ... »

Elle en attrapa elle même une qu'elle mettait à sa bouche pour ensuite l'allumer. Que pouvait-elle répondre à Sydney alors qu'elle même ne connaissait rien en ce sentiment, enfin, pas assez.

« Tu es jalouse quand quelqu'un l'approche, le touche ou le ris avec, tu aimerais qu'il soit toujours avec toi et qu'il n'approche personne d'autre, tu serais prête à bousiller la fille qui l'approche et lui faire regretter son geste ... ? »

Rien de plus difficile, même Alice pouvait ressentir ce sentiment, elle reprit cependant

« Tu aimes quand il est près de toi, qu'il te touche et te regarde? »

Elle regardait dorénavant dans le vide, un regard perdu, un sourire pendu sur ses lèvres.

Alice quittait la pelouse humidifié par la rosée matinale pour s'installer à mes côtés, sortant un paquet de cigarette de l'une de ses poches. Je me servis, lui souriais et ajoutais. « Merci. Mais ce n'est qu'un homme ce n'est pas de sa faute. » Je riais d'avantage, puis portais le tube nocif à mes lèvres, sorti de ma poche mon briquet qui me quittait jamais pour l'allumer. Inhalant avec un plaisir non dissimulé la fumée, recrachant ensuite le surplus. J'écoutais Alice, annoncer des affirmations que n'étaient heureusement pas toute vraie. D'ailleurs je ne pouvais m'empêcher de penser que mon comportement à la fameuse soirée avait été légèrement excessif. L'admettre ? Sûrement pas, j'avais bien trop de fierté pour ça. Je grimaçais quelque peu avant de répondre. « Non pas à ce point, je suis jalousie le nier serait hypocrite. Seulement, il peut discuter avec qui il veut, rire, être proche d'une fille sans que ça ne m'affecte. Je suis ni un tyran ni sa mère, je suis même rien, qui me donne le droit d'éprouver ce genre de sentiments. » J'étais jalouse, mais pas possessive, pas à ce point. Ces mots résonnèrent dans ma tête, finalement c'était clair, je pouvais mettre un mot sur mes sensations, est-ce que je pouvais l'accepter ? Non. Je poursuivais sur ma lancée. « Par contre, oui je frisonne sous ses caresses, je suis tellement bien quand je suis dans ses bras, son regard ... ses baisers, j'ai tout le temps envie de l'embrasser que s'en est presque inquiétant. » Je me mordillais la lèvre, mes yeux s'illuminèrent quelques secondes, tandis que je pensais à ses lèvres pour enfin me reprendre. « Je sais même pas pourquoi je te dis tout ça, c'est ridicule ! »