on the run
ft. Elsa & Andreja

Fin de la journée. Enfin. Pas qu'Andreja regrette déjà d'être venu mais enfin, il ne pensait tout de même pas que l'attente durerait à ce point des siècles ; Sans doute que si on leur avait donné une heur de convocation plutôt que de tous leur demander de venir aux aurores et ne leur révéler qu'une fois sur place que certains passeraient en fin de journée, c'eut été plus pratique. Mais pratique, c'était semble-t-il une notion plus que révolue dans les productions télévisées. Toujours est-il qu'après s'être tourné les pouces quatre-vingt dix pour cent de la journée, avoir passé son casting sans être incapable de dire s'il avait fait bonne impression ou s'il était passé pour un demeuré total, et avoir écumé les quelques pièces auquel on leur avait donné accès jusqu'à ce que son portefeuille soit vidé de toute la petite monnaie qu'il avait donné au distributeur de saloperies confiseries ... Eh bien il n'était pas mécontent de pouvoir enfin s'en aller. Du moins il le souhaitait, mais Emil, son acolyte, accompagnateur, proche, chaperon ou appelez ça comme vous voudrez, semblait avoir disparu. Vous parlez d'une efficacité. Fatigué, un peu blasé et légèrement impatient Andreja faisait donc les cents pas sur le parking, suivant la ligne blanche qui délimitait les places vides de voitures, une main machinalement posée à sa ceinture là où contrairement à d'habitude ne se trouvait rien. Emil mériterait qu'il le laisse là. Ou au moins de penser qu'il l'avait laissé là ... Oui, c'était même une idée brillante, tant et si bien que sortant les clefs de la voiture de location de la poche de son jean il s'était engouffré à la place du chauffeur et avait mis le contact. Oh il n'irait pas loin, au bout de la rue tout au plus, juste de quoi faire flipper son retardataire de copain ... En attendant marche arrière, coup d’œil à gauche et ... « Oh ! » Pilant au dernier moment il avait manqué reculer sur une personne, de toute évidence sortie de nul part. Ou plutôt sortie de la droite, mais quelle idée avaient ces anglo-saxons aussi de rouler du mauvais côté et de tout faire à l'envers. Sortant de la voiture sans doute pour assurer à la presque-victime qu'il n'avait eu aucune intention de volontairement la tuer, il s'était automatiquement mis à bafouiller « Je ... Pardon. Je oublié conduite à gauche, je ... J'ai pas fait mal, vous ça va ? » Oh well, c'était tout de suite beaucoup plus difficile lorsqu'il devait s'exprimer spontanément, et qu'il n'avait pas le temps ou l'occasion de jeter un coup d'oeil à son dictionnaire de poche. « Je désolé ... really. » Passant une main sur sa nuque d'un air confus, il se disait au passage que finalement son idée de blague n'était pas si bonne que ça, et que s'essayer à la conduite à gauche lorsque l'on était habitué à la conduite à droite n'était pas forcément la meilleure initiative qu'il ait eu aujourd'hui.

L'étape casting était désormais passée pour moi. Il m'était impossible de dire comment cela s'était passé, cela s'était passé et c'est tout, rien à ajouter. Aucun commentaire à faire pour le moment. Je pouvais désormais quitter le bâtiment, un peu soulagée de ne plus avoir à affronter ce stress là. Stress qui prouvait que ma candidature pour cette émission avait de l'importance pour moi. Beaucoup. Peut-être trop ? Je n'ai jamais vraiment su connaître et mettre des limites correctes dans ma vie. Avec moi, c'est toujours dans l'exagération. Les gens sont gentils ou méchants, c'est blanc ou c'est noir et il y a rarement de juste milieu. J'essaie parfois d'être rationnelle mais cela ne me vient pas naturellement, pas du tout. Un sac à main accroché à l'épaule droite, la main gauche se balançant au rythme de mes pas, je traversais le parking pour aller retrouver la voiture que j'avais loué à mon arrivée en ville. Un peu distraite, dans mes pensées, je ne prêtais pas forcément attention à la circulation autour de moi ce qui faillit causer ma perte puisqu'un homme faillit me renverser. J'eu à peine le temps de comprendre ce qu'il m'arrivait, mon coeur commençant un peu à s'emballer à cause de la frayeur de l'instant, qu'il s'excusait déjà de son inadvertance dans un anglais que je ne qualifierai pas forcément de bon mais de mignon. «A part mon coeur qui a faillit me lâcher ... Y a pas trop de mal je crois. » Non, je n'ai pas mal. Rien. Après vérification j'ai toujours mes deux bras et mes jambes, hallelujah. Je suis cependant pas certaine qu'il comprenne tout ce que je dis. Est-ce que je suis censée parler de la même façon que lui ?Je fronce les sourcils et décide de faire plus simple, juste pour être sûre. «Mon coeur fait boum boum » ma main effectue le geste du battement de coeur sur la poitrine pour mimer mes paroles au candidat. «Mais ça va. » Que j'ajoute pour le rassurer. Un petit sourire se dessine sur mon visage. «Mais euh ... Je suis pas amoureuse .. J'ai juste eu peur.» Est-ce que cette dernière phrase était réellement nécessaire ? Non pas sûre mais maintenant c'est dit donc ... Impossible de revenir sur mes paroles. «Vous me devrez quelque chose pour vous faire pardonner.» Hum oui, bonne idée. Rendons-le redevable avant même d'être entrée dans le jeu. On sait jamais que ça puisse servir. «Mais j'ai pas encore décidé, on verra ça plus tard. »

Il n'était pourtant pas tête en l'air d'habitude, à vrai dire c'était même tout le contraire, mais sans qu'il ne sache trop dire pourquoi depuis le début de la journée il avait l'impression de ne plus vraiment être lui-même, justement ... C'était totalement stupide. Il avait tellement la tête ailleurs qu'il en avait même totalement oublié cette conduite à gauche, et ce alors même que le volant se trouvait à droite et que cela aurait du lui mettre la puce à l'oreille. Dieu merci il semblait y avoir plus de peur que de mal, mais soucieux tout de même Andreja avait préféré s'en assurer auprès de la jeune femme qu'il avait manqué renverser, après s'être platement excusé. « A part mon cœur qui a failli me lâcher ... Y a pas trop de mal je crois. » Il l'avait inspecté de la tête au pied presque en même temps qu'elle s'était elle-même inspectée pour vérifier la véracité de ses dires, et lorsqu'il avait compris qu'elle n'avait effectivement rien il avait poussé malgré lui un léger soupir de soulagement. L'air malgré tout incertaine la jeune femme n'avait pas tardé à reprendre « Mon coeur fait boum boum. Mais ça va. » Il était resté perplexe un instant, se demandant où elle voulait en venir avant de comprendre qu'elle lui redisait simplement la même chose mais en s'adressant à lui comme on le ferait à un ... Enfant ? « Oui. Je compris. » Il avait l'impression d'avoir passé sa journée à répéter cela, qu'il comprenait, qu'il avait compris. C'était un poil agaçant, même s'il savait aussi que la question était posée pour l'aider et non pas pour le mettre dans l'embarras. « Mais euh ... Je suis pas amoureuse ... J'ai juste eu peur. » Cette fois-ci il avait laissé échapper un léger rire, parce qu'à vrai dire la possibilité ne lui était pas venue à l'esprit mais le fait qu'elle se sente soudainement obligée de le préciser avait quelque chose d'amusant. « Vous me devrez quelque chose pour vous faire pardonner. Mais j'ai pas encore décidé, on verra ça plus tard. » Eh bien, voilà une jeune femme qui semblait savoir ce qu'elle voulait, et ce malgré son gabarit pour le moins petit. Penchant la tête sur le côté il avait hasardé « Je aurais pu proposer de raccompagner ... Mais vous semble déjà avoir une voiture. » Du moins il lui semblait puisqu'elle était sur ce parking, elle devait donc y avoir une voiture de garée ... La clef qu'elle tenait à la main était un autre indice. « Mais je juste failli te renverser, et toi déjà vouloir me revoir plus tard ... Toi ne perdre pas de temps ! » avait-il finalement fait remarquer d'un ton amusé. Il ne faisait que la taquiner bien sûr, sans doute essayait-il plus ou moins désespérément qu'il avait failli lui rouler dessus même pas deux minutes plus tôt. « Normalement je me présenter avant de rouler sur les gens ... Enfin, je ne pas rouler sur les gens souvent, hein. » Oui non, c'était une expression, qu'elle ne s'imagine pas subitement qu'elle avait affaire à un fou du volant, non plus. Au lieu de cela il avait tendu une main vers elle d'un air engageant « Andreja. » Et parce qu'il venait de lui donner son nom il attendait tacitement qu'elle en fasse de même. A moins qu'elle ne préfère qu'il l'appelle la fille que j'ai failli renverser mais c'était aussi peu pratique que peu flatteur.

Oh, il comprend ce que je dis ! C'est fantastique. Je pensais devoir lui parler de la façon la plus simple possible mais il semblerait que l'homme soit suffisamment adapté à la langue anglaise pour comprendre tout ce que je dis. Tant mieux. Je me sens déjà plus à l'aise de savoir que je peux parler normalement, que je n'ai pas besoin d'utiliser les mots les plus simples possibles. D'ailleurs je me sens un peu ridicule de l'avoir fait parce qu'il doit penser que je me fou de lui. Ce qui n'est pas le cas bien entendu. J'voulais juste être gentille. J'voulais lui éviter de se sentir mal à l'aise face à mes mots mais il semble m'assurer que ça n'est pas le cas. Il comprend et m'arrache même un sourire quand il se dit prêt à me ramener à domicile. Enfin, si je n'avais pas eu moi-même un véhicule bien entendu. « Vu que vous avez faillis m'écraser comme une crêpe, je suis pas certaine que vous soyez un bon conducteur.» Taquinerie. Le monde serait beaucoup moins drôle si l'on ne pouvait pas se permettre d'utiliser la taquinerie. Puis on dit 'qui aime bien, châtie bien' non ? Moi je l'aime déjà bien lui. J'aime tout le monde. Je vais un peu vite en besogne selon lui. «Je vais te revoir, c'est certain» que j'articule en lui faisant un clin d'oeil. « Quand on sera sélectionnés pour être candidats dans cette émission.» Je suis quelqu'un d'optimiste et je crois en mes chances. Le candidat, d'un premier point de vue, me plait beaucoup. Même si il a faillit me tuer. Alors j'aimerais bien qu'il soit là, qu'il soit dans l'émission avec moi, que je puisse entendre davantage sa voix chaude et son accent si caractéristique. En plus il est drôle et je ne peux m'empêcher de rire à sa façon de se présenter. «Je suis Elsa. Ou Zazou c'est comme tu préfères.» Je souris, une fois de plus. « J'aimerai que tu restes un peu avec moi.» Il me le doit bien non ? « Je suis toute seule dans cette ville et je déteste ça. Être seule.  » Je l'encourage à quitter son véhicule et à rester un peu à mes côtés. «Allez viens, on va aller s'asseoir par terre, là-bas. » Je désigne l'endroit avec mon index. Un endroit où on ne risque pas de se faire déranger par d'autres véhicules. « Je suis certaine que tu n'as rien de mieux à faire. »

Il préférait le préciser dès le départ histoire que ce soit clair, ce n'était pas parce que sa diction et son manque de vocabulaire lui donnaient l'air d'un imbécile qu'il en était un, et par conséquent il n'y avait nul besoin de s'adresser à lui comme tel. Ne pas parler à toute vitesse était amplement suffisant. Bref, toujours est-il que puisqu'il venait de manquer provoquer un accident dont elle aurait été la victime directe, on pouvait pratiquement dire qu'Andreja avait une dette envers la jeune femme, une dette qu'elle comptait bien lui rappeler plus tard mais pour laquelle elle n'avait pas encore d'idée. Lui en aurait eu une si elle n'avait pas déjà possédé une voiture. « Vu que vous avez failli m'écraser comme une crêpe, je suis pas certaine que vous soyez un bon conducteur. » Il avait ouvert la bouche, comme pour protester ... mais en réalité elle avait peut-être raison, la conduite à gauche n'était sans doute pas pour lui. Ce n'était pas tout à fait ce qu'il avait en tête d'un autre côté. « Oh non, pas conduire. J'ai quelqu'un, pour ça. » Ce n'était que moyennement crédible étant donné qu'il se trouvait derrière le volant deux minutes plus tôt et qu'il possédait une des clefs dans les mains, mais c'était pourtant la vérité « Je juste voulais faire ... blague. » Mais forcément, manquer écrabouiller quelqu'un "comme une crêpe" ne faisait pas partie de son plan de génie. Elle ne semblait en tout cas pas du genre rancunière puisque malgré cela elle parlait déjà de le revoir ... C'est qu'elle allait vite en besogne, la demoiselle, et en plus elle semblait avoir réponse à tout, avec la candeur qui semblait être la sienne. « Je vais te revoir, c'est certain. » Ah oui ? « Quand on sera sélectionnés pour être candidats dans cette émission. » Oh, c'était donc ça, elle ne manquait absolument pas d'optimisme et de confiance en elle, en plus du reste. Il était tombé sur un sacré bon numéro, de toute évidence, et parce qu'il aurait peut-être du commencer par cela il s'était présenté. « Je suis Elsa. Ou Zazou c'est comme tu préfères. » Zazou ? C'était mignon, et cela avait le mérite d'être simple à retenir « Zazou, alors. » avait-il répété un esquissant un sourire. Quoi qu'il se contenterait probablement de son prénom s'ils étaient amenés à se revoir comme elle le prédisait. Pour l'heure ils étaient toujours coincés sur ce parking, ou du moins lui l'était jusqu'à ce qu'Emil décide de sortir de sa cachette, parce qu'elle n'attendait visiblement personne. « J'aimerais que tu restes un peu avec moi. Je suis toute seule dans cette ville et je déteste ça. Être seule. » Il avait esquissé un mince sourire à nouveau ; Il n'aimait pas cela non plus, la solitude. Même si c'était quelque chose auquel il était contraint désormais, ce n'était pas de gaité de cœur. « Tu trouvé personne, pour être avec toi, ici ? » Il ne saurait pas trop dire pourquoi, mais cela lui semblait étrange, que mignonne comme ça elle n'ait réussi à attendrir personne pour l'accompagner ici, si cela la dérangeait autant d'être seule. « Allez viens, on va aller s'asseoir par terre, là-bas. Je suis certaine que tu n'as rien de mieux à faire. » Ah ? Oh oui, il n'avait même pas remarqué qu'il n'avait pas répondu à sa question, mais oui si elle tenait vraiment à ce qu'il lui tienne un peu compagnie il pouvait bien faire ça ... Et non, c'est vrai, il n'avait rien de mieux à faire. « Je attends toujours quelqu'un, de tout façon ... » Moment de flottement, lorsqu'il s'était rendu compte que dit ainsi cela devait un peu sonner comme s'il se servait d'elle comme bouche-trou, alors que ce n'était pas vraiment son intention. Dans le sens où même s'il n'avait attendu personne il serait probablement resté un peu avec elle si elle le lui avait demandé de la même façon. Se dirigeant avec elle vers le banc un peu plus loin il s'y était assis avant de reporter son attention sur la jeune femme « Tu bien réussi ton casting, alors ? » Elle semblait bien optimiste tout à l'heure, il en concluait donc que c'était allé comme elle le souhaitait. « Tu venir de loin ? » S'il devait lui tenir compagnie il pouvait au moins se montrer un minimum curieux, non ?

L'idée de monter en voiture avec lui ne m'emballe pas tellement. Je ne veux pas le chagriner, le vexer et le mettre mal à l'aise en évoquant ses talents de pilote mais je lui rappelle gentiment qu'il m'a presque écrasé. J'ai presque faillis mourir, sans exagération, aucune. Heureusement, il prend la chose avec le sourire et il m'annonce même qu'il ne conduit pas puisque quelqu'un d'autre s'en occupe pour lui. Est-ce qu'il a un chauffeur ? Est-ce qu'il est plus riche que ce qu'il laisse paraître ? Parce que franchement, je ne l'aurais pas imaginé de cette façon au premier abord. Je fais d'ailleurs des yeux ronds d'étonnement «Tu veux dire que tu as un chauffeur personnel ? » Ou peut-être que je me fais des films aussi et qu'il s'agit uniquement d'un ami qui se débrouille un peu mieux que lui derrière un volant. Mais avoir un chauffeur, ce serait quand même super classe. Je n'ai pas l'habitude de fréquenter ce genre de personne, ce genre de milieu. Mais je lui montre pas que je suis impressionnée, pas tant qu'il n'aura pas confirmer mes paroles. Puisqu'il s'était présenté, j'en avais fait de même. Je lui laissais même l'opportunité de choisir entre mon véritable prénom et mon surnom. Surnom donné par mes amis, surnom souvent plus utilisé que le prénom en fait et surnom qu'il semble préférer également. J'approuve son choix d'un simple sourire. Grâce à ce surnom, je nous sens déjà beaucoup plus proches. Comme des amis. Un ami que j'aurai envie de protéger et ce, même si il a un physique bien plus intimidant que le mien. «T'as un petit surnom toi ? » De cette façon, on pourrait être sur un même pied d'égalité. Andreja c'est très bien, même si je ne suis pas tout à fait certaine d'avoir la bonne prononciation, mais ce serait mieux encore si je pouvais lui donner un petit surnom. Si il n'en a pas, si il n'a pas l'habitude qu'on lui en donne, je pourrais très bien me creuser la tête pour lui en trouver un. Je suis même prête à le faire tout de suite si il accepte de rester auprès de moi comme je le lui demande. Je fais presque pitié, j'en ai conscience...D'ailleurs c'est le sentiment que je dois lui procurer puisqu'il semble accepter ma proposition uniquement parce qu'il attend quelqu'un. hum. Est-ce que j'ai demandé à quelqu'un de venir avec moi ? Non pas vraiment. «Mes parents ont deux enfants à gérer pour le moment ... Je voulais pas les embêter davantage.» Donc je ne leur avais même pas proposé de m'accompagner, préférant les laisser gérer leur quotidien. «Et je ne me sens pas assez proche de mes amis pour leur demander un tel service ... Je les aime bien mais ... J'ai un peu du mal à compter sur les autres. Enfin, ce que je veux dire c'est que j'aime pas trop déranger les autres alors je suis venue seule.» C'est tout. Je suis venue comme une courageuse. Seule. Pour mon plus grand plaisir, l'homme face à moi n'est pas muet pour un sou et n'hésite pas à me poser quelques questions alors que nous venons de nous asseoir sur un banc. La première concerne mon casting... «Je pense avoir dit ce que je devais dire, je pense avoir été honnête et c'est le plus important. Si je ne suis pas sélectionné, je n'aurai pas de regret parce que je ne ferais pas les choses différemment. »  Je lui souris, mes doigts repassent soigneusement les plis de la jupe que je porte. Quelle idée d'avoir mit une robe. Il fait pas très chaud. «Et toi, comment ça s'est passé ?  »  J'espère qu'il le sent bien, j'espère que ça ira comme il le veut parce que je l'apprécie déjà. Je sens que le feeling passe bien, je sens que l'on risque de s'entendre si l'on est amenés à vivre ensemble. Sa deuxième question concerne l'endroit d'où je viens. Est-ce que je viens de loin ? Oui. Même si c'est assez subjectif comme notion 'loin'. «Brisbane, Australie.» Citais-je sans donner plus de détails. Je suppose qu'il situe très bien l'endroit. «C'est là que je vis depuis deux ans. » Avant cela, j'étais aux Etats-Unis et au tout début de ma vie, j'étais en France. On peut dire que j'ai un peu voyagé déjà. «Et toi, ce joli accent, il te vient d'où ? »

Il n'avait pas non plus envie de prendre racine ici pendant des heures, comme les autres il venait de passer le plus clair de sa journée à patienter et désormais il avait hâte de rentrer à son hôtel, à défaut de rentrer chez lui. Son avion était tôt le lendemain en plus de ça, et il avait déjà un peu les effets du décalage horaire dans la figure. Mais pour cela il avait besoin qu'Emil se pointe, il ne pouvait pas se casser sans lui, et de toute façon il était sans doute préférable qu'il conduise.  « Tu veux dire que tu as un chauffeur personnel ? » Il y avait méprise, assurément, et laissant échapper un léger rire à cette idée Andreja avait rétabli la vérité « Oh, non, Emil c'est ami à moi. Mais lui a habitude de conduire à gauche ... et puis, lui a un peu problème de contrôle, il pas laisser souvent les autres faire les choses. » Ce qu'essayait de dire Andreja en définitive c'était que son pote était légèrement control freak sur les bords ... mais bon, il l'aimait bien quand même. Puisque c'était le genre de choses qui se faisaient habituellement entre personnes civilisées, ils avaient fini par se présenter, la demoiselle passant même directement par la case surnom avant de lui demander « T'as un petit surnom toi ? » Il avait réfléchi un instant mais à vrai dire non, pas vraiment. Depuis qu'il vivait aux États-Unis certains avaient essayé de raccourcir son prénom en Andy mais il n'aimait pas cela, c'était teop américanisant pour lui. « Pas trop, non. Avant mes frères m'appeler mali parce que je être le plus jeune, et mali c'est "petit" ... mais c'est tout. » Et à vrai dire à part ses frères personne ne l'avait jamais appelé ainsi. En parlant de frères et soeurs, c'est justement ce dont il était question lorsqu'Andreja s'était étonné qu'elle soit venue ici toute seule, si elle n'aimait pas la solitude. « Mes parents ont deux enfants à gérer pour le moment ... Je voulais pas les embêter davantage. Et je ne me sens pas assez proche de mes amis pour leur demander un tel service ... Je les aime bien mais ... J'ai un peu du mal à compter sur les autres. Enfin, ce que je veux dire c'est que j'aime pas trop déranger les autres alors je suis venue seule. » Il trouvait cela un peu étrange ... ou dommage, il ne savait pas trop. Mais soit, chacun faisait bien comme il l'entendait. « Et ils savent que tu être venue ici ? » Après tout si elle avait trop peur de déranger pour demander à quelqu'un de l'accompagner, elle avait peut-être suivi le même raisonnement pour ne pas parler de ses intentions. Il espérait au moins pour elle que son casting s'était bien passé du coup, histoire que toute cette expédition ait eu son utilité,  mais il avait déjà eu l'occasion tout à l'heure de voir son optimisme « Je pense avoir dit ce que je devais dire, je pense avoir été honnête et c'est le plus important. Si je ne suis pas sélectionné, je n'aurai pas de regret parce que je ne ferais pas les choses différemment. » Elle parlait vite et s'emballait, il avait un peu de mal à suivre, mais pensant avoir compris l'essentiel il avait hoché la tête de manière affirmative. « Et toi, comment ça s'est passé ? » Très bonne question. Il ne savait pas trop, il n'était pas le genre qui se fiait à ses impressions, et son instinct ne lui servait à rien dans le cas présent. Haussant vaguement les épaules il avait tout de même répondu « Je sais pas ... je endormi personne, et je essayer de ... je sais pas comment on dit. De plaider ... mon cas ? » Bon, l'idée y était. « Qui verra ... vivra. » Là encore, c'était presque ça. Changeant finalement de sujet il avait demandé non sans curiosité d'où elle venait ; Il n'était pas assez doué pour se fier à l'accent, mais le fait qu'elle n'ait osé demander à personne de l'accompagner impliquait dans son esprit qu'elle vienne de loin. « Brisbane, Australie. » Ah oui, c'était même carrément l'autre bout du monde pour le coup. « C'est là que je vis depuis deux ans. » Un léger sourire s'était étiré sur les lèvres du jeune homme. Une expatriée, donc. Il avait forcément l'impression de la comprendre un peu. « Et avant ça, tu venir d'où ? » n'avait-il alors pas pu s'empêcher de lui demander, avant de rajouter d'un ton incertain « Mais, hm, tu pas obligé de répondre, hein ... tu dis, si je être trop curieux. » Il ne se rendait pas vraiment compte. Andreja était quelqu'un de relativement sociable à la base, bien que depuis qu'il avait quitté son pays la barrière de la langue freinait un peu sa capacité à se lier avec les autres « Et toi, ce joli accent, il te vient d'où ? » Il avait secoué la tête, l'air amusé mais pas que. « Il me donne air stupide, plutôt qu'être joli. » Il n'était pas dupe, il savait bien que puisqu'il s'exprimait comme un môme qui manquait de vocabulaire beaucoup en tirait la conclusion qu'il devait être un peu simplet sur les bords ... alors que pas du tout. Andreja était même quelqu'un d'assez cultivé, langues étrangères mises à part. « Bosnie, Sarajevo. Mais je dém-déménager à Chicago il y a ... dix et huit mois ? » Expatrié aussi,  donc.

Andreja ne possède absolument pas de chauffeur, je me suis fait des films. Comme d'habitude. Mauvaise habitude. D'ailleurs, ce n'est pas pour cela que je risque de changer d'avis sur le candidat. Je m'en fous un peu des sous qu'il a, du personnel qu'il peut avoir ou pas à son service. Son chauffeur est l'un de ses amis et cet ami semble avoir un petit problème de contrôle. Il semblerait que celui-ci ne soit pas du genre à laisser les autres prendre les devants, ... J'aime pas ce genre de personne et j'espère donc ne pas avoir cet Emil en face de moi.«Tu le connais et le supportes depuis combien de temps ton pote ? » C'est actuellement la seule question que j'ai en tête au sujet de cet Emil et j'insiste volontairement sur le mot supporter parce que c'est ce que j'ai l'impression de comprendre. Et alors que j'apprenais enfin le prénom qui lui avait été donné par ses parents, je préférais lui demander le surnom donné par ses amis. Apparemment, il a pas tellement de surnoms que cela, le seul qui est le mot Mali. Signification du mot petit. Quand je regarde cet homme, j'ai pas forcément envie de le caractérisé de petit. Non. «Je ne peux pas t'appeler Mali» Je gonfle mes joues, je les emplies d'air tandis que je cherche une idée qui me conviendrait plus. «Tu es plus grand que moi. Plus vieux aussi. D'ailleurs, tu as quel âge toi ?» Il a pas de ride mais ça se voit quand même qu'il a passé le quart de siècle, qu'il n'est plus aussi jeune que moi. C'est pas un vieillard non plus cela dit, pas de méprise.«Ma mission est donc de te trouver un surnom sympa. On va éviter les surnoms animaliers comme 'mon poussin', c'est trop cliché.» J'lui souris. «Mon coeur, c'est trop familier. » Mon dieu que c'est dur d'être un peu original et de trouver une bonne idée. «Rouky peut-être...Comme dans rox et rouky.» Parce qu'il faut le dire, il est un peu roux le gaillard. Comme un renard. Bon, je suis pas certaine qu'il apprécie le surnom, et je promets de faire mieux pour la prochaine fois que l'on se verra. Je ne m'attarde pas plus, je préfère lui expliquer pourquoi je suis venue seule. La raison est assez simple en réalité, je ne voulais embêter personne et je voulais me débrouiller seule comme j'en ai l'habitude.Lui, ce qu'i veut savoir, c'est si mes proches sont malgré tout au courant de ma venue ici et ma tête bascule instantanément de bas en haut. «Je sais pas si ils approuvent complètement mais ils le savent.» Y a pas grand chose à dire de plus. Enfin si, y a un truc que je tiens à préciser «Mais tu sais, je suis majeure hein, je peux prendre mes décisions toute seule. Je suis pas un bébé.»  C'est pas parce que j'en ai un peu l'air parfois que je le suis réellement. Je sais me montrer responsable et réfléchie. Et puis on parle des casting. Je lui explique comment cela s'est passé pour moi et il en fait de même. Il a pas l'air totalement sûr d'avoir fait le poids mais il tente de me dire qu'il a fait de son mieux. Il est chou quand il trouve pas ses mots, j'ai envie de lui faire un câlin. «Oui, plaider son cas.»  Je l'encourage, je lui montre qu'il a trouvé les bons mots et que l'information qu'il m'a fournie a été comprise correctement. «Par contre on dit 'qui vivra verra'.» Cette remarque est faite sans aucune méchanceté, je tiens juste à ce qu'il le sache. Pour sa culture générale. «Et bien avant, je vivais aux Etats-Unis. Je crois que c'est là que j'ai passé la plus grosse partie de ma vie. Mes parents voulaient vivre le rêve américain ... tu sais ? Mais je suis née en France. A Lyon.»  Voilà, voilà pour les précisions. Mais pour le coup, j'ai très envie d'entendre sa réponse à lui par rapport à son pays d'origine. Je sais pas trop pourquoi mais j'ai l'impression que sa réponse risque d'être plus originale que la mienne. L'accent me donne déjà quelques indices d'ailleurs. Un accent qu'il ne semble pas forcément apprécié. «Moi je l'aime bien ton accent.»  Articulant ces quelques mots, je plonge naturellement mon regard dans le sien «il te rend attachant» et là, j'attrape son bras que je tiens fermement. «regarde, j'ai déjà plus envie de te lâcher.  Mon visage se veut rassurant, je lui souris. Une fois de plus. Je risque peut-être même d'attraper une crampe des zygomatiques à force. «Tu as déménagé pour le travail ? C'est comment la Bosnie ? » Je suis toute ouïe, j'ai envie de l'écouter, envie qu'il se livre et m'apprenne des tas de choses à son sujet. «Moi aussi, je suis curieuse.»

La vérité rétablie, parce que non il n'était ni ministre ni héritier de quoi que ce soit, et n'avait par conséquent pas droit ni besoin à un chauffeur personnel, la jeune femme l'avait alors simplement questionné à propos de l'ami qu'il venait d'évoquer. « Tu le connais et le supportes depuis combien de temps ton pote ? » Bien que jamais totalement certain de lui il pensait tout de même avoir compris la teneur du mot supporter, et ne pensait pas que cela puisse s'appliquer vraiment à la relation qu'il entretenait avec le dénommé Emil. Même s'il se plaisait à dire le contraire au concerné, parce que c'était beaucoup plus drôle. « Lui peut avoir autres qualités. Mais moi jamais avouer que je dire ça, alors chut. » Et joignant le geste à la parole il avait porté un doigt à ses lèvres pour mimer le fait de garder le silence, un sourire amusé s'étirant sur son visage. Il ne semblait toujours pas décidé à réapparaitre d'ailleurs, le dit Emil, et Andreja avait presque peur qu'ayant trouvé une candidate à son goût il soit en train de batifoler avec dieu sait où ... C'était tout à fait son genre. Mais puisqu'il n'était pas en mauvaise compagnie il ne s'impatientait pas autant que tout à l'heure, et répondait sagement aux questions de la dénommée Elsa, surnommée Zazou. Niveau surnom lui n'en avait pas, ou pas vraiment. « Je ne peux pas t'appeler Mali. Tu es plus grand que moi. Plus vieux aussi. D'ailleurs, tu as quel âge toi ? » Il avait grimacé d'un air faussement résigné, parce qu'effectivement cela ne semblait pas des plus adapté. Et de toute façon il ne laissait personne d'autre l'appeler ainsi, alors le problème était en quelque sorte réglé. Pour ce qui était de sa question en tout cas « Vingt et ... sept ? » Il avait montré un deux puis un sept avec ses doigts, histoire d'être certain d'être compris. « Mais bientôt un année en plus. » Ceci dit vingt-sept ou vingt-huit, cela ne faisait pas grande différence à ses yeux, il n'en était pas encore arrivé à un stade où il sentait le poids des années. « Je pas savoir si je dois demander ça à toi ... » avait-il finalement fait remarqué en souriant d'un air amusé. Parce qu'il était parait-il impoli de demander son âge à une femme. Mais pas à un homme, allez savoir pourquoi. Pour en revenir à cette histoire de surnom en tout cas, puisqu'elle semblait y tenir « Ma mission est donc de te trouver un surnom sympa. On va éviter les surnoms animaliers comme 'mon poussin', c'est trop cliché. » Et ridicule, il n'avait pas cinq ans et demi non plus. « Mon coeur, c'est trop familier. » Assurément. Et ce n'était pas un terme auquel il était habitué. « Rouky peut-être ... Comme dans rox et rouky. » Il l'avait regardé, perplexe. Encore une référence qu'il ne connaissait pas, et fronçant le nez d'un air un poil frustré il avait secoué légèrement la tête « Connais pas. » Ou peut-être que si, sans doute même, mais pas sous ce nom-là, d'où la confusion pour lui. Quoi qu'il en soit il y avait un moyen encore plus simple pour elle de lui trouver un surnom : laisser faire le temps. Elle finirait bien par trouver « Mais si tu avoir raison et nous se revoir, tu pouvoir trouver un pour moi. » Il avait souri à nouveau. Il avait décidé d'être curieux lui aussi en tout cas, et lui avait donc demandé d'où elle venait et surtout pourquoi elle était venue ici seule, si la solitude la dérangeait ... Mais peut-être qu'elle n'avait pas dit à ses proches ce qu'elle venait faire à Dublin. « Je sais pas si ils approuvent complètement mais ils le savent. » Il avait acquiescé d'un léger signe de tête, sans intention de faire le moindre commentaire. « Mais tu sais, je suis majeure hein, je peux prendre mes décisions toute seule. Je suis pas un bébé. » L'air amusé par son besoin de faire cette précision, il avait penché la tête sur le côté d'un air taquin, comme pour remettre gentiment en doute ce qu'elle venait de dire. Pas qu'il n'en doute sérieusement, il la faisait simplement marcher. Mais craignant de finalement la vexer il avait rajouté « D'accord, d'accord. Pas un bébé, je noter. » Il était maintenant question de leur casting respectif, casting que la jeune femme semblait avoir plutôt bien réussi, ou tout du moins c'était l'impression qu'elle en avait, et il était rare d'avoir un bon pressentiment lorsque l'on s'était vautré en beauté ... Elle avait donc peut-être raison. Andreja lui ne savait pas trop, il ne préférait pas vraiment y penser en fait. Il avait fait de son mieux, il ne pouvait pas dire plus ... Il avait plaidé sa cause, comme il essayait de le faire comprendre. « Oui, plaider son cas. Par contre on dit 'qui vivra verra'. » Ce n'était pas ce qu'il venait de dire ? Probablement pas, sinon elle ne l'aurait pas repris. Pas qu'il soit vexé, à vrai dire il avait acquis un certain niveau de tolérance quant aux fait qu'on le corrige oralement ; Il ne progresserait que comme ça. « Qui vivra verra. D'accord. » Revenant à la conversation initiale il lui avait demandé d'où elle venait, puisqu'il semblerait que l'Australie ne soit pour elle qu'une terre d'adoption. « Et bien avant, je vivais aux Etats-Unis. Je crois que c'est là que j'ai passé la plus grosse partie de ma vie. Mes parents voulaient vivre le rêve américain ... tu sais ? Mais je suis née en France. A Lyon. » Il situait bien la France, ça pas de souci, mais Lyon en revanche assez vaguement ... Bon, la France c'était petit de toute façon, alors ce n'était pas si important, hm ? « Et tu jamais avoir ... hm, enfin tu jamais regretter chez toi ? » Est-ce qu'elle avait le mal du pays, c'était ce qu'il voulait demander à la base, mais incapable de retrouver l'expression appropriée il avait tourné sa phrase autrement. Entre ça et son accent probablement abominable, il avait encore du chemin à faire « Moi je l'aime bien ton accent. Il te rend attachant. » Voyez-vous cela. Et joignant le geste à la parole elle s'était même accrochée à son bras « Regarde, j'ai déjà plus envie de te lâcher » Sourire narquois se dessinant sur ses lèvres, Andreja avait dodeliné doucement la tête avant de répondre « Tu toujours avoir confiance dans les inconnus ? » Parce qu'on ne savait jamais, si ça se trouve il faisait son gentil mais avait prévu de la découper en rondelles à l'arrière d'un parking quand la nuit serait tombée ... Il avait bien failli la renverser, hm. Trop crédible, oui. Pour en revenir à la conversation initiale en tout cas « Tu as déménagé pour le travail ? C'est comment la Bosnie ? Moi aussi, je suis curieuse. » C'était donnant-donnant alors ? Soit, cela lui convenait assez « C'est, hm ... différent ? Je pas savoir comment expliquer. Mais oui, pour travail. Je faire autre chose avant, mais un ami proposer de aller aux États-Unis avec lui, alors ... » Alors voilà, il avait lâché sa petite vie tranquille pour l'inconnu. Curiosité toujours, elle avait bon dos décidément.

Spoiler:

«Oh, je vois. Je ne dirais rien, je promets» répondis-je au bosnien, lui promettant ainsi de ne rien répéter à Emil. De toute façon, y avait quand même très peu de chance pour que je le croise cet Emil et encore moins que je discute avec lui réellement. Sauf si il est lui-même postulant au titre de candidat, ce dont j'ignore. Me fiant aux paroles de Andreja, je dirai que son ami est présent uniquement en cas d'accompagnateur et les chances que je le croise et crahe le morceau sont minces, très minces. Puis il ne s'agit pas non plus de la confession du siècle ou du scoop de l'année, pour avoir de véritables scoops je suppose qu'il faudra attendre le début de la saison. Rien n'a réellement d'importance à l'heure actuelle, nous ne sommes pas encore lancés sur la piste des différents secrets et nous n'avons pour le moment, pas besoin d'enquêté. Même si, il nous ai déjà permit de nous faire une première idée sur les candidats. Idée qui est plutôt positif dans le cas du bel immigré que je n'ai pas envie de laisser tranquille tout de suite, même si il a faillit m'écraser et m'enlever la vie de façon très tragique. Ayant envie de faire connaissance avec lui, nous abordons les sujets de base mais cela n'a rien d'embêtant pour moi. Ce ne sont pas les informations du siècle, ce n'est pas forcément ce qui changera mon avis sur lui mais ce sont des choses qu'il n'est pas inutile de savoir non plus. Son âge par exemple. Je lui donnais vingt-cinq années au minimum et je suis contente de voir que je ne me suis pas trompée tant que cela puisqu'il en a vingt-sept. Presque vingt-huit. «Est-ce que tu fêteras ton anniversaire durant l'aventure ?»Il est peut-être encore temps pour moi de lui trouver un petit cadeau. Je suis pas vraiment quelqu'un de prévoyant mais dans ce genre de cas, je peux quand même faire un petit effort. Bien entendu, rien ne garanti que nous serons sélectionnés ensemble mais j'ai envie d'y croire un peu. Ca me fait plaisir de penser les choses de cette façon et je n'ai pas envie de me mettre une image négatif dans la tête. C'est désormais à mon tour de me livrer par rapport à mon âge et j'ai pas vraiment envie qu'il me prenne pour une gosse, même si je suis plus jeune que lui. «J'ai cinq ans de moins que toi pour le moment» J'espère pour lui qu'il est bon en calcul mental et que cela ne s'avérera pas trop difficile pour lui mais bon, c'est quand même niveau primaire ce genre de calcul. J'abandonne d'ailleurs l'idée de lui trouver un surnom. Ce n'est que temporaire bien entendu puisque, comme il le dit, je pourrais trouver ça le jour où l'on se reverra. Ce sera quand même plus facile lorsque nous serons tous les deux amenés à nous recroisés tous les jours de notre aventure.Puis ce sera certainement plus significatif que rouky... La discussion se poursuit en toute quiétude, même si j'insiste une fois de plus sur le fait que je ne sois pas un bébé. C'est vrai quoi, j'ai pas du tout une vie de bébé. Malgré mon jeune âge, je me lève et je vais bosser tous les jours sans broncher, je m'occupe correctement de mon appartement et je le fais seule en plus. Je gère aussi mes factures et ça, c'est vraiment un truc d'adulte. Je me dis cependant qu'on devrait éviter d'évoquer nos âge à nouveau, ça me permettrait d'oublier l'écart de cinq ans qui existe entre lui et moi. C'est quand même beaucoup cinq ans. Je vois cependant qu'il a comprit ce que je disais, je me contente d'un sourire et n'ajoute rien. Aucune parole ne sort de ma bouche jusqu'à ce que je me permette de reprendre le candidat sur une tournure de phrase. Cela n'est pas du tout fait méchamment, c'est surtout pour l'aider, pour qu'il progresse et prenne un peu plus possession de la langue anglaise. Je sais que ça n'est pas toujours évident d'apprendre un nouveau langage et pour être honnête, je trouve que son accent est craquant. Ce que je n'hésite pas à lui mentionner tout en m'agrippant à son bras pour lui prouver à quel point il est difficile de se détacher de lui. C'est vrai, ça fait peut-être une heure que l'on se parle et je me sens déjà tellement proche de lui. D'une certaine façon. Ce qui pousse le candidat à me poser une question qui ne m'étonne pas plus que cela par rapport à la confiance que je peux accorder aux inconnus.«Non... tout le monde n'a pas droit à me confiance si facilement. Mais toi, tu m'as tout de suite inspirée. Même si t'as faillis m'écraser sur le parking. Et toi ... tu me fais confiance ? un peu. » Haha, il s'agira quand même de notre premier souvenir commun et pour être honnête, je le trouve assez drôle. Ça a le mérite d'être original comme rencontre. «Et pour ton autre question la réponse est si. Mon 'chez moi', les USA me manquent terriblement par moment. Par chance, je n'ai pas migré seule et je peux toujours compter sur ma famille.»  Seule, je ne l'aurais jamais fait. Je ne suis pas assez forte psychologiquement pour parcourir autant de kilomètres tout en sachant que ma famille se trouve sur un autre continent. Pour Fake-Lover c'est différent, il s'agit d'un jeu d'une durée limitée dans le temps et pas d'un véritable déménagement. «Qu'est-ce que tu faisais avant comme métier ? et tu fais quoi désormais ? » lui demandais-je tandis qu'il m'expliquait que la bosnie était tout bonnement différente, sans pouvoir argumenter plus. «Moi je suis coiffeuse, c'est tout.» Oui, je prends les devants parce que je m'attends clairement à ce qu'il me retourne cette question.