Elle lance un dernier regard au type qui l'a assommé avec ses questions de toutes sortes et qui connaît désormais sa vie mieux qu'elle-même peut-être avant de sortir de la salle, se faisant au passage bousculer par le candidat suivant qui s'engouffre déjà dans la pièce pour venir prendre sa place sur le siège de l'accusé. Regard circulaire sur la salle d'attente. Ils ne sont plus que trois mais elle sait qu'une bonne soixantaine d'autres candidats attendent encore, disséminés un peu partout dans les coulisses. C'est dingue. C'est comme si le stock ne s'épuisait jamais.

Elle adresse un sourire qui se veut encourageant à une nana assise sur le siège juste en face de la porte. En retour celle-ci lui offre une grimace qui lui fait un instant songer à son propre reflet dans le miroir la dernière fois qu'elle avait eu une rage des dents. Du coup elle ne sait plus trop quoi faire et décide d'aller découvrir un peu le bâtiment, histoire de. C'est un peu par hasard qu'elle arrive dans une salle qui lui plaît assez bien pour le coup. Pas tellement à cause du billard ou des magazines people qui traînent sur une table basse dans un coin mais plutôt par rapport aux canapés qui ont l'air assez confortables, bien plus du moins que ceux de la salle d'attente. Elle se laisse tomber comme une loque dans le premier sofa qui passe, manquant au passage de s'écraser sur une belle brune. « Désolée. ». Simple politesse. Elle lui offre un large sourire avant de lui tendre la main. « Moi c'est Pia, enchant.. ». Elle s'interromp soudainement et fronce les sourcils. « Attends, je te connais non ? ».

Ohana n'est pas encore passée devant le jury et parce qu'elle se fait franchement chier, elle traîne de salle en salle à la recherche d'une occupation un temps soit peu intéressante pour faire passer le temps. Deux minutes plus tôt, elle redessinait les deux fins traits noirs qu'elle porte quasiment constemment autour de ses yeux bruns profonds. Ouai, profondément dédaigneux qui explose la moindre personne osant la soutenir un peu trop longtemps du regard. Elle ne parle même pas, elle ne gaspille même pas sa salive. Non, elle les fusille du regard d'une telle manière qu'elle a bien souvent la paix. C'est ce qu'elle croyait d'ailleurs en ce moment, alors qu'elle est hyper concentrée sur son magazine people. Personne n'ose le dire, mais c'est un vrai kiff pour elle que de lire ces trucs là. Ca va, tout le monde aime la presse à scandale et se foutre de la gueule des stars avec leur gros cul plein de cellulite. En tout cas, elle, elle aime bien. Règulièrement, un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres pulpeuses. Sauf qu'une chose arrive dans sa sphère et ça l'étonne tout autant que ça la saoule. V'la qu'une nana se met bien à côté d'elle, pensant se poser en étant juste désolée. Action, réaction, Ohana la repousse d'un léger - elle est gentille bah ouai - coup de coude pour lui montrer qu'elle ne pardonne pas. Son espace vital, c'est son espace vital, elle déteste être emmerder pour un rien comme ça. Nan parce qu'elle a pas compris, c'est la loi du plus fort ici, ou en tout cas du preum's et Ohana est indégniablement la preum's ici. Finalement, lorsqu'elle voit une main se présenter devant elle, elle lève enfin son regard sombre par sa couleur et blasé, sur la damoiselle en question, qu'elle détaille sans gêne. Un nouveau fin sourire vient se dessiner sur le coin de ses lèvres. Ok, elle pardonne. Elle est plutôt pas mal, certes rouquemoutte, mais un peu freak avec ses tatouages. Elle aime ça. Elle lui prend alors la main, mais elle n'a même pas le temps de l'ouvrir qu'elle reparle. Canon, mais qui parle beaucoup trop. Si elle veut faire la conversation toute seule, Ohana peut tomber dans un mutisme et la laisser parler, nan, mais quand même quoi. Est-ce qu'elle la connais. "Nan, j'crois pas, nan. À moins que tu m'ais déjà croisé... J'suis inoubliable, tu vois." Qu'elle se contente de répondre, serrant toujours entre ses doigts fins ceux de Pia. Pour attirer son attention. Rien que son attention, car de son autre main, vive, elle ne se gêne pas pour venir tirer légèrement sur le haut de la nana. La tahitienne approche son visage pour regarder à l'intérieur - après le tatouage qu'elle avait deviné - avant de relever ses yeux vers Pia. Son visage à quelques centimètre à peine du sien. "T'en as d'autres comme ça? Tu me les montrera..." Qu'elle balance, un peu plus comme un ordre qu'une demande. "Moi c'est Ohana..." Qu'elle continue, de sa voix grave, trop pour son âge.

Sa tête lui revient, mais impossible de savoir quand est-ce qu'elle l'a vue, ni même de se souvenir de son prénom. Surtout que c'est assez difficile de se concentrer là dessus parce que la nana lui enfonce son coude dans les côtes, dans le but sans doute de lui montrer qu'elle empiète un peu trop sur son territoire. Elle se décale un peu, histoire d'éviter de se retrouver avec un hématome sur le flanc - pas bien délicate la brunette - sans perdre son sourire franc. L'autre répond à sa main tendue et la lui serre, sauf que contrairement à l'usage elle ne la lâche pas. Pourquoi pas, après tout ? Elle n'est pas contre le contact physique Pia, c'est juste étonnant vu la manière qu'elle a eu de la repousser lorsqu'elle est venue s'échouer à côté d'elle. Mais elle ne s'attarde pas réellement là dessus étant donné que la demoiselle lui répond qu'elle ne se souvient pas d'elle, mais qu'elles se sont peut-être croisées et qu'étant quelqu'un d'inoubliable ça ne l'étonnait pas trop qu'elle se rappelle d'elle. Elle hausse un sourcil, étonnée, avant de rire. « Nan nan, ça doit pas être ça. J'me souviens rarement des gonzesses que je croise dans la rue, sauf si elles me font fantasmer. » Elle la provoque un peu, histoire de. Pas que la brune soit désagréable à regarder, bien au contraire. Mais elle a l'air déjà bien assez sûre d'elle pour qu'on s'abstienne de la couvrir de compliments.
Tellement à l'aise, la brune, qu'elle vient se saisir de son col pour le baisser, jetant un coup d’œil à la marchandise. P'têtre bien qu'elle devrait se montrer outrée, seulement elle n'est pas super pudique, la rousse, et un peu trop surprise sur le coup pour avoir une réaction cohérente. « T'en as d'autres comme ça? Tu me les montrera... ». Elle plonge son regard dans le sien, s'offrant une vision rapprochée de son visage. La notion d'espace personnel de cette demoiselle est décidément assez altérée. « Niveau seins, j'ai que ces deux là, désolée. Après comme tatouage, j'en ai aussi un sur la raie du cul, mais j'pense pas qu'on soit encore assez intime pour ça, tu crois pas ? ». Elle lui offre un large sourire en lui adressant ces paroles de sa voix qui déraille un peu. Pas trop perturbée la rouquine. Ohana, qu'elle dit s'appeler. Ça ne lui dit rien. « Pia. Enchantée, si j'peux dire. ». C'est vrai qu'elle n'a pas l'air d'avoir la personnalité la plus douce de cette session du casting, du moins il faut espérer que non. Mais pour le coup, elle la trouve assez drôle, Pia. Étonnante, surtout. A voir si elle va être capable de la supporter plus de dix minutes.

La jeune femme à côté de Ohana est en quelques sortes un specimen qu'elle pourrait apprécier. Rouquemoute, dès le départ, elle commence mal dans la vie, mais elle a su se forger un truc à elle. Ses tatouages, loin de l'extravagance du cadavre, ils sont plutôt beaux. Tout du moins ceux qu'elle peut voir et ceux qu'elle verra. Elle est plutôt belle. Ses tâches de rousseurs se mêlant à ses taches d'encre. Elle ne se cache pas pour la regarder sous toutes les coutures qui lui était donné de voir. Mais sa réponse ne la satisfait pas. "Les fantasmes, c'est pour les pucelles..." Elle parle doucement, une léger sourire en coin. Elle n'aime pas cette idée de fantasme. Vivre de songes, c'est pas pour elle. Elle préfère le concret et elle est elle-même très concrète. La tahitienne lève les yeux au ciel, une espèce de grimace sur les lèvres. "T'es lesbiennes?" Elle lui demande ça sans prendre de gants. Ca c'est concret et concis. Le visage de la rousse à quelques centimètre du sien après son geste audacieux, Ohana se mordille rapidement et à intervalle régulier sa lèvre pulpeuse inférieure. Elle souffle, exaspérée, par la répartie moisie de la jeune femme. Ses seins ne l'intéressent guère, tout du moins pour l'instant et puis, si peu perverse, elle ne les a même pas regardé. Elle s'est simplement concentrée sur ce tracé, qu'elle dit porter également à son cul. Ohana sourit, pas amusée parce que ça n'est pas amusant. Simplement parce que la tournure des choses est inattendue, même pour elle et qu'elle aime ça. "Désolé, j'sais pas ce qu'intimité veut dire..." Un sourire en coin, sa main effleure rapidement le bas du dos de la rousse, mais que celle-ci se rassure. Il n'y a pas plus chaste qu'elle. Jamais elle n'irait la toucher sans son concentement, mais elle aime atteindre les limites à ne pas dépasser. Tester les personnalités. Elle sourit de plus bel. Parce qu'elle se présente, la rousse se croit obligée de se présenter à nouveau. "Merci. J'suis pas sénile. Tu l'as dis y'a deux secondes. Pia..." Bah quand même quoi, à moins que sa mémoire lui fait défaut et là, alors là, tout s'explique. "T'as des problèmes de mémoire, nan? C'pour ça que tu ne me reconnais pas. Tu m'as vu une fois dans la rue, tu m'as kiffé et puis tu m'as oublié malheureusement, parce que ta mémoire de poisson t'empêche de t'en souvenir... Tu peux pas nier... Ô pauvre de toi..." Elle est sarcastique. Elle est joueuse. De ses doigts longs et fins, elle attrape son menton. Elle approche ses lèvres de celles de Pia, pour finalement les poser sur sa joue. À l'extrême limite de la comissure de ses lèvres. "À côté de quoi tu passes..." Ohana susurre tranquillement. Elle n'est pas vraiment sérieuse, nouvelle facette de sa personnalité, trop complexe pour le commun des mortels.

« Les fantasmes, c'est pour les pucelles... ». Un sourire en coin se trace sur son visage.  Elle ne répond rien. Peut-être bien. Les fantasmes c'est comme les idôles. Tu t'imagines à leurs côtés en sachant pertinemment que tu ne les effleureras jamais. Un morceau de songe qui te remue le bas-ventre, tout au plus. Mais c'est clair que la brune n'a pas l'air du genre à rêver. Plus terre-à-terre tu meurs. Elle n'a pas encore décidé si c'était un défaut ou pas. En tout cas, la franchise, elle connaît. La voilà qui lui demande de but-en-blanc si elle est lesbienne. C'est vrai que la question s'impose, vu la position dans laquelle elles se trouvent. Vu de l'extérieur, on pourrait se demander si Ohana ne projette pas de manger Pia. C'est peut-être le cas ? « J'aime les hommes mais si je tombe sur une jolie femme je prend. Tant qu'ils me plaisent et qu'ils sont consentants.. ». Elle hausse les épaules, stoïque. Comme si c'était le genre de conversation qu'elle tenait tout les jours avec une nana rencontrée il y a deux minutes et dont les lèvres se trouvent à quelques centimètres à peine des siennes. Elle dit ne pas connaître le mot intimité. « J'avais cru comprendre. ».  Elle sent ses doigts s'égarer sur son bas du dos alors qu'elle prononce ces mots. C'est comme si une étincelle venait foutre le bordel dans son crâne parce que sur le coup elle ne sait pas comment réagir, la rouquine. Pour une fois, Pia ne trouve aucune blague vaseuse, aucune remarque innocente à rétorquer. Elle laisse couler, faisant comme si de rien n'était. Pas sûr qu'elle arrive à rester aussi indifférente si la tahitienne commence à la tripoter.« Merci. J'suis pas sénile. Tu l'as dis y'a deux secondes. Pia... ». Merde alors. C'est dire à quel point elle est perturbée. Et évidemment l'autre saute sur l'occasion pour lui déballer une théorie comme quoi elle l'aurait croisée et qu'elle aurait même pu laisser son imagination s'emballer mais qu'étant victime de troubles de mémoires elle l'aurait oubliée. Elle hausse les sourcils, s'apprête à répondre quelque chose lorsque la brunette attrape son menton du bout des doigts et vient rompre la distance qui les sépare pour coller ses lèvres.. à sa joue. « Je te pensais moins chaste. ». Ça lui échappe, alors que ce sourire qui ne la quitte presque jamais s'étire d'avantage, paresseusement, comme un chat. Elle est spéciale, tout de même, la beauté des îles. Rien à voir avec les jolies blondes qui lui susurrent des mots d'amour à l'oreille avec lesquelles elle a l'habitude de passer la nuit, parfois. Avec Ohana, elle a l'impression d'être attaquée. Comme si elle cherchait quelques failles, quelques limites. Pas de chance pour elle, Pia ne connait pas ses limites.