Elle pousse la porte de la cave, l'excitation dans les veines. Tout ce qui est défendu vous donne encore plus envie, surtout lorsque vous êtes un enfant coincé dans un corps trop grand, ce qui est précisément le cas de Pia. Du coup elle n'a pas pu s'empêcher d'entrer lorsqu'elle a lu le panneau qui contre-indiquait fortement de passer le pas. Une histoire de jumeau-démon maléfique, quelque chose comme ça, de quoi pimenter un peu la matinée après avoir fini de visiter les lieux avec Andreja. La porte claque derrière elle alors qu'elle tente de voir quelque chose d'en l'obscurité régnante. L'unique ampoule clignote de manière inquiétante, sa lumière jaune éclairant à peine. La production a des problèmes de facture d’électricité ou quoi ? Elle plisse les yeux, essayant de percevoir un peu le décor et s'avance dans la salle lorsqu'elle entend un éternuement. Elle pousse un cri de goret avant de venir se cogner dans ce qui semble être une étagère, renversant au passage des objets non-identifiés. « Y'a quelqu'un ? ». Elle couine. Cupidon-maléfique, es-tu là ?

C'est la panique, ça y est. Elle n'aurait jamais dû entrer. Quelle idée en même temps de vouloir absolument découvrir ce qu'il y a à l'intérieur alors que c'est affiché noir sur blanc, placardé sur la porte que c'est une mauvaise idée. Mais comme pour toutes les mauvaises idées, c'est trop tard maintenant, elle est incapable de retrouver la poignée et puis elle ne veut pas débarquer dans le salon sous le regard étonné des autres candidats qui vont sans doute la prendre pour une trouillarde, ce qu'elle n'est pas. C'est juste que même le plus courageux des aventuriers ne serait pas rassuré dans ce local sans doute infesté de rats à la lumière vaseuse et à l’aménagement à en faire pleurer un décorateur d'intérieur. « Oui, je suis là ». Elle pousserait presque un soupir de soulagement si elle savait qui était ce " je ", justement. « C'est qui ? ». De toute évidence, ce n'est pas le frère maléfique de Cupidon ; en effet on peut penser que l'angelot connaît toutes les âmes qui vivent dans cette maison et ce sans avoir à leur demander de décliner leur identité. « C'est Pia. T'es qui toi ? ». Qui d'autre dans cette baraque peut-être assez stupide pour s'aventurer dans une cave clairement signalée par un panneau " Attention, danger " ?

« Noah ». Noah. Elle a beau creuser la rouquine, elle ne trouve pas. Du coup elle n'ajoute rien, parce qu'elle est bien incapable de dire si le dénommé est un grand baraqué blond ou si c'est le petit brun au visage malsain dont elle n'arrive pas à retenir le nom. « Bon, bah enchantée Noah. J'suis rassurée que ce soit toi et pas le grand méchant loup. ». Elle dit n'importe quoi. En même temps, elle vient d'entendre des bruits suspects dans le fond d'la cave, manquerait plus qu'il y ai des rats qui viennent leur grignoter les chevilles. « On devrait peut-être sortir d'ici ? ». Elle essaye tant bien que mal de l’apercevoir mais elle a beau plisser les yeux, elle ne voit rien. « Surtout pas ! ». Elle lâche, brusquement.  « Les autres vont croire qu'on s'est enfermés dans ce trou à rat pour se sauter dessus. Ils n'attendent que ça, des histoires de cul. Et c'est pas que j'suis prude mais je préfèrerai éviter de me coller la réputation de nymphomane de la saison, du moins pas dès le premier jour. ». Elle explique simplement en haussant les épaules, bien qu'il ne puisse pas le voir.  « On a qu'a attendre un peu histoire qu'il n'y ai plus personne dans le salon ? J'sortirai en première et tu sortiras un peu après, histoire que ça fasse pas suspect.. ».